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salem center: mai 2008

vendredi 30 mai 2008

WOLVERINE/HULK 1: LA DELIVRANCE (SAM KIETH, 2002)



Une drôle d’histoire que ce Wolverine/Hulk. Sam Kieth au scénario, Sam Kieth au dessin et à la peinture. Prenez deux figures bestiales du monde Marvel et plongez-les avec une petite fille dans une sorte de conte de fées. De prime abord, les puristes risquent de faire la gueule devant cette histoire, et ce sera pire quand ils verront les dessins!
Mais si vous savez appréciez les histoires qui sortent de la continuité et qui se démarquent graphiquement, vous découvrirez alors un récit sympathique avec quelques morceaux de naïveté touchante dedans. C’est bien clair, La Délivrance ne ressemble pas du tout à la production mainstream, mais ose s’aventurer dans un genre presque enfantin, avec comme maîtresse de cérémonie la petite Po. Une petite fille toute mignonne perdue au milieu de nulle part par moins 20 degrés. Wolvie va tenter de comprendre ce qu’elle fait là, et il va essayer de l’aider tout en croisant Hulk sur sa route.


La petite Po fait invariablement penser à la petite Boo de Monstres & Compagnie (sorti l’année d’avant), et sa présence sur ces terres hostiles est un véritable mystère. Logan va tenter de l’aider, et la présence de cette malicieuse petite fille va donner un tour véritablement enfantin à ce comics. On se retrouve dans une sorte de livre pour enfants avec un gros monstre vert et un homme hirsute avec des griffes. Le genre de personnages typiques des contes, qui vont aider Po dans sa quête.
Sam kieth mélange le dessin aux peintures dans un style volontairement primaire, qui fait tout le charme de cet album sans prétention. L’exagération des traits de Logan et de Hulk leur donne une dimension à la fois brute et poétique, et l’utilisation de dessins faits par Po directement pour raconter son histoire achève de faire de ce récit un conte pour enfant. La jeune narratrice fait des dessins naïfs en les annotant pour mieux comprendre. Ainsi, les dessins qu'elle fait de son père ou de son oncle ressemblent à de vrais dessins d’enfants, et ce parti pris étonnant fonctionne plutôt bien.


Ce récit est traversé par un humour léger, mais aussi par une tristesse parallèle. L’affrontement entre les deux sauvages que sont Wolverine et Hulk est plus absurde que bourrin, et la violence est largement atténuée par le comique des situations. On est ici dans un affrontement à la limite du réalisme, et le ton de ce Wolverine/Hulk est très atypique en ce début du 21ème siècle, qui se tourne plus volontiers vers des œuvres résolument sombres comme le Punisher d’Ennis. Cet album est une petite récréation sympathique, dont l’apparence enfantine sert une histoire finalement très simple, à la fois belle et triste.

mercredi 28 mai 2008

ROCK BAND (XBOX 360)



Sorti le 22 mai 2008

Prépuscule est né. Ce groupe mythique basé à Mulhouse est appelé à évoluer dans les plus hautes sphères musicales du monde, et cette ambition est encore modeste. Composée de Reb Brown à la batterie, d’Oliv à la guitare, et de moi-même au chant, voici un nom que vous ne pourrez plus oubliez. Ou mal prononcer. PREPUSCULE IS LIVING!!!
Que dire de plus? Tout est allé très vite, Reb Brown avait fait son acquisition ludique hebdomadaire, et je suis arrivé tout tranquille chez lui sans me douter de ce qui allait se passer. La porte était ouverte, je suis entré en me laissant guider par le son, et là, une vision merveilleuse: le Reb Brown assis sur un pouf, avec deux baguettes à la main et un sourire d’extase sur le visage, contemplant la batterie électronique sur laquelle il s’acharnait. J’ai su à ce moment-là que plus rien ne serait pareil, et que le monde allait changer.
Il me tendit immédiatement le micro, dispensant instinctivement les rôles. Je découvris alors à quel point Pleymo peut être sympathique. Merde, Pleymo! Ce fut le premier titre, et les autres se sont tout de suite enchaîné. Bon Jovi, Hole, Foo Fighters, Deep Purple… Et ce putain de morceau de Nine Inch Nails qu’est The hand that feeds! J’étais aux anges! Et quand ça sonna à la porte, notre destin fut scellé: Oliv venait d’apparaître, et il s’empara de la guitare pour ne plus jamais la lâcher. Prépuscule était né!


Le principe de Rock Band est sensiblement le même que celui de Guitar Hero (dont le 3ème volume est sorti fin de l’année dernière), mais la particularité géniale de son concept est de proposer non seulement une guitare, mais aussi une batterie, un micro et une basse. Terminées les soirées DVD solo, il y aura toujours du monde chez Reb Brown!
Le principe est donc le même, puisqu’il reprend les notes de couleurs déroulantes qu’il faut frapper en rythme pour les instruments, en ajoutant une ligne de karaoké qu’il faut suivre tout en maintenant l’intonation pour le chant. Développé par Harmonix Music Systems qui étaient sans surprise à l’origine des deux premiers Guitar Hero (le troisième, intitulé Legends of Rock, est produit par Neversoft), ce jeu hautement addictif risque de vous faire passer de longues nuits sans sommeil, et le résultat physique peut s’apparenter aux lendemains de concert de vraies rock stars! C’est le prix à payer pour la progression…


Le choix des personnages est bien varié, et on peut créer un gothique à tendance punk ou un chanteur de métal avec une coupe émo du plus bel effet. Couleur des yeux, forme du visage, taille… Le choix est vaste! Et quand vous réussissez un concert, vous gagnez beaucoup de fans (le top!) et un peu de thunes (on s’en fout!). Et avec la notoriété viennent les avantages, comme le bus de tournée, mais aussi les challenges, comme les défis proposés dans certaines salles… Parce qu’évidemment, le groupe se balade virtuellement de Rome à Amsterdam, en passant par Londres et bien d’autres villes. Et plus vous cartonnez, plus vous débloquer de nouveaux morceaux, avec quelques bonnes surprises…
Le développement de plus en plus axé sur les jeux de groupe donne une toute autre vision de ce qu’est une console, et le temps du gamer solitaire semble presque révolu. La convivialité d’un tel titre est son attrait principal, et la rapide prise en main des instruments permet de s’éclater dès les premiers instants. Prépuscule a donc de longues nuits devant lui…

lundi 26 mai 2008

LABEL DANSE 2008

Samedi 24 et dimanche 25 mai 2008


Cette manifestation annuelle ne doit pas être prise à la légère à cause de son côté excentré des grandes villes, car elle est un moment important sur la scène culturelle alsacienne. Basée à l’espace Léo Lagrange à Wittenheim depuis 2 ans, et forte d’une expérience de 15 ans ayant permis d’aboutir à sa forme actuelle, elle propose un programme éclectique qui progresse dans un enchaînement fluide. Le spectacle est à la hauteur des ambitions et des moyens mis en œuvre, et les 2h30 de danse sont tout ce qu’il y a de plus captivant!

Avec 30 groupes qui se sont succédés, et environ 350 danseurs sur scène, cette édition est l’aboutissement d’une année de travail intensif qui se concrétise en mêlant l’énergie et la grâce. Le leitmotiv du spectacle est basé sur James Bond, en suivant une espionne chargée de recruter aux quatre coins du globe les meilleurs danseurs. La musique intemporelle de Monty Norman capte immédiatement l’attention, et est prometteuse de moments bien énergiques!
Le show débute par des petits bouts accros à la danse orientale, et c’est toujours un bonheur de les voir évoluer avec un mélange de concentration et de bonne humeur affichée! Les chorégraphies de Ghizlaine Elbayad sont vives et rythmées, et les enfants ont assuré sur des morceaux de Rihanna, Mika ou encore Pussycat Dolls. Des enfants très présents à travers tout le spectacle, puisque pas moins de 10 tableaux (sur 30) les voient envahir la scène! Jazz, danse moderne, flamenco… Un régal! Pour la petite anecdote, une petite fille ressemblant furieusement à Abigail Breslin (Little Miss Sunshine, ça vous parle?) ne pouvait qu’apporter encore plus de crédit à ce spectacle!
Les ados se partagent 8 séquences et créent des chorégraphies plus complexes signées Frédéric Cano, Francine Koehl et toujours Ghizlaine Elbayad, pour un résultat détonnant et vif ( sur Gimme More de Britney Spears, Slow down Baby de Cristina Aguilera…). Certaines font preuve d’une expérience de plusieurs années déjà, et la qualité des chorégraphies s’en ressent. Je dis certaines parce que les gars sont très rares, mais ils ne vont pas tarder à se manifester… Je m’attendais en fait à un petit spectacle sympathique, et je me suis retrouvé devant un travail de très haute qualité qui m’a bluffé à plusieurs reprises!
Les adultes ont composé 13 tableaux qui allaient de l’afro à la valse, en passant par la danse grecque ou le flamenco. Une pluralité culturelle bienvenue qui colle complètement à l’aspect tour du monde de notre espionne de choc! Les rythmes changent, les costumes se diversifient, mais l’ambiance est toujours dynamique… L’esprit latino d’Isabelle Juanes, la rock attitude de Christiane et Robert Kaszewski, le profil grec de Georgia Pequignot, ou l’ambiance jazzy de Fabienne Siedlaczek, le mélange est très agréable et offre une vue d’ensemble des tendances actuelles dans le milieu de la danse.
J’ai gardé le meilleur pour la fin, car j’ai un faible pour le hip-hop, et bien qu’il ne bénéficiait que de 2 tableaux, c’était suffisant pour déchaîner la foule! Les enfants et les ados se sont emparés de l’espace pour des figures acrobatiques délirantes et des chorégraphies géniales! Guillaume Frantz et Karim Bouziane (qui ont quand même participé aux championnats du monde l‘an passé avec le crew suisse Ruff‘N‘X…) chapeautent l'équipe de la MJC de Bollwiller pour un résultat totalement électrisant qui renoue avec l’aspect sauvage et fondamental de la danse! Une bonne grosse claque que nous ont mis ces jeunes bourrés de talent et d’énergie!
Le public très nombreux (pour la première fois de son histoire, Label Danse était à guichet fermé ce samedi soir avec 500 personnes!) a activement participé en encourageant tous les danseurs tout au long de la soirée, avec des cris d’hystérie de certains parents qui ont achevé de faire de cette soirée un très grand moment convivial, et une vitrine vraiment réussie de la scène alsacienne!




P.S: bravo à Ludo et Daphné!

samedi 24 mai 2008

L’AU-DELA (LUCIO FULCI, 1981)



Avec une production moyenne de 3 films par an, Lucio Fulci est l’un des réalisateurs italiens les plus prolifiques. Mais il est surtout l’un des plus réputés de sa période (1960-1980) avec Dario Argento et Mario Bava. L’horreur est un genre en plein essor à cette époque, et la particularité de ces auteurs est d’apporter une touche véritablement esthétique à leurs films. La révolution du giallo (qui signifie jaune, en rapport avec la couleur des couvertures des romans dont ils s’inspiraient) et l’émancipation de la terreur vont donner naissance à des œuvres très caractéristiques.



Cet Au-delà s’inscrit parfaitement dans la continuité, avec une histoire d’hôtel abandonné bâti sur l’une des sept portes de l’Enfer. Jeune fille aveugle, chambre maudite, crucifixion… Tous les éléments classiques de l’horreur italienne se conjuguent avec un sens efficace de la mise en scène, qui est nettement plus picturale que viscérale. Même si l’angoisse est présente, L’Au-delà est surtout une démonstration technique étonnante; le travail sur les prothèses et les effets visuels est impressionnant, surtout pour un film qui a plus de 25 ans! Ce film contient des séquences classiques, notamment la scène surréaliste avec les araignées, qui est à la frontière du documentaire et de l’horreur! Les dépeçages et autres énucléations sont d’un réalisme étonnant, et Fulci s’attarde sur les détails avec une précision chirurgicale. Son sens du détail allonge les scènes sans pour autant tomber dans une surenchère malsaine, mais toujours dans un esprit réellement artistique. La scène de la morgue avec le sang qui se répand telle de la lave en fusion rejoint un surréalisme à la Bunuel, et dégage une atmosphère désespérée agrémentée par la musique entêtante de Fabio Frizzi.


La composition des plans s’apparente au travail d’un peintre, et Fulci joue sur les couleurs et les arrière-plans pour donner naissance à une œuvre fantasmagorique. L’Au-delà n’est pas un film d’épouvante qui vous fichera les foies de votre vie, mais il possède une identité visuelle forte qui en fait tout l’intérêt. La particularité de ce film est qu’il se passe à la Nouvelle-Orléans, et que Fulci y applique sa recette italienne si particulière. Un mélange curieux, même si la prédominance des qualités italiennes prend nettement le pas sur l'ambiance sudiste .
Lucio Fulci enchaîne les séquences en variant les plaisirs (ou les tortures selon le point de vue) dans une histoire de zombies au rythme lent, mais traversée de fulgurances gores. Les visions cauchemardesques auxquelles le réalisateur nous convie semblent tout droit sorties des enfers, et le titre du film n’est pas usurpé, même si l’incursion proprement dite dans l’au-delà est relativement fugace. Fulci convoque des aspects religieux sous-jacents mais forts, notamment lors de la flagellation et de la crucifixion. Son film dégage une sorte d’angoisse religieuse, de culpabilité toute catholique, et de punition démoniaque. Les zombies semblent presque inoffensifs, mais ils créent un sentiment diffus de malaise qui perdure pendant tout le film.
Sans être un chef-d’œuvre de l’horreur transalpine, L’Au-delà en est un digne représentant, dont l’esthétisme très travaillé est représentatif des productions de l’époque.

jeudi 22 mai 2008

SHOOT’EM UP (MICHAEL DAVIS, 2007)



La bande-annonce annonçait un spectacle fun et sympathique, le genre de film à l’esprit léger qui fait son effet sans pour autant révolutionner le genre. Et pourtant, ce Shoot’em up au titre résolument jeu vidéo ne s’apparente pas trop à cette description…
Loin d’une série B calibrée, Shoot’em up est en réalité une pure tuerie qui vous scotchera à votre fauteuil pendant 1h30 non stop. Ce long métrage survitaminé emmené par l’excellent Clive Owen voit un mystérieux homme sans nom pratiquer une justice très brutale afin de protéger un nouveau-né menacé par une horde de tueurs impitoyables. Michael Davis ne perd pas de temps, et la scène d’ouverture entre directement dans le vif du sujet, en faisant ressortir les deux éléments principaux qui intégreront l’ensemble du métrage: l’humour et l’action. Rarement une scène d’exposition aura été aussi jouissive, et le réalisateur met la barre très haut d’entrée de jeu avec un accouchement totalement chaotique!


Le mariage de l’humour et de l’action peut rapidement tomber dans le mauvais goût, mais la maîtrise formelle de Davis associée à une exploitation parfaite de ses références permet à Shoot’em up d’être une bande véritablement novatrice dans le genre. Son concept du « bigger and louder » est appliqué à la lettre par un Michael Davis très inspiré, qui va enchaîner les moments hautement ludiques et les séquences d’anthologie. Shoot’em up est directement influencé par toute une gamme de jeux vidéo à la Max Payne, mais emprunte son point de départ à l’un des rares bons films de John Woo, A toute Epreuve. Dans celui-ci, Chow-Yun Fat tentait de survivre en mitraillant ses adversaires d’une main tout en tenant un bébé dans l’autre. Cette scène dramatiquement marquante donnait lieu à une chorégraphie travaillée et iconique, ce qui a nettement motivé l’ami Davis.


Son Shoot’em up n’a pas à rougir de la comparaison, et Michael Davis livre un film totalement abouti dans ses excès et résolument dingue! Le tueur à la carotte incarné par Clive Owen est l’archétype du justicier solitaire, et il est le digne descendant d’un Eastwood ou d’un Franco Nero période spaghetti. L’ouverture en forme de western n’est évidemment pas innocente, et la fin est digne d’un Django du meilleur cru! Shoot’em up dépasse de nombreuses limites, et il est réellement surprenant: que ce soit dans des scènes d’action délirantes totalement originales, ou dans des dialogues décapants qui font rimer mauvais goût avec poésie, ce film est un concentré d’adrénaline pure mâtiné d’un esprit inventif à l’extrême. Shoot’em up est évidemment à prendre au second degré, mais la puissance de ses séquences de gunfight coupe le souffle à plusieurs reprises! Michael Davis se défoule un maximum, et ses acteurs semblent prendre tout autant de plaisir!
Paul Giamatti joue à merveille un chef de gang bien pervers, et ses affrontements avec Mr. Smith sont propices à des échanges tout ce qu’il y a de plus drôle et barré. Que ce soit dans la scène de l’escalier, dans la poursuite en voiture ou dans toutes les autres scènes finalement, ces deux figures antagonistes sont traitées avec un sens de l’écriture qui fait des merveilles. Leur opposition est réaliste d’un point de vue dramatique, et en même temps ouvre sur une dimension comique réussie puisqu’elle est intimement liée à l’aspect burné du film.
Quand une scène de cul est traitée avec une telle dose d’énergie et qu’un mec parvient à rendre une carotte létale, moi j’approuve sans réserve! Préparez-vous à du jamais vu, parce que même si vous avez l’habitude des films qui dézinguent, vous devriez être très surpris par cette bombe!

mardi 20 mai 2008

AMERICAN VIRGIN: TETE (STEVEN T. SEAGLE, BECKY CLOONAN, 2006)


Sorti le 15 mai 2008


Le premier arc de la série de Steven T. Seagle vient de paraître chez Panini, et cette production Vertigo délaisse les super-héros pour se concentrer sur la vie d’un jeune prédicateur de 21 ans prônant l’abstinence jusqu’au mariage. Beau gosse doué d’influence, Adam Chamberlain voit son existence toute tracée par Dieu, qui le réserve pour sa petite amie Cassie, en Afrique depuis 2 ans pour une mission humanitaire. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes catholiques, mais un événement de taille va remettre en question toutes les bonnes résolutions du jeune puritain…
American Virgin est une série composée de 23 épisodes. Le premier tome intitulé Tête fait référence à la manière de penser d’Adam, qui ne raisonne vraisemblablement pas avec sa bite… Elevé dans un environnement dévoué à Dieu, il est une figure emblématique de la communauté catholique et son énergie n’a d’égale que sa foi en Dieu. La critique du puritanisme américain se fait donc de l’intérieur, en suivant le parcours de ce jeune homme éduqué pour servir son créateur.
Si la charge est relativement facile, Seagle s’en acquitte d’une manière qui n’est pas simplement vindicative. La mère d’Adam et son compagnon sont construits comme des personnages secs et recherchant le pouvoir, ce qui est finalement assez caricatural. Mais la croyance d’Adam est telle qu’elle force parfois le respect, et que le héros du récit apparaît comme une victime parfaite d’un bourrage de crâne intensif. Sa foi est réellement une force pour lui, et même s’il rate des putains d’occasion de s’éclater, il reste focalisé sur son point de vue et s’y tient, ce qui est en soi une certaine marque de courage.
American Virgin s’attaque donc au puritanisme effréné qui gangrène les Etats-Unis, mais il souligne aussi la fascination que peut provoquer ce mouvement. L’existence assurée qui attend les croyants est un rempart contre la peur de l’inconnu; mais elle est fonctionne également comme un vase clos qui enferme tous ces joyeux croyants. Et l’ouverture sur le monde qui attend Adam va lui faire tourner violemment la tête…
Accompagné de sa soeur Cyndi qui est aux antipodes de la personnalité d’Adam, il se rend en Afrique afin de comprendre ce qui a bien pu se passer. Le périple prend des airs de voyage initiatique où Adam remet ses convictions en question. Sa découverte du continent africain est un véritable choc culturel, et les découvertes personnelles qu’il va y faire vont l’affecter au plus haut point. American Virgin commence comme une satire féroce et caustique, et prend en chemin une tournure nettement plus dramatique. La personnalité assurée d’Adam vacille, et c’est dans cette perte d’équilibre qu’il commence à se trouver véritablement. Tout l’intérêt de ce comics réside dans les tiraillements entre ses convictions très ancrées et ses pulsions qui menacent de le faire exploser. Adam est un pur produit catholique, façonné par une mère vampirique, et qui commence à se rendre compte que tout ça n’est peut-être pas aussi vrai que ce qu’il croyait.
Les dessins chaleureux de Becky Cloonan collent bien à l’aspect caustique du début, et ils créent un décalage intéressant lorsque la tournure se fait plus sombre. Comme si le soleil brillait toujours, même lorsque la vie d’un homme se brise. Ce premier volume met en place une réflexion intéressante, et suit des personnages bien écrits que j’ai hâte de retrouver dans les prochains arcs (Going down,Wet, Around the World et Sixty-nine)…

dimanche 18 mai 2008

PUNISHER 10: PUNISHER PRESENTE BARRACUDA (GARTH ENNIS, GORAN PARLOV, 2007)


Sorti le 15 mai 2008

Première page: Barracuda remonte sa braguette avec une expression satisfaite sur le visage, tandis qu’une (ou un) prostituée s’en va stoïquement. « … Et la nuit fait que commencer, putain. », annonce-t-il joyeusement. En une case, le ton est donné.
Ce Punisher 10 a pour particularité l’absence totale de Frank Castle. Mais la relève est largement assurée par le phénomène Barracuda, qui lui volait déjà la vedette dans Punisher 8. Créé par Garth Ennis et Goran Parlov, cet individu peu recommandable va se lancer dans une quête de pognon afin de pouvoir financer sa chasse au Punisher. Il faut dire que ce dernier l’avait laissé pour mort dans Punisher 8... Heureusement pour les lecteurs, ce personnage génial a survécu, et il a donc pu être le héros de cette mini-série en 5 épisodes! Si vous appréciez les récits décalés et qui explosent toutes les limites (Garth Ennis est ni plus ni moins le père du Preacher, avec Steve Dillon!), ce récit devrait vous satisfaire!
On peut regrette le côté opportuniste du titre, puisque le Punisher ne fait pas l’ombre d’une amorce d’apparition. Surtout que les titres des épisodes valent leur pesant de cacahuètes, comme Une bouche est une bouche ou Baptisé avec un couteau de boucher. Ca met direct dans l’ambiance, et ça sent bon le sexe et la tripaille! Et à tous les niveaux, Punisher présente Barracuda tient ses promesses en mettant en scène le colosse black en pleine révolution sur l’île de Santa Morricone… Barracuda va devoir s’acquitter d’une mission assez particulière, puisqu’il est chargé par un mafieux d’initier son fils au crime. Le seul problème, c’est que le petit Oswald est un gringalet qui n’a absolument rien en commun avec les gangsters à la Scorsese
Ennis va très loin dans l’humour noir, en offrant une galerie de personnages tous complètement barrés: un ex-compagnon d’armes travesti, un prêtre pédophile, une ex-star du porno (détentrice du record de doubles anales en 24 heures), un mafieux sosie de Christopher Walken, ou encore le fameux Oswald que Barracuda appellera affectueusement Hémo… Cette mini est un concentré de fun se basant sur une trame mafieuse, qui permettra de faire exploser les poncifs et de redéfinir le concept même de cool attitude. Face à Barracuda, Samuel Jackson risque de faire pâle figure…
Avec sa gueule d’ours et FUCK écrit sur ses dents, Barracuda est un phénomène. Bourré d’humour et toujours prêt à en découdre, il pourrait s’apparenter à une version délirante du Punisher. Les dialogues d’Ennis attestent de cette optique très libérée du personnage et de l’univers dans lequel il évolue. Quelques exemples, avec l’avertissement au prêtre: « T’amuse pas à lui faire le catéchisme ou y pourrait bien y avoir du sang sur ta soutane. », ou en réponse à l’expérience des doubles anales: « J’ai plus jamais chié solide après. »
L’entente entre Ennis et Parlov fait des merveilles, et les dessins du Croate possèdent toute l’énergie nécessaire à ce personnage hors norme. C’est dans une ambiance colorée et chaude que Barracuda se fait son petit trip sud-américain, et avec ses agents du FBI aux visages concernés, ses bandes de racaille à baffer, le bestiaire de ce numéro offre un plaisir régressif ravageur. On est là dans la contre-culture avec deux grands C, et c’est franchement jouissif de lire un comics de cet acabit. Pour ceux qui sont allergiques aux super-héros, il faut signaler qu’il n’y a pas une seule cape ou un moule-burne, et vous pouvez y aller sans risque.
Il n’y a plus qu’à espérer que le personnage fasse encore une fois sensation, et que d’autres séries suivent…

samedi 17 mai 2008

PUSHER 3 (NICOLAS WINDING REFN, 2005)



Nicolas Winding Refn clôt sa trilogie en 2005 avec un film qui se concentre cette fois sur la figure très particulière de Milo, le trafiquant serbe qui apparaissait déjà dans les deux premiers opus. S’il était un élément essentiel dans Pusher, il n’en était pas le personnage principal. Ce qui est chose faite avec ce Pusher 3, sorti juste un an après le 2.
Le premier Pusher était un coup de poing féroce, et le second était bien en-deça. Que dire de ce troisième épisode, qui commence pourtant sous les meilleurs auspices? Le fait de retrouver un personnage emblématique de la saga, dont la personnalité bien trempée était un élément essentiel de la réussite du premier, est en soi une bonne chose. On retrouve donc Milo dans une journée très chargée, puisqu’il doit organiser une fête pour les 25 ans de sa fille. Mais il va devoir gérer un problème de trafic bien emmerdant, et cette journée qui devait être placée sous le signe de l’amusement va rapidement déraper…


Le principe que Refn applique à ses Pusher est le même: un individu qui fait dans les affaires illégales et qui se retrouve dans la merde. Frank pour le premier, Tonny pour le second, Milo dans le troisième. La routine est connue, Refn change de personnage et de situation. Mais le problème majeur du film est le même que pour le second: le rythme. Pusher est un film tellement maîtrisé et tendu que ses suites semblent avoir été réalisées par un autre metteur en scène. Non pas qu’il n’y ait pas quelques moments intéressants, mais le tout est noyé dans une ambiance nettement moins travaillée. Dans Pusher 3, Refn parvient quand même à créer quelques séquences stressantes, mais atténuées par un scénario qui laisse retomber la pression. Et c’est dans le dernier acte que tout bascule dans le sordide et le malsain.


Dans Pusher, la violence était une composante nécessaire, et sa mise en scène était crue mais jamais gratuite. Dans Pusher 3, Refn dépasse largement cette limite pour tomber dans un gore outrancier qui dessert complètement le film. La figure de Milo, sorte de Parrain serbe de la vieille école, est joué avec beaucoup de charme par Zlatko Buric, mais le personnage perd toute son aura avec le dénouement du film. Quand Nicolas Winding Refn dressait le portrait impitoyable d’un loser pris malgré lui dans une spirale de violence avec le personnage de Frank, il exploitait des thèmes psychologiquement forts qu’il exprimait quasiment sans dialogues. Toute la subtilité de ce film brut reposait sur l’aspect sous-jacent de cette psychologie. Refn tenté de poursuivre ça avec ses deux suites, mais le résultat est beaucoup plus bancal.
Ce troisième épisode est lui aussi un pétard mouillé, et ne parviendra pas à retrouver la force viscérale du premier. Les retrouvailles avec Radovan, l’homme de main impitoyable du premier, ne vont ouvrir que sur une boucherie bien dégueulasse. La motivation de Pusher 3 semble se résumer à ce dernier acte créé pour choquer, et qui ne possède aucun intérêt. De l’ambiance glauque et stressante du premier opus, on est arrivé en trois films à quelque chose de vide et malsain. Une déchéance qui ne frappe pas que les personnages…

jeudi 15 mai 2008

PUSHER 2 (NICOLAS WINDING REFN, 2004)


8 ans après Pusher, Nicolas Winding Refn revient à ses premières amours. Les échecs successifs de Bleeder et Inside Job contraignent le cinéaste à envisager une suite à son premier film, ce qu’il a au départ du mal à accepter. Mais en se lançant dans ce projet, il se rend progressivement compte que non seulement une suite est possible, mais il envisage dans la foulée d’écrire un troisième opus.
Le coup de massue qu’avait constitué Pusher à l’époque de sa sortie est déjà loin, mais le succès du film au Danemark peut raisonnablement appeler à une suite rentable. La descente aux enfers de Frank faisait écho à celle de Tony Montana, et le succès du film était basé sur la déchéance de son personnage principal. Dans Pusher 2, Refn reprend la recette en l’appliquant cette fois au personnage de Tonny; l’ancien pote de Frank dans le premier épisode devient le héros du second film, toujours joué par Mads Mikkelsen qui lui prête ses traits si particuliers. Tonny sort juste de prison et cherche du boulot. De petits coups en problèmes familiaux, sa vie ne va pas s’améliorer…



La surprise du Pusher initial est passée, et ce deuxième film est plus basé sur un opportunisme urgent que sur une trame scénaristique conséquente. Passée la redécouverte du personnage de Tonny et ses premières galères, Pusher 2 montre très vite ses limites. Au lieu de générer une tension permanente comme c’était le cas dans le premier, le récit de Tonny peine à décoller et à susciter l’intérêt. Impossible de ne pas être envahi par les images du film originel et de ne pas regretter le rythme que le réalisateur avait réussi à imposer alors. Là où Pusher était une œuvre fiévreuse et traversée par un sentiment d’urgence qui imprégnait radicalement la pellicule, Pusher 2 semble juste se reposer sur l’aura du premier, sans véritablement chercher à instaurer des enjeux personnels.



De ce fait, l’histoire de Tonny ne prend pas aux tripes comme celle de Frank, et les temps morts se multiplient dans la narration en plombant toute velléité de dynamisme. Après le trafic de drogue, on passe simplement au trafic de bagnole. Et après les problèmes de cœur (de queue?) de Frank, on passe à ceux de Tonny. Refn modifie son scénario en l’adaptant à un autre personnage, mais l’effet de surprise et la rage qui animait Pusher ne sont plus présents.
Mads Mikkelsen est toujours excellent dans le rôle de Tonny, mais le scénario ne rend pas justice à son personnage. Au lieu d’un constat sur une société en manque de repères et dans laquelle se perdent des individus peu scrupuleux, on se retrouve devant un film social tout ce qu’il y a de plus chiant. Un constat désolant, surtout après la claque du premier opus.
Espérons que le troisième film, consacré au trafiquant serbe Milo, relève le niveau…


mardi 13 mai 2008

PUSHER (NICOLAS WINDING REFN, 1996)


Si l’on dit film danois, on pense forcément à Lars Von Trier et aux réalisateurs du Dogme. Mais à part cette poignée de doux dingues, il existe d’autres cinéastes qui émergent de ces contrées fraîches, notamment Nicolas Winding Refn qui, avec sa trilogie Pusher, a relancé la vision d’un cinéma underground hardcore. Et pas seulement sur le seul territoire danois…
Pusher est une bonne grosse claque qui laisse des traces. En suivant la semaine chaotique de Frank, dealer d’héroïne qui va accumuler les emmerdes, Nicolas Winding Refn ne la joue pas funky comme peut le faire le cinéma british avec des œuvres comme Snatch ou Layer Cake. Le ton est résolument plus sombre et son cinéma étouffant voit la figure de Frank se métamorphoser en martyr. La technique de réalisation préfigure ce que Von Trier et sa bande de potes feront avec le Dogme, puisqu’il épure à l’extrême sa narration en collant au plus près de la réalité de ses personnages. Il colle littéralement sa caméra aux basques de Frank (Kim Bodnia, excellent) et le plonge dans une spirale infernale qui va peu à peu engloutir le spectateur.



La radicalité de ce film est l’élément premier qui lui donne tout son impact. En suivant la chronologie simpliste de la vie de Frank (avec chaque fois le jour sur fond noir), le réalisateur immerge littéralement le spectateur dans les bas-fonds danois, et l’emmène à la découverte de cet univers codifié au danger permanent. Avec son pote Tonny ( l'excellent Mads Mikkelsen, qui incarnera le Chiffre dans Casino Royale), Frank passe ses journées à dealer et à zoner. Leur univers cloisonné fait de violence et de vulgarité a presque valeur de documentaire, tant ce film semble suivre deux véritables zonards. En ce sens, Pusher pourrait s’apparenter à une version trash des films sociaux de Mike Leigh ou de Ken Loach. Et c’est en extrayant cette saveur si particulière de la violence que Refn fascine…
Si le scénario s’applique sur une base relativement simple, c’est dans tous les à-côtés de la vie de Frank que réside le véritable intérêt. Son mode de vie, les lieux qu’il fréquente, les gens qu’il voit… Sa relation avec Vic est à ce titre très révélatrice des failles du personnage, et marque par son alternance tendresse-cruauté. Frank est un être totalement paumé et démuni, qui se contente de survivre comme il peut. En se focalisant sur ce personnage que l’on ne peut pas aimer, Refn n’appose aucun jugement mais se contente de décrire ce qu’il fait pour continuer. Et c’est justement cet absence de point de vue qui permet de se rendre compte des rares qualités qu’il cache, mais qui sont aussitôt noyées dans une attitude auto-destructrice.


Noir, désespéré, Pusher est une descente aux enfers radicale, marquée par un sens cinématographique exemplaire. Nicolas Winding Refn capte des éléments urbains qui à mon sens vont plus loin que chez Scorsese, et qui participent à la sensation d’étouffement qui grandit avec le film. Même les scènes les plus anodines participent activement à cet état des lieux dramatique, et Frank va véritablement jouer sa survie dans une ambiance glauque et déliquescente.
La galerie de personnages que va croiser Frank est géniale, à commencer par le mafieux serbe Milo, que Zlatko Buric joue avec une finesse qui fait froid dans le dos. Son homme de main Radovan est tout aussi sympathique qu’impitoyable, et ils sont toujours sur la corde raide, entre le sourire amusé et l’envie de te tirer dans la gueule. Cette ambivalence crée un malaise réel, surtout lorsqu’ils attendent des explications de la part de Frank…
Pour info, ce film choc réalisé en 1996 est sorti en 2006 sur les écrans français. A mon avis, on a encore de bonnes surprises à découvrir en fouillant dans les salles obscures nordiques…

samedi 10 mai 2008

LES MAITRES DE L’HORREUR SAISON 1 (MICK GARRIS, 2005)



Il y a 3 ans, la chaîne américaine Showtime frappait un grand coup en réunissant 13 réalisateurs (plus ou moins) versés dans l’étrange et le sanguinolent. Cette première saison des Maîtres de l’Horreur donnera naissance à 13 films très différents, mais tous centrés sur la peur et le sang.
Un casting démentiel a été réuni par Mick Garris, l’instigateur du projet, qui est à la télévision ce que Frank Darabont est au cinéma: le metteur en scène officiel de Stephen King. A son crédit, les adaptations du Fléau, de Shining, d’Un Tour sur le Bolid’ et de Désolation.
Les épisodes qu'il produit pour cette anthologie vont voir des artistes sortir du lot, mais aussi certains se reposer sur leurs lauriers. L’ensemble est intéressant, même s’il n’est pas aussi passionnant que ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais ne faisons pas la fine bouche, et (replongeons-nous dans cet hommage aux films à sketches d’antan…
Ce qui est particulièrement frappant au vu de tous ces épisodes, c’est la vision d’une figure féminine diabolique. Dans La Belle est la Bête de John Landis, c’est une femme-cerf qui met les flics à rude épreuve. Aussi belle que dangereuse, cette créature issue du folklore amérindien prend les traits de la sublime Cinthia Moura. Le jeu silencieux de l’actrice passe en un plan du sourire charmeur au visage empli de haine. Etonnant et très efficace… Et c’est l’excellent Brian Benben, le héros de la série Dream on, qui en fait les frais! Dario Argento quitte les ambiances giallesques et compose avec Jenifer une œuvre étrange centrée sur une femme aussi repoussante qu’attirante, et il explore les frontières de cette dualité. L’attirance morbide de ce flic pour la mystérieuse Jenifer est très frontale, et donne un film atypique, à la fois dérangeant et réussi. Les amants d’Outre-Tombe de John McNaughton poursuit dans cette veine féminine en créant une ambiance gothique plutôt réussie, mais avec un rythme trop calme pour convaincre.


L’un des épisodes les plus marquants de cette saison est sans doute celui de John Carpenter, qui est à des années-lumières de ce qu’il fait habituellement. La Fin absolue du Monde est une œuvre angoissante qui n’offre aucune porte de sortie, et cette radicalité étonnante est très bien maîtrisée. Un cauchemar étouffant proche de l’Enfer… La Maison des Sévices de l’ultra-dérangé Takashi Miike est lui aussi bien radical, mais dans le mauvais sens du terme. Son épisode se concentre simplement sur la torture d’une jeune femme, et apparaît comme purement gratuit et malsain. Encore un délire du père Miike qui devrait ravir ses fans hardcore, et dégoûter les autres.
L’humour est aussi présent dans cette saison, notamment avec le Serial Auto-Stoppeur de Larry Cohen, qui place une jeune femme entre deux tueurs en série au beau milieu d’une route isolée. Les personnalités des bad guys sont plutôt bien définies, et le scénario particulier de cette confrontation est intéressant. Vote ou crève de Joe Dante est une satire du film de zombie, où les morts se relèvent pour aller au bureau de vote et modifier ainsi les résultats! Une charge bien appuyée qui, passée l’originalité du propos, se perd dans une allégorie bancale.

Des morts vivants au programme du très mou La Danse des Morts de Tobe Hooper (avec Robert Englund!), une vilaine sorcière dans le réussi Le Cauchemar de la Sorcière de Stuart Gordon, un boogeyman forestier dans le très moyen La Survivante de Don Coscarelli… Toutes les variétés horrifiques sont présentes, et sont traitées avec plus ou moins de succès…

Lucky McKee réalise avec Liaison bestiale un film étonnant et charnel, dont le côté Hidden est traité avec une vision très personnelle. L’un des meilleurs épisodes… William Malone traite des enlèvements d’enfants avec La Cave, et le basculement du réalisme vers le surnaturel est plutôt bien traité. Et enfin, Mick Garris, l’hôte de ces nuits épouvantables, met en scène Chocolat, une histoire très originale d’un homme percevant à distance les sensations d’une femme, et qui part à sa recherche car il en est tombé amoureux. Une réalisation soignée et un propos très étrange pour un épisode aux limites de la folie.
Une première salve sympathique donc, même si certains réalisateurs nous laissent sur notre faim. Mais l’ensemble est asses consistant pour susciter l’intérêt!

vendredi 9 mai 2008

ROME SAISON 2 (BRUNO HELLER, WILLIAM J. MACDONALD, JOHN MILIUS, 2006)


La deuxième saison prend le pas de la première immédiatement après la mort de César, alors que celui-ci gît dans le sénat et que Marc Antoine tente de fuir les assassins de l’empereur. La continuité est de mise pour cette deuxième partie, dans laquelle les crimes, les trahisons et les orgies vont se poursuivre de plus belle.
César est mort, et Marc Antoine va se dresser contre les assassins Brutus et Cassius, qui ont fui la ville. C’est le début d’une ère nouvelle, à la fois chaotique et pleine de surprises, notamment en ce qui concerne le fils d’Atia, maîtresse de Marc Antoine. Le jeune Octave est en effet désigné comme seul héritier du défunt empereur, ce qui n’est pas sans vexer Marc Antoine. Une rivalité solide commence entre les deux hommes, avec au centre une Atia plus machiavélique que jamais.



Cette deuxième saison conserve tout le charme de la première, et perpétue cette renaissance de la Rome antique. La magnificence des décors et le faste des banquets est secondé par un travail scénaristique d’envergure, qui traite l’Histoire avec respect tout en créant une dramaturgie certaine. Les auteurs suivent donc le cours de l’Histoire en se permettant quelques entorses, mais le traitement est tel qu’elles sont justifiées par le caractère fictionnel des personnages centraux de Lucius et Titus.
Ca fait bien plaisir de retrouver les deux ex-soldats, qui en ont bien bavé durant la saison 1. Le caractère de Lucius s’est durci, et celui de Titus s’est attendri. Une sorte d’échange de personnalité qui assure une certaine complexité à la trame de cette saison. Lucius et Titus s’engagent sur des chemins ardus, et leur amitié à toute épreuve est l’un des éléments centraux de cette série.


Mais cette deuxième saison permet à Marc Antoine de se lâcher, et James Purefoy est tout simplement excellent dans ce rôle. Il assure un côté résolument bon vivant à ce personnage hors norme, et son jeu d’acteur est génial. Marc Antoine est avec Octave l’un des deux personnages clés de cette saison, et James Purefoy ne se prive pas pour le moderniser comme il lui semble. Sa prestation est tout simplement remarquable tout au long de la série.
Octave est quant à lui plus froid et calculateur, et leurs personnalités ne sont pas leurs seuls motifs d’opposition. Il agit en tant qu’héritier de Jules César et entend bien faire entendre sa voix au sénat, et il joue son rôle de fils spirituel avec une dévotion et un acharnement intenses.
Les rouages de la politique, ainsi que les complexités familiales vont voir se dérouler au sein de Rome des alliances et des trahisons insoupçonnées, et cette saison s’avère très riche en rebondissements. Qu’ils soient réels ou fictifs, ces coups de théâtre n’en sont pas moins menés avec un sens consommé du suspense, et les auteurs nous convient à une véritable moisson de changements. Qu’il s’agisse de la haine entre Servilia et Atia, de la destinée des enfants de Vorenus ou des retrouvailles avec Cléôpatre, cette saison reste marquée par une écriture remarquable. Les rivalités entre les collèges de l’Aventin sont plus fortes que jamais, la naissance du triumvirat est très fragile, et la crise politique est très grave. Une atmosphère confuse règne à Rome, et les jours à venir sont hasardeux.


Mais ce que démontre clairement cette saison, c’est la suprématie des femmes, qui gouvernent dans l’ombre et qui font des hommes leurs pantins.Une situation évidente quand on voit comment rusent Atia et Cléôpatre, et le destin des nations semble inexorablement lié à leur bon vouloir. Si Rome est une série de guerriers, elle est aussi une série de femmes de pouvoir… La sexualité débridée qui a lieu dans les palais influe donc considérablement sur les choix stratégiques, et la mise en scène crue de ces instants fait partie de la légende de cette série, qui ne cache pas grand-chose. Ni dans le sexe, ni dans le sang…

mercredi 7 mai 2008

NEW YORK 1997 ( JOHN CARPENTER, 1981)



John Carpenter est un réalisateur qui aura marqué les années 80 de sa patte inimitable, et ses titres de gloire sont légion: Assaut, La Nuit des Masques, Fog, The Thing… Et ce New York 1997 au titre aujourd’hui dépassé mais qui dépeignait un futur à la Orwell assez gratiné pour l’époque. Pour l’époque justement… Parce que cette œuvre visionnaire a bien vieilli depuis…
Ce film qui était pour moi une des œuvres majeures de la science-fiction 80’s lorsque je l’ai découvert à l’époque, a aujourd’hui perdu beaucoup de son charme… Là où je me rappelais d’un film à l’action incessante et aux immenses décors urbains à l’abandon, il reste en fait un film plutôt mou avec un Snake Plissken qui finalement ne fait que se promener dans un paysage apocalyptique. Le travail sur les décors est réussi et tient encore la route aujourd’hui, mais c’est vrai que le scénario reste assez superficiel…


Le personnage qui apparaît sous les traits de Kurt Russell est caractéristique des personnages d’anti-héros qui fleurissaient dans les années 80 (Mad Max, Rambo), et sa caractérisation avec le bandeau sur l’œil et le costume de cuir correspondent bien à son aspect bad guy. Snake est un rebelle macho qui se fout des conventions, et il a la classe! Il est envoyé en mission de récupération dans Manhattan, qui est une immense prison où à été capturé le président. Comme dans l’excellent Doomsday qui en est un remake à peine masqué, New York 1997 est une course-poursuite dans les rues mal famées de cette gigantesque prison sans gardiens, où les habitants survivent comme ils peuvent. Visuellement, le chaos ambiant est très bien rendu, mais les habitants, eux, font très datés. En fait, leurs apparitions sont plus drôles qu’inquiétantes, ce qui enlève beaucoup de crédit au film. Ce qui fonctionnait dans les années 80 a pris un sérieux coup de vieux, et voir un méchant avec des lunettes en plastique bleu fait plus rire que frissonner. En fait, ça fait le même effet que la scène où Arnold se déguise dans Terminator 3...


New York 1997 se regarde avec la boule au ventre, puisque la déception est grande. Pourtant, cette dépréciation n’est pas le lot de tous les films des 80’s heureusement (Invasion Los Angeles est toujours aussi génial!), mais le fait est pourtant avéré. Ici, ça ne tient même pas à l’aspect technique, mais bien à un problème de rythme. La mission de Snake est tout simplement trop calme, et mis à part un combat contre un colosse, il ne se passe pas grand-chose. C’est difficile à dire, mais ce film m’a bien déçu lors de ma dernière vision.
Le casting ne manquait pourtant pas d’ampleur, avec Donald Pleasence en président, Lee Van Cleef en brute, Ernest Borgnine en chauffeur de taxi… Des trognes bien caractéristiques du cinéma des années 60-70, auquel Carpenter a voulu rendre hommage… Malheureusement cela ne suffira pas à hisser le film vers le haut. Tout comme le rôle attribué à l’excellent Issaac Hayes qui est à la limite de la parodie…
Sinon il reste la partition carpenterienne qui est toujours aussi excellente et atmosphérique!