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salem center: février 2008

jeudi 28 février 2008

THE FOUNTAIN (DARREN ARONOFSKY, 2006)



Après les expériences sensorielles de Pi et Requiem for a Dream, Darren Aronofsky poursuit son exploration de la psyché humaine et du champ des possibles de ce monde. Œuvre éblouissante par la structure même de son récit et les imbrications temporelles qui découlent naturellement du scénario d’Aronofsky et d’Ari Handel, The Fountain est surtout captivant dans son approche des notions de vie et de mort. Rarement un film aura su exprimer les émotions liées à la maladie avec autant de force et de justesse, et tout les éléments concourent pour faire de The Fountain une œuvre cathartique et sublime.


Hugh Jackman et Rachel Weisz forment ce couple qui se suivra sur trois époques, liés par leur amour immortel et une volonté de la part de l’homme de trouver un remède à la maladie. Les deux acteurs sont tout simplement étonnants de sincérité, et élèvent leurs personnages vers une dimension à la fois intimiste et mythologique. Tel Adam désireux de sauver son Ève à travers les siècles, Tom poursuit sa quête avec toute l’urgence d’une vie qui s’écoule, et essaie de trouver l’ancestral Arbre de Vie, source d’immortalité, qui permettra la guérison d’Izzi. La recherche varie selon les époques, le conquistador cherchant littéralement l’Arbre afin de sauver l’Espagne et par conséquent sa reine; Tom est un vétérinaire cherchant à élaborer un vaccin grâce à des fragments d’un arbre exotique; et le Tom futuriste voyage avec son Arbre mourant jusqu’à une nébuleuse qui lui permettra de renaître. Trois variations sur le thème de la maladie, qui confronte le spectateur à différentes notions élémentaires comme l’amour, la mort, la nature et le temps. Oeuvre ambitieuse malheureusement tronquée ( la défection de Brad Pitt pressenti pour le rôle principal verra le budget du film réduit de 40 millions de dollars), The Fountain reste malgré tout un film à la beauté visuelle époustouflante; les effets spéciaux soulignent un mysticisme très profond, empruntant à la culture maya, chrétienne et bouddhique, toujours selon les époques traversées. Les visions de l’espace sont magnifiques, et d’autant plus magiques qu’elles sont en fait des images de réaction chimiques qui ont lieu à une échelle minuscule. L’espace semble aussi infini dans les étoiles que dans la matière microscopique, et ce procédé est tout à fait cohérent avec la notion de cercle de vie qui sous-tend la structure du film. En traitant d’une histoire d’amour intemporelle, c’est évidemment de la vie dans son ensemble qu’il est question, des points de vue humain, biologique et temporel. Les symboles présents à travers le métrage lient ces différentes temporalités avec une aisance confondante et une très grande maturité.


Le travail pictural de Matthew Libatique, fidèle collaborateur depuis Pi, a pour effet de plonger le film dans une ambiance intemporelle, comme si la flèche même du temps ralentissait. C’est une lumière calme, posée comme un tableau de maître, sous laquelle se débat Tom dans sa quête éperdue. Libatique a réalisé un travail époustouflant, qui se lie sans que l’on puisse voir le moindre raccord à cette si belle histoire. Et pour achever la cohésion de l’ensemble, Clint Mansell (présent aussi depuis Pi) et le Kronos Quartet composent un score magistral, agrémenté de morceaux du groupe Mogwai, qui s’insèrent parfaitement dans l’esprit mystique et contemplatif du film.
Sur tous les points, The Fountain prend son envol avec grâce, et se construit peu à peu pour parvenir à entraîner le spectateur dans ce voyage aux confins de l’univers, de l’existence et du temps, avec toute l’aisance d’un récit complexe dans sa structure, mais dont la narration sensible est aussi émouvante qu’universelle.


mercredi 27 février 2008

CLOVERFIELD (MATT REEVES, 2008)



Sorti le 6 février 2008

La tendance actuelle du cinéma dévoilée à Gérardmer le mois dernier fait état d’un retour à une volonté immersive aussi réaliste que possible. Que ce soit l‘ultra-éprouvant [REC] (qui aurait dû remporter haut la main le Grand Prix, je ne le répéterai jamais assez!), le Diary of the Dead de Romero, ou cet impressionnant Cloverfield, la coïncidence veut que les films tournés en point de vue intradiégétique (la personne qui filme fait partie de l’histoire) reviennent en force longtemps après Le Projet Blair Witch, et les inspirations diverses nourrissant cette renaissance semblent résolument traitées avec une intelligence sans faille.
La grosse bébête de Cloverfield était attendue avec de plus en plus d’impatience, et le résultat est un film apocalyptique aux résonances post-11 septembre tout ce qu’il y a de plus viscéral. Sans plomber le récit par des références directes, les séquences suffisent à plonger le spectateur dans le chaos qu’ont pu vivre les New-Yorkais il y a déjà 7 ans, en jouant à fond la carte de l’ultra-réalisme. Le principe de la caméra portée devient alors naturel et se fond avec aisance dans la catastrophe gigantesque qu’elle filme. Depuis Le Projet Blair Witch, on sait que c’est l’angoisse qui donne envie de continuer à filmer, et surtout le fait de se sentir encore vivant. Le caméraman ne perd donc pas trop de temps en explications, et continue d’immortaliser l’événement tout en essayant d’y survivre.



La première partie destinée à faire connaissance avec les personnages est une fête de jeunes typique, avec le comique de service et les histoires d’amours contrariées classiques. Mais c’est justement dans l’attente de ce qui va arriver que ces petites existences prennent leur sens dans leur futilité même, et lorsque le personnage principal, Rob, se retrouve en train de faire la gueule et que l‘on se dit que ça patine un peu, c’est justement le moment où le premier tremblement a lieu. Drew Goddard, scénariste fidèle du producteur J. J. Abrams depuis Lost et Alias, dynamite l’esprit teen movie que prenait le métrage pour recadrer violemment les objectifs. A savoir la destruction pure et simple de Manhattan, et la fuite du groupe de 5 jeunes afin d’échapper à la créature cauchemardesque. Les acteurs sont plutôt bons et apportent une bone dose d’humanité en variant les émotions qu’ils ressentent. L’urgence de l’instant est on ne peut plus claire, et ils réagissent en conséquence aux désastres qui leur arrivent.


Si l’on pense invariablement à Godzilla, on est loin du film pépère d’Emmerich ou des décors en carton-pâte d’Inoshiro Honda. Les décors grandioses de Manhattan sont plus vrais que nature, et l’utilisation de matte-paintings (les arrière-plans sont peints et les scènes filmées sont incrustées) et d’éléments en 3D sont traités avec un souci du détail énorme. On est à l’opposé d’une stylisation complète à la 300, et tout ce qui est vu apparaît aussi réaliste que possible. Les scènes de désolation avec les tours éventrées, les séquences de combat qu’on croirait tournée en Irak, la foule immense qui se précipite vers le pont de Brooklyn… Et bien évidemment le monstre, au visuel original et aux extensions mortelles… Tout est simplement énorme dans ce film, qui oblige à une immersion ayant rarement atteint un tel degré. On se sent littéralement happé dans cette course à travers une ville ravagée, et la tension ne baissera pas durant tout le film. Nerveux au possible, déroutant et hallucinant, Cloverfield est une vision de cauchemar à l’allégorie à peine déguisée, qui met à mal la suprématie d’une Amérique affaiblie en exorcisant ses démons sous la forme d’une menace biologique terrifiante. Une date dans l’histoire du cinéma, et des émotions brutes convoquant une peur irrépressible de la mort. Un choc viscéral donc, à des années-lumière du sympathique Porteur de Cercueil, film précédent de Matt Reeves (1996 tout de même!), comédie emmenée par David Schwimmer et Gwyneth Paltrow


lundi 25 février 2008

JUMPER (DOUG LIMAN, 2008)



Sorti le 20 février 2008

Depuis 2005 et son sympathique Mr. and Mrs. Smith, on n'avait plus de nouvelles de Doug Liman qui se contentait de produire les suites de la saga Jason Bourne qu’il avait initiée. Un retour derrière la caméra attendu donc, avec en plus une histoire de téléportation, d’organisation secrète et une love-story menacée. Encore une adaptation de comics? Eh bien non, cette fois-ci c’est d’un roman qu’il s’agit, le Jumper de Steven Gould datant de 1992. Le concept est bien alléchant et le potentiel semble énorme, et pourtant la déception ne tarde pas à prendre le dessus. Jumper n’est qu’un énième film d’action lisse et dénué d’intérêt, ce qui est un constat cuisant pour le réal de La Mémoire dans la Peau
Tout d’abord, le personnage principal, David Rice (hayden Christensen, bof), ne possède aucune profondeur. Il jumpe en permanence et se fait sa petite vie pépère, et ne se révèle même pas quand le bordel commence. Une première enveloppe vide, à laquelle vont s’ ajouter quelques autres, notamment le méchant Roland interprété par un Samuel L. Jackson qui ne sait plus quoi inventer pour avoir un physique différent à chaque film. La copine du héros n’est ici présente que pour lui donner un semblant d’humanité, et même son air de Natalie Portman n‘y suffit pas. En comparaison, le jumper interprété par Jamie Bell (le petit gars de Billy Elliot) possède un charisme bien plus prononcé, et sa balance entre le bon et le mauvais côté est plus intéressante que toute l’histoire de David. Déjà, côté personnalités, ça dépote sévère.


Le principe même de Jumper, et son accroche principale, en font un film éminemment visuel. Les sauts à travers l’espace aux quatre coins du monde sont prétexte à un voyage énorme, mais cette pointe d’originalité ne subsiste que quelques instants, le temps de comprendre que le scénario va nous balader pendant 90 minutes en sautant de manière aléatoire à travers le monde. C‘est David S. Goyer, Simon Kinberg et Jim Uhls qui écrivent le guide du routard, et c’est pas fameux. Jumper est un film bien de son époque, et le cut littéral que provoquent les jumpers est presque allégorique de cette génération gavée de produits beaux et inodores, où tout va vite et cache sa vacuité derrière une imagerie résolument fun. Jumper est un produit calibré, ce qui n’est pas un mal en soi (Transformers aussi en est un, et un très bon!), mais il semble avoir été construit sans réelle envie d’ingéniosité ou de renouveau, et ne peut en l’état que constituer un énième film d’action impersonnel et tristement fade.


Un point quand même pour les effets spéciaux, qui sont efficaces et réalistes. Mais utilisés pour les besoins d’une histoire si prévisible qu’elle en devient caricaturale (la fin est absolument débile!), ils ne sont pas valorisés et ne font qu’étalage des capacités de l’équipe de Joel Hynek.
Le principe fondamental de la lutte entre le Bien et le Mal se trouve être ici aussi un combat ancestral, ce qui est d’une originalité confondante… Les méchants tuent parce qu’ils ne veulent pas que les gentils jumpent, voilà pour l’argument de départ! C’est vraiment très recherché dans le genre, et ça apporte une authenticité et un relief vraiment particulier au film...
Rien de bien neuf donc dans le monde super-héroïque, espérons qu’Iron Man viendra relever le niveau le 30 avril… Vas-y Tony!


dimanche 24 février 2008

HAIR (MILOS FORMAN, 1979)


C’est après la guerre du Vietnam que l’adaptation cinématographique de la comédie musicale Hair voit le jour. Démarrée en 1967, cette œuvre signée Gerome Ragni, James Rado et Galt MacDermot allait totalement rompre avec les standards habituels en livrant une vision de la culture hippie grandissante, et en étant farouchement opposé à la guerre dans ce pays lointain. C’est le réalisateur tchèque Milos Forman qui, 12 ans après, rend un hommage à cette communauté et à ses idéaux.
La transposition dans un New York bien réel va donner lieu à une multiplication de scènes d’où émergeront une bonne humeur et une approche optimiste de l’existence qui se nourriront sans cesse des lieux traversés. New York semble héberger ces hippies qu’elle garde en son sein avec douceur, et ils se baladent en elle comme une multitude reconnaissante de leur existence. Mais si Forman et son scénariste Michael Weller donnent une image policée et inoffensive de ce mouvement, c’est surtout pour mettre en avant la cruelle absurdité d’une guerre soudaine qui va ravager le coeur même de l’Amérique alors qu’elle se déroule à des milliers de kilomètres. Le mouvement hippie symbolise à jamais cette rébellion face à la violence du monde moderne, et ce refus d’une autorité transformant ses jeunes en chair à canon dans le but de maintenir un régime anticommuniste. Une guerre d’usure qui durera 16 ans et dont les Etats-Unis sortiront très affaiblis, tant sur le point politique que social, avec des répercussions psychologiques inévitables.



Les différents tableaux composant le film vont suivre la découverte de New York par un jeune fermier de l’Oklahoma, dont le nom, Claude Bukoswki, fait ouvertement référence à l’écrivain chaotique Charles Bukowski, réputé pour ses ouvrages provocateurs comme Les Contes de la Folie ordinaire ou Journal d’un vieux Dégueulasse. Une filiation sous forme de dérision puisque le jeune fermier est d’un calme et d’une politesse rares, tout l‘inverse du Charles! Le gentil Claude (John Savage) va passer quelques jours dans la Grosse Pomme avant de partir pour l’armée, afin de se préparer à être envoyé sur le front. Lorsqu’il fait la rencontre du petit groupe de hippie, il va être confronté à un mode de vie totalement différent du sien, et il va les suivre sans pour autant renoncer à son devoir.



Dans le rôle du leader Berger, Treat Williams est étonnant de fraîcheur et de magnétisme, et Hair lui offre probablement le personnage le plus important de sa carrière. C’est aussi celui qui lui mettra le pied à l’étrier, et avec son physique à la Colin Farrell, il va fédérer toute l’énergie positive d’un film résolument attaché à des valeurs simples et fondamentales. Avec ses amis Jeannie, Hud, Woof et plus tard Sheila, ils vont vivre des moments intenses et impulsifs jusqu’à une escapade finale inattendue.
La mise en scène de Forman va donner lieu à des séquences oniriques et absurdes, belles et inquiétantes, et cette comédie musicale est un reflet certes atténué du mouvement hippie (le LSD et la cocaïne apparaissent comme aussi inoffensifs que des Haribos), mais qui nous plonge totalement dans le côté positif de cette culture. Les séquences se suivent et s’avèrent souvent drôles, notamment lors du passage des appelés devant la commission, où ils doivent se mettre à poil. Ou la chanson aux doux termes de sodomie, cunnilingus, pédérastie destinée à trois femmes coincées qui prennent rapidement la fuite! En traitant ouvertement de l’homosexualité, des partenaires multiples ou encore de l’usage des drogues, il souffle sur Hair ( vous l’avez noté celle-là?) un vent de liberté qui devait déjà caractériser la pièce d’origine. C’est beau, revigorant, sensible, détonnant, et surtout vivant. Vivant jusqu’au bout, vivant par-delà une guerre dévastatrice, vivant au-delà d’un monde fait d’apparences. Une œuvre touchante et sincère, qui vous mettra forcément de bonne humeur!



mardi 19 février 2008

CABLE & DEADPOOL (FABIAN NICIEZA, PATRICK ZIRCHER, 2004-2008)


Après 4 années à guetter une hypothétique traduction de cette série, et après avoir appris que le numéro 50 de février 2008 allait clôturer les aventures du duo, je me suis enfin décidé à me commander les aventures bien déjantées de ces deux héros, dans la langue de 50 Cent off course.
Prenez un mutant revenu du futur où il avait été envoyé par ses parents (Cyclope et Phénix des X-Men) afin d’éradiquer le techno-virus qui le rongeait. Devenu un soldat émérite aussi implacable que fin stratège, Cable revient dans le passé (l’univers 616 donc, c’est-à-dire l’univers classique où évoluent les super-héros Marvel) et essaie de changer le futur apocalyptique qui se prépare (qui sera évidemment dû à Apocalypse). Droit dans ses bottes, meneur d’hommes, esprit éveillé, Cable est un peu tout ça, et sa période Soldier X en a même fait une sorte de guerrier zen adepte de la lévitation et de la réflexion.
Ensuite, prenez Deadpool, alias Wade Wilson (l'unique), réchappé du programme Arme X (comme un certain Wolverine) après avoir subi les pires tortures physiques et mentales, au corps entièrement balafré, devenu mercenaire professionnel, fan de Charlton Heston qui est un tout petit joueur à côté de lui. Bavard comme c’est pas permis, sans-gêne au possible, obsédé par les sœurs Olsen, et névrosé tendance psychopathe. Ah oui, les deux hommes ont de sévères contentieux passés, et ils vont être obligés de faire équipe.



Un ton résolument buddy movie pour une série qui commence sans trop d’éclat, mais dont l’introduction nécessaire amène au 6ème épisode la fameuse séquence qui obligera Cable et Deadpool à mélanger leurs gênes afin de survivre. Une scène d’anthologie où les deux héros (même si le terme est un peu fort en ce qui concerne Deadpool) sont sur le point de mourir, Cable rongé par un techno-virus qui le gangrène, et Deadpool se liquéfiant sur place. La symbiose va être inévitable, et va avoir pour conséquence l’amalgame de leurs ADN respectifs. Et donc, comme pour Jeff Goldblum qui se mélangeait à sa mouche, Cable et Deadpool vont se retrouver physiquement emmêlés lorsque Cable va se téléporter. Rien de bien grave puisqu’ils parviennent à se séparer vite fait, mais cela se produira à chaque transport, ce qui n’est pas très pratique en ce qui concerne la vie privée. Les deux anciens ennemis vont donc être obligés de coopérer, ce qui ne va pas aller sans quelques problèmes.



Les 6 premiers épisodes mettent donc tout ça en place en prétextant l’histoire d’une secte qui veut changer tous les hommes en bleu afin de bannir le racisme et de créer la paix mondiale, mais la suite sera bien plus passionnante et atteindra l’humour bien déjanté qui caractérisait la série solo de Deadpool. Le créateur des deux personnages Fabian Nicieza est au scénario, et Patrick Zircher assure le dessin. La montée en puissance est excellente, et la gouaille du mercenaire combiné à des rencontres toujours étonnantes donne lieu à des récits fun et tordants. Le combat contre Agent X (qui pour résumer était un mélange de 3 personnalités, dont Deadpool, mais il s’en est bien sorti) est un moment bien bourrin, le combat contre Cat à qui Deadpool demande absolument à voir son tatouage de chat sur le torse est bien délirant aussi, et tout le reste est à l’avenant. Le combat dantesque entre Cable et le Silver Surfer, Deadpool qui enfile le costume d’une X-woman, Cable qui se la joue Jésus et qui veut sauver le monde en rétablissant la paix (sans peindre les gens en bleu cette fois), Deadpool qui se prend pour Philip Marlowe le temps d’une enquête criminelle… Tout est bon là-dedans, et tout est drôle!
Evidemment le personnage le plus fun est forcément le plus barré, et Deadpool remporte haut la main ce titre. Grâce à lui, Cable & Deadpool atteint des sommets d’absurde et de dérision, et il apparaît comme le personnage Marvel le plus intéressant qui ait été créé, au bas mot. Et peut-être même au-delà de l’univers Marvel. Rien qu’à le voir s’adresser à George W. Bush par un « George! Dude! S’up? Where’s Dick? », ça pose tout de suite le personnage!
Si vous n’êtes pas réticent à l’idée de bouquiner en Anglais non sous-titré, je vous conseille fortement cette série. Mais si vous ne connaissez pas Deadpool, lisez d’abord les parutions qui ont été traduites en français, ça vous fera hurler de rire!
Petit bonus: d’après le site de Mad Movies, le film X-Men Origins: Wolverine actuellement en préparation verra différents protagonistes du programme Arme X, et Ryan Reynolds jouera… Deadpool! Et ça, c’est cool!



lundi 18 février 2008

DIRTY DANCING (EMILE ARDOLINO, 1987)


La St Valentin laisse des traces, et bouscule quelque peu les habitudes. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de revoir Dirty Dancing, film culte pour toutes les jeunes filles de l’époque qui craquaient forcément pour le beau Patrick Swayze
Les années 60, l’été bat son plein, Bébé et sa famille arrivent dans un village de vacances luxueux afin d’y passer une semaine au soleil. Tout commence très pépère avec des activités standard, cours de danse multi-âge où les ados côtoient le 3ème âge. Tout cela est bien inoffensif pour la jeune et naïve Bébé, mais l’apparition du playboy Johnny va tout bouleverser…
Manager de l’équipe d’animation de l’hôtel, Johnny est un excellent danseur toujours prêt à éblouir les foules avec sa partenaire Penny (Cynthia Rhodes, spécialiste des films de danse: Flashdance, Staying alive…). Mais lorsque cette dernière ne peut plus assurer les représentations, Bébé et sa démarche gauche vont entrer en scène. Elle relève tout simplement le défi de réussir à remplacer Penny pour une audition, et elle va se mettre à travailler dur pour y arriver. Tout ça en secret de ses parents évidemment, ce qui ne va pas être une mince affaire…



Tout le monde connaît ces images de Patrick Swayze et de sa partenaire, ainsi que la bande originale ultra classique (Swayze y a même poussé la chansonnette pour un She’s like the Wind romantique à souhait), et 20 ans après sa sortie, il faut reconnaître que le film a plutôt bien vieilli. Cette histoire d’adolescente qui découvre sa personnalité est universelle, et fonctionne grâce à un casting juste et motivé. Jennifer Grey est particulièrement étonnante dans ce rôle, et son jeu empreint de naturel et de timidité fait de son personnage une jeune fille attachante et drôle. A la plastique du beau gosse, elle oppose donc une personnalité plus profonde. Mais les apparences sur le beau Johnny vont éclater à son contact, et l’amour va se mêler de tout ça…
Techniquement, le film d’Ardolino déroule un récit concis basé sur le fameux défi de Bébé, mais la multiplication des personnages permet d’englober le tout dans une atmosphère 60’s recréée avec grand soin. Que ce soit pour les voitures, les vêtements, chaque détail nous plonge dans cette époque qui voulait se démarquer de son passé en se réinventant, comme c’est le cas de cette dirty dancing. Sensuelle et instinctive, cette danse ressemble à une parade amoureuse en y mêlant de la rudesse et de l’improvisation, laissant les corps se découvrir l’un l’autre dans une étreinte inédite. Le propos est à la fois amusant et sincère, et ces dizaines de jeunes qui s’adonnent à cette pratique donnent une véritable impression de liberté à travers leurs mouvements et leur attitude. Les séquences d’entraînement sont particulièrement belles, avec le porté dans l’eau, où les tests d’équilibre su le tronc d’arbre. Il y a un aspect résolument naturel dans cette approche de la danse, qui convoque à la fois une volonté de modernité et une sagesse plus ancienne, avec l’ajout d’un aspect charnel sans équivoque.



C’est justement l’apprentissage de sa propre sensualité que va faire Bébé, et c’est à son passage de l’adolescence à l’âge adulte que l’on va assister. Sa métamorphose va s’opérer par petites touches, mais va voir peu à peu les hésitations de la gamine céder leur place à l’assurance d’une jeune femme. Une transformation irrémédiable qui s’accompagnera forcément de déceptions (les mensonges à son père), mais qui la verra s’affirmer inexorablement. Jennifer Grey est excellente dans ce rôle, et vole la vedette à un Patrick Swayze qui sera véritablement lancé par ce film. Bizarrement, Grey ne verra pas sa popularité augmenter, et fera encore une poignée de films sans devenir une star. La faute à un physique finalement banal? Dommage en tout cas, car elle crève l’écran dans ce film.


vendredi 15 février 2008

CLIFFHANGER (RENNY HARLIN, 1993)


Du temps où il était un solide réalisateur de films d’action, le Finlandais Renny Harlin parvenait à monter des projets bien bandants comme 58 Minutes pour vivre, qui est en passant l’opus le plus dévalué de la saga Die hard alors qu’il en est un illustre représentant. Ce qui n’est pas le cas du méfait de Len Wiseman, mais là n’est pas le propos… Par la suite, Renny ira se commettre dans des bides savoureux (notez le jeu de mots tout en subtilité SVP) comme l’incommensurable L’Exorciste: au Commencement. Une carrière toute en dent-de-scie, semblant suivre la séparation d’avec sa belle Geena Davis. Ravages du subconscient probablement, bref, toujours est-il que le père Harlin doit se remettre en selle!




Mais la période des années 90 est faste pour lui, et son premier projet monté avec Stallone a de quoi faire saliver: un actionner de haute montagne tourné en condition réelles dans les Dolomites, avec un Sly se chargeant lui-même des cascades du film, ça le fait. Alors bien sûr le film a pris un coup de vieux aujourd’hui, notamment dans l’élaboration plus que crétine des bad guys, dont les dialogues sonnent quasiment tous second degré. Mais Cliffhanger reste un plaisir agréable de par son cadre magnifique et l’utilisation cinématographique qui en est faite. La petitesse de l’homme face à la nature, et l’affrontement des bandits avec les éléments donne lieu à quelques séquences bien spectaculaires. L’effet était saisissant à l’époque sur grand écran, et même s’il est amoindri aujourd’hui (les décennies changent radicalement la donne en terme d’action, parlez-en à Steven Seagal), ces aventures possèdent encore un rythme soutenu qui n’est pas déplaisant.
La trame psychologique de départ faite de culpabilité et de colère rentrée est classique mais efficace, et donne au personnage de Gabe Walker une aura particulière, faite de rédemption et de remise en question. Un point de vue intéressant, surtout que ce retour au bercail coïncide avec un détournement de fonds qui tourne mal. Les voleurs vont alors faire appel aux guides de haute montagne afin de récupérer l’argent, et la confrontation entre ces enfoirés et les gentils montagnards va être électrique.


Renny Harlin va créer des séquences vertigineuses à souhait qui vont convoquer la peur ancestrale du vide. Si vous êtes sujet au vertige, l’effet est garanti! Voir Stallone évoluer dans le vide sans effets spéciaux est très impressionnant, et rajoute à la véracité du propos. Alors même si les scènes d’action sont bien chronométrées pour ne pas laisser de temps mort, la beauté des images possède par moments une vraie originalité qui donne un cachet particulier à ce B movie.
Dommage qu’Harlin se soit assagi par la suite, le programme qu’il nous a offert avec Cliffhanger appelait encore d’autres aventures trépidantes.

jeudi 14 février 2008

A LA POURSUITE DU DIAMANT VERT (ROBERT ZEMECKIS, 1984)


Sorti la même année que l’excellent Indiana Jones et le Temple maudit, ce A la Poursuite du Diamant vert veut surfer sur la vague du succès des aventures du Dr Jones. Mais il n’en possède ni la saveur, ni le souffle épique, et cette aventure de pacotille a beaucoup de mal à démarrer…
Romancière en mal d’amour, Joan Wilder se retrouve embarquée en Colombie après avoir reçu par courrier une carte indiquant l’emplacement d’un trésor. Sa belle-sœur a été kidnappée par des hommes qui souhaitent récupérer la fameuse carte. Outre un point de départ un peu tiré par les cheveux (il suffisait de se rendre chez elle et de la récupérer, la carte), tout le reste sera à l’avenant avec un Michael Douglas qui ne fera pas oublier Harrison Ford, des méchants crocodiles qui ne s’en prennent jamais aux gentils, des militaires rebelles bidons et un Danny de Vito quota comique vite essoufflé.



Si le souffle de l’aventure pointe au début, il est vite desservi par un traitement totalement inoffensif qui dénaturera la notion même d’épique, laquelle va s’en retrouver réduite à sa plus simple expression. Les méchants ne font pas peur et possèdent le charisme de leurs homologues cartoonesques (avec un côté Sam le pirate pour le grand méchant), et le scénario joue sur l’éternel conflit entre l’homme de la nature et la femme de la ville, n’apportant au passage aucune nouveauté au sujet et pire, aucune émotion aux personnages. Vide de sens, vide d’intérêt, A la Poursuite du Diamant vert est le genre de film qui faisait illusion à 10 ans, mais qui ne possède finalement pas autant d’esprit aventureux que dans les souvenirs. C’est bien simple, on se fout littéralement de savoir s’ils vont récupérer le fameux diamant vert, qui semble aussi faux que le film lui-même.



Zemeckis n’est pas Spielberg sur ce coup-là, et Jack Colton est plus proche d’un Allan Quatermain que du docteur Jones. Le personnage du baroudeur interprété par Michael Douglas est terne, et celui de la jeune femme éperdue campé par Kathleen Turner n’est ni sexy, ni envoûtant, ni intéressant. 2 ans plus tard sortira néanmoins une suite confiée aux bons soins de Lewis Teague, Le Diamant du Nil. Mouais…
Les raccourcis scénaristiques et autres procédés cinématographiques en font un produit vide, destiné à contenter des bouffeurs de péloche en mal d’exotisme. Du très mauvais film d’aventure en somme, enterré par un final aussi niais que possible avec le fameux bateau de Colton arpentant les rues de new York. Une sorte de romantisme de baroudeur qui contentera la perruche mal-aimée, mais qui est avant tout du grand n’importe quoi n’obéissant à aucune logique. Un manque de crédibilité qui se retrouve dans l’intégralité du film, rien que dans les scènes de mitraillages où les héros pourraient se faire toucher cent fois mais qu’ils continuent à se parler en évitant les balles. Si c’était parodique ça passerait, mais en l’état, y a pas moyen…


mercredi 13 février 2008

SECRET WAR ( BRIAN MICHAEL BENDIS, GABRIELE DEL'OTTO, 2004)


Initialement parue dans les Marvel Méga 19, 21 et 25 (2005-2006 donc), la mini Secret War se voit propulsée dans la collection Deluxe qui comme son nom l’indique n’a rien de comestible. Le Deluxe, c’est un passage en édition classieuse avec couverture cartonnée en dur, et un format plus grand que la normale destiné à mettre en valeur les dessins. Et ici, au lieu de dessins, c’est véritablement de peintures qu’il s’agit, avec les oeuvres de Gabriele Del’Otto, artiste italien devenu culte aussi rapidement que l’on cuit des Barilla (en gros, 3 minutes dans l’eau bouillante).
Ouvrez ce recueil à n’importe quelle page, vous serez immédiatement bluffés par le réalisme du trait et la texture des images. Del’Otto possède un rendu rarement égalé dans le genre, et l'une des œuvres approchantes que l’on pourrait citer est le fameux Marvels de 1994 peint par Alex Ross. Une finition tenant de la maniaquerie et un esthétisme global réellement magnifique, Secret War est un laboratoire expérimental visuel, et y plonger équivaut à se laisser glisser dans un univers connu et pourtant réinventé. C’est ça la classe Del’Otto.
A ce pinceau réaliste s’ajoute un scénario original dans son approche, puisque cette histoire de super-héros est entièrement traitée comme un récit d’espionnage classique. Un parti-pris étonnant qui tend à minimiser l’impact des actions, mais qui complexifie une intrigue basée sur une menace de niveau national. On se demanderait presque comment intégrer des surhommes à tout ça, et pourtant, ça fonctionne de manière relativement fluide. C’est Brian Michael Bendis qui écrit (Jinx, Torso, Goldfish), et il le fait avec la précision d’un journaliste et l’ambition d’un écrivain.



L’apparente réalité de certains faits relatés est sujette à caution, mais reste tout de même troublante. Ce récit serait né des rencontres entre Bendis et un ancien haut responsable de l’espionnage américain, et offrirait des moments de pure vérité aussi incroyables que dangereux. Mythe? Le doute subsiste… Une chose est sûre, l’aspect documentaire est foisonnant, et se répercute de diverses manières. Tout d’abord dans le récit lui-même faisant ouvertement référence au conflit afghan, à Bob Woodward ou à la bande de Gaza, ce qui en densifie considérablement la portée politique. Mais également à travers les fameux dossiers de Nick Fury entrecoupant les 5 chapitres de cette histoire. Compte-rendu d’interrogatoire, fiches détaillées de personnages, journal personnel… Autant de matériel distinct et varié destiné à accréditer le propos paranoïaque du récit, et très utile afin de donner plus de poids à la dimension tragique de cette guerre secrète. Si en plus vous ajoutez des croquis de préparation, des esquisses de personnages et des maquettes de couvertures, vous vous rendrez bien compte de la tâche éditoriale plutôt fournie que nous a concocté Panini sur ce coup-là. Je ne suis pas un adepte de leurs collections luxueuses, mais les rumeurs persistantes font état d’un beau coup d’éclat qui ne leur est malheureusement pas coutumier. En tout cas, le résultat ici est vraiment beau.



Certains aspects de ce récit complexe peuvent être nébuleux, mais dans l’ensemble il est plutôt bien servi par un Bendis motivé et un Del’Otto très inspiré. L’équipe composée de Spider-Man, Wolverine, Captain America, la Veuve noire, Daredevil, Luke Cage et une jeune inconnue se laisse vivre avec intérêt. Même si la beauté picturale prend parfois le pas sur le rythme du scénario, Secret War constitue une œuvre ambitieuse et intéressante. Alors si vous n’êtes pas contre une entorse aux histoires classiques où fun rime avec pyjama moule-burnes, cette création devrait satisfaire votre esprit de nouveauté et votre œil. Et en plus, j’ai rien dévoilé de l’histoire, le suspense est entier. Elle est pas belle la vie?

mardi 12 février 2008

JOHN RAMBO (SYLVESTER STALLONE, 2008)



Sorti le 6 février 2008

Un an après avoir apporté une conclusion puissamment émotive à sa saga Rocky, Sly achève le cycle de son autre personnage fétiche, Rambo. Après le dernier round du boxeur fatigué, que reste-il afin de caractériser un personnage emmuré dans la guerre?
C’est en Thaïlande que l’on retrouve l’ex-militaire, vivant retiré dans un petit village et subsistant grâce à la chasse. Mais à quelques kilomètres de là, la guerre fait rage en Birmanie, et sa proximité géographique ne va pas tarder à attirer le guerrier qui sommeille. En effet, après avoir accompagné un groupe d’évangélistes au but noble et presque irréalisable (aller aider la population birmane victime des exactions de la junte militaire), il apprend qu’ils ont été faits prisonniers par l’ennemi. Une milice est envoyée sur place afin de les récupérer, et Rambo veut les accompagner. Mais le chef des mercenaires refuse, John Rambo semblant trop vieux pour être d’une quelconque aide.
L’héritage des glorieuses années 80 se ressent beaucoup dans ce John Rambo, et apparaît déjà avec la calligraphie du générique qui nous ramène 20 ans en arrière. L’élaboration du script est aussi emblématique de cette vision frontale qui caractérisait les œuvres à l’époque, et qui ne s’embarrassait pas de considérations superflues. John Rambo va a l’essentiel, et s’appuie sur un scénario épuré au maximum qui entre dès le début dans le vif du sujet avec des images insoutenables du journal télévisé. Le contexte est posé, et lorsque les évangélistes débarquent, la suite prend forme tout aussi rapidement. La seule femme du groupe aura un impact considérable sur Rambo, puisqu’elle mêlera 3 visions de la femme qui font défaut au guerrier: la mère protectrice (le rôle qu’elle souhaite avoir avec la population birmane), la femme passionnée (réminiscence de Rambo II: la Mission), et la fille qu’il n’a pas eue et qu’il doit protéger ( il n’arrête pas de lui dire « Rentrez chez vous! »). C’est ce personnage ambivalent qui sera l’élément déclencheur de toute l’opération, et sous l’apparente transparence des protagonistes se cachent des motivations et des désirs perdus bien plus profonds qu’il n’y paraît. C’est cette femme qui va faire ressurgir le guerrier…



Et dès lors qu’il réapparaît, une question simple et évidente me vient à l’esprit: pourquoi une interdiction aux moins de 12 ans? Parce que pour le coup, je l’aurai allégrement montée jusqu’à 18 ans. Le carnage est total et la boucherie sanguinolente à souhait, et il y a de quoi choquer même des adultes dans ce film sans équivoque. Les démembrements, immolations et autres éviscérations vont se succéder avec un sens du détail rare, et Sylvester Stallone s’applique à rendre le tout aussi cru et réaliste que possible. Il s’est largement immergé dans le conflit birman afin de rester aussi proche que possible de cette réalité insoutenable, et les images qu’il crée sont malheureusement un miroir des exactions perpétrées dans ce pays.



Visuellement, jamais on avait été aussi loin dans la représentation de la guerre, et Sly en impose avec cette vision résolument pessimiste de la nature humaine. La montée en puissance de la violence se fait avec intelligence et un grand sens du rythme, aidé par un montage d’une clarté rare. Tout y est lisible, et la caméra évite le syndrome de la tremblote qui empêche de voir ce qui se passe. John Rambo se veut frontal et direct, et le style visuel adopté est immersif au possible. Face à cet ennemi épouvantable, le spectateur ne peut qu’être aux côtés de Rambo et des mercenaires, et un glissement progressif vers une sensation de jouissance létale se fait, un peu à la manière d’un Death Sentence ou d’un A vif. Lorsque la certitude que rien ne pourra faire changer d’avis les agresseurs se fera jour (ce qui est relativement rapide en fait), et que seule la violence pourra les arrêter, cette dernière s’en trouve justifiée et convoque ce qu’il y a de plus sombre dans l’esprit humain. Rambo puise en lui afin de trouver la force de faire « son travail », et c’est après avoir totalement accepté le fait d’être un guerrier et d’aimer donner la mort qu’il est au maximum de ses capacités. Il se sent libéré, et peut exprimer totalement sa puissance.
Etonnant, violent, éprouvant, John Rambo revient à la base du personnage (la forêt environnante n’est-elle pas son berceau?) et lui offre un dernier tour d’honneur qui sent le soufre et les tripes. Tout comme il n’était pas trop vieux pour ces conneries dans Rocky Balboa, Stallone est encore alerte et efficace dans le maniement de l’arc et de la mitraillette. Mon Dieu, ces têtes qui explosent comme des pastèque, ces geysers de sang, ces genoux qui explosent… Franchement, ce film m’a réellement choqué, mais c’était là justement le but de Sylvester Stallone, et il a réussi à traiter ce sujet résolument grave avec une vision à la fois désabusée et pleine d’espoir. Encore une réussite magistrale pour la star des années 80…


lundi 11 février 2008

X-FORCE (FABIAN NICIEZA, ROB LIEFELD, 1991)


Le succès croissant des séries consacrées aux X-Men et l’intérêt de plus en plus grand des lecteurs pour les mutants allait donner lieu dans les années 80 à un éclatement des séries X. C’est ainsi qu’apparurent Excalibur, transposition anglaise des élèves de Charles Xavier; les nouveaux Mutants, version adolescente des X-Men; ou encore Facteur-X, qui voyait revenir Jean Grey d’entre les morts et qui reconstituait l’équipe initiale des X-Men.
X-Force reprend la plupart des élèves des nouveaux Mutants et durcit le ton. Plus mûrs, plus dangereux, ils se démarquent de l’influence de Xavier et de son idéal de paix, pour être menés par le guerrier du futur Cable, dont les méthodes radicales sont légitimées par l’ère de chaos qui menace la Terre. Désireux de redéfinir son présent, il se transporte donc dans le passé afin d’éliminer le sanguinaire Stryfe. Redoutable et mystérieux, le mentor d’X-Force possède des secrets bien gardés, et ses élèves ne connaissent qu’une part infime de son existence et de ses motivations. C’est cette chape de mystère qui donne à la série un relief particulièrement paranoïaque, doublé par le fait que l’équipe agit comme une milice privée, et qu’elle est constamment pourchassée par des agents du gouvernement, dont le Colonel G. W. Bridge.
Rocket, le leader de l’équipe, génère un champ de force explosif lui permettant de voler et d’être invincible lorsqu’il est en mouvement. Big Bang crée des mini-bombes, et Féral est une combattante à l’apparence d’un chat, dont les griffes et les crocs sont les principales armes. Ces trois membres faisaient déjà partie des nouveaux Mutants. S’ajoutent Warpath, un guerrier apache hanté par la mort des siens, et Shatterstar, guerrier sans pitié venu d’une autre dimension. Reste la non moins énigmatique Domino, qui co-dirige les opérations avec Cable et dont le sens stratégique et combatif n’est plus à prouver.



Ensemble, ils vont tenter d’endiguer les menaces terroristes et mutantes de manière souterraine, un peu comme une Agence tous Risques qui se feraient sans arrêt courser par le Colonel Decker. Le dynamisme de Fabian Nicieza fait la part belle aux scènes d’action, dont le réalisme est souvent amoindri par des dialogues franchement ridicules. Les joutes verbales sont inutiles et redondantes, mais la multiplication des personnages et des intrigues secondaires donne une série dense et bien construite. Le dessin de Rob Liefeld, comme le scénario de Nicieza, est à double tranchant: des héros aux proportions souvent approximatives et des poses pin-up statiques, mais des scènes de combat violentes et un amour des armes à feu qui prennent une dimension quasi-phallique. Une série aux hormones résolument mâles donc, où les femmes sont tout aussi agressives que ces messieurs.
Mais une particularité plus qu’intéressante de cette série est due aux nombreuses interventions du mercenaire déjanté Deadpool, alias Wade Wilson. Un personnage créé dans les pages des nouveaux Mutants par les mêmes auteurs, et qui défie régulièrement Cable et ses équipiers. Rien que pour cet anti-héros fort en gueule, ça vaut largement le coup d’œil!


vendredi 8 février 2008

LE NINJA BLANC (SAM FIRSTENBERG, 1987)


Le ninja n’a pas de chance. Figure terrifiante dans le Japon médiéval, il est victime de sa propre renommée, puisque tous les films qui parleront de lui seront soit des navets, soit au mieux des nanars. Impossible de ne pas rire en voyant Clash of the Ninjas et son Etalon italien du pauvre, ou de ne pas s’émerveiller devant les affiches prometteuses de Ninja Terminator ou Mafia Ninja (pour plus de renseignements, Nanarland, LE site de référence!). Sans déconner, ils ont même réussi à en faire avec des tortues! Le ninja est bien triste, et il se sent seul. Mais son ami Sam Firstenberg l’aime, et il va le lui prouver à de (trop) nombreuses reprises…
Le Ninja blanc, c’est bien sûr la traduction littérale d’American Warrior 2: the Confrontation, tout comme American Warrior (1985) était la traduction on ne peut plus correcte d’American Ninja. Vou suivez? Bien. Parce que des American kekchose, il y en a eu 5 tambouilles tout de même! Je vous fais grâce des titres et des traductions, pressé que je suis de vous parler de cette série B/Z (tout dépend de l’humeur) qui fait claquer le katana et briller le shuriken.


Après un American Warrior mollasson, Firstenberg (probablement forcé par Golan et Globus) doit commettre une suite. Reprenant le même héros (Michael Dudikoff qui savate mou mais qui fait bien le minet), cette séquelle s’avère plutôt agréable à regarder. Bien sûr, il faut tout de suite faire abstraction de toute notion de réalisme, puisque Joe Armstrong (that’s the name) sait chopper des flèches en vol et éviter gracieusement des décharges de plomb. Bref, c’est du nanar, et ça en jouerait même un peu que ça m’étonnerait pas.
Pour preuve, l’énorme Steve James, LE sidekick qu’il faut avoir à ses côtés! Lointain cousin de Fred Williamson, il prend des poses admirables et se la joue Bruce Lee avec un sens de la persuasion énorme. Enfin de l’autopersuasion en tout cas. Il vole même la vedette à Dudikoff, et vaut le coup d’œil dans ses scènes d’action. On a beau rigoler, il est tout de même baraqué le malabar…



Bref, l’histoire est la même que dans le premier, avec trafic de drogue, entraînement de méchants ninjas, gonzesse à sauver… La recette est éprouvée, et Firstenberg se lâche un peu plus. De là à dire que je suis motivé pour me taper le reste de la série, ce serait exagéré, mais bon, tant qu’à voir du ninja autant en voir un sympa. Bien sûr les combats sont mous, les cascades sont laides, mais voir une équipe de ninjas génétiquement modifiés pour être rapides comme des félins, résistants comme des lions et cons comme des bites, ç’est vachement bien! Comme disait le bonze, reste cool et mange des mentos. Le Ninja blanc savait qu’il n’aurait aucune prétention aux Oscar, et il en est tout décomplexé le bougre! Ce qui donne lieu à un actioner simpliste et aéré, idéal par soirée de migraine et agréable avec une verveine-menthe. Franchement, ça me donne bien envie de voir la suite… A noter: a aucun moment on ne voit de ninja blanc. C'est pas génial ça?




Sinon fonçez sur Utopictures, vous allez en voir du vrai ninja!

jeudi 7 février 2008

HAVOK (HOWARD MACKIE, RICK BUCKLER, 1989)


Ou comment réduire à néant un personnage au fort potentiel. Havok fait partie des X-Men et est le frère de Cyclope. Son pouvoir mutant lui permet de générer un puissant rayon plasma, qui s’avérera bien utile afin de se sortir du merdier dans lequel il s’est fourré. Howard Mackie au scénar, Rick Buckler au dessin, et c’est même pas ce dernier qui a le plus abusé de la bibine.
L’action démarre aussi sec dès la première page, ce qui pourrait être bon signe, mais en fait non. Parce qu’à l’aube des années 90, l’action écervelée ne fait plus recette et un minimum de psychologie est requise afin de rendre le tout crédible. Ce récit centré sur une sorte de secte vouant un culte au Pharaon vivant ressemble plus à une ébauche de script qu’à un véritable scénario, et le résultat est ridicule. Havok rencontre une jeune femme en détresse, Leila, qu’il s’empresse de secourir, mais la secte ne tardera pas à remettre la mains sur elle. Preux chevalier, il va tout faire pour la délivrer, et s’opposera à toute une troupe d’ennemis avant d’affronter le boss de fin de niveau qui, ô surprise, s’avère être Leila qui a donc manigancé tout ça! L’émotion est alors à son comble bien que la supercherie ait été éventée depuis longtemps, et l’histoire se termine avec cette fabuleuse image d’un Havok ensanglanté déclamant à qui veut l’entendre: « C’est la dernière fois qu’une femme se sert de moi! ». Le pauvre bougre repartira sûrement avec Wolverine venu à sa rescousse, mais la légende ne dit pas s’ils se consolèrent mutuellement. Bref, c’est du tout moisi bien comme il faut, et ça ne relève le niveau à aucun moment.



Les atouts d’Havok ne manquaient pourtant pas. Un joli costume lycra avec un serre-tête en papier et un diadème très viril, on pourrait presque comprendre pourquoi les gens lui veulent du mal. Si en plus il pousse le vice à porter une cible sur le torse et sur le dos, alors on ne peut plus répondre de rien. Le coup de la trappe qui se dérobe sous ses pieds est aussi très original: petite astuce utilisée depuis les années 60 dans tout bon comic qui se respecte, mais qui passait à l’époque avec la naïveté sympathique qui caractérisait ces bandes, elle est aujourd’hui simplement ridicule et souligne bien le manque d’entrain d’un Howard Mackie qui devait noyer son chagrin d’amour dans l’alcool. Car son récit, si l’on peut dire, n’est pas tendre avec les femmes, qui sont en fait la cause des problèmes de tous les hommes. Lorna, Maddy, et maintenant Leila… Havok est-il destiné à finir sa vie devant sa fenêtre à attendre le passage du facteur? Ses considérations presque adolescentes peuvent au mieux prêter à faire sourire, au pire exaspérer entièrement celui qui aura mis la main sur ce Récit complet Marvel exceptionnel. Havok ne se rend malheureusement pas compte qu’affublé comme une lampe de chevet, il ne peut que rencontrer des problèmes avec les femmes. Il lui reste quand même sa rafale, et pour un mec, c’est bien d’avoir une rafale.
Ce fut donc un récit court mais éprouvant. Ci-dessous une image du look moderne du triste Havok. Mouais, c’est pas gagné avec les gonzesses…