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salem center: COULEUR DE PEAU: MIEL (JUNG, 2007)

mardi 23 septembre 2008

COULEUR DE PEAU: MIEL (JUNG, 2007)


Jung n’est pas un auteur allemand, mais il est natif de Corée du Sud, et son œuvre Couleur de Peau: Miel est un récit autobiographique traitant d’adoption et de diversités culturelles. Et là, je vous vois déjà en train de vous dire « on va zapper ça, ça a l’air chiant. » Mais sous cette « intrigue » d’apparence rébarbative se cache un véritable récit drôle et empli d’émotion, dans lequel l’auteur narre les aventures du petit garçon qu’il était avec un naturel et un optimisme surprenants.
Couleur de Peau: Miel suit le petit Jung de son orphelinat en Corée du Sud jusqu’à son adoption en Belgique, et le récit est ponctué de petites anecdotes à l’humour très efficace, qui éloigne tout misérabilisme et toute sensation de pitié pour la vie de ce petit Coréen. En se basant sur des statistiques réelles comme le pourcentage d’adoptions des Coréens à travers le monde, où le nombre de victimes de la guerre de Corée, Jung replace son histoire éminemment personnelle dans un contexte qui le dépasse et qui a fait de lui ce qu’il est devenu. En suivant le récit de ce petit bonhomme et en l’entrecoupant avec ces données froides et irréductibles, on prend conscience de la multiplicité des possibles, et que Jung n’est qu’une seule vie parmi tous ces déracinés. On sent clairement en-dessous de ce récit les milliers d’autres qui existent, et la filiation avec tous ces orphelins est d’ailleurs bien ressentie par le petit homme.
Toute l’intelligence de l’auteur réside dans sa franchise, qui n’a pas dû être évidente de prime abord, mais il se livre entièrement en prenant soin d’être le plus juste possible. Pas forcément au niveau de la réalité des faits, mais surtout dans la véracité des émotions et des sensations. Les exemples sont nombreux, et le petit Jung qui fait semblant de dormir sur les genoux de sa tante pour rester collé à sa peau douce voit une résonance très poétique avec le dessin suivant qui le voit dans la même position sur un nuage tout moelleux. Il y a une naïveté très enfantine dans ce récit, mais elle n'est absolument pas niaise. Au contraire, elle participe activement à donner une dimension vivante et optimiste, et l’auteur parvient avec une aisance confondante à se replacer dans sa position passée de petit garçon. Les souvenirs vivaces qu’il a accumulé se suivent joyeusement, et même les moments qui semblent mener vers un pathos inévitable sont détournés au dernier moment par une pirouette humoristique et une joie de vivre que l’on n’attendait pas.


Couleur de Peau: Miel est l’exemple parfait de l’autobiographie réussie, convoquant autant la réalité que les espoirs et les rêves, faisant de ce mélange un récit virevoltant et empli de bonne humeur. Qu’il s’agisse de la vision d’un enfant fouillant dans les poubelles, de l’explication de la scission entre la Corée du Nord et du Sud ou encore de la crise identitaire crée par l’adoption, tous ces thèmes graves sont traités avec une approche réellement intelligente et une clarté toute enfantine. En se replaçant à la hauteur de l’enfant qu’il a été, il dit les choses simplement et comme il les avait ressenti à l’époque.
Ce récit est suivi d’un deuxième tome sorti en juin 2008. A suivre avec beaucoup d’intérêt…

1 commentaire:

Matt Murdock a dit…

mmh... Tu me tentes pour celui là. Je crois que je vais feuilleter ça