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salem center: L’ARBRE A BOUTEILLES (JOE R. LANSDALE, 1994)

mercredi 10 septembre 2008

L’ARBRE A BOUTEILLES (JOE R. LANSDALE, 1994)


Avec L’Arbre à Bouteilles, Joe Lansdale entame la série consacrée à Hap Collins et Leonard Pine. Les aventures du blanc hétéro Hap et du black gay Leonard se poursuivront à travers Le Mambo des deux Ours, Bad Chili et Tape-Cul. Et encore une fois, Lansdale nous raconte une histoire du Sud profond avec son lot de meurtres et de personnages à la langue bien pendue…
Lorsque Leonard hérite d’une vieille bicoque, il semble que le cadeau tombe plutôt bien. Mais les deux amis vont vite déchanter lorsqu’ils feront des fouilles approfondies et qu’il tomberont sur des secrets qu’ils auraient préféré ne pas mettre à jour… C’est le début d’un récit bien troussé qui va suivre l’enquête des deux potes, et qui va les mettre dans des situations parfois bien périlleuses. Leur volonté de trouver une explication à ce qui se cachait sous la maison du vieil oncle Chester est telle qu’ils vont tenter de mener à bien les investigations, sans pour autant mettre la police au courant. Mais les dealers de la baraque d’en face vont bien obliger les flics à entrer dans la danse…
Joe R. Lansdale pond une histoire qui se joue à différents niveaux, en l’axant sur la trame principale du secret enfoui. Mais la lutte des deux frangins contre les dealers, l’histoire de cœur et de cul entre Hap et la bombe Florida partent dans d’autres directions, enrichissant l’intrigue de base avec des problématiques diverses. L’histoire entre Hap et Florida souffre de leur différence de couleur, et elle est particulièrement réussie dans la mesure où elle apparaît comme totalement réaliste. Chez Lansdale, il n’y a pas de place pour les sentiments à l’eau-de-rose, ce qui ne signifie pas pour autant que les sentiments soient absents. Simplement, ils se parent d’une crudité qui n’est que la marque de la réalité, et la liaison entre les deux tourtereaux n’oublie pas de se consommer de manière bien charnelle. Les personnages sont vifs et bruts, et pas seulement les mecs, puisque Florida possède aussi une personnalité bien trempée.


Ce qui est génial chez cet auteur, c’est sa capacité à formuler les choses d’une manière totalement inédite mêlant cette crudité à un humour bien corrosif. Joe Lansdale sait raconter des histoires, et il ne s’en prive pas. L’interrogatoire chez les flics est par exemple bien gratiné, avec des perles du genre de celle-ci: « Vous savez, il se passe des choses vraiment étranges dans le monde. On a trouvé la tronche d’Elvis dans une tombe égyptienne. (il posa son journal et me considéra.) Tu savais ça, Hap?- Sans déconner? - Sans déconner. Peinte là, sur le foutu mur. Combinaison blanche de parachutiste et lunettes d’aviateur. C’est écrit là, dans un article. Y a même une photo. » Ou pour bien cerner l’attirance entre Hap et Florida: Lorsque je revins dans la chambre, Florida avait enfin renoncé à son drap et elle était couchée avec une capote dans son étui posée sur le ventre, un oreiller plié sous ses fesses et les jambes ouvertes. "Là, je te donne un petit indice", dit-elle.
L’Arbre à Bouteilles est donc dans la droite lignée de Juillet de Sang ou des Marécages, et Lansdale poursuit son exploration du Texas avec toute sa lucidité et sa verve. Et çà, ça fait rudement plaisir!

2 commentaires:

Nolt a dit…

Encore un article qui donne envie de se plonger dans cet "arbre à bouteilles". Je viens d'ailleurs de le commander à l'instant malgré le fait que je ne sois pas très en avance dans mes lectures !
;o)

Wade Wilson a dit…

Je suis ravi que tu plonges dans l'univers de Lansdale, ça vaut vraiment le coup!