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salem center: août 2008

dimanche 31 août 2008

ALIAS 1: LE PIEGE (BRIAN MICHAEL BENDIS, MICHAEL GAYDOS, 2001)


Motivé par les critiques de Matt Murdock (je ne sais pas comment mettre les liens, mais allez tout en bas de cette page pour avoir le lien sur son site, ça vaut le coup d'oeil) , je me suis lancé dans la série Alias publiée chez Marvel à partir de novembre 2001. Rien à voir avec Jennifer Garner, cette Alias étant une boîte d’investigations. La seule salariée d’Alias s’appelle Jessica Jones, et est une ancienne super-héroïne ayant décrochée (oh, un jeu de mot subtil!) pour se lancer dans une carrière de détective privé.
Brian Michael Bendis aime le polar, c’est connu. Et il inaugure la collection Max avec ce récit aux tonalités sombres et aux machinations tordues, où la pauvre Jessica se lance dans une affaire extrêmement louche. Le récit réserve des zones d’ombre et des surprises écrites avec beaucoup de soin par un auteur talentueux. On est immergé dès le début dans cette histoire que Bendis traite avec beaucoup de sérieux, mais aussi avec une certaine dose d’autodérision. Le regard qu’il porte sur l’univers Marvel est celui d’un véritable connaisseur bénéficiant d’un redoutable sens critique, ce qui donne à son œuvre une dimension particulière. Un petit exemple de dialogue entre un flic et Jessica lors d‘un interrogatoire: « Dites, les Fantastiques… Vous les avez déjà rencontrés? Je les adore. -Non. -Non? -J’ai croisé le grand type orange. -La Chose. -Oui. -Il est béton. Sans jeu de mots. -Oui. Bon, si on… -Il est comment? -Grand et orange. Je peux retourner vivre ma vie? »



L’autre atout considérable de cette série est le dessin de Michael Gaydos, qui évoque beaucoup le style épuré de John Paul Leon, notamment sur Les nouvelles Aventures de Cyclope et Phénix. Gaydos choisit des tonalités très ternes en faisant varier les bleus et les rouge, captant immédiatement l’atmosphère que Bendis souhaite imprimer à la série. La vie nocturne, la fumée des cigarettes, les bars déserts… On est dans un véritable polar, qui bénéficie d’une mise en scène remarquable. Gaydos modifie constamment sa mise en pages, passant du simple champ-contrechamp au découpage d’image (Jessica sur les escaliers, l’image coupée en 4 cases, symbolique de la dégradation de son moral), où utilisant le procédé très cinématographique du zoom avant. De prime abord, l’austérité des dessins peut rebuter, mais leur richesse visuelle se dévoile très rapidement, et en fait un élément essentiel de la série, qui perdrait beaucoup de poids si elle était racontée de manière plus classique.



Bendis fait en plus appel aux connaissances des lecteurs, en remettant au goût du jour le personnage de Man Mountain Marko, le colosse apparu pour la première fois dans Amazing Spider-Man 73 de juin 1969, et qui est un vilain de seconde zone que ça fait bien plaisir de revoir! Luke Cage et Matt Murdock (pas celui du blog, l'autre...) passent également faire un tour…
Alias est l’une des séries les plus captivantes du moment chez Marvel, et si vous appréciez les bons polars, plongez-y!

samedi 30 août 2008

KISS KISS, BANG BANG (SHANE BLACK, 2005)



Après une fructueuse carrière en tant que scénariste (L’Arme fatale 1 et 2, Le dernier Samaritain, Last Action Hero…), Shane Black sort de l’obscurité et met en scène son premier long métrage. S’appuyant sur une trame très film noir, il écrit un scénario étrange et drôle en collaboration avec Brett Halliday, l’auteur du bouquin à la base du film (Bodies are where you find them).
L’humour subtil qui imprègne Kiss Kiss bang bang est un mélange de burlesque et de mots d’auteur bien sentis, et c’est à une aventure plutôt originale que nous convie le réalisateur. La complexité de l’intrigue rejoint les grands noms du polar littéraire comme Dashiell Hammett, Raymond Chandler ou James Ellroy. Le récit se déroule en effet dans une ambiance étouffante, de celles qui laissent entrevoir que les emmerdes ne vont pas tarder. Et quand elles se pointent, Robert Downey Jr. est prêt à morfler!


Eh oui, le génial Robert Downey Jr. est de la partie! Son aisance et son naturel apportent tout ce qu’il faut d’humanité au personnage d’Harry Lockhart, loser magnifique qui va passer tout son temps à essayer de se sortir de situations très dérangeantes… A ses côtés, Val Kilmer est très bon dans le rôle d’un détective à la personnalité bien directe, et la belle Michelle Monaghan joue non pas la femme fatale, mais une jeune femme pétillante qui n’a pas froid aux yeux.
L’intrigue policière démarre lentement, après des présentations plutôt originales avec un narrateur s’adressant directement au spectateur afin de le guider dans ce récit loufoque. Shane Black égratigne bien le petit nuage hollywoodien dans lequel Lockhart évolue malgré lui, ce que lui permet évidemment sa solide expérience du milieu. Lockhart navigue dans ce monde si étrange pour lui, et qui risque de causer sa perte…


Au-delà de l’enquête, c’est surtout l’histoire de cœur entre le loser et la belle qui est intéressante, les deux personnages originaux offrant des moments bien sympathiques. Les tentatives de séduction de Lockhart, la vitalité d’Harmony font de cette tentative de relation quelque chose d’original et d’amusant.
La mise en scène de Shane Black joue beaucoup sur cette ambiance polar, et son histoire de petites frappes et de détectives en herbe est bien dynamique. Les dialogues sont aiguisés et sonnent comme une marque de fabrique sans que cela paraisse factice, et le résultat de tous ces éléments est un film agréable et inventif. On pourrait le rapprocher du Payback de Brian Helgeland, qui ô surprise, est lui aussi un premier film (noir) pour un scénariste réputé. Comme quoi, le genre offre de nombreuses possibilités!

vendredi 29 août 2008

DOBERMANN (JAN KOUNEN, 1997)


Jan Kounen a connu son heure de gloire avec le succès de ce premier long métrage adapté de l’oeuvre éponyme de Joël Houssin. Tant sur le fond que sur la forme, Dobermann est un délire sous acide confrontant une bande de braqueurs anarchistes à une police complètement dépassée par l’ampleur des événements. Le côté totalement allumé est la marque de fabrique du film, et les acteurs se lâchent dans un environnement et des scènes souvent décalées et explosives.
Mais Dobermann tourne assez rapidement à la caricature, et ses personnages bien posés (le cureton illuminé, le petit teigneux, la gitane burnée jouée par Monica Bellucci…) montrent assez rapidement leurs limites. Passée une exposition sympathique, les personnages se mettent rapidement à tourner en rond, englués dans un scénario de braquage qui va les confronter à une équipe de flics désemparés.



Mais un flic a compris comment régler le problème, c’est le pourri Cristini, joué par un Tchéky Karyo très inspiré. L’inspecteur va jouer avec les mêmes armes que le Dobermann et sa bande, et l’ultra-violence va régner sur la ville. Tchéky Karyo est véritablement malsain dans ce rôle de psychopathe, et il efface aisément la prestation de Vincent Cassel dans le rôle-titre.
En matière d’action, Kounen tente des expériences plus ou moins réussies, et son film se veut un actioner tout ce qu’il y a de plus bourrin, ce qui est le cas. La scène du motard est par exemple bien inventive, et démontre cette propension du réalisateur à délivrer un produit bien B. Mais même si le propos est sincère, la redondance et la gratuité des séquences ne permet pas de capter l’attention très longtemps. Dobermann est un film survitaminé qui se la joue tendance et sans limites, mais son impact n’est au final pas très fort.



Seuls les passages avec Cristini permettent de donner de l’ampleur aux scènes, en y injectant toute la froideur et la violence d’un Tchéky Karyo habité. Le malaise qu’il crée à plusieurs reprises permet de donner de la consistance au film, qui se retrouve sinon simplement réduit à son visuel cut et nerveux. La mise en scène de Kounen joue sur un registre post-Tarantino qui était de bon augure à l’époque, et qui pouvait faire passer la pilule. Mais au final, Dobermann est bien plus maladroit et creux que ce qu’il laissait paraître. Dans le genre film qui défouraille et qui troue vraiment le cul, je ne saurai que trop vous conseiller le génial Shoot-em up de Michael Davis, qui est un exemple parfait de mise en scène d’action non-stop ponctué d’idées scénaristiques étonnantes. Et tiens, Monica Bellucci est encore de la partie…


jeudi 28 août 2008

BRIGADE SPECIALE (UMBERTO LENZI, 1976)


Le polar italien prend sa source au début des années 70, lorsque le pays est en proie à une grave crise sociale et morale. Les métropoles italiennes sont frappées de plein fouet par une vague de criminalité radicale, et ce contexte mêlant corruption, mafia et brigades rouges a naturellement été transposé à l’écran.
Avec Stelvio Massi, Fernando Di Leo et une poignée d’autres, Umberto Lenzi va modeler un genre cinématographique en pleine expansion. Brigade spéciale est un polar urbain dans le sens classique du terme, qui voit l’affrontement de deux figures iconiques que sont le commissaire Tanzi et le criminel Moretto. Maurizio Merli joue le commissaire intransigeant, qui n’hésite pas à bafouer la loi pour faire régner la justice. Tomas Milian joue le fourbe Moretto, truand bossu qui fait alterner pitié et sadisme.


On se croirait presque dans un polar hong-kongais, et la filiation est évidente. En fait, elle est même multiple, puisque le polar italien s’inspire beaucoup du polar américain à la Dirty Harry ou des films de Jean-Pierre Melville. Et les cinéastes hong-kongais puisent à la même source… La mise en scène stylisée évoque donc les films noirs américains avec ses rues sordides et ses bars louches, mais la caractérisation des personnages se rapproche beaucoup du western italien, avec ses zooms rapides sur les visages et le style très cowboy du personnage central.
Umberto Lenzi met en scène un scénario de Dardano Sacchetti, fidèle collaborateur de Lucio Fulci. Cette lutte entre flics et truands met en avant toute la racaille qui gangrène la ville, et que Tanzi va se faire un plaisir d’éliminer. Les poursuites en voiture sont prenantes, même s’il est très surprenant de voir tout à coup un stock-shot de La Rançon de la Peur, autre film de Lenzi tourné 2 ans plus tôt! Une scène identique plan par plan, intégrée au montage de ce film et symbolique des économies que les réalisateurs se permettent parfois! Le cas n’est pas rare dans le cinéma italien, mais c’est toujours curieux d’avoir cette sensation de déjà-vu…


La partition de Franco Micalizzi est excellente, avec des accents américains tout en gardant une sonorité de base très italienne. Elle accompagne à merveille cette lutte armée, et Tanzi va devoir utiliser toutes ses ressources afin dé réussir à contrer ses ennemis! Les scènes se suivent et voient défiler les crimes: viol, enlèvement, braquage de banque… Brigade spéciale est un polar rythmé qui fait la part belle à l’action, mais qui se teinte en plus d’un débat sur les différences de méthodes face à la délinquance. La relation entre le flic punitif et la jeune légiste naïve est intéressante, même si le film marque très clairement sa préférence pour une justice plus expéditive. Ce film est un constat cinglant sur l’incapacité de la police de faire son travail, bloquée par une lourdeur administrative et une vision trop archaïque de la loi. Le commissaire Tanzi symbolise cette volonté de réformer tout ça, et les mesures qu’il utilise se rapproche de celles des truands, qui comptent beaucoup sur les lacunes de la loi pour s’en sortir. Mais Tanzi sait comment agir…
Brigade spéciale est un film réussi convoquant ce que l’Italie a de plus sombre dans ses grandes villes, et la prestation de Merli et de Milian est prenante.

mardi 26 août 2008

RIO NEGRO (IWAN LEPINGLE, 2007)


L’auteur français Iwan Lepingle a choisi d’aborder le western sous un angle particulier: il ne va pas traiter des cowboys et des contrées américaines qui ont déjà eu leur lot de fiction, mais il va s’aventurer dans un territoire beaucoup plus méconnu qui est celui de l’Amérique du Sud, et notamment de la Patagonie.
Ses personnages sont tous des exilés ayant fui une Europe en perdition vers la fin des années 30, et ils apparaissent comme des êtres perdus tentant de reconstituer un semblant d’existence. Richter est un émigré allemand qui va se retrouver pris dans une guerre des nerfs entre des norteamericanos sans foi ni loi et des villageois qu’ils veulent exproprier. Le concept se rapproche de celui des Sept Mercenaires, mais va évoluer vers un récit bien différent.
Les plaines immenses, les sommets montagneux dans le lointain, les estancias… Lepingle crée une atmosphère originale en utilisant un noir et blanc riche, qui lui permet d’apporter une touche de profondeur évidente. L’exploration de ces contrées inconnues et primitives est un voyage vers une sorte d’inconnu primordial, qui est comme d’habitude entaché par la cupidité humaine. La lenteur du récit est calquée sur le rythme lancinant de la nature, et les scènes d’action en ressortent moins fougueuses. Comme si tout le récit n’était que le combat vain d’une poignée d’hommes pour s’approprier des terres qui leur survivront bien après leur mort.
Lepingle s’appuie sur une trame de vengeance, et il n’oublie pas de semer le doute quant aux éventuels traîtres se cachant parmi le groupe. Cette partie est un peu confuse du fait des nombreux personnages, mais le récit se poursuit avec intérêt, et Richter et sa bande poursuivent leurs tentatives de se sortir de cette situation délicate.


Lepingle fait souvent référence au passé des protagonistes, rappelant sans cesse que leur nouvelle vie est constamment dictée par la précédente, et l’impression de liberté se dégageant de ces paysages immenses ne suffit pas à les libérer de leur ancien monde. Ils sont déracinés, et essaient de s’adapter tant bien que mal à leur nouvelle condition, ce qui n’est pas aisé. Les thèmes de la solitude et de la perte du passé sont les éléments centraux de ce récit, et sont accompagnés d’un souffle sauvage que le dessin fait particulièrement ressortir.
L’aspect western est réussi, l’auteur proposant des fusillades aussi rapides que ravageuses, et qui encore une fois s’inscrivent dans une géographie typique et dans une atmosphère chaude. La scène de l’église est caractéristique de cette construction dramatique donnant une richesse particulière au propos.
Après Kizilkum et son exploration des steppes russes (2002), Iwan Lepingle transpose ses thèmes sur un autre continent, créant une bande dessinée originale et réussie.

jeudi 21 août 2008

THE DARK KNIGHT, LE CHEVALIER NOIR (CHRISTOPHER NOLAN, 2008)


Sorti le 13 août 2008

Après un Batman Begins décevant, Nolan sort ce deuxième opus qui est attendu comme le Messie par de nombreux cinéphiles, et pas seulement les accrocs aux comics. En misant sur une atmosphère résolument plus proche de Frank Miller que d’un exotisme à la Schumacher, Nolan place la barre bien haut (encore une fois), et adopte des points de vue bien sombres et machiavéliques. Alors, Dark Night, mieux que Batman Begins?
La grosse faiblesse du Begins provenait de l’absence de méchants charismatiques. Avec un Ra's Al Ghul totalitaire et un Epouvantail (Cillian Murphy)coiffé d’un sac de patate, l’opposition ne volait pas haut pour le justicier de Gotham. Mais cette fois-ci, il se retrouve face au Joker, et là, le niveau grimpe vertigineusement. Tout a déjà été dit sur la prestation d’Heath Ledger, et pourtant, ça ne gâche en rien la surprise de sa performance tout simplement bluffante. Son Joker est unique, et il est impossible de le comparer avec celui de Jack Nicholson d’abord; ensuite, il est impossible de le comparer avec n’importe quel autre bad guy du cinéma. Heath Ledger insuffle une telle dose de cynisme et de cruauté dans son personnage qu’il en fait incontestablement le plus passionnant du film. L’aura de Batman s’en trouve amoindrie, et celui qui assure le spectacle est bien ce psychopathe hors norme.


Le rythme de Dark Knight est donc plus abouti que celui du Begins, puisque Nolan prend le temps de poser des personnages forts qu’il développe au fur et à mesure. Celui d’Harvey Dent est aussi captivant, Aaron Eckhart offrant une dimension véritablement tragique à cette figure symbolique du Bien. On aura rarement assisté au cinéma à un tel revirement, à une telle métamorphose, tant physique que psychologique, et Dent résume à lui tout seul une tragédie grecque.
Les personnages du Joker et d’Harvey Dent sont donc les plus réussis, et celui de Batman reste presque en retrait. Il est moins captivant que sa Némésis, même si la dualité Bruce Wayne/ Batman est écrite avec soin. Le lieutenant Gordon est toujours de la partie, ainsi que Lucius Fox, ou encore Rachel Dawes (jouée par Maggie Gyllenhaal qui remplace Katie Holmes).


L’atmosphère est très proche de celle du premier, et Nolan développe encore une veine plus axée polar que science-fiction. Le braquage du début est en cela une grosse réussite, parvenant à étonner dans un exercice pourtant classique du cinéma. La mise en scène de Nolan s’accorde bien à son sujet policier, et les scènes d’action sont plus réussies que dans le premier.
Peut-on alors parler de chef-d’œuvre, ou encore d’adaptation parfaite d’un comics? Pour ma part, je répondrais non, ce Dark Knight offrant à la fois un méchant tout simplement exceptionnel, brillant par la qualité de sa cruauté et de son absence de limites. Et lorsqu’il n’est pas à l’écran, le manque se fait justement ressentir, faisant redescendre la tension et le génie jusqu’à sa prochaine apparition. The Dark Knight est une œuvre indéniablement réussie, mais qui doit énormément au regretté Heath Ledger.

dimanche 17 août 2008

MARVEL TOP 11: LA RENAISSANCE DES HEROS (PETER DAVID, SALVADOR LARROCA, 1997)


Souvenez-vous: en juillet 96, le monde Marvel affrontait le redoutable Onslaught, et de nombreux héros trouvèrent la mort en réduisant leur adversaire à néant. La population pleura ses héros disparus, qui ne l’étaient pas tout à fait. En fait, Franklin Richards, le fils de Mr Fantastic et de l’Invisible, avait utilisé ses immenses pouvoirs pour créer un monde dans lequel il avait envoyé les héros que l’on croyait mort. Durant toute une année, les Fantastiques, les Vengeurs, Captain America et Iron Man virent leurs aventures recommencer à zéro. Nouvelle existence, nouvelle transformation, nouveaux combats. Mais il s’agissait en fait d’une parenthèse, puisque le moment est venu pour eux de regagner leur ancien monde…
Franklin se promène partout avec son globe bleu qu’il protège sans connaître sa véritable fonction. Alors qu’il se trouve dans les marais de l’Homme-Chose, la céleste Ashema lui apparaît afin de lui poser un dilemme cornélien: les deux mondes ne peuvent pas coexister, et le jeune garçon va devoir choisir lequel il va sauver.
La Renaissance des Héros est un crossover mettant en scène de nombreux héros Marvel, en se focalisant bien évidemment sur Franklin qui est la pierre angulaire du récit. En envoyant ses parents dans un autre univers, il les a évidemment sauvé, mais il se retrouve du coup seul. Ashema le cueille à froid en lui demandant de choisir, ce qu’il ne peut pas se résoudre à faire. Sa naïveté et sa vision du bien rendent son choix très difficile.



Un autre élément central du récit est la dualité de Hulk, puisqu'il est scindé en deux entités, celle de Bruce Banner évoluant dans l’univers de Franklin, et celle du monstre vert étant resté sur Terre. Cette dissociation est un aspect très intéressant de cette mini-série, puisqu’elle est aussi une des clés pour la survie de ces univers. La séparation des entités Banner-Hulk est un concept fort qui va donner lieu à un affrontement étonnant!
La Renaissance des Héros est un récit écrit par Peter David et dessiné par Salvador Larroca. David pose un récit intéressant dans ses possibilités, et la conjonction des multiples personnages n’est pas un frein au rythme. Fatalis, Dr Strange, Œil-de-Faucon, Vision, Spider-Man, Hercule, etc… Ils sont nombreux des deux côtés de l’univers, et cette histoire va enfin permettre de les rassembler. Mais que va-t-il advenir des deux univers?
Larroca utilise un design moderne relativement classique, mais qui colle bien au récit en matière de dynamisme. Cette aventure aux résonances cosmiques (mais quelle aventure ne l’est pas chez Marvel?) se suit donc avec grand intérêt, et la redécouvrir 11 ans après est agréable, même si l’effet de surprise est depuis longtemps effacé.


vendredi 15 août 2008

STEAK (QUENTIN DUPIEUX, 2007)



Vendu comme une comédie loufoque dans la lignée de La Tour Montparnasse infernale, Double Zéro et Les Dalton, Steak en est en fait relativement éloigné. Alors que dans les trois premiers films, c’étaient Eric & Ramzy qui menaient la danse, Steak est avant tout un film de Quentin Dupieux. Le célèbre musicien plus connu sous le nom de Mr. Oizo s’essaie au long métrage dans une veine totalement absurde, créant un univers fort dans lequel il utilise à bon escient les deux comiques.
Steak est une sorte de comédie satirique teintée d’une touche de rétro-futurisme bien personnel, et instaure d’emblée une ambiance atypique que le réalisateur ne lâchera plus jusqu’à la fin. C’est dans ce monde étrange que Blaise sort de 7 années d’internement, et qu’il redécouvre un monde qui a bien changé depuis. Il retrouve son "ami" Georges qui tente d’intégrer le clan des Chivers, les gars les plus « in » du coin.


Tourné au Canada, ce film bénéficie de l’ambiance particulière de ce pays, et la mise en scène exploite bien les multiples possibilités visuelles. Il y a quelque chose de cronenbergien dans ce film, avec cette ambiance sourde qui fait en fait de ce film autre chose qu’une comédie loufoque. D’ailleurs le terme Chivers fait explicitement référence au Frissons de Cronenberg, dont le titre original est Shivers. Quentin Dupieux a bien intégré tout un pan de la culture américaine, et son film navigue à travers les genres. Les références à La Nuit des Masques sont nombreuses, avec notamment les bandages de Ramzy suite à sa chirurgie esthétique du visage qui le font ressembler à Michael Myers, ou encore ces plans contemplatifs de ces rues de banlieue baignant dans un calme automnal. Dupieux se la joue aussi film de fac, ou emprunte aussi une ambiance à la Crystal Lake.


Le steak du titre fait référence à cette nouvelle mode consistant à se refaire le visage, et souligne l’absurdité de la suprématie physique qui gangrène la société. Georges y succombe afin d’échapper aux brimades de ses camarades, et Blaise va tenter lui aussi de s’intégrer dans cette société qu’il ne comprend pas.
Eric & Ramzy sont idéals dans le rôle de ces inadaptés sociaux, et Steak est en cela une continuité pour les deux humoristes. Leur jeu délirant s’accorde bien avec la vision crépusculaire de Dupieux, et fait de ce film une œuvre tragi-comique relativement bien travaillée.
Les scènes surréalistes se suivent au son d’une excellente musique signée Mr. Oizo. Le jeu ridicule auquel joue les Chivers, leurs beuveries au lait, le kidnapping sympathique… Autant de moments étranges qui désignent Dupieux comme un véritable auteur. Son univers atonal n’est pas forcément évident pour tous, mais il est assez riche et crédible pour fonctionner.


jeudi 14 août 2008

MARVEL MEGA 6 ET 7: CODE OF HONOR (CHARLES DIXON, 1997)


Après le mythique Marvels signé Kurt Busiek et Alex Ross, il fallait bien continuer l’évocation de la mythologie Marvel. Marvels entreprenait de faire redécouvrir tout un pan de l’histoire de l’univers créé par Stan Lee, et prenait pour personnage principal Philip Sheldon, un journaliste qui était en première ligne pour suivre la révolution qu’allait être l’apparition de ces êtres à super-pouvoirs. L’épopée Marvels brassait 20 années de combats homériques et de lutte entre le Bien et le Mal.
Le succès de la mini-série de Busiek et Ross ne pouvait pas rester sans suite, et Code of Honor explore la période sombre des années 80 en utilisant les mêmes techniques que sur Marvels. La tâche incombe à Chuck Dixon de revisiter les événements majeurs du Marvel Universe, vus cette fois-ci à travers les yeux de Jeffrey Piper, jeune flic noir tout juste promu. Dixon est aidé par divers dessinateurs (Tristan Shane, Brad Parker, Bob Wakelin, Derick Gross et Paul Lee) pour donner corps à l’obscurité régnant dans les rues de New York.
Les peintures étonnantes qui illustraient Marvels apportaient une touche de réalisme inédite, et permettaient de replonger de manière immersive dans l’âge d’or des héros. Le procédé étant efficace, il est à nouveau utilisé sur Code of Honor, dont la mise en scène s’en trouve grandie. Visuellement, c’est vraiment très beau, avec cette touche de réalisme dans les traits des visages et dans le choix des plans.



Quel personnage utiliser pour signifier la déchéance et le danger de la métropole new-yorkaise des années 80? Le Punisher est tout indiqué pour endosser ce rôle, et Jeffrey Piper va se retrouver face à lui à plusieurs reprises. La confrontation entre une vision claire de l’ordre et une version plus radicale de la justice va bien faire comprendre l’évolution des mentalités, et la perte de l’innocence qui avait suivi le décès de Gwen Stacy. Après ce tragique événement dans le monde Marvel, plus rien n’allait être comme avant, et les combats manichéens allaient devenir bien plus subtils.
Code of Honor déroule donc un récit dont la construction est similaire à celui de Marvels, et qui brasse aussi de multiples années à travers le regard parfois émerveillé, parfois craintif d’un humain « normal ». L’effet de nouveauté en moins, Code of Honor se suit comme un guide historique de l’univers Marvel. Les apparitions de Daredevil, du Caïd, le mariage de Vision et de la Sorcière rouge, le retour des héros après les Guerres secrètes, Inferno… Autant d’événements relatés par Chuck Dixon afin de se remémorer les différentes étapes de cet univers.


Le problème de ce genre de récit, c’est qu’il survole rapidement tout un pan historique sans laisser le temps de s’y plonger complètement. En fait, il donne très envie de retourner aux comics originaux afin de redécouvrir intégralement les différentes événements relatés. L’approche maladroite de Dixon quant à la vie privée de Jeffrey plombe un peu le récit, puisque ses problèmes conjugaux sont un peu tirés par les cheveux. Mais Code of Honor reste une lecture agréable permettant aux néophytes de s’y retrouver dans la chronologie Marvel, et aux connaisseurs de redécouvrir d’un autre point de vue les événements cataclysmiques qui ont secoué New York dans les années 80.

mardi 12 août 2008

LA ROUTE (CORMAC McCARTHY, 2006)


Précédé d’une solide réputation, ce récit post-apocalyptique s’est en plus vu attribuer le prix Pulitzer 2007, récompense inattendue pour une œuvre plutôt axée série B. McCarthy devait redéfinir le roman de fin du monde grâce à une écriture directe et une histoire épurée. Alors qu‘en est-il au final?
Je sors extrêmement déçu de cette lecture, qui semble faire du vide son contenu même. L’histoire de ce père et de son jeune fils traversant des contrées désolées sans véritable but s’annonçait particulièrement excitante, et les possibilités de ce genre d’exercice sont nombreuses. Mais Cormac McCarthy se concentre uniquement sur cette route donnant son nom au roman, qui est le fil conducteur de la survie de ces deux êtres. Deux êtres dont on apprendra peu, et dont les émotions affleurent rarement. Pour narrer cette histoire de déshumanisation, McCarthy utilise un procédé radical consistant à parer au plus pressé, à ne pas essayer de faire de belles tournures de phrases, et à se concentrer sur l’âpreté de la situation. Le principe est plaisant, mais l’utilisation qu’en fait McCarthy n’est pas des plus réjouissantes. L’aspect épuré de l’écriture devient très vite pesant, et les phrases du genre « Il avait un magazine dans la poche de son pantalon et il le sortit et en arracha quelques pages et en fit une torche puis il prit son briquet et l’alluma et la lâcha dans l’obscurité » est plutôt lourd, et ce bouquin bat des records dans l’utilisation du mot « et ». Ces longues phrases répétitives et lancinantes amènent vite à saturation, et malheureusement le récit en lui-même n’est pas plus captivant…
Le père et le fils errent vers une hypothétique mer qui semble plus être un Graal qu’un véritable but, et les différents épisodes qu’ils vivent sont eux aussi répétitifs. Les rencontres sont brèves et sans émotion, et le seul intérêt véritable du bouquin réside dans la précision lors de la recherche de nourriture et de matériel. Ce qui là aussi va rapidement devenir lassant… La Route s’articule sur un récit simpliste (épuré selon les critiques), qui ne parvient pas à faire jaillir l’étincelle nécessaire pour que l’on s’accroche aux personnages. La déception est de taille, l’auteur étant relativement réputé (il a écrit Non, ce Pays n’est pas pour le vieil Homme, transposé à l’écran par les frères Coen).


Il y a des similitudes avec le Walking Dead de Robert Kirkman, même si les zombies sont absents du bouquin de McCarthy. Les deux œuvres s’aventurent dans un registre SF en y appliquant les passages obligés, mais l’émotion ne prend pas à cause d’une absence de caractérisation. Qui est toute volontaire chez McCarthy, cela dit. Mais tout cela se déroule dans une atmosphère brumeuse à la limite de la rêverie, et le résultat est que le lecteur se trouve mis à l’écart de l’action au lieu d’y plonger totalement.
La Route est un récit de fin du monde d’où est banni tout aspect spectaculaire, ce qui n’est pas forcément un mal en soi; mais les choix narratifs de l’auteur et l’absence de propos autre que celui de la solitude et de l’errance ont vite fait de saper toute la bonne volonté du lecteur…

dimanche 10 août 2008

PIEGE EN EAUX PROFONDES (ANTHONY HICKOX, 2005)


Anthony Hickox a connu son heure de gloire à la fin des années 80 et au début des années 90, avec des œuvres comme la série des Waxwork ou un épisode d’Hellraiser. Malheureusement cette époque est révolue, et il en est réduit à tourner des actioner mous du gland avec un Steven Seagal plus très porté sur le coup de tatane.
Les choses commençaient plutôt bien, et Hickox se la jouait même Tony Scott avec des décadrages et une lumière plutôt stylisée. Le genre de truc qu’on voit très rarement dans une production de ce genre, ce qui était de bon augure. Mais la suite du film va vite faire déchanter, et la mission dont je ne me rappelle même pas le but va voir une équipe de repris de justice se battre contre… Ben j’ai carrément oublié en fait, et je crois que c’est ce qui se passe aussi dans le film, où des soldats sont victimes de manipulations du cervelet. Bon, on a regardé ce film juste après Delta Force 2, la comparaison n’est pas facile pour Seagal; mais franchement, ce film est une bonne grosse daube comme on en faisait à la pelle dans les années 80, le charme en moins. Ca fait toujours plaisir de voir qu’il y a des artisans respectueux du travail de leurs aînés, et prêts à perpétuer des traditions ancestrales.


Bref, Piège en Eaux profondes (les traducteurs se sont pas foulés, le truc sort en DTV, on va lui donner un nom qui rappellera l’heure de gloire de Seagal: Piège à grande Vitesse, et le tour est joué. Et en plus, les fans de Bruce Willis tomberont peut-être dans le panneau: Piège en Eaux troubles. Bravo les mecs!) est franchement difficile à regarder, et le fun mensonger du début est très vite rattrapé par une chape de plomb bien pesante.
Surprise, Vinnie Jones est de la partie! L’excellent acteur british vient faire le mariole dans le rôle d’un soldat pur et dur à qui on la raconte pas, et même lui ne parvient pas à sortir le film de l’ennui. Sinon il y a bien un gars qui s’appelle Steven Seagal qui joue dedans, mais son charisme n’est pas ce qui se fait de mieux… Un détail sympa pour ceux qui oseraient tout de même affronter la vision de ce film: observez bien l’éclairage des plans sur Seagal, vous allez voir qu’il a sa lumière à lui, et que même s’il discute avec un gars qui est en lumière neutre, il bénéficiera lui d’une lumière plus tamisée. Un choix artistique destiné à renforcer l’aura du combattant? Non, juste une obligation pour cacher le double menton de Steven! C’est super marrant, et on dirait vraiment Marlon Brando dans Apocalypse now.



Mais où sont donc passés Nico, Désigné pour mourir et autre Justice sauvage? Steven Seagal n’a plus la pêche d’antan, et c’est bien dommage! Encore un film passoire, le genre de truc dont on se rappelle pas deux minutes après l’avoir vu. J’ai vraiment l’impression d’avoir été zappé par les Men in Black

vendredi 8 août 2008

WANTED (MARK MILLAR, J. G. JONES, PAUL MOUNTS, 2003)


Sorti le 13 juillet 2008

Attention, vous êtes en face d’un monument du comics contemporain, et la lecture de ce Wanted risque fort de vous marquer à vie! Bon, j’exagère un tout petit peu, mais ce récit du génial Mark Millar dépasse largement des frontières qui ont rarement été atteintes, voire jamais en ce qui concerne la fin…
L’histoire paraîtrait presque classique: un jeune homme que rien ne semblait prédisposer à une carrière de surhomme se voit propulsé du jour au lendemain dans le monde des encapés, laissant derrière lui sa misérable petite existence sans relief. Ca, c’est du déjà vu un peu partout, mais le traitement qu’adopte Millar est tout simplement jouissif! Jugez plutôt: le jeune super-loser Wesley Gibson va être contacté par la Fraternité pour endosser le costume de feu son père, le plus grand super-vilain de la Terre. Et il semblerait que les gènes de Wesley n’aient pas altéré cette propension au massacre et aux gunfights…
C’est à une véritable renaissance que l’on assiste alors, et rien ne sera épargné au lecteur en terme de violence et d’outrages: bastons, tueries aléatoires, crash d’avion sur une tour… Wesley s’amuse comme un petit fou dans sa nouvelle vie qui lui permet de donner libre cours à toutes les formes de transgressions en toute impunité, la Fraternité étant couverte pour tous ses actes… Le jeune homme découvre une forme de liberté radicale et explosive, qui fait de Wanted une œuvre résolument subversive et corrosive. Evidemment, sauver la planète n’est pas le but premier de la Fraternité, et c’est tant mieux pour le lecteur qui découvre une histoire s’aventurant dans des zones inexplorées du mythe des surhommes.


Le dessin de J. G. Jones et la colorisation de Paul Mounts rendent à merveille toutes les excellentes idées de Millar, et créent un univers visuellement très riche et complexe. L’allure du bad guy Tas-de-Merde est éloquente,et Mister Rictus est vraiment sinistre… Les perles scénaristiques sont nombreuses, comme les références à des super-vilains de chez Marvel par exemple (cherchez bien, vous verrez le Vautour, le Shocker ou encore le Maître de la Haîne!). Mais c’est dans la construction inventive de son récit que Millar met l’essentiel, laissant filer cette aventure vers des directions réellement étonnantes. Un exemple avec le personnage de Johnny deux-Bites, qui doit obéir au boss qui se trouve dans son slip! Ou la révélation sur ce qui est arrivé aux super-héros en 1986...


Wanted est l’exemple parfait du comics riche et inventif, de ceux qui vous triturent encore les méninges longtemps après que vous en ayez tourné les dernières pages. Et quelles dernières pages! Le lecteur se les prend directement en pleine gueule, et rarement l’interactivité entre l’auteur et le consommateur aura été aussi franche et directe! Après, il y a ceux qui apprécieront et ceux qui détesteront, mais je trouve cette fin géniale et courageuse, et les vérités qu’elle souligne n’en sont pas moins réelles…
Wanted est une pure tuerie du premier au sixième épisode, et constitue une oeuvre maîtresse dans l’industrie galopante du comics. La rage et l’irrévérence qui l’habitent sont des éléments primordiaux donnant à cette histoire un impact monumental, et Mark Millar peut sans peine être considéré comme l’un des auteurs les plus talentueux du moment aux côtés de Garth Ennis, Warren Ellis et Paul Cornell… Reste juste à voir si l’adaptation ciné par Timur Bekmambetov (l’atroce Night Watch!) ne va pas ternir ce joyau…

mercredi 6 août 2008

L’INCROYABLE HULK (LOUIS LETERRIER, 2008)


Sorti le 23 juillet 2008


Les exécutifs de Marvel ont décidé de purement et simplement oublier le film d’Ang Lee, au vu de ce qu’ils appellent un échec commercial (avec 245 millions de dollarsà travers le monde, le terme est tout relatif...). Exit donc l’équipe originelle, c’est à une refonte du géant vert que l’on a droit. Techniquement, L’incroyable Hulk est une suite puisque l’action reprend là où s’était arrêté celle de Hulk, mais le générique nous montre une genèse différente du monstre vert. Le personnage est nettoyé de toute trace de son passage dans les mains d’Ang Lee, et le procédé s’apparente bien a du steampunk pour rester poli!
Edward Norton dans le rôle de Bruce Banner, c’est une idée plutôt réjouissante, et le charisme de l’acteur permet de donner corps à ses peurs enfouies dans une première partie très Jason Bourne. Comme dans le film d’Ang Lee, le colosse de jade n’apparaît pas tout de suite, et l’intrigue à base de chasse à l’homme est plutôt bien développée.


Mais passée cette première partie, un fait significatif se fait ressentir: le long métrage d’Ang Lee revient sans cesse en tête, et la comparaison entre les deux films est obligatoire. Et malheureusement, celle-ci se fait au détriment de la nouvelle équipe. Il n’y a qu’a voir comment sont traitées les relations entre les personnages; à peine esquissées chez Leterrier, elles étaient approfondies dans un schéma psychanalytique chez Ang Lee. La richesse de l’écriture de James Schamus n’a rien a envier à la pâleur de celle de Zak Penn, et L’incroyable Hulk déroule son récit avec une absence d’enjeux dramatiques évidents. La relation entre Bruce et la belle Betty Ross n’atteint pas le quart de l’intensité amoureuse développée dans Hulk, et la mise en scène y est pour beaucoup: là ou Ang Lee maîtrisait le registre intimiste et émotionnel d’une manière plus qu’évidente, Leterrier survole tout ça et préfère se concentrer sur les scènes d’action. Avec la série des Transporteur et Danny the Dog à son actif, il est vrai qu’il est davantage spécialisé dans l’imagerie dynamique, ce qui n’est pas une critique en soi. Mais l’absence de fond conséquent porte préjudice à cette suite qui s’en retrouve réduite à enchaîner des morceaux d’action sans puiser dans le registre émotionnel.


Visuellement, Hulk n’est pas aussi expressif que dans le film d’Ang Lee. Le personnage est certes réussi, mais il manque toujours cette pointe d’humanité que Lee a mis en avant dans son œuvre, et qui lui donne cette aura si particulière. Ici, Hulk combat un adversaire de poids en la personne de l’Abomination (Tim Roth est plutôt bon!), et les fanboys devraient se réjouir de ce clash des titans, seul petit bémol au premier film, qui lui n’offrait pas de véritable ennemi au géant vert. L’Abomination s’annonce bien effrayant, mais le combat tant attendu ne débouche au final que sur une démonstration de SFX informatiques qui ont vite fait de fatiguer la rétine. Tout comme pour le reste du film, l’impact n’est pas viscéral, mais purement visuel et superficiel.
Bref, si Marvel pouvait à son tour faire oublier ce deuxième opus et rappeler Ang Lee pour un troisième épisode, ce serait une solution plus que satisfaisante. Il faut rappeler que l’association Eric Bana- Jennifer Connely faisait des étincelles, et qu’Edward Norton et Liv Tyler ne parviennent pas à les égaler. Et Hulk est simplement l’un des meilleurs films de super-héros qui ait vu le jour.

samedi 2 août 2008

HOOD (BRIAN K. VAUGHAN, KYLE HOTZ, 2002)


Sorti le 10 juillet 2008


Panini sort une petite vieillerie qui n’avait pas eu droit de sortie à l’époque, et profite de la prise d’importance du personnage dans les pages des Nouveaux Vengeurs pour revenir à ses origines.
Des origines sous forme d’une mini-série en 6 chapitres, dans laquelle le jeune Parker Robbins met la main sur des objets lui conférant des pouvoirs plutôt sympathiques… Ce Hood poursuit donc la lignée Max en mettant en avant un récit bien adulte, où le héros n’en est pas vraiment un. Ce Parker Robbins (notez l’allusion évidente au célèbre Spidey) est plutôt du genre bad guy des bas-fonds, et il survit grâce à des coups minables tout en poursuivant une existence qui ne le comble pas du tout. L’atmosphère n’est pas très joyeuse, mais le récit de Vaughan distille des touches d’humour régulières plutôt bienvenues. On est pas chez le Punisher de Garth Ennis par exemple, et l’apprentissage de Robbins est plutôt marrant, surtout quand il découvre la cape d’invisibilité (qu’est-ce que vous feriez en premier vous, hein?)…
Le personnage de Robbins est donc un loser pas vraiment méchant, qui va se retrouver dans des situations bien tendues après avoir volé les pierres de sang d’un trafiquant notable. Il va avoir les bad guys aux trousses, mais aussi les fédéraux, ce qui va considérablement réduire sa marge de manœuvre…


Kyle Hotz est spécialisé dans le dessin horrifique (Cold blooded, Evil Ernie), et il confère à Hood une ambiance nocturne particulièrement travaillée, dans laquelle les volutes de fumée et la puissance visuelle de la cape participent pleinement à la dramatisation de l’ensemble. Le récit est imprégné de cette atmosphère mi-polar mi-fantastique qui s’avère réussie, et donne aux débuts de Hood une dimension précise.
Ce personnage fantomatique flottant dans les airs joue sur les anachronismes, puisqu’il shoote ses ennemis avec deux bons gros flingues! Ce paradoxe entre la violence naturelle et le devenir mystérieux que lui promet son nouvel accoutrement fait de Hood un personnage en pleine construction, et Parker Robbins ne semble pas encore bien savoir ce qu’il veut faire de ses pouvoirs.


Pour ses débuts dans le monde du crime, il va être confronté au Constrictor, au Shocker et à Jack O’Lantern, et l’affrontement a de la gueule. Les dialogues de Vaughan donnent du relief à un récit balisé, et son sens de l’humour tient bien la route. Exemple: « C’est Max Dillon. - « Celui de Drugstore Cowboy »? - Pas Matt Dillon, attardé. Max Dillon. Electro. » Et le Shocker qui donne des conseils conjugaux c’est plutôt sympa aussi!
Sans être exceptionnel, Hood est un comics rythmé et intéressant, qui marque les débuts d’un nouveau personnage appelé à faire une grande carrière chez les super-vilains…

vendredi 1 août 2008

WISDOM 1: RUDIMENTS DE SAGESSE (PAUL CORNELL, TREVOR HAIRSINE, MANUEL GARCIA, 2007)


Sorti le 26 juin 2008

Créé en 1995 par le génial Warren Ellis, le personnage de Pete Wisdom apparaît pour la première fois en 1995 dans les pages d’Excalibur, déclinaison britannique des X-Men. On ne peut pas dire qu’il soit un personnage au capital sympathie immédiat, mais son cynisme et son humour british en font un héros très particulier dans le monde Marvel. Il n’est pas sans rappeler X-51 du groupe Nextwave, avec ce côté imperturbable et distant mâtiné d’un humour à froid bien senti.
12 ans après ses débuts dans l’univers Marvel, Pete a enfin droit à sa mini-série qui va le plonger dans des tourments tout ce qu’il y a de plus britanniques, puisqu’il va être confronté à des fées dissidentes, à un dragon maléfique, à une horde de Jack l’Eventreur, à des tripodes tout droit sortis de La Guerre des Mondes… Son affectation au MI 13, cellule travaillant en parallèle du MI 6, est loin d’être de tout repos!
Il bénéficie d’une force de frappe considérable puisqu'il est à la tête d’un groupe solide composé de personnalités bien diverses. Il y a là Tink, une fée échappée de la dimension d’Avalon; Captain Midlands, un militaire pur et dur; Maureen Raven, une clairvoyante qui effectue ici sa première mission; et John le Skrull, qui est une copie conforme de John Lennon et qui appartenait au groupe des Skrull Beatles, composé d’un certain Ringo, d’un Paul et d’un autre Peter! Une excellente trouvaille du scénariste Paul Cornell qui s’adonne à un délire bien british! Il est à noter que Cornell est réputé pur son travail sur Dr Who, dont il a écrit des épisodes télé et des nouvelles.



Wisdom est un récit qui avance avec classe et dynamisme, le groupe du MI 13 étant assez hétéroclite pour offrir des situations bien fantaisistes et décalées. J’adore particulièrement le John Lennon qui s’en va-t-en guerre et qui parle de paix et d’amour comme l’original! Les interactions entre les différents protagonistes offrent des moments bien barrés que ne renierait pas Warren Ellis! Un petit exemple avec les recommandations de Wisdom juste avant d’intervenir dans le royaume d’Avalon: « Si vous rencontrez le roi Arthur: ne l’attaquez pas. Ne lui demandez pas son aide, ne rejoignez pas la table ronde. Ne mangez rien. Ne retirez rien de quoi que ce soit. N’épousez rien. » Juste derrière lui, un dessin avec un gâteau barré, et un autre avec une épée dans un rocher, barrée elle aussi…



Brillant, coloré, inventif, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette série en 6 épisodes menée de main de maître par un scénariste de talent, aidé par les dessinateurs Trevor Hairsine et Manuel Garcia qui complètent efficacement le tableau. Le design est vraiment beau (certaines planches font penser à du Preacher), et les récits sont captivants. Wisdom est une grande réussite dans le genre récit malin et rusé, et vient encore enrichir une collection Max qui décidément enchaîne les perles (Punisher, Alias…). Paul Cornell est encore un auteur à suivre…