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salem center: mars 2008

lundi 31 mars 2008

ANGLES D’ATTAQUE (PETE TRAVIS, 2008)


Sorti le 19 mars 2008


Le succès de 24 Heures Chrono ne pouvait faire que des envieux, obligeant les cinéastes à se tourner vers de nouvelles manières d’appréhender le thriller et les forçant à admettre que la petite lucarne pouvait elle aussi accoucher de concepts innovants. Le tube cathodique qui passait pour le cinéma du pauvre dans les années 80 s’est donc vu consacré par le phénomène des séries, et le retournement de stratégie opéré par les producteurs est indéniable. La série de Robert Cochran et Joel Surnow a surpris son monde dès 2001, et ses déclinaisons se comptent encore par dizaines…


Dans le cas d’Angles d’Attaque, on pourrait utiliser, au choix, le terme d’adaptation non officielle, ou de pompage éhonté. En effet, le matériau de base du film colle complètement à la peau de la série, tant du point de vue thématique, de la psychologie des personnages ou du déroulement de l’action. La preuve? C’est que Dennis Quaid joue le rôle de Thomas Barnes, agent des services secrets taciturne, traumatisé par une mauvaise expérience sur le terrain. Ha, si ça c’est pas Jack Bauer, hein? Dennis Quaid mise tout sur sa mâchoire crispée, et ne peut évidemment d’aucune manière rivaliser avec le personnage culte de Bauer, dont il ne peut offrir qu’une approximation dévalorisée dès le départ par sa filiation trop évidente. Le procédé s’en retrouve totalement artificiel, et la crédibilité du personnage de Barnes vole dès lors en éclat.


Encore une histoire d’attentat contre le président des Etats-Unis mâtinée de terrorisme international? Oui, et si déjà on le fait, autant se démarquer de ce qui existe déjà. Ce qui n’est pas le cas ici, le scénario de Barry Levy recyclant les recettes de 24 sans le moindre souci de prendre ses distances, comme s’il se disait que de toute façon le public télé et le public cinéma ne sont pas les mêmes. Mais justement, ceux qui connaissent l’univers de Jack Bauer feront face à un film totalement inoffensif et factice, grillant ses cartouches quasiment dès le départ malgré un gimmick intéressant concernant la répétition des scènes. En effet, la particularité de ce film réside (lui aussi) dans sa temporalité, puisque l’action est montrée 8 fois, d’un nouveau point de vue à chaque fois. Ainsi, à la fin de chaque scène, c’est un retour en arrière qui nous ramène à midi sur l’immense place où sont réunis les dignitaires, et l’action recommence. Le procédé est amusant et partait pour offrir une vision originale, mais il s’essoufle comme une baudruche en ne servant qu’à créer des retournements de situations de manière métronomiques. On croyait que la réalité était comme ça, puis soudain tout bascule et en fait c’est différent… Fois huit donc. Mouais.
Il est tout simplement impossible de ne pas penser à 24 Heures Chrono pendant 1h30, tant ce film ne veut pas s’en démarquer. Ce qui est très gênant, surtout que la dose annuelle de la série n’a pas pu être livrée en 2008! Cela dit, c’est très frustrant de se taper un produit aussi calibré ne menant finalement à rien, tandis que la bande-annonce annonçait un thriller de haute volée. D’ailleurs, les scènes de la poursuite et de l’ambulance, qui semblaient prêtes à redonner une leçon de cinéma, sont en fait d’une banalité affligeante. Bref, rien à se mettre sous la dent avec ce film sans épaisseur…

samedi 29 mars 2008

NEXTWAVE 2: DANS TA FACE (WARREN ELLIS, STUART IMMONEN, 2006)


Sorti le 13 mars 2008

Ne perdons pas de temps: cette série écrite par Warren Ellis et dessinée par Stuart Immonen est tout simplement géniale! Etalée sur 12 épisodes, cette maxi-série est à la fois pop, fun, décalée et hyper-drôle! Le concept: dédramatiser le monde super-héroïque en lui inculquant une bonne grosse dose d’humour bien barré! Le résultat est à la hauteur, et Warren Ellis nous a concocté un condensé d’action totalement déjantée où le Nextwave s’en donne à cœur joie tout en relativisant le statut de légendes qu’ont pu acquérir les plus grand héros Marvel
Voici donc enfin les 6 derniers épisodes de cette fabuleuse saga, et le Nextwave Squad est toujours en fuite après avoir volé un des vaisseaux de leurs employeurs, la société H.A.I.N.E. ( Horde d’Agents Irréductibles contre les Neo-Extrémistes). Il faut dire que leur mission de combattre le terrorisme était faussée par le fait que la H.A.I.N.E. était financée elle-même par une organisation terroriste, S.I.L.E.N.C.E. Vous suivez? Bon. Nos 5 super-héros font donc cavaliers seuls en tentant de sauver le monde et en échappant à la H.A.I.N.E., bien décidé à les refroidir, avec à leur tête le très dérangé et dépressif Dirk Anger, qui tente de se suicider dans chaque épisode!



Ellis prend du vieux et rafraîchit tout ça pour composer une équipe bien démente. La boss, c’est Photon, anciennement Captain Marvel et ex-membre des Vengeurs. Son petit côté Cleopatra Jones n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était dans les années 80, et le sérieux du personnage s’est bien assoupli depuis. Et sa rafale de photons est très efficace… Elsa Bloodstone est la fille d’Ulysse Bloodstone, chasseur de monstre qui avit une série dans les années 70, mais qui n’a jamais vraiment décollé. Sa fille reprend vaillamment le flambeau et joue de la gâchette avec un talent aussi assuré que sa personnalité. Tabitha Smith, ancien membre d’X-Force sous le pseudonyme de Big Bang, Meltdown et Dieu sait combien encore, balance des mini-bombes organiques et est une sorte… d’écervelée. Elle va jusqu’à porter un t-shirt avec le sigle de l’europe, c’est dire… Le cas de Machine Man est encore plus curieux: apparu pour la première fois en 1977 dans 2001: a Space Odyssey qui se basait sur des éléments du film de Kubrick et de l’œuvre de Clark, c’est un robot qui a lui aussi gagné en humour dans cette dernière série, et qui n'a plus rien à voir avec ce qu'il était au départ! Et enfin, le Captain, qui n’a toujours pas réussi à se trouver un nom et qui est un super-héros paumé à la force colossale.
Tout l’intérêt de Nextwave réside dans les situations hallucinantes et les ennemis débiles que rencontrent l’équipe. C’est ainsi que l’on pourra voir dans ce deuxième numéro des golems qui font du skate, le dangereux Forbush Man qui se balade avec une casserole en guise de masque, des ninjas en culotte et j’en passe! Les dessins d’Immonen sont colorés et dégagent un sacré dynamisme, traduisant à merveille les délires scénaristiques d’Ellis. Et les dialogues sont savoureux à souhait! Quelques exemples qui devraient vous mettre sur la voie: lorsque le Captain explique à Machine Man pourquoi il n’a pas trouvé de nom: « J’ai été Captain Power pendant un moment. Mais j’ai été traîné en justice. Une sombre histoire de série télé. Je suis alors devenu Captain Ron. Et encore un procès. Du coup, je me suis fais appeler Captain L. Ron. Je me suis fais casser la gueule par Tom Cruise. » Ou lorsque Photon explique que tous les Vengeurs la draguaient à l’époque, sauf Captain America: « A mon avis, les filles c’est pas son truc. -Arrête?! Ca serait rigolo. -Tu m’étonnes! -Ca expliquerait pourquoi il y a toujours quelque un qui s’habille comme lui dans les gay prides.
Bref courrez vite vous procurez cette merveille, c’est de la balle!


mercredi 26 mars 2008

EVENT HORIZON LE VAISSEAU DE L’AU-DELA (PAUL W. S. ANDERSON, 1997)


Paul Anderson se traîne une sacrée réputation de réalisateur de seconde zone (pour rester poli). Il est vrai que son Resident evil n’est pas des plus aboutis, mais son Alien Vs Predator s’était tellement fait massacrer à sa sortie que j’ai finalement été surpris par la tenue correcte du film. Faudra peut-être que je le revois, penseront certains, je m’y attellerai peut-être un jour…
En tous les cas, son troisième film est perçu comme le meilleur de sa carrière par bon nombre de critiques et de fans de ciné. Je me suis donc procuré le superbe coffret collector en forme de vaisseau spatial (merci Reb Brown!) et j’ai visionné cette galette de science-fiction effectivement surprenante et très réussie.
Le principe de départ est tout ce qu’il y a de plus simpliste et s’inscrit dans la tradition des récits spatiaux: une mission de sauvetage est envoyé au-delà de Neptune afin de secourir les possibles survivants d’une équipée ayant mal tourné. Nous sommes en 2047, et le vaisseau Event Horizon semblait s’être totalement volatilisé pendant 7 ans, avant de réapparaître sur les capteurs. L’équipage du vaisseau de secours comporte 8 personnes aux spécialités bien diverses, dont un scientifique ayant œuvré à la construction de la navette disparue.


Quand un film se déroule en vase clos, la base de sa réussite réside évidemment dans la caractérisation des personnages, qui est ici bien avancée: on retrouve un capitaine à la poigne de fer (Lawrence Fishburne, impeccable), un scientifique effacé (Sam Neill, toujours très bon), et une troupe d’hommes et de femmes aux caractères trempés, ce qui n’est pas sans provoquer des interactions tendues. La justesse du casting et des rôles est quasiment au même niveau qu’un Sunshine, ce qui est plutôt bon signe.
L’intrigue en elle-même ouvre sur des perspectives illimitées, puisque le mystère des 7 années perdues semble s’étayer de manière très dramatique. Un mystère qui va rapidement tourner à l’angoisse, en déroulant un récit bien allumé qui devrait ravir les amateurs de science physique tout en ne perdant pas ceux qui aiment les sensations fortes. C’est à un voyage suffocant que nous convie Paul Anderson, et le moins que l’on puisse dire est qu’il maîtrise vraiment son navire, tout en ne lésinant pas sur les effets gores... Sa mise en scène à la fois élégante et dynamique offre de très belles séquences spatiales, notamment lors de la réparation de la coque externe du vaisseau. Mais le côté claustrophobe du film est tout aussi réussi, avec des séquences dans l’immense labyrinthe à la structure finement gothique. Une sorte de vaisseau manoir aux grandes pièces sombres, qui préfigure celui de Resident evil


Event Horizon pousse son script de départ vers une dimension allant au-delà des limites de l’univers connu, et Anderson parvient à maintenir la cohésion de l’ensemble malgré quelques petites baisses de régime en milieu de métrage. Rien qui suffise à émousser l’envie du spectateur d’en savoir plus, et les séquences d’action liées à ce mystère sont très réussies techniquement. En fait, tout fonctionne plutôt bien, sauf pour les astronautes évidemment. Mais c’est bien pour ça que l’on veut voir ce film!
Paul Anderson, respect donc pour ce pur moment de flippe spatiale, et même si tu te fais descendre par tout le monde, je crois encore en toi mec!

lundi 24 mars 2008

AU SERVICE DE SATAN (JEFF LIEBERMAN, 2004)


Lors de la fête d’Halloween, le petit Doug se déguise en assistant de Satan, le même que dans le jeu vidéo auquel il est accro. Mais quand il va rencontrer Satan dans sa petite ville, il va vraiment être content et aider son maître…
Le point de départ du film est vraiment original et promet une variation sur les slashers tout en investissant le cadre typique d’une petite ville tranquille. Les références au séminal La Nuit des Masques sont nombreuses, à commencer par une musique aux relents carpenteriens assumés. Au Service de Satan se veut une sorte d’hommage semi-parodique à toute une génération de films sanglants, et l’argument de départ à de quoi attirer l’attention.
Le personnage de Satan, muet et emmuré dans son costume de diable, est à la fois inquiétant et absurde, avec sa gestuelle de mime et son attitude mutique. Lieberman réussit à instaurer un climat étrange, aidé en cela par la très belle photo de Dejan Georgevich, qui assure de très belles tonalités la journée, et traite l’ombre de la nuit avec soin. Toutes les conditions sont réunies pour faire de ce film une petite perle de l’horreur, et Doug est résolu à aider son nouvel ami dans sa tâche macabre.



Mais si le film fonctionne bien pendant une bonne partie, une vague impression se précise vers la moitié. On se rend progressivement compte que l’histoire piétine, comme si le script était trop court et qu’il fallait meubler. La tension qu’avait fait naître Lieberman commence donc à s’atténuer, et l’on assiste à des séquences étirées où il ne se passe plus grand-chose. Le côté absurde revendiqué s’en trouve affaibli, et le film ne peut plus dès lors se cacher derrière ce fun qui fonctionnait si bien jusqu’à présent. La séquence de la fête d’Halloween est à ce titre interminable et tombe progressivement dans le ridicule…
Pourtant, les séquences marrantes ne manquent pas, et le réalisateur les menait de telle manière qu’elles étaient à la fois drôles et choquantes. Les massacres de vieux et d’aveugles étaient totalement gratuits et rappelaient bien l’humour macabre de La Course à la Mort de l’an 2000, mais cette fois-ci avec un chariot de supermarché! Dans l’ensemble, le duo formé par Satan et son assistant fonctionne bien, malgré le fait que le petit garçon manipulé soit une véritable tête-à-claque!
Au Service de Satan se base sur un script qui aurait parfaitement collé à un court métrage, mais dont l’efficacité est amoindrie par sa trop longue durée. Les personnages qui étaient élégamment mis en place (la palme pour Amanda Plummer qui joue une mère bien space!) se retrouvent dénués de toute personnalité au fur et à mesure que le film avance, décrédibilisant une œuvre qui s’annonçait pourtant bien jouissive.
Au Service de Satan ne parvient donc pas à maintenir le cap, et son réal Jeff Lieberman s’essouffle trop rapidement pour faire de son film une série B sympa et originale. Dommage…


samedi 22 mars 2008

LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES - MILLENIUM 1 (STIEG LARSSON, 2005)


L’histoire de la trilogie Millénium est baignée d’une aura aussi étrange que les récits qu’elle déroule. Stieg Larsson était un journaliste spécialisé dans la lutte contre l’extrémisme, et il a publié plusieurs essais sur ce thème. Puis un jour il adécidé de s’atteler à une série de romans, action qu’il qualifiait simplement d’ « assurance-vieillesse ». Il était motivé à l’idée de donner naissance à une dizaine de tomes… Mais juste après avoir remis les trois exemplaires de la trilogie de base, il a été foudroyé par une attaque cardiaque. Et les Millénium l’ont rendu mondialement célèbre...
Les quelques 600 pages du premier volume ne doivent pas vous décourager, Les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes constituant une intrigue absolument excellente, au mélange assez incongru de politique financière et de tueur en série. De prime abord, on ne sait pas trop bien ou Larsson veut emmener son lecteur, mais on est tout de suite installé dans une ambiance étrange avec cette histoire de fleur envoyée par un individu mystérieux. Tous les ans, le jour de son anniversaire, l’industriel Henrik Vanger reçoit par courrier une fleur séchée, et ce depuis 30 ans. Symboliquement, cette fleur semble représenter beaucoup pour Henrik, qui vit avec ce mystère depuis si longtemps.
Puis l’on passe à ce journaliste économique condamné pour diffamation suite à un article où il épinglait un grand financier qu’il accusait de malversations. Mikael Blomkvist a perdu dans sa tentative de faire tomber Hans-Erik Wennerström, et il est condamné à purger une peine de prison. Ce qui n’augure rien de bon pour le petit journal indépendant Millénium
On passe ensuite à la présentation de Dragan Armanskij, patron d’une boîte spécialisée dans la surveillance et les enquêtes privées. Et enfin, on fait la connaissance de Lisbeth Salander, jeune fille chétive et asociale qui est en outre le meilleur élément de l’agence d’Armanskij. Les présentations sont faites, et on se demande bien comment vont se croiser ces personnages. Mais il reste à l'auteur quelques 550 pages pour ça…



Les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes fait partie de ces romans à la matière dense qui vous triturent le cerveau avec ses énigmes insolubles. Outre l’affaire Wennerström sur laquelle Mikael revient de temps en temps, c’est à un mystère plus dramatique et très étrange auquel il va se retrouver confronté. Il va devoir résoudre une enquête datant de 40 ans, lorsqu’une petite fille a disparu de l’île sur laquelle elle se trouvait avec sa famille. Il s’agit d’un « mystère de la chambre close » à l’échelle d’une petite île, qui n’a jamais été résolu en 4 décennies. Et Stieg Larsson maîtrise assez son sujet pour plonger le lecteur dans un récit à haute teneur en suspense, où la recherche du passé se fait de manière intense tout en ayant forcément des répercussions sur le présent.
En croquant ses protagonistes avec précision et originalité, Larsson évacue toute possibilité de lâcher ce bouquin. La personnalité très spéciale de Lisbeth vaut à elle seule le coup d’œil, avec son caractère trempé et les situations hallucinantes où elle se retrouve. Larsson manie avec aisance plusieurs genres littéraires pour les assembler en un récit d’une cohérence exemplaire et d’une fluidité saisissante compte tenu de la multiplicité des personnages et des événements. Ce Millénium 1 est un pavé aux thématiques nombreuses et à la structure extrêmement dense, avec laquelle l’auteur s’en sort à merveille. C’est simple, tant que l’on ne connaît pas le fin mot de l’histoire, et donc les résolutions des différents problèmes soulevés au départ, on ne peut pas lâcher ce bouquin. Hautement addictif, il met en place toute une machinerie incroyablement contrôlée et crée des surprises de taille tout au long du récit. Un excellent livre, dont l’ambiance insulaire laisse planer une menace latente… Tout simplement énorme!

jeudi 20 mars 2008

CUJO (LEWIS TEAGUE, 1983)


Si l’on s’en réfère à sa filmographie mélangeant séries TV, téléfilms et cinéma, on pourrait presque croire que Lewis Teague est un yes-man sans aucune personnalité. Et au vu de ses Navy Seals- les Meilleurs ou Le Diamant du Nil, on pourrait bien être conforté dans cette opinion. Pourtant, hasard, prise de conscience ou illumination, il imprime cette adaptation de Stephen King d’une telle tension qu’il est impossible de ne pas voir les réelles qualités de mise en scène dont il fait preuve. Après le roman bien flippant du King paru en 1981, ce film n’est pas une extension simpliste mais constitue un vrai film de suspense dont le procédé n’est pas très éloigné des fameux Oiseaux de sir Alfred
Tout d’abord, la caractérisation des personnages possède la subtilité et la profondeur des œuvres du maître de l’horreur, et la filiation avec le matériau littéraire de base est cohérente, tout en posant les assises d’un scénario qui va se suffire à lui-même. L’histoire de ce jeune couple avec enfant est décrite de manière si naturelle qu’elle offre en fait une vision plus globale sur la notion élémentaire de famille. La période délicate que passe le couple, les rapports entre les trois membres de la famille sont écrits avec soin, et les problèmes auxquels ils sont confrontés sont terriblement humains.



Le scénario ne va pas dérouler une histoire construite mécaniquement en plusieurs actes, mais va imbriquer les sentiments et les problèmes personnels des protagonistes dans le récit plus central de ce terrible chien. Le mérite de cette construction en revient évidemment à Stephen King pour qui l’aspect psychologique joue toujours pour une grande part dans la création de la peur. Et le début du film avec le jeune Tad qui se précipite dans son lit en espérant que son monstre du placard ne sortira pas est un hommage véritablement sincère à la peur enfantine chère au King. La caméra de Lewis Teague capte la naissance de cette peur dans le regard de Tad, mais aussi dans cette porte de placard filmée avec une grande intensité. Dès le départ, Teague prouve qu’il est à l’aise dans le monde de Stephen King, et la suite va lui donner entièrement raison.
L’histoire finalement simpliste de Cujo se trouve donc agrémentée d’une dimension psychologique très satisfaisante, et Lewis teague va encore appliquer une vision à la fois apocalyptique et minimaliste au récit de ce siège mené par le saint-Bernard enragé. Ses cadrages sont pensés avec une grande intelligence, et la fluidité de sa mise en scène est impressionnante. Le fameux plan d’ensemble de la voiture qui recule pour pivoter et finir sur Cujo surveillant ses proies est d’une efficacité tout aussi redoutable que la plume de Stephen King, et Teague va filmer le calvaire de la mère et de son fils avec un sens aigu du réalisme. On pourrait croire qu’un film qui se passe pour la majeure partie dans une voiture va devenir lassant au bout d’un moment, mais le réalisateur multiplie les angles de vue et les méthodes de filmage pour arriver à un résultat cohérent qui va faire monter crescendo la tension. Loin d’un film tape-à-l’œil qui se serait contenté de montrer la vilaine bébête en action à intervalles réguliers, Teague ménage un suspense diablement efficace en variant les points de vue: celui, essentiel, de la mère, mais aussi celui de Cujo, qui confère définitivement une aura diabolique au redoutable chien.



Les plans de Cujo sont à la limite du fantastique dans le sens où il apparaît comme l’incarnation physique du monstre tant redouté par Tad. Ce n’est qu’un banal chien que la rage a rendu fou, mais c’est dans le réalisme même de la mise en scène (qui n’est pas sans rappeler La Colline à des Yeux d’Aja) que surgit cette dimension démoniaque. Comme si le fantastique était tapi dans l’ombre, pas directement visible, mais pourtant bien présent. Cette façon de filmer est évidemment en totale adéquation avec les thématiques de l’œuvre de Stephen King, et Cujo apparaît comme l’une des meilleures adaptations d’un de ces romans, pas moins. L’utilisation des arrières-plans est excellente, et donne à la fois de l’air tout en enfermant doublement Donna et Tad. Et la musique entêtante de Charles Bernstein faite d’innocence menacée est remarquable.
Les maquillages sont d’un réalisme saisissant, et les effets de la déshydratation sont choquants, surtout sur le petit garçon. Mais le réalisme des effets de la rage sur le saint-Bernard est tel que l’on se demande s’il n’est pas réellement malade. La vision de ce terrible chien est véritablement inquiétante, et les dresseurs ont dû s’en donner à coeur joie pour tourner ce film.
Cette histoire de chien enragé qui aurait pu être une banale série B est magnifiée par une mise en scène captivante et inventive qui fait de Cujo un sommet du film de suspense. Sale bête va…


mercredi 19 mars 2008

PUNISHER (MIKE ZECK, STEVEN GRANT, 1987)


Après sa première apparition très remarquée dans Amazing Spider-Man 129 datant de février 1974, le Punisher est intervenu dans diverses séries pendant une dizaine d‘années. Ce n’est qu’en 1986 qu’une mini consacrée directement au personnage voit le jour sous l’impulsion de Mike Zeck et Steven Grant. Ce récit en 5 épisodes est une sorte de coup d’essai, qui sera ensuite suivi par la série régulière en 1987.
Franck Castle est un ancien du Vietnam qui a repris une vie normale, avec sa femme et ses enfants. Mais un jour qu’ils pique-niquaient à Central Park, ils sont pris sous le feu croisé de deux gangs, et la famille est massacrée, à l’exception de Franck. Laissé pour mort, il n’aura plus alors qu’une seule idée en tête: la vengeance. La série débute alors que Castle est en plein dans sa croisade contre les criminels en tous genre, et la tuerie l’ayant transformé en vigilante est évoquée à intervalles réguliers. Le costume noir à tête de mort est vite devenu célèbre, et le symbolisme est simple et redoutablement efficace.
Castle se charge de traquer les violeurs, dealers, trafiquants d’armes, terroristes et autres vermines qui grouillent en Amérique. Ses méthodes expéditives tranchent avec les super-héros Marvel habituels, et le réalisme brut des situations met cette série aux antipodes d’un Spider-Man ou d’un X-Men. Ici, pas de superpouvoirs, mais un arsenal à faire pâlir tonton Heston. La cache du Punisher s’apparente à un surplus de l’armée, et l’ambiance est plus proche du polar et de l’espionnage que du spectaculaire. Chez le Punisher, pas de notions de fantastique ou de surnaturel, juste des flingues, de la testostérone et du sang. La filiation avec les anciens comics de guerre et d’espionnage comme Agent secret X-9 est très nette, et le Punisher perpétue en fait une tradition brutale en allant de plus en plus loin.



Car Franck ne fait pas dans la dentelle, et il explose sans remords ses adversaires. La série de départ n’atteint évidemment pas la densité de la dernière en date signée Garth Ennis qui est tout simplement excellente, mais les débuts du justicier solitaire sont néanmoins intéressants. Qu’il combatte un fanatique et sa secte, un détraqué qui met du cyanure dans des médocs, un clone de Charles Manson ou des terroristes musulmans, le Punisher varie bien ses cibles et offre un panel des pires salopards que la terre ait porté. Le côté extrémiste de ses méthodes est assumé et se trouve de temps à autre remis en question par l’intervention d’un tiers, comme Daredevil notamment qui tente de le remettre sur le droit chemin. Mais le Punisher est bourrin et rien ne pourra le faire changer, et c’est tant mieux pour cette série sans prétention mais efficace. La route sera longue jusqu’aux MAX de Garth Ennis, et l’anti-héros aura bien le temps de croiser un nombre incalculable de pervers et de fous de la gâchette en tous genres…


mardi 18 mars 2008

LA FUREUR DU JUSTE (ERIC KARSON, 1980)


Chuck est de retour, et cette fois-ci il va s’attaquer à une armée de ninjas mené par nul autre que son propre frère! Le pitch est savoureux, et le film aussi. Merci le double digipack édité par Fravidis, incluant Force One et La Fureur du Juste!
Légèrement supérieur à Force One, cette Fureur surfant sur celle du Dragon met en scène Scott James, sorte de justicier mi-texan mi-allemand à la moustache fournie et au pied leste. Comme dans la production précédente, Chuck Norris incarne un homme que le destin va confronter au Mal. Sauf qu’ici, il connaît son ennemi depuis toujours, ce qui pourrait même faire passer le film pour une tragédie grecque… Avec des ninjas! C’est bien connu le ninja est timide et aime s’entraîner loin de la bruyante civilisation. Alors quoi de mieux qu’un complexe en plein milieu du désert? C’est justement là que Chuck/Scott va tenter de s’infiltrer…
Mais l’intrigue écrite par Leigh Chapman (une femme pour la petite info!) va mêler femme manipulatrice, mercenaires sans scrupules (avec Lee Van Cleef en chef!), dialogues savoureux et partenaire benêt. Des flashbacks vont ponctuer le récit afin de lui apporter une certaine consistance, et le tout est emballé par le faiseur Eric Karson qui signera encore une poignée d’œuvres aux noms évocateurs comme Le Camp de l’Enfer ou Black Eagle-l’Arme absolue (avec JCVD!). Un produit calibré et de bonne facture, qui permet de mettre en avant les prouesses de Chuck, qui donnait encore bien de la tatane à l’époque. A ce titre la dernière séquence très jeu vidéo voit un héros aux prises avec des dizaines d’adversaires, tout en passant d’un lieu à l’autre jusqu’à atteindre le boss de fin de niveau. C’est sympa, ça se prend bien au sérieux tout en se tirant dans les pattes avec les incohérences scénaristiques, et c’est pourquoi on aimera toujours voir des nanars!



Les quelques plus à noter dans ce film: tout d’abord, l’utilisation d’une voix off très drôle (à voir en VF évidemment!) avec un Chuck qui réfléchit, et en même temps limite schizophrène. Un procédé censé apporter plus de profondeur au personnage donc, mais les chuchotements intérieurs de Chuck sont absurdes comme on les aime. La musique est une composante plutôt agréable avec ses sonorités old school, ce qui était aussi le cas dans Force One. Une ambiance cool correspondant au personnage quoi! Ensuite, un Chuck qui ne drague pas n’est pas un vrai héros, et le coup de la panne de la demoiselle sera évidemment gratifié d’une phrase culte du karatéka moustachu: « Ah j’peux peut-être venir me mettre derrière vous et vous poussez, à condition que les pare-chocs soient à la même hauteur. » Si c’est pas une proposition subtile ça!
Bref encore une réussite dans le monde du nanar et du film d’action, et cette première période de Chuck vaut le coup d’y jeter un œil. Sans jeu de mot avec Œil pour Œil évidemment…


dimanche 16 mars 2008

MR 73 (OLIVIER MARCHAL, 2008)



Sorti le 12 mars 2008

Révélé par son très bon polar 36 Quai des Orfèvres, Olivier Marchal boucle son triptyque 6 ans après son premier long, Gangsters. MR 73 reste dans la lignée du polar réaliste tendance suffocante, et avec son personnage de flic totalement désabusé et dépressif, Marchal tente de retrouver le souffle éperdu des polars d‘antan. Mais après la réussite de 36 Quai des Orfèvres, ce nouvel opus vacille pourtant dans son objectif.
En offrant le rôle de Louis à un Daniel Auteuil très Actor’s Studio, Marchal trouve un interprète de choix dont la performance est pourtant à double tranchant. En plongeant dans la personnalité de ce anti-héros total, Auteuil livre une composition marquée et dense, mais qui se retrouve progressivement plombée par la perpétuelle répétition des séquences. Marchal a voulu avec ce film montrer dans quel gouffre peut se retrouver un flic- ou de manière plus large un homme- brisé et en quête de rédemption. Mais l’aspect dépressif du film, tout en servant évidemment le propos du cinéaste, va diluer l’enquête proprement dite dans une étude psychologique destinée à marquer l’obsession de ce flic et ses luttes intérieures. Alcoolique, solitaire, Louis n’est plus qu’une ombre se faufilant dans les locaux de la police, et pétant un plomb de temps en temps.



Le point de départ du serial killer opérant à Marseille avait de quoi attiser l’intérêt du spectateur, et la photographie crépusculaire de Denis Rouden marquait bien la volonté de revenir aux sources du polar français des années 70 à la Verneuil. Mais ce qui apparaissait comme partie intégrante de l’histoire et comme une composante essentielle de 36 se découvre peu à peu comme un élément purement mécanique, et l’imagerie sombre devient un exercice de style à la fois beau et neutre. L’histoire se perdant dans les méandres de l’âme de Louis, tout l ’aspect visuel du film s’en ressent. MR 73 ne réussit donc pas à réitérer l’exploit de son prédécesseur et se pose comme un film d’ambiance pas inintéressant, mais amoindri par son parti-pris.



L’envie de se retrouver face à un polar pur et dur à la 36 est évidemment déçue, mais même après avoir accepté cette bifurcation dans la narration, MR 73 laisse quand même un goût d’inachevé. Le montage parallèle de la fin achève de sombrer dans un symbolisme pas très léger et confirmant l’orientation plus auteurisante que sensitive du film. La composition des images sous la pluie montre bien la limite du procédé, qui tend au ridicule à force de répétition et à cause du symbolisme plombant qu'il véhicule. Un virage que Marchal a entamé avec une conviction et une envie qui ne font aucun doute, mais qui laisseront probablement plus d’un spectateur sur leur faim.
MR 73 ne possède donc pas l’aplomb et le caractère de son frère aîné, et la déception cède la place à l’intérêt que pouvait avoir ce récit. Ce qui est bien dommage au vu des prestations de Philippe Nahon, dans son rôle fétiche de tueur psychopathe, mais également de Catherine Marchal (la femme du cinéaste), dont la composition marquante donne à son personnage de femme flic prise entre deux feux une dimension à la fois touchante et retenue.

samedi 15 mars 2008

FORCE ONE (PAUL AARON, 1979)


Vous connaissez sûrement Chuck Norris comme le rédempteur républicain qui vient vous secouer (pas trop violemment) à l’heure de la sieste le dimanche après-midi sur TF1. Mais le Texas Ranger dénommé Walker était bien sûr une star du cinéma dans les glorieuses 80’s, et vous n’avez probablement pas pu échapper aux multiples rediffusions d’Invasion USA ou Delta Force 2 à l‘époque (tiens, sur TF1...). Mais loin de ces titres qui l’ont hissé au sommet, Chuck a connu une période plus obscure mais tout aussi intéressante; c’est la période moustache, où il combattait le crime sous toutes ses formes avec un physique à faire pâlir un teuton pure souche. La coupe Playmobil et la moustache blonde, il en a fait tomber plus d’une le salaud!



Que ceux qui se plaignent du schéma archétypal de tous ses films apprennent à saisir toutes les nuances annexes à l’intrigue de base. Bien sûr que Chuck est le champion du monde de karaté et/ou un soldat d’élite et/ou un flic tenace et incorruptible, et qu’il va botter le cul sévère à tous les trafiquants de drogue, proxénètes, psychopathes et politiciens véreux. C’est qu’il a la justice dans le sang Chuck, et ça depuis sa dernière épilation administrée par Bruce Lee dans La Fureur du Dragon. Mais le classicisme de son œuvre (d’aucun diront le vide, mais je ne les suivrai pas!) recèle des perles intenses et inattendues, notamment dans les dialogues. Alors même si vous devez vous taper un Chuck, vous pouvez être sûr qu’à un moment, entre le tabassage du dealer du coin et votre retour des chiottes après un pack de bière, vous tomberez immanquablement sur un moment complètement « Chuck Norris ». Un exemple dans ce Force One avec le jeu de mot ultime du maître, qui parle d’une jolie policière qui ne lui est pas indifférent: parlant d’elle à une collègue (secrètement amoureuse de Chuck bien évidemment), il lui dit « Elle fait honneur à la police, et ma parole d’honneur elle a la peau lisse! ». Tout le charme et la délicatesse de Chuck condensé en une phrase emplie d’une poésie d’un autre âge...




Car Chuck ne fait pas que mettre ses pieds dans la gueule, il drague sec aussi. Et sa méthode éprouvée à base de testostérone et de moustache fonctionne à tous les coups! C’est ainsi qu’il flirte gentiment avec la policière tout en menant son enquête sur un trafic de drogue. Les hommes aimeraient ressembler à Chuck, et les femmes aimeraient que leurs homme ressemblent à Chuck. Un succès sans limite pour un homme modeste qui aime à s’entraîner dans l’odeur âcre de transpiration d’une bonne salle de sport à l’ancienne. Parce qu’il est quand même champion du monde dans le film, et qu’il va affronter son ami dans un combat pour le titre.
Entre combats mous et quelques prouesses physiques quand même, Force One reste dans la droite ligne des films d’action de l’époque, et l’absurdité des situations additionnée à l’originalité des dialogues fait de ce film un bon Chuck.
En prônant des valeurs humanistes (le sport comme ouverture d’esprit, et la séquence avec les jeunes vaut le coup d’œil!) et une vie simple et belle, Chuck se la joue cool et lover. Mais quand sa famille est mise en danger, alors le justicier se réveille, et le David Douillet se transforme en Punisher! Ha, on les avait prévenus ces cons qu’il ne fallait pas jouer avec Chuck! Ils n’ont plus qu’à en subir les conséquences…

Un dernier conseil si vous avez envie de vous tordre de rire: allez sur Chuck Norris facts-fr…

vendredi 14 mars 2008

TENACIOUS D IN THE PICK OF DESTINY (LIAM LYNCH, 2006)


L’aventure cinématographique du groupe de rock Tenacious D n’est que la continuité logique d’une carrière déjà remplie. Il faut savoir que ce groupe composé de Jack Black et Kyle Gass existait bien avant le film, et est un véritable duo qui balance un rock bien senti dans un esprit loufoque totalement assumé. Après leur émission sur HBO et des premières parties pour Beck ou Pearl Jam, les deux compères ont donc décidé d’adapter sur grand écran là genèse formidable et ô combien épique du « meilleur groupe du monde »…
Après une minuscule apparition dans la comédie totalement inconnu Bio-Dome, Tenacious D in the Pick of Destiny va être la consécration. Réalisé par le musicos et clippeur Liam Lynch, ce film va perpétuer la notion d’absurdité chère au duo. L’excellent Jack Black est connu pour ses rôles à la fois délirants et attachants, et il ne déroge pas à la règle avec son personnage de JB aussi naïf que déterminé à devenir une star internationale du rock. Son partenaire KG interprété par Kyle Gass est une sorte de loser pathétique qui n’en deviendra pas moins attachant lui aussi.
En fait, on est embarqué dans une sorte de trip à la Wayne’s World fait d’hommages complètements sincères au genre musical, et doté d’un humour potache du meilleur goût. Les deux lascars vont poursuivre la quête du Pick of Destiny, le Médiator du Destin. L’histoire de cet objet mythique est bien délirante, et est racontée par un Ben Stiller hilarant et totalement allumé! Je lui laisserai donc le soin de vous la raconter, ça vaut largement le détour…



Tenacious D in the Pick of Destiny est l’exemple parfait du film de potes réussis, où les apparitions d’acteurs connus (Tim Robbins dans un rôle assez surprenant!) s’enchaînent efficacement et contribuent au bon fonctionnement de l’histoire. Sous ses apparences bordéliques et rock’n’roll, ce film est en fait très construit et permet de développer des thématiques précises, tout en conservant son côté déjanté. Le chapitrage des séquences sert évidemment ce propos, et avec des titres comme l’apprentissage ou la brouille, intègre les notions d’amitié, d’honneur ou encore de fraternité qui vont jalonner le film. Un humanisme touchant, évidemment secondé par un humour bien bourrin qui évite de verser quelques larmes…
Tenacious D in the Pick of Destiny multiplie les séquences portnawak, dont une scène onirique où Jack Black sous champignons croise le sasquatch dans une forêt féerique. Cette scène hilarante vaudrait à elle toute seule le visionnage de ce film, et la prestation de John C. Reilly dans la peau de la bête est tout simplement géniale! Un de ces moments de pur bonheur débile comme on les aime tant!



Il faut également noter la formidable interprétation de Mason Knight, qui joue JB jeune. Du haut de ses 12 ans (il est né l’année de la formation du groupe d’ailleurs!), il dégage une putain d’énergie et son jeu outré colle parfaitement à ce personnage frustré de ne pas pouvoir laisser exprimer sa rage au sein d’une famille ultra-catholique. La ressemblance physique avec Jack Black est elle aussi hallucinante!
Sous couvert d’un bon gros trip musical sur fond de lutte contre le mal (voir le final fracassant!), Jack Black et Kyle Gass signent un film bourré d’énergie qui devrait ravir même ceux qui ne connaissent pas grand-chose à la musique (la preuve, ça m’a plu!).


jeudi 13 mars 2008

GHOST RIDER (HOWARD MACKIE, JAVIER SALTARES, 1990)


Oubliez la purge avec Nicolas Cage, Ghost Rider vaut bien mieux que ça! Dans cette série démarrée en 1990 et qui voit la seconde incarnation du Rider bruler le bitume, Howard Mackie et Javier Saltares (respectivement à l’écriture et au dessin) dépoussièrent le mythe en l’ancrant dans une veine plus réaliste et sombre que la première série. Après Johnny Blaze (le personnage du cascadeur si naze dans le film), c’est le jeune Danny Ketch qui s’y colle et qui endosse l’apparence du démon vengeur.
Johnny Blaze a hébergé l’esprit de Zarathos pendant 10 ans, de 1973 à 1983. Ce n’est que 7 ans après que Danny Ketch le fera à nouveau sortir du néant. Cette seconde série (si l’on excepte la version très westernienne intitulée Phantom Rider ou Ghost Rider, et qui voyait un vengeur masqué tout de blanc vêtu parcourir les vastes plaines sur son cheval) propose une vision macabre et enténébrée qui n’est pas sans évoquer les EC Comics d’antan. Le personnage avec sa tête de mort est impressionnant, et ouvre la voie à des récits centrés sur des exécutions et des massacres, le tout en plongeant le lecteur dans une ambiance tendance policière mâtinée d’un soupçon de surnaturel. Howard Mackie évoque tour à tour la misère sociale, les psychopathes qui oeuvrent dans les rues glauques de NY, les trafiquants de drogue… On est finalement assez proche dans les thématiques d’un Punisher, et ce n’est pas un hasard si celui-ci fait momentanément équipe avec Ghost Rider.
Le dessin de Saltares joue évidemment sur les ombres afin de renforcer l’aura maléfique qui sous-tend la série, due notamment aux personnages irrécupérables de Blackout ou l‘Epouvantail, aussi fêlés que sanguinaires. Ghost Rider les affronte dans des combats relativement bourrins, et l’imagerie gothique et résolument désespérée est la marque de fabrique de la série. Son lot de morts, et même des proches de Danny, va le vouer à poursuivre le but de Ghost Rider et d’éradiquer le mal qui gangrène la cité.



Même s’il est empreint d’une certaine naïveté et d’une vision unilatérale (il ne parle que de venger le sang innocent), l’intérêt de ce Ghost Rider nouvelle version est dans l’interaction entre le démon Zarathos et le jeune Danny, qui subit les transformations plus qu’il ne les provoque. C’est afin d’échapper à une bande de tueurs qu’il se transforme après avoir été guidé vers une vieille moto enfouie dans une décharge. Et ses futures transformations se feront lorsque le démon en ressentira le besoin. Danny se pose en fait comme un réceptacle pour Zarathos, qui use de son corps afin d’investir le monde des vivants. Un cas typique de possession donc, mais Danny semble avoir une influence sur le comportement du démon, qui était quand même à l’origine aussi redoutable et cruel que Méphisto
Ambiance veste cloutée et bécane de feu donc pour ce comics aux influences rock’n’roll évidentes, et qui met en avant une figure typique du Mal chargée de faire le Bien. Un paradoxe intéressant que va devoir assumer Danny Ketch, tiraillé entre sa vie personnelle et son devoir (un peu comme Spidey et tous les autres finalement…). Ce Ghost Rider sans Johnny Blaze (pour l’instant…) se veut une relecture plus radicale de la série de 1972. Et les secrets du Ghost ne sont pas encore tous révélés…


mardi 11 mars 2008

CAGE (LANG ELLIOTT, 1989)


Cage fait partie de ces films aperçu dans les pages d’un magazine ou entrevu sur le rayonnage d’un vidéoclub poussiéreux, mais que je n’ai jamais réussi à voir. Au fil du temps, ces films acquièrent une aura particulière faite de fantasmes cinéphiliques et d’espoirs conservés. C’était l’ère de la VHS à rembobiner, et ce qui était ringard à l’époque est bien en passe de devenir collector… Et après toutes ces années, j’ai enfin atteint mon but.
L’attrait majeur du film résidait évidemment dans les combats à morts situés sur un ring scellé par une immense cage d’acier. Le choc de la mise à mort, les références avouées à la WWF, tout concourrait pour faire de Cage un prétendant au titre de film d’action ultime (j’avais 10 ans à l’époque des faits, je précise). Le second élément incontournable du film était la présence de Lou « Hulk » Ferrigno, aussi balaise qu’une montagne à côté de moi tout chétif. L’impressionnant colosse me fascinait déjà dans la série dédiée au géant vert, et l’imaginer être encore plus violent était à peine concevable. Le temps a filé, les VHS se sont faites plus rares, et Cage avait presque été oublié. Jusqu’à ce que je tombe dessus chez Reb Brown (pas le vrai, celui de Gérardmer). Après une année passée à repousser le visionnage de ce Graal pour cause de Clash of the Ninjas, Forest Warrior et autre Robowar, le moment est enfin venu d’assister à ce spectacle. Lou Ferrigno rencontre Reb Brown (le seul, l’unique).


Cage date de 1989, et possède encore l’esprit too much des actioner d’antan. Schwarzie et Sly sont encore dans le coup, et l’absence de scénario travaillé ne pose pas encore trop de problèmes. Ferrigno et Brown incarnent deux vétérans du Vietnam qui tiennent un restaurant tranquille et se remettent de leur expérience. Difficilement pour Ferrigno qui en est ressorti amoindri psychologiquement après s’être fait tirer dessus. Respectivement nommés Billy Thomas et Scott Monroe, les deux gaillards vont se retrouver mêlés à des affaires louches sur fond de combats clandestins, avec les communautés italienne, asiatique et latino sur le dos. Un bordel monstre qui va obliger Billy à remonter sur le ring.


Après les présentations des personnages dans une veine très gay friendly du plus bel effet comique (les tapes dans le dos, les sourires super-amicaux et les dialogues naïfs sont très drôles), le film peine à trouver son rythme de croisière. Pourtant, quelques séquences bienvenues égayent le métrage, notamment une descente musclée dans le repaire des Latinos par un Reb Brown en mode vigilante, fusil à pompe et air de Dolph Lundgren à l’appui. Mais l’attente principale (LA CAGE!) est souvent repoussée, et les 2-3 combats auxquels on peut enfin assister ne suffisent pas à apaiser mon désir de geek. Les combats sont plutôt de bonne facture, bien bourrins et violents, mais il n’y en a tout simplement pas assez pour un film dont le principe repose dessus. Et c’est bien dommage, car si on enlevait les quelques longueurs dialoguées et qu’on accentuait les scènes de baston, on pourrait être devant un B bien gaulé à voir avec des chips ou une pizza. En l’état, la déception est quand même présente, même si de bonnes surprises arrivent.
C’est le cas avec le personnage de Tiger Joe, joué par l’inusable et incontournable Al Leong , celui-là même qui jouait le bad guy dans TOUTES les séries 80’s (Pour l’Amour du Risque, K2000, Magnum, l’Homme qui tombe à pic, l’Agence tous Risques et j’en passe), et qui électrocutait Martin Riggs dans L’Arme fatale. Et oui, vous le connaissez tous ce moustachu au yeux bridés et aux cheveux long! Ou encore Danny Trejo dans un de ces premiers rôles, et qui pour la peine n’est même pas crédité au générique! Lui aussi vous le connaissez, ce latino buriné à la moustache et aux cheveux longs révélé dans le Desperado de Rodriguez dans LE rôle de sa carrière, Machete (qui devrait trouver la consécration dans l’oeuvre éponyme que lui vouera Rodriguez cette année si tout va bien)!
Quelques émotions quand même donc, malgré la déception de l’ensemble. Mais bon, pour trouver des pépites il faut parfois passer par des oeuvres non dégrossies…

dimanche 9 mars 2008

LES SIMPSON LE FILM (DAVID SILVERMAN, 2007)


18 années se sont écoulées depuis la première apparition des Simpson sur la chaîne américaine Fox, en décembre 1989. Cette série connaîtra rapidement un énorme succès, et le créateur Matt Groening et son équipe de scénaristes vont donner toutes ses lettres de noblesse à la famille la plus allumée d’Amérique. Et pour ce long métrage réalisé par David Silverman (qui a travaillé pendant 10 ans sur la série), Groening a employé la quasi-totalité de son cheptel puisque pas moins de 11 scénaristes ont œuvrés afin de créer ce film. C’est pas loin d’être un record on dirait…



Les Simpson le film s’intègre parfaitement dans l’univers connu des habitants de Springfield, et plonge le spectateur dans une intrigue absurde au possible, et comme à chaque fois, révélatrice de vérités bien profondes sur la nature humaine. Mais en prenant comme exemple la famille Simpson, le pathos est balancé bien loin et laisse le champ libre à l’humour. Avec 11 scénaristes sur le coup, on est en droit de s’attendre à un festival de gags et à des dizaines de fous rires. Pourtant, sous ses airs enjoués, ce long métrage laisse un léger goût d’inachevé, comme si le passage sur grand écran avait quelque peu effrayé les instigateurs du projet. Ce film est sympathique et réussi, mais il manque un petit quelque chose pour lui assurer une atmosphère semblable à celle qui existe dans les épisodes télé. L’aventure cinéma se devait d’être grandiose, et l’on se retrouve devant un épisode d’1h 23 qui nous permet de retrouver une grande partie des habitants de Springfield. Alors le plaisir est toujours là, mais il manque un grain de folie supplémentaire afin de faire décoller vraiment le morceau et de passer à la vitesse supérieure.


Les Simpson le film apparaît comme une extension classique de la série, mais qui a perdu un peu de la saveur originelle. En soi, le film reste un honnête divertissement où l’on ne s’ennuie pas, mais la différence avec la série est flagrante. Il s’agit surtout d’une question de rythme, puisque le format de 22 minutes colle beaucoup plus à ces aventures déjantées en offrant une dynamique plus puissante. Au vu de la qualité exceptionnelle de la série, on était en droit de s’attendre à un spectacle un peu plus fou.
Mais ce film reste amusant, et est parsemé de séquences bien drôles, notamment la traversée de Bart à poil sur son skate, qui est menée avec beaucoup d’intelligence par les scénaristes et les dessinateurs, et qui fait bien référence à un certain Austin PowersLes Simpson le film offre des idées intéressantes qui remettent les fondements de la série en question, et la plus importante est la relation paternelle qui s’instaure entre Ned Flanders et Bart Simpson. A la fois émouvante et drôle, cette entente est un événement incroyable, et est très riche scénaristiquement parlant. L’idée de départ d’enfermer la ville de Springfield sous un dôme (qui a dit Highlander 2?) afin de contenir la pollution augmentée par l’inimitable Homer Simpson est bien trouvée, et l’opposition entre la famille et tous les habitants de la ville est plutôt réussie.
Sans être l’épisode super délirant et génial que l’on pouvait attendre, Les Simpson le film s’avère intelligent et drôle, en questionnant toujours de façon détournée la conscience d’une Amérique se repliant sur elle-même, et notamment en ce qui concerne la pollution, sujet majeur de ce film. Avec Green Day comme premières victimes de la pollution du lac, le message est fort… Homer, Bart, Marge, Lisa, Maggie et les autres ont encore de beaux jours devant eux…