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salem center: 2008

jeudi 25 septembre 2008

PUTAIN D’USINE (JEAN-PIERRE LEVARAY, EFIX, 2007)



La genèse de cette BD est particulière, puisqu’elle est l’adaptation du roman éponyme de Jean-Pierre Levaray, qui l’avait écrit pour exorciser ses propres démons, étant lui-même ouvrier de fabrication depuis 30 ans. Le roman publié en 2002 racontait ses mésaventures et plus généralement la difficile condition de salarié, avec tout ce qu’elle a de monotone et de répétitif. C’est lors d’une manifestation littéraire que Jean-Pierre Levaray fait une rencontre déterminante en la personne d’Olivier Petit, qui lui propose de transposer l’action du roman dans les cases d’une BD. Olivier Petit cherche la personne idéale parmi ses dessinateurs, et c’est à partir de là qu’Efix va rencontrer Levaray.
Les deux hommes semblent sur la même longueur d’ondes, et le projet peut être lancé. La production a pris plusieurs années, Efix testant plusieurs styles avant d’opter pour un noir et blanc cru collant parfaitement à l’ambiance que souhaite donner Levaray.


Putain d’Usine est un récit à la fois très personnel, mais il revêt également un caractère universel évident. Tous ceux qui sont passés par les chaînes de production, que ce soit en job d’été ou en tant que salarié, retrouveront l’atmosphère oppressante de ces immenses ventres noirs qui engloutissent les hommes pour les relâcher après les avoir essorés pendant des heures. C’est au concept même de taylorisme que l’auteur s’attaque, celui qui vous réduit à l’état de machine pendant toute une vie, un simple rouage destiné à assouvir les besoins d’une production exponentielle et infernale.
L’usine, c’est l’enfer, dans lequel les ouvriers tentent de se serrer les coudes comme ils peuvent, et où le danger guette à chaque coin. La visualisation que fait Efix des cauchemars de Levaray est très réussie, et les peurs nocturnes rejoignent celles qui nous happaient durant notre enfance. La peur du noir, la peur de ce qui se cache dans cette immensité , tout cela est très bien rendu par un graphisme fort et une atmosphère tranchée.


Le découpage est composé de nombreuses séquences courtes, allant de la grève à l’apéro, en passant par l’angoisse d’aller au travail, les accidents, etc… Levaray fait un tour complet de ce qui se passe dans une usine, mettant en évidence le conditionnement qu’elle a sur les individus, tant d’un point de vue individuel que social. L’usine esquinte, que ce soit à cause des produits toxiques, des presses destructrices ou de la déchéance de l’esprit humain qu’elle provoque.
Levaray prend bien sûr position pour les ouvriers qui se trouvent tout en bas de l’échelle, et il est vrai que le combat mené contre le patronat est bien manichéen. Mais même si cet aspect-là semble parfois exagéré, il tient bien compte du ressenti des ouvriers, et il souligne bien les multiples problèmes auxquels ils sont confrontés chaque jour, que ce soit en période de négociations salariales ou de délocalisations. La période est très dure, et c’est toujours les plus petits qui trinquent en premier. De ce point de vue, il est aisé de comprendre les ressentiments de Jean-Pierre Levaray.
Mais la force de ce bouquin, c’est que tout ces aspects négatifs sont expliqués avec beaucoup de philosophie, et l’auteur parvient à déceler de la beauté même dans cet enfer.

mercredi 24 septembre 2008

TWIN PEAKS (MARK FROST, DAVID LYNCH, 1990)




C’est en 1990 que cette série qui allait marquer l’histoire télévisuelle débarque sur le petit écran. C’est juste après Sailor et Lula que David Lynch tente l’aventure feuilletonesque avec la complicité de Mark Frost.
Résolument hors norme, cette série est d’une intelligence rare et bénéficie d’une ambiance particulière et totalement atypique. L’immersion dans la ville de Twin Peaks nichée à flanc de montagne dans le nord américain est immédiate et irréversible. L’écriture à 4 mains de Frost et Lynch est d’une limpidité et d’une complexité géniales, offrant au spectateur des dizaines de personnages denses et uniques qui vont s’entrecroiser le temps de 2 saisons et 29 épisodes.
Le leitmotiv de Twin Peaks va être l’enquête sur la mort de Laura Palmer, figure emblématique et puissante qui marque les lieux de son aura mystérieuse. Tantôt fuyante, tantôt légèrement dévoilée, Laura Palmer est à la fois le nœud de l’intrigue et celle qui va relier tous ces personnages étranges dans un maelström d’intrigues secondaires. Sa mort lui donne une dimension mythique, et les découvertes progressives sur sa vie ne vont faire qu’accentuer cette impression.


Pour venir à bout de cette enquête, un inspecteur du FBI est dépêché sur les lieux, et quel inspecteur! Il s’agit de Dale Cooper, personnage complètement iconoclaste et pourvu d’un sens du détail qui ferait passer Sherlock Holmes pour un gamin attardé! Personnifié par un Kyle MacLachlan flirtant avec le génie, l’agent Cooper est un personnage fascinant et imprévisible, et il va rapidement être à l’aise dans cette ville si particulière…
Le travail de Frost et Lynch ne repose pas uniquement sur les personnages et les intrigues multiples, mais il se fait aussi au niveau de l’atmosphère intense qui plane sur cette ville. Twin Peaks est une vieille ville plantée en plein milieu de la nature, et sa position même lui donne des airs presque fantastiques. Les visions crépusculaires de cette ville touchent littéralement à l’inconscient (procédé déjà éprouvé par Lynch sur Eraserhead, et finalement dans tous ses films!), et les émotions qu’elles procurent sont d’une intensité rare. Les plans d’un carrefour désert, la caméra qui s’attarde sur les boiseries de l’hôtel, le lent panoramique sur la cascade locale… Tout semble sorti tout droit d'une rêverie étrange, et la conception même de cette histoire semble issue d’une autre réalité. A aucun moment on ne sent l’auteur qui écrit son récit, mais chaque geste, chaque parole, chaque situation surgit avec une vie qui lui est propre. C’est vraiment unique, et les épisodes se suivent avec un intérêt qui ne se dément jamais.


La galerie de personnages recoupe des femmes bafouées, des parents endeuillés, des liaisons secrètes, des manipulations… Le calme qui existe à Twin Peaks est fragile, et cache quelque chose de sourd et opaque, une chape de mystère dans laquelle les habitants évoluent sans le savoir. Comme si les lieux étaient plus forts que leurs propres volontés, et que tous ces destins ne pouvaient exister qu’ici…
Avec un pilote et 8 épisodes, Mark Frost et David Lynch entament une aventure passionnante qui se poursuivra dans une ultime saison constituée de 21 épisodes. Une disposition bancale, mais en adéquation totale avec le ton de la série et ses intrigues surprenantes. Il est très rare qu’une série aussi courte marque autant les esprits, mais si vous n’avez jamais mis les pieds dans cette petite ville si tranquille, je vous conseille de vous y rendre sans plus attendre, vous allez vite comprendre ce qu’elle a d’adictif!

LA PORN DEMO DE RAMOU RAMIREZ (SHYSTRAK 1/2, 2008)



Ramou Ramirez est une sex star élevée dès son plus jeune âge au sein de Brigitte Lahaie et des écuries Marc Dorcel. Sa passion pour la bonne chair s’est installée tout naturellement, au gré de ses premiers émois et de ses nombreuses aventures… Ramou Ramirez est une icône de la porn attitude actuelle, et il nous fait aujourd’hui l’insigne honneur de nous dévoiler sa fameuse porn démo tant attendue, où il va nous livrer quelques-uns des secrets de son succès…
Nous suivons donc ses échauffements, ses prises de position parfois risquées et surtout, nous sommes face à un homme qui aime son métier et qui aime partager sa passion. Ramou donne de sa personne sans compter, et c’est ce qui fait le charme de cet acteur que l’on croyait inaccessible. Mais attention, cela ne signifie pas qu’il acceptera de coucher avec vous sans réfléchir! Ramou a un corps, mais il a aussi un cœur bien monté…
Je vous conseille donc vivement d’aller sur Airmole blog consulter cette vidéo bien délirante signée Shystrak 1/2 pour le collectif Kuryakin. Mais prévoyez quand même des mouchoirs propres!


http://www.airmole-blog.com/

mardi 23 septembre 2008

NOUS PENSONS POUR VOUS (PIERRE TROESTLER, 2008)




Le cinéma local se porte plutôt bien dans la région mulhousienne, la preuve avec ce court métrage signé Pierre Troestler qui déroule un récit dramatique et inquiétant. Tourné sous la double bannière de La Compagnie des Foulosophes et des Productions Atmosphère, ce film de 7 minutes suit la déprime d’un homme se retrouvant seul après le départ de sa femme. Mais là où on aurait pu s’attendre à un énième film lacrymal qui se contenterait de filmer la douleur (procédé très apprécié des films dits d’auteur…), Pierre Troestler opère un virage progressif vers une atmosphère plus étrange…
Je ne vous en dirai pas plus sur le récit, mais il faut également noter l’attention portée à la réalisation; le choix des cadrages désaxés n’est pas fait arbitrairement comme on le voit souvent pour donner un côté fun, mais il s’agit ici d’une véritable volonté de dramatisation qui découpe les personnages pour créer une réelle inquiétude. La situation dérive vers l’inconnu avec un personnage particulier, et la mise en scène souligne ce glissement inquiétant en filmant la personne de part en part, utilisant des inserts (la bouche, la main, etc…), comme pour signifier la complexité d’un homme dont on ne connaît pas les motivations profondes.


Nous pensons pour vous est une petite réussite formelle et narrative, qui augure de la bonne vitalité du cinéma artisanal. Le casting composé de Jean-Philippe Aurore dans le rôle principal et de Pierre Troestler himself dans celui d’un gars bien étrange donne cette dimension de menace sourde qui plane sur le film. Le reste du casting est composé de Stéphanie Vinh, Pamela Ritter, Emilie Rivière, Eric Simon, Paulette Troestler et du petit Pierre Bao Troestler! D’ailleurs il n’y a pas que le réalisateur qui multiplie les casquettes, puisque Eric Simon est aussi le cadreur et le monteur du film! Et enfin, Anne Motteau est l’ingénieur du son de ce court métrage. N’hésitez pas à aller faire un tour sur le blog de l'auteur!





COULEUR DE PEAU: MIEL (JUNG, 2007)


Jung n’est pas un auteur allemand, mais il est natif de Corée du Sud, et son œuvre Couleur de Peau: Miel est un récit autobiographique traitant d’adoption et de diversités culturelles. Et là, je vous vois déjà en train de vous dire « on va zapper ça, ça a l’air chiant. » Mais sous cette « intrigue » d’apparence rébarbative se cache un véritable récit drôle et empli d’émotion, dans lequel l’auteur narre les aventures du petit garçon qu’il était avec un naturel et un optimisme surprenants.
Couleur de Peau: Miel suit le petit Jung de son orphelinat en Corée du Sud jusqu’à son adoption en Belgique, et le récit est ponctué de petites anecdotes à l’humour très efficace, qui éloigne tout misérabilisme et toute sensation de pitié pour la vie de ce petit Coréen. En se basant sur des statistiques réelles comme le pourcentage d’adoptions des Coréens à travers le monde, où le nombre de victimes de la guerre de Corée, Jung replace son histoire éminemment personnelle dans un contexte qui le dépasse et qui a fait de lui ce qu’il est devenu. En suivant le récit de ce petit bonhomme et en l’entrecoupant avec ces données froides et irréductibles, on prend conscience de la multiplicité des possibles, et que Jung n’est qu’une seule vie parmi tous ces déracinés. On sent clairement en-dessous de ce récit les milliers d’autres qui existent, et la filiation avec tous ces orphelins est d’ailleurs bien ressentie par le petit homme.
Toute l’intelligence de l’auteur réside dans sa franchise, qui n’a pas dû être évidente de prime abord, mais il se livre entièrement en prenant soin d’être le plus juste possible. Pas forcément au niveau de la réalité des faits, mais surtout dans la véracité des émotions et des sensations. Les exemples sont nombreux, et le petit Jung qui fait semblant de dormir sur les genoux de sa tante pour rester collé à sa peau douce voit une résonance très poétique avec le dessin suivant qui le voit dans la même position sur un nuage tout moelleux. Il y a une naïveté très enfantine dans ce récit, mais elle n'est absolument pas niaise. Au contraire, elle participe activement à donner une dimension vivante et optimiste, et l’auteur parvient avec une aisance confondante à se replacer dans sa position passée de petit garçon. Les souvenirs vivaces qu’il a accumulé se suivent joyeusement, et même les moments qui semblent mener vers un pathos inévitable sont détournés au dernier moment par une pirouette humoristique et une joie de vivre que l’on n’attendait pas.


Couleur de Peau: Miel est l’exemple parfait de l’autobiographie réussie, convoquant autant la réalité que les espoirs et les rêves, faisant de ce mélange un récit virevoltant et empli de bonne humeur. Qu’il s’agisse de la vision d’un enfant fouillant dans les poubelles, de l’explication de la scission entre la Corée du Nord et du Sud ou encore de la crise identitaire crée par l’adoption, tous ces thèmes graves sont traités avec une approche réellement intelligente et une clarté toute enfantine. En se replaçant à la hauteur de l’enfant qu’il a été, il dit les choses simplement et comme il les avait ressenti à l’époque.
Ce récit est suivi d’un deuxième tome sorti en juin 2008. A suivre avec beaucoup d’intérêt…

lundi 22 septembre 2008

TRISTES UTOPIQUES (PATRICK LACAN, 2007)



L’exemple typique de la BD contestataire fustigeant le pouvoir en utilisant un humour d’un mauvais goût plus que douteux. Patrick Lacan signe des saynètes qui se veulent représentatives d’une certaine dérive politique et sociale, ce qui n’est pas inexact en soi. Mais la forme est tellement lourde que cette œuvre produit l’effet inverse de ce qu’elle souhaitait démontrer, et ne parvient pas à offrir un regard novateur ni d’émotions véridiques.
Prenons la première scène, qui voit l’assemblée nationale transformée en ring de boxe où les ministres s’affrontent afin de récupérer le budget alloué à l’année. La caricature est certaine, mais elle est tout simplement frontale et ne se préoccupe pas de subtilité. C’est simplement la représentation exacerbée de l’auteur présentée telle quelle, et sans véritable humour.
Les passages sur la surpopulation font évidemment penser à Ballard, et nous font immédiatement regretter l’absence d’épaisseur caractérisant ces bandes. Même si Lacan expédie ses problématique en trois-quatre pages, la forme est trop peu travaillée pour permettre une appréciation correcte du message qu’il véhicule. Son humour noir tombe systématiquement à plat, laissant derrière lui des dessins versant eux aussi dans la caricature, et finalement vides de sens. Sans fond, la forme est bien futile…
Le découpage du segment Enfantillages est quant à lui intéressant, avec un dessin prenant une page et découpé en plusieurs parties. L’esprit se revendique là encore de Ballard (et de la géniale nouvelle Le Massacre de Pangbourne plus précisément), mais sans atteindre le quart de la puissance évocatrice de l’écrivain. Lacan reste constamment en surface, naviguant sur les eaux d’une critique facile sans la revêtir d’une quelconque atmosphère travaillée.
Télé-réalité, transports en commun, suicide, clonage, politique, tous ces joyeux thèmes sont traités par-dessus la jambe et ne font que s’enchaîner facticement, ne réussissant pas à créer la cohésion d’un monde apocalyptique que souhaitait pourtant l’auteur. Chaque récit est une vignette sur ce monde en perdition qui est le nôtre, et chaque exemple est aussi triste que le précédent.
Alors bien sûr que les problèmes évoqués sont réels, et que les magouilles politiques empêchent souvent de les résoudre. Ce n’est pas une nouveauté, alors autant le traiter de manière originale. Mais Tristes Utopiques n’est ni drôle, ni inventif, ni réflexif. C’est une fausse réflexion sur les dérives actuelles, une satire plombée de la crise mondiale, un exemple de critique non constructive. Aligner les politiques juste pour les aligner, ça n’a jamais changé grand-chose, et ça donne simplement un exercice de style vain et creux. C’est lu en 15 minutes, et ça vaut 13 euros. Le rapport qualité-prix est à revoir… Je m’en vais relire du bon vieux Ballard moi…

dimanche 21 septembre 2008

TREMORS 4 (S. S. WILSON, 2004)



Saviez- vous qu’il y avait eu une suite à Tremors 3? Les Graboïds sont de retour dans cette séquelle qui revient aux sources, puisque l’action se déroule à nouveau dans la petite ville de Perfection, Nevada. Sauf qu’elle s’appelle encore Rejection, et que ça se passe en 1889, en plein Far-West donc. Et celui qui bénéficie de 4 Tremors sur son CV, c’est Michael Gross, puisqu’il endosse cette fois le rôle de l’ancêtre de Burt Gummer, le trouillard Hiram Gummer. La boucle est donc bouclée, amen.


Que dire de ce 4ème opus? Et bien, comme c’est souvent la règle dans les séries, l’intérêt s’étiole au fil des pellicules. Après un très bon Tremors, un sympathique Tremors 2 et un ennuyeux Tremors 3, voilà un Tremors 4 qui achève la saga sans gloire. Après les mutations des épisodes 2 et 3, l’idée était plutôt bienvenue de remettre en avant les vers des sables, mais l’inspiration ne semblait pas véritablement au rendez-vous. Sorti en DTV (comme les épisodes 2 et 3), cet ultime opus se repose uniquement sur le(s) succès de son (ses) prédécesseur(s), et ne cherche absolument pas à créer l’originalité.
Le scénario de S. S. Wilson et Brent Maddock est d’une platitude confondante, et le film déroule tous les poncifs du film de grosse bébête, avec les explications foireuses, les bons sentiments et les retournements de situations pas très crédibles. Le rythme est très faible, même plus que celui du 3, et ça fout bien en l’air une saga qui avait tous les atouts pour être des plus réjouissantes. De plus, les visions des vers sont assez statiques, et basées sur la loi du minimum syndical. Bref, c’est du bon foutage de gueule, et c’est très difficile à regarder en entier.

L’ancêtre de Burt Gummer est donc le propriétaire de la mine où apparaissent les bestiaux pour la première fois, et il est tout aussi précieux que Burt est féru d’armes. L’idée est plutôt marrante, mais l’écriture du personnage est tellement caricaturale que l’intérêt retombe rapidement. C’est le cas pour quasiment tous les personnages d’ailleurs, qui sont complètement lisses et dévoués à leur simple rôle respectif. Les Chinois jouent les nouveaux arrivants qui ne lâcheront pas leur belle terre d’accueil, la patronne de l’hôtel joue une femme forte mais fragile à l’intérieur, bref, que des poncifs bien costauds.
Et là, apparaît Black Hand Kelly. On se dit alors que le film va enfin devenir intéressant, puisque le rôle est tenu par le génial Billy Drago, qui donne une densité inattendue à son personnage. Ce tueur impitoyable et ténébreux fait légèrement remonter l’attention, mais il n’est pas suffisamment présent à l’écran. En tout cas, ça fait bien plaisir de voir celui qui tenait Chuck Norris en échec dans Delta Force 2! Billy était en forme sur Tremors 4, et sa composition est ce qu’il y a de plus intéressant à piocher dans le film.
Mais qui sait, un Tremors 5 traîne peut-être dans les tiroirs…

samedi 20 septembre 2008

TREMORS 3 (BRENT MADDOCK, 2001)



Saviez-vous qu’il y avait eu une suite à Tremors 2? Les Graboïds sont de retour dans cette séquelle qui revient aux sources, puisque l’action se déroule à nouveau dans la petite ville de Perfection, Nevada. Mais cette fois-ci, ni Kevin Bacon ni Fred Ward ne sont de la partie, et le film repose sur les épaules de Michael Gross, le fanatique d’armes promu premier rôle!
Burt Gummer revient en ville après un petit périple argentin où il a cassé du Graboïd en toute sérénité. Mais quand il se rend compte que la ville est à nouveau assiégée par les monstres souterrains, il sonne le branle-bas de combat et prend les armes…
11 ans se sont écoulés depuis la première apparition, et quelques habitants sont toujours là. La petite Mindy est devenue une jolie jeune fille, le petit con Melvin est devenu un grand con, et la boutique de Chang a été reprise. On peut d’ailleurs y trouver des comics Graboïds, des jouets en plastique Graboïds, des sodas Graboïds… La petite ville tente de tirer profit de ce qui lui est arrivé à l’époque, et un jeune a même décidé de lancer un parcours touristique avec de faux Graboïds pour se faire de l’argent facile!


Mais tout ce beau petit monde n’était pas préparé à la nouvelle génération de monstres, qui après être passé par les Hurleurs du second opus, mute encore en quelque chose de plus dangereux… Et c’est là que ça commence à devenir agaçant, parce que la série Tremors commence à devenir un sous-Jurassic Park, s’éloignant de plus en plus de l’originalité qui faisait le propos du premier. Si l’évolution de Tremors 2 apportait une touche d’authenticité, celle de Tremors 3 est artificielle et n’est qu’un truc scénaristique pour enchaîner sur une suite. Les vers géants n’apparaissent pas beaucoup, laissant leur place à une autre variation…
Les SFX sont d’ailleurs relativement moches, surtout pour les effet générés par ordinateur qui s’incrustent difficilement sur la pellicule. Les créatures en animatronique, ça passe encore, mais le reste c’est franchement cheap. Ce qui réduit considérablement la portée dramatique du film, puisque ces bestioles factices ne possède pas la dimension dramatique de leurs congénères du 1 et du 2.


Le choix de confier le rôle principal à Michael Gross semble s’être fait surtout par désistement, mais son personnage était assez drôle et pertinent dans les deux premiers épisodes pour sembler suffire à mener un film entier. Pourtant, ce choix s’avère vite décevant, car ce qui fonctionnait par intermittence dans Tremors et Tremors 2 ne tient pas la longueur sur tout le film. L’humour et le caractère fonceur de Burt Gummer n’est pas assez étoffé pour maintenir l’intérêt du spectateur sur 1h 30, et les autres personnages ne sont d’ailleurs pas très fouillés eux non plus.
Tremors 3 est une suite qui fait baisser le niveau de la série, ce qui est bien dommage au vu des qualités des deux premiers épisodes…

vendredi 19 septembre 2008

TREMORS 2 (S. S. WILSON, 1996)



Saviez-vous qu’il y avait eu une suite à Tremors? Les Graboïds sont de retour dans cette séquelle qui déplace l’action au Mexique, où les employés d’une compagnie pétrolière se retrouvent dans la même situation délicate que les habitants de la petite ville de Perfection il y a quelques années…
Qui dit suite dit retour du casting, même si Kevin Bacon fait faux bond à l’équipe. C’est Fred Ward qui assure donc le premier rôle après avoir partagé l’affiche de Tremors avec le jeunot. Sa gueule burinée et son physique de baroudeur associés à une sensibilité inattendue font du personnage d’Earl Bassett un gars de la campagne rude et attachant. Là où Tremors fonctionnait sur l’alchimie du duo Bacon- Ward, il fallait toute la subtilité de l’acteur pour tenir le film sur ses seules épaules.


Mais derrière ce personnage de premier plan se faufile un autre habitué des Graboïds, Burt Gummer. Le fana d’armes du premier opus interprété par l’excellent Michael Gross rempile lui aussi pour les besoins de Tremors 2, et le spectateur se retrouve finalement en terrain connu. Michael Gross apporte son côté frondeur et allumé qui fait du personnage de Burt l’un des plus intéressants de la série. Un homme sans peur apte à manipuler toute les armes de la création, et qui prend un pied monstre à jouer à la guerre!
Un jeune blanc-bec tente de faire oublier Kevin Bacon en faisant équipe avec Earl, mais Christophe Gartin ne parvient pas à retrouver l’excellent tempo qui rythmait les aventures des deux partenaires de Tremors. Son rôle est assez peu développé et n’est pas très essentiel. Par contre, le personnage de la scientifique interprétée par Helen Shaver possède plus de consistance et apporte une touche de romance entre deux attaques de vers des sables, ce qui n’est pas déplaisant car plutôt bien joué. Earl Bassett qui perd ses moyens devant une jolie femme, ça le fait…


Mais bien sûr, pas de Tremors 2 sans créatures visqueuses, et le film de S. S. Wilson tient ses promesses, optant même pour une évolution radicale menée avec intelligence, et obligeant nos héros à s’adapter à un ennemi qu’il pensait connaître. On se rapproche soudainement d’un Carnosaur, ce qui n’est pas déplaisant, Tom Woodruff Jr. assurant des effet spéciaux réalistes.

L’histoire ne possède plus l’originalité du premier (ni la caractérisation toute texane effectuée par Ron Underwood), mais constitue une séquelle honnête et divertissante réalisée par une équipe rompue au film de genre. L’intérêt ne faiblit pas, et la cohésion entre un casting sympathique et une histoire travaillée font de ce Tremors 2 un travail d’artisan réussi, de ceux qui peuplaient les vidéoclubs il y a belle lurette, et qui fonctionnent encore aujourd’hui.



mercredi 17 septembre 2008

TREMORS (RON UNDERWOOD, 1990)



Petit film qui a fait son effet au début des années 90, Tremors est un classique du film de monstre qui n’a pas pris une ride. Dans la minuscule bourgade de Perfection perdue au milieu de nulle part, Val et Earl vont être confrontés à une mystérieuse menace surgissant de la terre. Les morts violentes se multiplient, et les deux potes vont tenter de venir en aide à la population afin de survivre à l’invasion…
La réalisation de Ron Underwood rappelle le classicisme à la Spielberg, avec ses mouvements de caméra amples soulignant parfaitement l’action. Underwood s’amuse visiblement beaucoup en élaborant ses séquences, et les effets qu’il met en place sont la marque de fabrique d’un artisan rodé au genre. Par exemple, lorsque Earl et Val parlent de la solution du bulldozer, on le voit en gros plan, puis la caméra effectue un zoom arrière qui mesure l’énorme distance les séparant de l’engin. L'excitation des deux amis décline en même temps que le zoom, ce qui constitue une note d’humour plutôt bien amenée. Et des plans de ce genre, Tremors en recèle plus d’un, le réalisateur sachant assurer ses effets avec beaucoup de technique.


Il rappelle aussi constamment dans quel environnement perdu se débattent les protagonistes, jouant toujours sur l’idée de liberté si chère à Val et qui risque probablement de leur coûter la vie. Perfection est niché entre deux montagnes dans une zone aride, et les visions de cette nature sauvage sont belles, et dégagent en même temps une vague crainte. Underwood réussit parfaitement le compromis entre l’impression de tranquillité et celle de la menace sourde.
Les acteurs sont excellents, Kevin Bacon et Fred Ward en tête, mais le reste de la population ne dénote pas dans ce casting, avec une mention particulière pour Burt Gummer, le fana d’armes à feu interprété par Michael Gross. La plaque d’immatriculation de son 4X4 résume bien ses prises de position: UZI 4U. La classe à la Charlton Heston
Les effets visuels sont étonnants de vérité, proposant des monstres franchement dégueulasses et d’autant plus réussis. Gluants et voraces à souhaits, ils font partie d’un chaînon manquant répugnant, et vont poser bien des problèmes à la paisible communauté! Le rythme du film est élevé, et les scènes d’action se suivent sans oublier de jouer la carte psychologique, ce qui est un plus non négligeable.


Tremors est une aventure prenante qui est en fait un démarquage terrestre des Dents de la Mer, et le suspense fonctionne tout aussi bien, avec des pointes d’humour en plus! La caractérisation des personnages est essentielle dans le développement de ce dernier point, et donne lieu à des dialogues plutôt drôles et une ambiance générale très fun, même si la tension est palpable. Le genre de film typique qui fleurissait dans les 80’s, capable de jouer sur plusieurs tableaux sans se prendre les pieds dedans, et qui assume le spectacle sans le faire au détriment du réalisme. Tremors est véritablement un point de repère dans la série B de l’époque, et il se maintient encore au-dessus de nombreuses productions actuelles grâce à sa sincérité attachante et le travail des artisans des SFX de l’époque. Si vous ne connaissez pas les bébêtes, foncez!

mardi 16 septembre 2008

THE BOYS 1: LA REGLE DU JEU (GARTH ENNIS, DARRICK ROBERTSON, 2006)



Sorti le 11 septembre 2008

Garth Ennis aime la violence, le cul et les répliques qui tachent. Ca tombe bien, l’auteur du Preacher et du Punisher crée une série totalement barge pour DC, qui va rapidement déchanter au vu de la crudité du récit. Qu’à cela ne tienne, Ennis et le dessinateur Darick Robertson trouvent un éditeur moins frileux avec Dynamite, et aujourd’hui, Panini sort enfin cette œuvre déjantée!
Dans un monde où les super-héros sont intouchables, les Boys sont une organisation gouvernementale chargée de calmer le jeu. En clair, il s’agit de faire redescendre sur terre des êtres aux pouvoirs surhumains qui abusent de leur statut. Ils sont 5: Butcher, Hughie, la Crème, le Français et la Fille. 5 garants de la sécurité qui vont poser leurs limites à des êtres irresponsables, en usant de moyens souvent radicaux pour bien se faire prendre au sérieux.
Garth Ennis maîtrise assez bien son sujet pour traiter de l’univers super-héroïque par ce point de vue original et décapant. Les 6 numéros que comporte ce volume servent d’introduction musclée, et vont ouvrir sur des perspectives aussi réjouissantes que saignantes. La caractérisation des personnages est comme toujours un régal, chacun possédant des traits bien spécifiques et des défauts marqués, rendant leur association farfelue et pourtant nécessaire. Et si le p’tit Hughie vous fait invariablement penser au Shaun qui démontait du zombie dans un certain classique anglais, vous n’aurez pas tort puisque Darick Robertson est un homme de goût, et qu’il a décidé d’utiliser le visage de l’acteur alors qu’il était encore peu connu, après l’avoir vu dans la série Les Allumés. Simon Pegg est donc de la partie et symbolise le petit gars malchanceux qui va nous introduire dans cet univers totalement décalé et tragique.


The Boys est donc une série crue, et Ennis ne se prive à aucun moment pour choquer et montrer des situations que l’on ne pourrait pas vraiment qualifier de morales… Et c’est bien jouissif, l’auteur allant chaque fois plus loin dans sa peinture atypique du monde des super-héros, dynamitant totalement le symbolisme patriotique et l’habituelle grandeur de ces mythes. Dans The Boys, ils sont beaucoup plus terre-à-terre, et ils mériteraient vraiment de s’en prendre plein la gueule…
Et c’est ce qui va se passer, Robertson dépeignant sans détour les mœurs des supers et les affrontements qui vont en résulter. La Règle du Jeu met tout en place de manière radicale, et la suite va être explosive! L’introduction du personnage de Hughie est totalement affreuse, et en plus elle est drôle! Ennis aime toujours mélanger les sentiments contradictoires, et ça marche encore! Et les dialogues sont toujours aussi savoureux, du genre: « En fait, la plupart du temps, on vole sur des zincs de l’Air Force. Mais le problème, c’est qu’on voyage souvent avec des Pakistanais enchaînés, avec un sac sur la tête. - Mais c’est horrible! -Ouais, j’imagine. »
Robertson est excellent et crée un univers visuel dense, avec de véritables effets de mise en scène. The Boys s’avère donc très cinématographique, et est une sorte de polar déjanté tendance super-slip qui ravira encore une fois les fans du grand Ennis. Et les autres aussi d’ailleurs…

lundi 15 septembre 2008

RIEN QUE POUR VOS CHEVEUX (DENNIS DUGAN, 2008)


Sorti le 27 août 2008


Adam Sandler est une valeur sûre de la comédie US, et jusqu’à présent j’avais rarement eu l’occasion de visionner un de ses films. J'ai rattrapé ce retard avec un Rien que pour vos Cheveux au titre un peu tiré par les, mais qui met tout de suite dans le bain quant au contenu parodique et à l’humour bien corsé qu’il contient. Personnellement, j’aime bien le titre, traduction approximative de You don't mess with the Zohan


Le Zohan, c’est un super-espion israëlien incarné par Sandler donc, qui en a marre d’arrêter les terroristes pour les voir relâcher tout de suite après, et qui décide de se faire passer pour mort afin de changer radicalement de vie. Direction l’Amérique, terre d’accueil où tous les rêves peuvent se réaliser, et où le Zohan va enfin pouvoir assouvir sa passion secrète: couper les cheveux!
Adam Sandler donne beaucoup de sa personne pour créer ce personnage invincible et déjanté, et le film repose entièrement sur ses épaules. Sandler enchaîne les scènes comiques en variant les plaisirs, qu’il s’agisse de dialogues débiles, de chorégraphies barrées ou de combats déjantés. Son personnage est en quête d’un rêve simple, à l’opposé des missions-suicide qui le faisait combattre les Palestiniens. L’acteur est bon, tant sur un plan comique que dramatique, mais cela ne suffit pas pour faire de cette parodie un bon film.


Le sous-texte politique donne lieu à des échanges plutôt marrants qui aboutira tout de même à une fin convenue et gentillette, mais le gros problème du film est tout simplement qu’il se repose entièrement sur Adam Sandler. Même s’il offre quelques à-côté marrants (comme le répondeur du Hezbollah), l’enchaînement des gags devient rapidement répétitif. Rien que pour vos Cheveux tend alors vers le slapstick à la Scary Movie 2, sans toutefois tomber aussi bas. La réalisation de Dennis Dugan est neutre et n’obéit qu’aux impératifs comiques du film. Pas de velléités artistiques donc, ce qui est assez habituel dans le genre. Une exception comme Hot Rod démontre pourtant de manière parfaite que les éléments comiques et une mise en scène travaillée ne sont pas incompatibles…
La surprise du film est sans conteste l’apparition de John Turturro, qui incarne le super-ennemi du Zohan. Son rôle est malheureusement bien trop caricatural pour un acteur de cette trempe, et il ne sert finalement que de faire-valoir, ce qui est vraiment dommage.
Rien que pour vos Cheveux laisse donc le spectateur sur sa faim, malgré quelques séquences vraiment drôles comme les coupes du Zohan ou les chorégraphies de Sandler, qui porte vraiment bien le short moulant…


dimanche 14 septembre 2008

MIRRORS (ALEXANDRE AJA, 2008)


Sorti le 10 septembre 2008


La Colline a des Yeux date déjà de 2 ans, et c’est avec impatience que l’on attendait le nouvel effort d’Alexandre Aja. Il s’agit encore d’un remake, celui d’une production coréenne sortie en 2003 nommée Into the Mirror et réalisée par un certain Sung-Ho Kim. Aja a réussi à recruter Jack Bauer, et il écrit le scénario avec son compagnon de toujours Grégory Levasseur. Bref, il a tous les atouts en mains pour réaliser un film bien flippant dont il a le secret!
L’effet Colline crée forcément une grosse attente, et Mirrors ne manquera pas d’en décevoir certains. Mais même s’il ne parvient pas à retrouver la force brutale qui animait le remake de Wes Craven, Aja livre un film de flippe réussi. En nivelant son récit pour qu’il entre dans les standards hollywoodiens horrifiques actuels, Aja s’est certes un peu abandonné à la facilité, mais son talent indéniable fait tout de même de Mirrors un produit abouti et honnête.


L’histoire suit un ex-flic embauché comme gardien dans un immense centre commercial désaffecté, et d’emblée l’atmosphère gothique nous prend à la gorge. Les rondes nocturnes de Jack Bau… De Ben Carson font bien monter le suspense grâce à une mise en scène soignée et à une gestion de la temporalité intelligente. Les décors sont tout simplement fantastiques, et l’atmosphère oppressante qui se dégage de ces plans renvoie ni plus ni moins à l’excellence de la série Silent Hill (les jeux hein…), et prouve s’il en était encore besoin qu’Aja n’a pas son pareil pour créer l’angoisse.
Bien sûr, les personnages sont souvent trop lisses, et l’énième trauma qui va faire plonger le personnage principal dans un univers glauque et tragique est déjà vu, mais au détour d’une scène ou deux, l’émotion affleure véritablement grâce à la composition de Sutherland, habitué à souffrir dans 24h Chrono. Les conséquences de la scène du bain sont poignantes, et Jack B. confirme tout le bien que l’on pense de lui!


La scène de la baignoire, justement. Je ne dévoilerai rien, je dirais simplement qu’elle est vraiment dure et qu’elle démontre un savoir-faire éprouvé. Une scène radicale et techniquement parfaite, qui sera suivie par d'autres séquences bien saignantes qui devraient faire grimper le niveau d’angoisse très rapidement.
L’utilisation des surfaces réfléchissantes est techniquement et scénaristiquement excellente, Aja jouant avec la perception du spectateur et testant les diverses possibilités qu’offre un tel procédé. Le mal se cachant derrière les miroirs, il est très difficile de les éviter… Mirrors sombre dans la parano lorsque Jack Bauer tente de convainvre ses proches de ce qui est en train de se passer, et Aja joue aussi sur la thématique de la folie. Une thématique classique et peut-être pas l’élément le plus marquant du film, mais elle fait avancer un récit balisé qui se déroule sans écarts.
Mirrors n’est certes pas un grand film dans la lignée de Haute Tension ou de La Colline a des Yeux, mais il n’est pas non plus un vulgaire B movie sans ambition. Ses qualités certaines sont moins immédiates, mais elles permettent de passer un moment bien flippant en racontant une histoire basique mais réussie. Aja, vite, va tourner Piranha 3-D!


samedi 13 septembre 2008

LES GUERRES SECRETES (JIM SHOOTER, MIKE ZECK, 1984)



Attention, l’événement est historique, puisque Panini a réédité pour la première fois les fameuses Guerres secrètes qui ont tenues en haleine les lecteurs de Marvel durant toute une année. De mai 84 à avril 85 s’est en effet déroulé le tout premier crossover dans le monde des comics, et l’on doit cette révolution à la Maison des Idées.
Tout est en fait partie d’une vision assez mercantile, puisque Marvel voulait concurrencer ses adversaires dans le monde des figurines et créer une série de petits bonshommes en plastique avec les tronches de Captain America et de Galactus dessus. Le rédacteur en chef de l’époque, Tom DeFalco, suit les recommandations du fabricant de jouets et engage des auteurs afin de créer un récit qui mêlera tout un pan représentatif du bestiaire de l’éditeur afin de le faire coïncider avec la sortie des figurines. Cette maxi-série en 12 épisodes va cartonner, et va changer la face des comics à jamais…
Pour rassembler deux douzaines de super-héros et de super-vilains, il faut quelque chose de grand, de cosmique et d’apocalyptique. Jim Shooter, chargé du scénario, va mettre en avant une sorte de jeux du cirque cosmique arbitrés par un être mystérieux et aux pouvoirs démesurés, le Beyonder. Celui-ci fait venir les participants qu’il a sélectionné et les place sur Battleworld, une planète patchwork qu’il a constitué en un clin d’œil afin que les bons et les mauvais s’affrontent.


Ces Guerres secrètes ont toujours résonnées comme une promesse d’aventures étranges et intersidérales, et les nombreuses allusions qui ne manquaient pas dans les comics que je lisais à l’époque m’avaient toujours donné envie de découvrir ce qui se cachait derrière ce titre aussi énigmatique qu’accrocheur. C’est enfin chose faite aujourd’hui, et même si l’impact est évidemment moins fort que ce à quoi je m’attendais après toutes ces années, je dois dire que ce récit reste une œuvre réussie et captivante. Evidemment, il faut se laisser aller au manichéisme 80’s (même si quelques retournements de situations sympathiques changent parfois la donne) et aux dessins naïfs hérités de deux décennies de super-héros vindicatifs. Mais l’atmosphère instillée par Jim Shooter et Mike Zeck permet de donner corps à cette confrontation globale qui s’avère finalement réjouissante, même si scénariser l’ensemble devait être une tâche plutôt complexe. Avec 19 super-héros et 14 super-vilains, pas facile de s’y retrouver dans l’élaboration d’un script qui tienne la route! Mais Shooter parvient à donner une cohésion à l’ensemble en mettant en avant par intervalles différents protagonistes, et en jouant sur la différence mutante avec un sens de la paranoïa qui était toujours aussi actif à l’époque…


Les Vengeurs se retrouvent quasi-complet, accompagnés de 3 des 4 Fantastiques (Mr. Fantastic, la Torche et la Chose); et les X-men du Professeur Xavier répondent présents, bien qu’ils fassent bande à part et restent à l’écart des aventuriers humains. En face d’eux, des adversaires aussi variés que Galactus, Fatalis ou l’Homme-Molécule, qui vont leur donner bien du fil à retordre…
Les Guerres secrètes est un récit surfant sur la vague des œuvres cosmiques très en vogue depuis les années 70, et ce tout premier affrontement de masse s’avère plutôt réjouissant! Hulk fait équipe avec Spider-Man et Colossus pour contrer les Démolisseurs et le Lézard, et des nouveautés bien trouvées vont marquer à jamais le monde Marvel. C’est le cas avec un certain costume noir trouvé par le Tisseur… Ou encore l’apparition de nouveaux personnages issus directement de ce crossover…
Jouant sur les rebondissements et les jeux d’alliances avec un art consommé, Jim Shooter emballe son récit par une dynamique sûre, et fait de cet affrontement aux répercussions titanesques une œuvre séminale qui a certes pris un coup de vieux, mais qui fonctionne toujours grâce à une certaine nostalgie…

vendredi 12 septembre 2008

RG TOME 1: RIYAD-SUR-SEINE (PIERRE DRAGON, FREDERIK PEETERS)


Le titre et la couverture laissaient augurer d’un bon polar à la 36, Quai des Orfèvres, avec un côté réaliste mâtiné d’une dose de stylisation bienvenue. Ce premier tome de RG montre pourtant rapidement ses limites, malgré l’apport véridique du flic Pierre Dragon
Affecté à la brigade de jour des Renseignements généraux, Pierre Dragon bénéficie d’une expérience de terrain certaine, ce qui était aussi le cas d’Olivier Marchal sur 36. Mais la véracité des faits et le réalisme des enquêtes ne suffit pas ici à rendre ce récit intéressant, souffrant justement d’un rythme trop plat. Les journées des flics passées en filatures et en planques sont souvent longues, mais le retranscrire tel quel ôte tout intérêt dramatique. L’histoire suit donc l’enquête molle de Pierre Dragon lui-même, qui devient un personnage de fiction à part entière. Trafic de vêtements, trafic de limousines, liens avec le FBI… Riyad-sur-Seine brasse le quotidien classique d’un flic sans parvenir à insuffler une dose suffisante de suspense ou d’humanité pour donner envie de poursuivre l’aventure.
Le dessin de Frederik Peeters n’arrange pas la situation, les visages de ses personnages tombant presque dans la caricature, avec des expressions approximatives et des traits figés. Peeters arbore lui aussi un réalisme certain, mais sans pousser jusqu’à une crudité qui aurait été préférable à cette absence de saveur. Les changements de tonalité sont brusques et n’apportent pas de dimension particulière au récit, les couleurs évoluant tranquillement sans être une source dramatique forte. On suit donc le récit sans grande envie, ni scénaristique ni artistique.



Le potentiel du récit n’est pas assez exploité, et ce qui aurait pu donner lieu à un récit tragique et violent ne fait qu’effleurer ces dimensions, préférant naviguer dans les eaux plus calmes d’une enquête laborieuse. Riyad-sur-Seine n’a rien d’une bonne série B burnée, mais est plus pépère, ce qui est bien dommage. L’utilisation des différents décors parisiens se fait sans véritable immersion, que ce soit dans le métro, dans les soirées bourges ou dans les restos. Ca reste à un niveau assez artificiel, ce qui empêche aussi l’histoire de décoller. La ou Marchal plaçait sa mise en scène avec un grand soin pour donner tout son impact à la rue et aux situations, ici, tout est plus statique et plus anecdotique, se déroulant dans une atmosphère trop sobre pour y déceler la pointe d’excitation qui ferait la différence.
Aucun personnage n’est suffisamment approfondi pour cultiver un intérêt quelconque, et le flic au centre de l’histoire, Pierre Dragon, ne possède pas le charisme suffisant pour que l’on plonge avec lui dans ce milieu si particulier de la criminalité. Riyad-sur-Seine est le premier tome de ce qui s’annonce comme une série, mais je ne serai pas au rendez-vous pour le suivant…

mercredi 10 septembre 2008

L’ARBRE A BOUTEILLES (JOE R. LANSDALE, 1994)


Avec L’Arbre à Bouteilles, Joe Lansdale entame la série consacrée à Hap Collins et Leonard Pine. Les aventures du blanc hétéro Hap et du black gay Leonard se poursuivront à travers Le Mambo des deux Ours, Bad Chili et Tape-Cul. Et encore une fois, Lansdale nous raconte une histoire du Sud profond avec son lot de meurtres et de personnages à la langue bien pendue…
Lorsque Leonard hérite d’une vieille bicoque, il semble que le cadeau tombe plutôt bien. Mais les deux amis vont vite déchanter lorsqu’ils feront des fouilles approfondies et qu’il tomberont sur des secrets qu’ils auraient préféré ne pas mettre à jour… C’est le début d’un récit bien troussé qui va suivre l’enquête des deux potes, et qui va les mettre dans des situations parfois bien périlleuses. Leur volonté de trouver une explication à ce qui se cachait sous la maison du vieil oncle Chester est telle qu’ils vont tenter de mener à bien les investigations, sans pour autant mettre la police au courant. Mais les dealers de la baraque d’en face vont bien obliger les flics à entrer dans la danse…
Joe R. Lansdale pond une histoire qui se joue à différents niveaux, en l’axant sur la trame principale du secret enfoui. Mais la lutte des deux frangins contre les dealers, l’histoire de cœur et de cul entre Hap et la bombe Florida partent dans d’autres directions, enrichissant l’intrigue de base avec des problématiques diverses. L’histoire entre Hap et Florida souffre de leur différence de couleur, et elle est particulièrement réussie dans la mesure où elle apparaît comme totalement réaliste. Chez Lansdale, il n’y a pas de place pour les sentiments à l’eau-de-rose, ce qui ne signifie pas pour autant que les sentiments soient absents. Simplement, ils se parent d’une crudité qui n’est que la marque de la réalité, et la liaison entre les deux tourtereaux n’oublie pas de se consommer de manière bien charnelle. Les personnages sont vifs et bruts, et pas seulement les mecs, puisque Florida possède aussi une personnalité bien trempée.


Ce qui est génial chez cet auteur, c’est sa capacité à formuler les choses d’une manière totalement inédite mêlant cette crudité à un humour bien corrosif. Joe Lansdale sait raconter des histoires, et il ne s’en prive pas. L’interrogatoire chez les flics est par exemple bien gratiné, avec des perles du genre de celle-ci: « Vous savez, il se passe des choses vraiment étranges dans le monde. On a trouvé la tronche d’Elvis dans une tombe égyptienne. (il posa son journal et me considéra.) Tu savais ça, Hap?- Sans déconner? - Sans déconner. Peinte là, sur le foutu mur. Combinaison blanche de parachutiste et lunettes d’aviateur. C’est écrit là, dans un article. Y a même une photo. » Ou pour bien cerner l’attirance entre Hap et Florida: Lorsque je revins dans la chambre, Florida avait enfin renoncé à son drap et elle était couchée avec une capote dans son étui posée sur le ventre, un oreiller plié sous ses fesses et les jambes ouvertes. "Là, je te donne un petit indice", dit-elle.
L’Arbre à Bouteilles est donc dans la droite lignée de Juillet de Sang ou des Marécages, et Lansdale poursuit son exploration du Texas avec toute sa lucidité et sa verve. Et çà, ça fait rudement plaisir!

mardi 9 septembre 2008

LES GUERRIERS DE LA NUIT (WALTER HILL,1979)


Walter Hill frappe un grand coup en 1979 avec ce film de gang au pitch bien savoureux. Jugez plutôt: tous les gangs de New York sont conviés à un immense rassemblement où le grand Cyrus décide de tous les unifier afin de créer une armée invincible. Mais la réunion tourne mal, et un crime est commis. Les Warriors vont alors être injustement accusés, et c’est le début d’une longue traque alors qu’ils tentent de regagner leur quartier. Poursuivis par les forces de l’ordre et par tous les gangs de la ville, ils vont devoir défendre chèrement leur peau…
Les Guerriers de la Nuit fait partie de ces films au scénario simpliste mais efficace, qui déroule un récit dynamique et haletant. Le film plonge tête la première dans les bas-fonds new-yorkais de la fin des 70's, avec les costumes bigarrés et les peintures de guerre bien old school. L’atmosphère est crépusculaire, et la musique en contrepoint est déjà bien 80’s. Le début est très prometteur, avec un générique qui voit tous les gangs prendre le métro pour se rendre au grand rassemblement, et on croise des joueurs de base-ball, des mecs en roller, des asiatiques… Chaque groupe à son style, et ça promet de véritables explosions!


Le film suit donc les Warriors qui tentent de survivre à cette nuit, et Walter Hill filme leur périple à travers les différents quartiers où ils vont être confrontés à divers gangs. Les Guerriers de la Nuit est un film d’action réussi qui fait appel à la testostérone! Les combats sont bien jouissifs, et les pièges tendus aux Warriors sont bien foutus. La mise en scène de Walter Hill met bien en avant l’atmosphère glauque de la ville en y mêlant des touches bien typiques de l’époque qui apportent une dose certaine de nostalgie (ce qu’il a complètement raté avec Les Rues de Feu, ou l’aspect old school vire trop à la parodie pour que cela fonctionne).
Michael Beck joue le chef des Warriors, et imprime son rôle d’une bonne dose de réalisme, en opposition à la prestation hallucinée d’un David Patrick Kelly (Twin Peaks) tout jeune et méconnaissable! Cheveux longs, blouson en jean, la classe totale! Les Guerriers de la Nuit fonctionne justement sur le réalisme de cette époque aujourd’hui bien datée, et y gagne encore en pouvoir évocateur.


L’une des scènes fortes du film se déroule dans le métro et est totalement silencieuse. Elle voit l’opposition purement visuelle entre le chef des Warriors et une amie d’un côté, et deux couples de jeunes bourgeois de l’autre. Il se font face dans le métro, les uns complètement crades à cause de leur fuite, les autres dans leurs vêtements des grands jours. Le jeu des regards est essentiel, et sera l’unique confrontation entre le monde des bas-fonds et celui de la haute société. La scène est bien tendue et marque bien les différences irrémédiables entre ces jeunes pourtant du même âge.
Les Guerriers de la Nuit s’inscrit parfaitement dans une esthétique de violence urbaine, et déroule un récit qui n’est pas sans évoquer les jeux vidéos de baston de l’époque, où il fallait traverser différents territoires en affrontant des adversaires de plus en plus fort. A la fois ludique et se permettant des profondeurs que l’on ne pensait pas trouver dans un produit de ce genre, Les Guerriers de la Nuit est une œuvre très réussie, qui vaut largement mieux que ses déclinaisons italiennes (Les Guerriers du Bronx, merci M. Castellari!).