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salem center: 2007

lundi 31 décembre 2007

LE MONDE PERDU (STEVEN SPIELBERG, 1997)


Quatre ans après le succès du premier Jurassic Park, Steven Spielberg poursuit l’aventure en se basant sur une idée aussi simple qu’efficace, l’existence d’une seconde île. Procédé scénaristique enfantin, non? En tout cas, cette subtilité permet aux spectateurs de se replonger dans l’ambiance féérique et bestiale du premier opus, et le metteur en scène use de ses dons pour nous convier à un solide spectacle.
L’élément principal du film est bien évidemment la présence de ces immenses dinosaures que les techniques d’effets spéciaux rendent totalement crédibles. Qu’il s’agisse des masses imposantes des tyrannosaures ou des facéties des plus minuscules, la frontière entre le rêve et la réalité est encore une fois absoute par Spielberg. Tel un enfant de 50 ans, il nous plonge encore une fois dans un monde qu’il aurait aimé arpenter, et qu’il nous fait découvrir grâce à la magie du cinéma. Spielberg est un solide conteur maniant son art avec une vision à la fois naïve et dure. Il est vrai qu’un film avec des dinosaures ne peut pas se passer de quelques détails sanglants, mais Spielberg possède surtout une vision d’enfant qui évite de basculer dans l’horreur pure. Tout comme Jurassic Park, Le Monde perdu est une aventure rythmée où un groupe d’humains va devoir échapper aux prédateurs ancestraux en utilisant toutes leurs ressources.




Dans la quasi-totalité des films de Steven Spielberg, les enfants tiennent un rôle déterminant. La fille du Dr Ian Malcolm fait office de garde-fou contre les dérapages sanguinolents, et pose son regard innocent et lucide sur toute cette aventure due à des adultes bien-pensants. Il s’agit toujours de garder à l’esprit la notion d’émerveillement sommeillant en chacun de nous, et qui a souvent tendance à disparaître avec l’âge. Mais cette extension de la part enfantine du réalisateur est toujours présente, et fait souvent ressortir les paradoxes de la sagesse adulte. Une thématique classique chez Spielberg, mais toujours utile.
En-dehors des dinosaures très réussis, il faut noter la présence d’un acteur exceptionnel, le génial Jeff Goldblum. Déjà présent dans le premier opus, sa prestation dans la peau du Dr Malcolm est un régal, conférant au personnage une dimension inédite dans ce genre de production. Le genre de héros qui ne veut pas en être un, mais surtout un père de famille au charisme et à la personnalité étonnants. Il se démarque notamment du personnage principal de Jurassic Park, le Dr Alan Grant (Sam Neill). Ce dernier était un homme qui refusait l’idée de paternité tout en possédant les qualités requises, et le Dr Malcolm est un homme qui accepte sa paternité tout en préservant son indépendance. C’est un électron libre qui ne répond pas à la vision classique de la famille (américaine), laquelle sera par ailleurs malmenée lors de la scène où le T-rex ira boire dans la piscine d’une jolie petite maison de banlieue. Un autre acteur remarquable fait partie de l’aventure, il s’agit de Vince Vaughn, alors encore inconnu. Sa prestation efficace dans le rôle de ce reporter malin sera un sacré tremplin pour lui, même s’il n’est pas encore reconnu à sa juste valeur.


L’avantage du Monde perdu est qu’il n’a plus besoin de poser les bases du concept et d’étirer son exposition. L’île aux dinosaures est connue des spectateurs et le réalisateur peut commencer plus rapidement à entrer dans le vif du sujet. Il enchaîne donc les séquences d’action avec efficacité et maintient tout au long du film un rythme soutenu, avec un morceau de bravoure voyant une Julianne Moore le regard plongé dans le vide s’ouvrant sous elle, alors qu’elle se trouve à bord d’un camion menaçant de tomber d’une falaise. Et la vitre sur laquelle elle est couchée commence doucement à se fissurer lorsqu’elle tente de bouger... Une vision incroyable et une mise en scène ultra-efficace pour un moment très angoissant!
Le final en pleine ville vaut lui aussi le détour, et laisse entrevoir ce qu’aurait pu être Godzilla si Spielberg en avait eu les rênes. Dommage… En tout cas, les deux premiers volets de Jurassic Park combinent efficacement effets spéciaux et dimension humaine, ce qui nous vaut deux spectacles de qualité…


vendredi 28 décembre 2007

WALKING DEAD (ROBERT KIRKMAN, TONY MOORE, 2003)


Entamée en octobre 2003 aux éditions Image Comics, cette série signée Robert Kirkman et Tony Moore surfe sur le revival horrifique qui bat son plein depuis le succès du 28 Jours plus tard de l’Anglais Danny Boyle. Entre L’Armée des Morts, Resident evil: Apocalypse, Le Territoire des Morts ou le tout frais Je suis une Légende, le mythe du zombie se refait une petite santé.
La scène d’ouverture similaire au film de Boyle (mais également à la dernière scène de Resident evil) voit un flic sortir du coma dans un hôpital totalement désert. Symbolique d’une renaissance douloureuse, elle permet au lecteur de plonger en même temps que son héros dans un monde déjà dévasté. Un procédé très gameplay, qui a l’avantage de ne pas donner trop d’infos en même temps mais de ménager un certain suspens. La découverte des zombies par Rick donne lieu à quelques scènes d’horreur bien gores, atténuée cependant par l’utilisation du noir et blanc de Tony Moore. L’imagerie est plus crépusculaire que sanglante, et le travail sur les dégradés de noir ainsi que les jeux d’ombre rend le dessin captivant.


Mais passée cette introduction, le récit se déroule de manière relativement mécanique, et on a la désagréable impression de suivre le fil du scénario sans que le travail sur l’émotion permette d’en oublier la construction. Rick rencontre des survivants dans ce monde apocalyptique, mais chacun semble être doté d’une fonction précise, à laquelle n’est malheureusement couplée aucune émotion. La psychologie est donc sommaire, et cette légèreté aurait pu être rachetée par des traits d’humour, mais le tout reste malheureusement trop sérieux. On assiste donc à une succession de scènes nécessaires (incursions dans la ville infestée, attaque du camp par des zombies) avec un certain détachement, comme si le sort des personnages importait peu, et que tout était concentré sur l’intérêt graphique. Un peu comme un jeu vidéo pas très prenant, qui propose de passer différents niveaux sans trop se soucier de la véracité des personnages. Ce qui peut encore passer sur console, où l’immersion est à la fois visuelle et sonore, mais qui est beaucoup plus délicat dans un comics.



Quelques passages ou allusions possèdent un certain potentiel, comme le jeune Glenn qui s’aventure tous les jours dans la ville, le vieux qui vit avec deux jeunes femmes dans son camping-car, la réaction du survivant qui a été mordu… Quelques petits éclairs qui font onduler la surface trop lisse de ce comics, mais qui ne suffisent pas à le rendre captivant.
Walking Dead emprunte donc tout ce qu’il peut à l’imagerie classique du zombie, mais ne parvient pas à le transfigurer par un traitement personnel ou original. La thématique de la survie post-apocalyptique ne véhicule aucun message précis, comme c’est souvent le cas dans les films,qui en profitent pour égratigner la société de consommation. Ce premier volume contenant les 6 premiers épisodes laisse donc le lecteur sur sa faim...

jeudi 27 décembre 2007

SILENT WAR (DAVID HINE, FRAZER IRVING, 2007)


sorti le 21 décembre 2007


Sous ce titre aussi mystérieux qu’accrocheur se cache une mini-série signée David Hine et Frazer Irving, suite directe des mini House of M et Son of M. Rappel des faits: Vif-Argent ayant volé les cristaux des Inhumains, ces derniers se rendent sur Terre afin de forcer les Etats-Unis à les rendre. Mais la situation dégénère rapidement, et les premières victimes civiles marquent le point de non-retour. La guerre entre Terriens et Inhumains est inévitable…
Située juste après les événements de Civil War, cette guerre silencieuse arrive au moment où l’Amérique est au plus bas. Les héros sont divisés, l’opinion publique et le gouvernement sont encore méfiants face aux super-héros, et c’est le moment que Flèche noire choisit pour débarquer avec ses troupes et menacer le pays d’une guerre. Son souhait de récupérer les cristaux est légitime, ceux-ci faisant partie d’un processus ancestral visant à développer les capacités physiques et psychiques de son peuple. Sans ces cristaux, la terrigénèse est impossible…
Silent War met en avant le mystérieux peuple des Inhumains, basé sur la zone bleue de la Lune. Vivants en retrait de leurs voisins humains la plupart du temps, ils ont déjà combattu aux côtés des Fantastiques, des Vengeurs ou des X-Men. Mais le respect et l’amitié qu’ils ont pu rencontrer vont voler en éclat avec ce conflit dévastateur.



La particularité du leader Flèche noire est qu’il ne peut pas parler. Non pas qu’il soit muet, mais le son de sa voix provoque des catastrophes terribles, et il doit se contrôler afin de ne pas l’utiliser. Cette guerre silencieuse prend donc tout son sens avec cette menace pesant sur la Terre, si jamais Flèche noire décide d’user de son pouvoir. La tension est extrême, et la contre-offensive se prépare avec les Puissants Vengeurs et le SHIELD.
Le scénario de David Hine retarde la confrontation directe en étirant ces instants de doute et de tension, augmentant le suspens de manière progressive. Il reprend avec intelligence des thématiques très actuelles dans une Amérique paranoïaque, puisqu’il va jusqu’à utiliser les termes d’intégriste religieux ou d’arme de destruction massive pour qualifier la menace inhumaine. Ces termes sont évidemment calculés par le gouvernement américain afin de justifier ses actes, et le parallèle avec le conflit irakien est évident. Hine instille donc dans son scénario des éléments réalistes augmentant la propagation de la peur et le dictat de la déraison. Après une Civil War dévastatrice et empreinte elle aussi d’éléments post-11 septembre, cette nouvelle guerre va encore mettre à rude épreuve les héros humains.
Ce récit tragique est servi par un dessin très inspiré de Frazer Irving, dont le réalisme sombre est paradoxalement accentué par l’utilisation de certaines couleurs chaudes, symbolisant l’espoir absurde des protagonistes qui espèrent encore éviter le conflit. Une imagerie dure et emplie d’ombres, à laquelle les 6 couvertures répondent avec un sens de l’efficacité redoutable.



lundi 24 décembre 2007

PRISON BREAK SAISON 3 (2007)



le jeudi à 20h50

Michael Scofield est un homme chanceux. A peine a-t-il réussi à s’évader du pénitencier de Fox River qu’on lui propose de passer au niveau supérieur. Exit donc les joies du travail en communauté et les plaisirs de l’origami, la nouvelle prison de Sona est plus ciblée combats à mort et alliances improbables. Et cette fois-ci, Michael n’a pas la porte de sortie sur lui…
La fin de la deuxième saison voyait un Lincoln Burrows innocenté et un Michael emprisonné. Les dernières images du show promettaient une suite des plus spectaculaires, avec un Bellick ensanglanté gisant sur le sol, Mahone et Scofield arrivant côte à côte au pénitencier sous une pluie accablante, et cette dernière image qui ironise le tunnel lumineux de la mort, lorsque Michael franchit le point de non-retour et atteint un monde totalement éloigné de ce qu’il a pu connaître.


Ce pénitencier de Sona a pour particularité d’avoir été abandonné par ses geôliers suite à une mutinerie. La conséquence directe de cette désertion est un univers carcéral régi par les prisonniers eux-mêmes, et Scofield débarque donc dans un univers aux règles bien particulières, censées fonder la légitimité de ce groupe vivant en autarcie. Un individu se détache de cette population en incarnant le patriarche de cette communauté, une sorte de Parrain régnant sur ses mauvaises troupes. Norman St. John (joué par Robert Wisdom) est guidé par l’aspect grisant du pouvoir et se laisse régulièrement aller à des extrémités totalement gratuites. Un individu dangereux qui aura Michael dans le collimateur dès le début. Un Michael Scofield dont l’assurance va être sévèrement remise en cause, puisque cette fois-ci il n’est pas entré de son plein gré dans cette prison, et qu’il n’a aucune connaissance sur le bâtiment ou sur ses occupants. Bref, la survie dans ce milieu hostile semble précaire, d’autant plus qu’un groupuscule extérieur va le forcer à tenter une évasion afin de libérer un homme, James Whistler (Chris Vance). La mission est donc encore plus périlleuse que dans la première saison, et la liberté provisoire de la deuxième saison fait place à une ambiance oppressante ponctuée de violence et de morts brutales.
Il n’y a qu’à voir la triste évolution de Bellick pour clarifier la situation: l’ancien gardien sadique est en train de payer sa dette, puisqu’il en est réduit à se balader en slip et à quémander une bouffe que personne ne lui donne. Tailladé, misérable, affamé, il sert de défouloir aux prisonniers et son statut d’être humain n’est plus qu’un lointain souvenir. Sa disgrâce est impressionnante, et le choc de sa dernière apparition en fin de saison 2 était annonciateur des épreuves qu’il vit actuellement dans la 3.


Mais Sona est aussi le lieu des retrouvailles entre Scofield, Bellick, Mahone et le répugnant T-Bag, et un jeu d’alliances improbables va alors se mettre en place. Des motivations plus ou moins altruistes vont les obliger à s’unir, et les conséquences dramatiques sont énormes. La chasse à l’homme semble s’être déroulée il y a des siècles, et les positions que chacun tenait alors ont totalement volé en éclat, la fonction de chaque personnage ayant irrémédiablement été modifiée. Les scénaristes ont réussi un tour de force équivalent à ce qu’ils avaient fait pour la deuxième saison: prendre les mêmes personnages et les placer dans un environnement totalement différent, en leur donnant un but tout autre. Chaque saison est marquée par une ambiance propre et des situations spécifiques, et cette troisième saison n’est pas un retour à la case départ.
Entre le début du show et sa continuation actuelle, les différences sont énormes, tant en éléments dramatiques que dans la puissance évocatrice de ses lieux. La troupe de réalisateurs de Paul Scheuring retranscrit un univers carcéral étouffant aux codes sociaux réducteurs. La fange des égouts, l’inéluctabilité des combats à mort, les disparités de classe entre les prisonniers, tout concourt à mettre le feu aux poudres de cette prison livrée à elle-même. La dureté de certaines scènes est nécessaire pour recentrer le contexte et les enjeux, et l’imagerie crade utilisée n’a rien de gratuit. Pour exemple, la tentative d’évasion possédant des ramifications souterraines avec ce qui a pu se passer pendant la seconde guerre, avec cette image d’un homme décharné et titubant derrière les barbelés. Un symbolisme fort qui renforce la dimension tragique de cette saison, et qui promet des épisodes aussi immersifs qu’étouffants…

jeudi 20 décembre 2007

JE SUIS UNE LEGENDE (FRANCIS LAWRENCE, 2007)



Sorti le 19 décembre 2007


Richard Matheson est un touche-à-tout qui nous aura donné un nombre considérable de romans et nouvelles, de scénarii pour la télévision et le cinéma. Son style descriptif que certains qualifieraient de rudimentaire donne d’emblée une texture très cinégénique à ses écrits, et il n’est pas étonnant de voir Hollywood s’emparer de ses histoires. Je suis une Légende est la troisième adaptation du roman éponyme, après The last Man on Earth (Ubaldo Ragona) en 1964 et Le Survivant (Boris Sagal) en 1971. Will Smith succède ainsi à Vincent Price et Charlton Heston dans cette aventure post-apocalyptique où un homme seul tente de survivre aux créatures nocturnes qui hantent une New York déserte. Mais il doit aussi se protéger de la folie qui le guette dans son immuable solitude…
La matière du roman est propice à des visions dantesques édifiées aux moyens de CGI puissants, et voir une New York complètement dépeuplée et envahie par la végétation est un spectacle qui tient à la fois de l’absurde et de l’onirique. Voir des cerfs courir sur la 5ème avenue ou un troupeau de lions en pleine ville est assez surréaliste, même si les images de synthèse sapent par moments la véracité de l’instant par leur caractère trop factice. C’est dans cet environnement crépusculaire que vit quotidiennement Robert Neville, rescapé de l’épidémie qui a décimé la population 3 ans plus tôt.




Les scénaristes Akiva Goldsman et Mark Protosevich ont gagné du temps en faisant de Neville un scientifique militaire, alors qu’il devait apprendre de lui-même comment mener ses expériences dans le roman. Car Neville est immunisé contre le virus, et il souhaite trouver un vaccin qui mettra un terme à cette maladie. L’aspect aseptisé du sous-sol est en contradiction totale avec la tranquillité des étages, et ce dédoublement est à mettre en rapport avec la lente érosion de sa personnalité. La solitude et le désespoir percent chaque jour davantage la carapace que Neville s’est forgée, et le point de départ du récit est justement prétexte à une étude comportementale face à une situation de crise. Ce qui est abordé tout au long du film, mais qui aurait pu aller encore plus loin. Tout comme dans le roman, les scènes de complicité avec le chien donne toute leur dimension à l’humanité qui habite encore Neville, et dans les deux versions, leur écriture est admirable. La prestation de Will Smith est d’ailleurs incroyable et captivante dans ces moments-là. Il est de toute façon excellent durant tout le film, mais il est lentement pris au piège de la linéarité du récit, piège qui guettait déjà le roman. L’alternance des journées passées à se procurer des provisions et à tenter de joindre d’autres personnes, et les nuits à attendre derrière les volets blindés que les cris cessent et que le jour se lève. Une dynamique particulière se met en marche en fonctionnant sur ces deux états, dynamique simple parfois accentuée par des éclats de noirceur, comme la première incursion en territoire ténébreux, angoissante et claustrophobe à souhait.






Mais ce qui frappe le plus dans ce film, c’est son côté sombre, à la limite du déprimant. C’est plutôt particulier pour un film de studio de cette envergure, et même si l’on adhère pas forcément à ce genre d’ambiance, il faut reconnaître qu’elle est menée efficacement. Je suis une Légende est un film éprouvant, et les scènes chocs avec les infectés sont bien flippantes. Visuellement très réussies, ces créatures de l’ombre sont parmi les plus cauchemardesques que l’on ait pu voir au cinéma (merci qui? L’incontournable Tatopoulos, évidemment!). Le bémol que l’on peut faire par rapport à ces créatures est l’absence de confrontation entre Neville et le chef de meute, comme c’était le cas dans le roman et dans Le Survivant. Il n’est donc pas nommé ici (Ben Cortman initialement) et ne cherche pas à tenter Neville ou à le rendre fou. Une thématique inexplorée donc, mais Lawrence à préféré conserver l’aspect purement animal de ces créatures.
Situé dans un même registre que 28 Jours plus tard avec lequel il est impossible de ne pas le comparer (même si la genèse du Matheson dure depuis plus d’une quinzaine d’années), Je suis une Légende est un film solide et éprouvant, et prouve encore une fois que Will Smith est un putain d’acteur!



mercredi 19 décembre 2007

MARVEL HEROES: L’INITIATIVE (2007)


Magazine démarré en novembre 2007


Après l’événement Civil War qui a éclaté la communauté super-héroïque, la loi pour le recensement des héros est finalement établie. L’opposition a pris le coup de grâce avec la mort de Captain America, tué sur les marches du tribunal où il se rendait afin d’être jugé. L’atmosphère dans laquelle se retrouve le pays est lourde, et les problèmes d’application de la loi sont nombreux…
Marvel Heroes propose de suivre deux séries régulières et deux mini. Les puissants Vengeurs met en avant une équipe composée par Tony Stark qui veut conserver le terme de Vengeurs, mais qui n’a plus rien à voir avec ses prédécesseurs. L’équipe en place avant la guerre civile s’est disloquée, et Iron Man décide donc de regrouper Miss Marvel, la Guêpe, Wonder Man, Sentry, la Veuve noire et Arès afin de protéger les habitants de l’état de New-York. La première menace à laquelle ils doivent faire face est une nouvelle version de leur vieil ennemi, le robot Ultron.
Mais artistiquement, on se retrouve devant la série la plus faible du magazine, avec un script de Brian Michael Bendis plutôt limité. La première faiblesse repose sur sa volonté de remettre à jour les bulles-pensées, procédé qui avait disparu depuis la seconde moitié des années 80. Il souhaite ainsi mettre en avant ce que les héros pensent réellement lorsqu’ils disent quelque chose. La conséquence est une surcharge sur la page, et surtout le contenu de ses bulles est totalement insignifiant. Le fait de savoir qu’Iron Man craque pour la Veuve noire est présenté de manière ridicule, et le reste de ce procédé est à l’avenant. En fait, il annihile simplement le rythme du récit en décentrant l’action. Par ailleurs, l’éclatement du récit qui passe du présent au passé par de nombreux flash-back aléatoires achève d’ôter la moindre tension qui pouvait émerger. Et les dessins poseurs de Frank Cho accompagnent le scénario en multipliant les poses pin-up qui ne font avancer pas le sujet. Le deuxième épisode se déroule en fait sur quelques minutes, et à part des flashbacks il ne se passe rien. Vraiment étrange…
Les Vengeurs: l’Initiative pose des questionnements plus intéressants sur la société post-Civil War, en adoptant le point de vue de jeunes recrues appelées à renforcer les rangs des héros. Une vision militaire du programme Initiative présentant des bleusailles aux personnalités variées, et des instructeurs majoritairement bornés. Le premier épisode est plutôt surprenant avec la mort d’un élève sur le terrain, et la volonté des responsables d’étouffer l’affaire. Une vision très critique de l’ordre en place proposée par Dan Slott, qui nous permet de découvrir la nouvelle génération de héros avec 7ème Ciel, Hardball, Komodo, Trauma, M.V.P. et Arsenal. Une intrigue rafraîchissante dans un climat très tendu, qui n’oublie pas de faire ressortir les problèmes fondamentaux entourant cette école militaire: la culpabilité de 7ème Ciel face à la mort d'un de ses camarades, les travaux menés conjointement par Pourpoint jaune et un ancien Nazi, les divergences entre les instructeurs… Des thèmes demandant un traitement évolutif, et les premiers épisodes démarrent efficacement.



Après la mort d’Alpha Flight, une nouvelle équipe canadienne est sur le point de voir le jour. Omega Flight voit une genèse difficile, avec le seul rescapé de la première équipe aux prises avec des Démolisseurs déchaînés. Le coup de crayon de Scott Kolins donne un rendu âpre compensant la légèreté du scénario, qui aurait gagné à être plus incisif. Mais cette mini-série a la bonne idée de traiter du problème des super-vilains qui envahissent le Canada suite à la loi de recensement aux Etats-Unis. Une variation surprenante sur le thème de la délocalisation, qui reste crédible et qui appelle à des développements futurs.



Enfin, la mini sur les Illuminati est constituée de 6 récits centrés à chaque fois sur un événement majeur de l’univers Marvel, événement dont l’importance est telle qu’elle voit se réunir une équipe secrète composée spécialement en cas de crise majeure. On suit donc les aventures de ce groupe composé de Mr Fantastic, Flèche noire, Namor, Dr Strange, Iron Man et le Professeur Xavier. Le premier épisode se concentre sur la position de ces super-humains dans la guerre Kree-Skrull, et le deuxième les voit gérer le puissant Gant de l’Infini. Une action constante doublée d’une tension évidente, cette mini signée Brian Michael Bendis et Brian Reed au scénario est servie par Jim Cheung au dessin, et constitue le meilleur de ce magazine. En remontant les époques afin de nous familiariser avec ce groupe dont l’existence n’a été révélée que récemment, c’est à une succession d’événement planétaires que le lecteur est convié, et la qualité nostalgique du contenu donne une profondeur supérieure à cette série.




Un magazine plutôt moyen donc, mais qui réserve quelques idées surprenantes. A voir sur la durée...

mardi 18 décembre 2007

MANIAC COP 3 (WILLIAM LUSTIG, 1993)






Maniac Cop 3 a été une expérience douloureuse pour le scénariste Larry Cohen et pour le réalisateur William Lustig, puisque les droits de leur personnage ont été rachetés. Une nouvelle production pour une nouvelle direction, en contrepoint total de la vision des créateurs. Œuvre maudite et reniée, Maniac Cop 3 reste pourtant un film digne d’intérêt.
Cohen et Lustig l’ont clamé haut et fort, ils souhaitaient dès le départ éloigner Matt Cordell des slashers qui fleurissaient à l’époque. L’atmosphère sombre des deux premiers volets donnait un cachet polar qui leur conférait une patine particulière, à la croisée des deux genres bien distincts que sont le policier et l’horreur. Le rachat des droits verra leur plus grande peur se concrétiser, Matt Cordell devenant un boogeyman pur et dur. Si les deux premiers films s’attachaient à suivre le flic zombie en rappelant la trahison dont il a été victime, ce dernier volet ne se sert du Maniac Cop que comme outil scénaristique, et l’humanisation qui avait été travaillée précédemment vole en éclat. On pourrait aisément le remplacer par Jason Voorhies ou Michael Myers en modifiant à peine l’intrigue. Le cœur de la discorde entre les auteurs et les producteurs vient très probablement de cette trahison du personnage, et les regrets de Cohen et Lustig sont compréhensibles. Mais pourtant, Maniac Cop 3 n’est pas dénué de qualités, et si l’on excepte un dernier acte ahurissant de non-sens, il est d’une facture relativement correcte.



L’imagerie polar se dilue dans une mise en scène plus fluide, prônant une vision plus graphique des personnages et de leur environnement. Les visions cauchemardesques des longs couloirs souterrains, la stature oppressante de l’hôpital, la fausse chaleur de l’église abandonnée… Les lieux exhument des relents de leur passé et sont chargés d’une histoire particulière, et la caméra glisse sur les lieux avec une certaine grâce. La mise en scène très précise est-elle totalement due à Lustig? Probablement pas, vu le départ du réalisateur après 1 mois de tournage. Pourtant le film possède une tonalité cohérente, exceptée lors du dernier quart d’heure qui atteint des sommets en matière de ridicule fun. Un Maniac Cop qui se la joue Ghost Rider, une poursuite en caisse abusée mais possédant toutefois un certain attrait, et un final qui dégomme complètement le personnage de Robert Davi en voulant l’icôniser comme le mâle ultime. Hallucinant et d’un mauvais goût finalement assez drôle.
Une fin qui affaiblit un film solide, mené par un Robert Davi dont la trogne légendaire accentue le relief de son personnage, le détective Sean McKinney. Robert Davi apporte une humanité qui affleurait déjà dans le second opus mais qui se fixe ici avec la relation qu’il entame avec le Dr Susan Fowler (la belle Caitlin Dulany). Et ce solide second couteau des 80’s au visage buriné marque par son interprétation à la fois virile et fragile, si l’on excepte évidemment la fin du métrage.



Pour revenir à l’utilisation mécanique de Matt Cordell, le scénario place derrière lui un énigmatique prêtre vaudou, dont la volonté obscure de ressusciter le sympathique policier et de lui trouver une épouse semble au premier abord un argument nettement plus faible que les deux premiers films. Mais sur fond de manipulation médiatique et d’hommage à La Fiancée de Frankenstein, le récit puisant dans dans des sources d’inspirations diverses s’avère finalement plaisant à suivre, la mise en scène emballant le tout avec efficacité et des touches d’humour bienvenues (voir la scène où le Cop balance un jeune loser et le crible de balles avant qu’il atteigne le sol).
Maniac Cop 3 s’éloigne donc des considérations policières des deux premiers films, mais opte pour une étiquette slasher dont il ne doit pas avoir honte.

lundi 17 décembre 2007

MANIAC COP 2 (WILLIAM LUSTIG, 1990)







Le second volet de la série joue la carte du bigger and louder, et voit un Matt Cordell toujours aussi impassible se déchaîner contre les forces de police et les responsables de sa mort. En conservant une atmosphère urbaine sombre et réaliste, Lustig poursuit la dynamique du premier opus et continue le doux chemin de son boogeyman…
Pour Maniac Cop 2, le scénariste Larry Cohen a décidé de faire table rase des personnages du premier épisode, comme pour donner plus de crédit à son monstre. Exit donc les personnage de Jack Forrest et de Teresa Mallory qui se font tuer en début de métrage, accentuant l‘aura résolument dangereuse du Maniac Cop. Nous suivrons donc à leur place un flic marqué, tant psychiquement que physiquement, Sean McKinney. Incarné par un Robert Davi à la fois bourru et attachant, ce deuxième film gagne quelques jalons en terme de développement des personnages. Le choix de mettre en avant une psychologue de la brigade (jouée par Claudia Christian) souligne la plus nette propension émotive caractérisant les personnages.




Maniac Cop 2 approfondit donc la légende de Matt Cordell et propose une vision davantage centrée sur le monstre. Qu’il s’agisse du flash-back raconté à la première personne et accentuant considérablement la portée dramatique de sa condition,ou de la volonté de l’ex-flic de se rendre sur le lieu de sa mort, l’histoire apparaît plus tragique et plus inéluctable. Cordell est une victime qui a décidé de se retourner contre ses bourreaux, et sa croisade sanglante, sans être légitimée, prend tout son sens dans cette fureur nocturne.



Lustig s’est bien lâché sur ce film et nous offre des scènes d’action saisissantes, notamment une voiture folle avec une femme menotée au volant mais à l’extérieur de la voiture. Les scènes sont dynamiques et radicales, en accord avec l’âpreté du premier film. Les multiples interventions de Cordell dans un groupe se concluent toujours par un carnage, et Lustig les met en boîte avec à la fois un souci d’authenticité et une certaine jubilation. Il faut voir le massacre dans le stand de tir ou la traversée des bureaux de police pour se rendre compte du caractère indestructible qu’ont voulu donner Cohen et Lustig à leur créature. Une créature solitaire, totalement perdue, tournée vers sa quête de vengeance et irrémédiablement éloignée de l’image du héros enfoui en elle et qui prédominait avant sa mort. Le Maniac Cop est un monstre ambivalent, puisqu’il représente la partie inavouable de l’esprit humain, ce côté enclin au mal qui coexiste en chacun avec l’idée du bien. Matt Cordell aura vécu une vie destinée à mettre en application ce bien, et il connaît une mort totalement vouée à l’élargissement du Mal, tel un Jekyll et Hyde dont les faces sont irréversibles.
Matt Cordell évolue dans un décor urbain légèrement modifié par des ajouts purement gothiques. Les bâtiments imposants à l’architecture complexe, l’utilisation d’une source de lumière indirecte, ces éléments tiennent à la fois du gothique des années Hammer et d’une vision plus européenne de l’horreur, notamment celle d’Argento. Des références plutôt bienvenues qui confortent l’idée selon laquelle Cohen et Lustig maîtrisent leur sujet.



dimanche 16 décembre 2007

MANIAC COP (WILLIAM LUSTIG, 1988): MAIS QUE FAIT LA POLICE?


Si vous êtes un enfant des 80’s, son visage vous aura sûrement terrifié à l’instar de Jason Voorhees et Freddy Krueger. Parce que même si le réalisateur William Lustig s’en défend, le Maniac Cop est bien un boogeyman, et le visage ravagé de Robert Z’Dar aura marqué une génération de cinéphiles. Premier avertissement avec ce film originel, plongée brutale dans un New York glauque et sournois…
La star du film est paradoxalement celui que l’on voit le moins. Sa silhouette imposante se découpe dans la nuit new-yorkaise, et il arpente le bitume avec sa matraque, le visage toujours dans l’ombre. William Lustig respecte les codes inhérents au slasher movie, caractérisant son personnage par ses vêtements et son arme; Matt Cordell, l’ex-flic devenu un zombie vengeur, est une allégorie du Mal personnifié, ici représentée par une figure du Bien pervertie. Le costume du flic censé représenter l’ordre et la loi est devenu une figure de danger et de douleur. La chemise bleue caractéristique, le képi reconnaissable entre tous, le badge porté avec fierté, chaque élément du costume est détourné de sa fonction première, et Cordell semble jouer de cette croyance envers la figure bénéfique du policier. La première scène témoigne de ce fait avec violence, la jeune femme croyant échapper à ses poursuivants se jetant dans les bras du Maniac Cop avec soulagement, et se rendant compte avec horreur qu’elle n’a pas gagné au change. La brutalité de son meurtre est annonciatrice du carnage qui débute…


Le contexte social du film est emprunt d’un pessimisme profond et d’une vision désabusée d’une société sur le déclin. Les allusions politiques sur l’arrivisme font état d’un système reaganien décadent, et le Maniac Cop en est une extension cinématographique puissante. Le thème principal du film est évidemment cette peur de l’état policier, et la psychose s’emparant des new-yorkais à la vue d’un uniforme est un message fort dans cette période de doute. Collusions politiques, étouffement des affaires en cours, volonté de cadenasser les informations, les méthodes employées par les forces de l’ordre ne sont pas forcément claires, et le Maniac Cop est une figure intensifiée de ce dysfonctionnement de l’appareil légal. D’autant plus qu’il n’omet pas de confronter des personnages opérant du même côté de la loi.
Le flic chargé de l’enquête est Frank McRae, incarné par un acteur à la gueule marquante, Tom Atkins. Symptomatique de ce qui se passait encore dans les années 80, le personnage principal n’était pas forcément un beau gosse, mais possédait un physique apte à véhiculer un lourd passif. Tom Atkins incarne donc McRae en lui prêtant son corps fatigué et ses épaules encore solides, et il offre un personnage juste et censé. A ses côtés, un Bruce Campbell au sommet de la vague (il est alors en pleine trilogie Evil dead) campe un jeune flic accusé à tort et qui va se mettre à la poursuite du boogeyman afin de se disculper. C’est Richard « Shaft » Roundtree lui-même qui incarne le maire arriviste de la ville, et à ce casting pas très people mais solide s’ajoute des apparitions de… Sam Raimi et William Lustig!


Mais s’il prend le temps de faire un caméo, Lustig n’en oublie pas d’assurer efficacement sa mise en scène et offre un film sombre et brut, où l’atmosphère nocturne possède un grain hérité des polars seventies en y ajoutant des éléments urbains marquants. New-York laisse s’écouler les ombres, les transperçant par intermittence, où préférant noyer ses habitants dans ses rues sordides. On est à des années-lumières de l’ambiance kitsch des Rues de Feu de Walter Hill, et le métrage peut encore se revoir aujourd’hui en conservant son efficacité. Les mouvements amples de caméra accompagnent nos héros dans cette descente aux enfers, et Lustig met en scène des séquences de massacre bien sanglantes, tout en collant à un réalisme froid. C’est en cela que son film se démarque des slashers traditionnels, puisqu’il reste toujours en corrélation avec une réalité sociale forte. Le script de Larry Cohen est fort, à la fois vif et éloquent. Il présente un monstre de Frankenstein littéralement issu de la fange, personnage martyrisé, recomposé, rafistolé, tant physiquement que psychiquement, pour devenir le reflet désincarné du héros qu’il était. Emblématique de cette position sociale marquée, le Maniac Cop est un constat de l’échec de cette valorisation à outrance de l’individu, qui aboutit à la destruction pure et simple de ses idéaux par les individus décadents que la société cherche à évincer.
Et comme dans tout bon (ou mauvais!) slasher, le bad guy présumé mort bouge encore…