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salem center: avril 2008

mardi 29 avril 2008

ROME SAISON 1 (BRUNO HELLER, WILLIAM J MACDONALD, JOHN MILIUS, 2005)


Lancée par la chaîne câblée HBO (Oz, Les Soprano), Rome est une relecture résolument moderne d’une page historique qui a déjà été traitée à de nombreuses reprises. Centrée sur l’opposition entre les généraux Jules César et Pompée le Grand, cette première saison se déroule entre -52 avant JC et -44 avant JC. Si les cours d’histoire du collège vous arrachaient des bâillements, testez donc cette version-là, vous risquez d’y prendre goût!
La colonne vertébrale du scénario suit Lucius Vorenus et Titus Pullo, deux centurions sous les ordres de César. Si ces deux personnages ont réellement existé, les scénaristes en font deux figures fictives qui permettront aux spectateurs de s’immiscer dans la population romaine. Les deux héros vont être les témoins et les acteurs de changements politiques d’envergure, et leur points de vue de soldats et de citoyens apporte un éclairage très intéressant sur les agissements de Pompée et de César.
Mondialement connue, l’histoire de César et de son destin hors norme en ont fait un personnage quasi mythologique. La plongée historique à laquelle nous convie cette série permet de mieux appréhender l’homme de terrain, le stratège et l’empereur qu’il a été. Loin de déifier le personnage, les auteurs en font un portrait captivant, dévoilant une personnalité rusée, sachant utiliser les convictions du peuple et usant de stratagèmes efficaces pour s’assurer les bonnes grâces des dieux.



Jules César est un individu redoutable et aimé du peuple, et Rome suit son parcours de son ascension après sa victoire en Gaule, jusqu’à sa fin brutale lors de son assassinat en plein sénat. Cette tranche d’histoire est menée avec beaucoup d’intelligence en ne se focalisant pas uniquement sur Jules César, mais en mettant en scène toute une galerie de personnages extrêmement travaillés gravitant dans la sphère romaine. Outre Lucius et Titus, on découvre Atia, une femme noble adepte des trahisons et du mensonge; son fils Octave, qui du haut de son jeune âge possède une intelligence et un sens de la stratégie remarquables; Servilia, une maîtresse de César; Marc-Antoine, maître de cavalerie de l’empereur; et encore des dizaines d’autres…
Toute l’intelligence de cette série repose sur une écriture moderne permettant de donner tout son sens aux actions des personnages. Loin des stéréotypes qui peuvent plomber les reconstitutions historiques, Rome traite ses héros avec impartialité et refuse tout manichéisme. C’est simple, dans cette série, tous ont quelque chose à se reprocher, et quand un personnage semble bon, il se passe toujours quelque chose qui va le faire basculer dans le mal. Les notions de pardon et de rédemption sont très présentes, mais celles de trahisons et de meurtres également. Rome est similaire à une ville de Sodome, où la luxure et la corruption règnent en maîtres. Le sexe se pratique devant ses serviteurs, et est un outil politique indéniable.
Le casting de cette série est de très haut niveau, avec en tête Kevin McKidd et Ray Stevenson (le prochain Frank Castle dans Punisher: War Zone!) dans les rôles respectifs du vertueux Lucius et du dépravé Titus. Des personnages auxquels on s’attache mais qui ne le méritent pas forcément… Ciaran Hinds joue le rôle de César à la perfection, et lui insuffle une dignité encore augmentée par sa ressemblance avec Alfred Molina. Polly Walker campe une Atia totalement vile et détestable, et pourtant très attirante… Pas une seule faute de goût dans ce casting irréprochable!



Crue, sensuelle et violente, Rome est une série rare qui rappelle que la politique a toujours été une guerre d’usure entre privilégiés, et l’hypocrisie la plus totale régnant au sénat n’est pas très loin de ce qui se passe aujourd’hui dans les auditoriums (quand ces messieurs ne dorment pas). Rome pointe du doigt avec lucidité les procédés allant de la corruption aux meurtres politiques, en passant aussi par un lâcher d’oiseaux bien calculé lorsque César a besoin d’un signe des dieux pour asseoir son autorité, où l'utilisation bien dosée des graffitis! Des pratiques osées mais qui fonctionnent…
Rome est une œuvre tout simplement géniale par la densité même de son récit, et l’extrême soin apporté aux reconstitutions. Même si elle se permet des écarts par rapport à la réalité historique, elle conserve tout de même une véracité certaine, doublée d’une dimension dramatique puissante. Ah oui, deux choses: tout d’abord, oubliez Monica Bellucci dans Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre: la Cléopâtre de Rome est bien plus intéressante, et résolument charnelle… Et contrairement à la croyance très répandue, Brutus n’est pas du tout le fils de César, et la célèbre phrase « Tu quoque mi fili » (toi aussi mon fils) marque en fait l’affection de César pour celui qu’il considérait comme un fils. Phrase qui est absente de la série d'ailleurs...


dimanche 27 avril 2008

UN JOUR SUR TERRE (ALASTAIR FOTHERGILL, MARK LINFIELD, 2007)



Préparez-vous à un périple unique avec ce documentaire étonnant qui nous mène aux quatre coins du globe, en offrant des images rares et somptueuses. Initié par la BBC, cet ambitieux projet sera concrétisé après une aventure humaine de 5 années, pendant lesquelles plusieurs équipes de reportage se sont immiscées en pleine nature avec des moyens jamais vus encore pour un documentaire. L’aspect technique est indissociable des beautés révélées par ce film, et la vision globale de notre planète déjà saisissante en elle-même, l’est encore plus au vu des efforts incroyables ayant été mis en œuvre afin de donner naissance à ce film.


La beauté des séquences et l’incroyable rendu des couleurs sont dus au matériel numérique utilisé, qui confère au film une picturalité hors norme. Les textures des étendues glacées du Pôle Nord, l’immensité du désert du Kalahari, la luxuriance des forêts tropicales… Chaque région présentée possède un aspect qui lui est propre, mais chacune possède cette puissance évocatrice qui nous replace à notre si petite échelle d’être humain. Cette immense balade est baignée dans un souffle constant qui ne peut que fasciner; la beauté simple et pure du monde tel qu’il a rarement été vu.
La séquence de la Salto Angel au Venezuela est à ce titre incroyable et vertigineuse, filmée grâce au procédé de Cinéflex, qui consiste en une caméra pouvant tourner sur 360 degrés, et fixée à l’avant d’un hélicoptère. D’une maniabilité sans précédent, cette caméra donne véritablement l’impression de voler, et la liberté de mouvement qu’elle permet se ressent énormément dans ce film. Une autre géniale invention est la cinébulle créée par le Français Dany Cleyet-Marrel, qui est en fait une montgolfière sans nacelle, remplacée par deux sièges et une caméra. Destinée au départ à glisser sur la canopée, elle a été largement utilisée dans Un Jour sur Terre pour donner vie à des séquences aériennes de toute beauté.


L’utilisation d’une caméra à très grande vitesse permet de décomposer des séquences de manière incroyable, notamment lors de l’attaque d’un félin qui attrape sa proie en 5 secondes. Le procédé utilisé distend l’action et en accentue la dimension dramatique de manière très significative. Le fait de pouvoir décortiquer à l’envie des séquences trop rapides pour l’œil nu est complètement fascinant, et celle avec les requins blancs est réellement impressionnante.
La magie qui se dégage de ce film est corrélée à ces innovations techniques, mais ces outils sont là pour montrer à quel point notre planète est étonnante et vulnérable. Le message écologique qui ressort du film est à la fois discret et efficace, et ce voyage à travers les continents, même s’il est un nouveau cri d’alerte, est avant tout un tour du monde hallucinant. Les images époustouflantes qui se succèdent pendant 1h30 sont parmi les plus belles qu’il m’ait été donné de voir. De la migration des éléphants aux aurores boréales, des chutes Victoria à l’Himalaya, Un Jour sur Terre est une véritable invitation au voyage, qui vous laissera une impression de sérénité et de calme, tout en n’omettant pas le caractère si fragile de toute cette diversité.

samedi 26 avril 2008

L’ANGE DE LA VENGEANCE (ABEL FERRARA, 1981)



Abel Ferrara est un être résolument en marge du système hollywoodien. Après avoir fait ses débuts dans le porno avec Nine Lives of a wet pussy (sous le pseudonyme de Jimmy Boy L.), il enchaîne avec une œuvre torturée au possible et ô combien abominable, The Driller Killer, où il incarne lui-même un artiste maudit qui va se déchaîner avec une perceuse électrique. Il va ensuite alterner films radicaux et œuvres plus accessibles (entre Bad Lieutenant et Nos Funérailles, l’écart est énorme), mais le film qui le fera découvrir est certainement cet Ange de la Vengeance réalisé juste après The Driller Killer, et qui contient tous les germes des thématiques que le metteur en scène utilisera dans son oeuvre. Mais il est avant tout un film à la radicalité rare et à l’atmosphère poisseuse des plus réussies, dans la lignée des œuvres de William Lustig et Larry Cohen. Et surtout, L’Ange de la Vengeance est une œuvre d’une beauté noire rarement égalée.
Ce film de Ferrara est indissociable de son actrice principale Zoë Lund (connue aussi sous le nom de Zoë Tamerlis), qui EST littéralement cet ange noir. Son visage innocent et sa démarche timide font de cette jeune femme muette et sans relief une proie idéale dans une New York gangrenée par la violence, exclusivement masculine. Les deux viols qu’elle va subir dans la même journée vont totalement détruire sa personnalité, et va révéler des instincts insoupçonnés. A l’instar d’un Paul Kersey dans Un Justicier dans la Ville, sa vie va basculer dans une violence inouïe sans possibilité aucune de retour en arrière. Sauf qu’à l’inverse de Charles Bronson qui vengeait sa femme et sa fille, c'est la victime elle-même qui prend les armes afin de punir les criminels.


Le film de rape and revenge et plus globalement celui d’auto-justice, est un genre à part entière qui secoue les salles une bonne partie des années 70, avec notamment des œuvres comme Vigilante de William Lustig ou Day of the Woman de Meir Zarchi. Des films pas toujours réussis, mais souvent éprouvants et qui mettent le spectateur mal à l’aise en jouant avec sa position de voyeur privilégié. La figure si prude de Thana est à la fois attirante et distante, mais elle symbolise bien un fantasme typiquement masculin. Et la voir violée à deux reprises est à la fois une destruction d’une dimension sacrée, et une abomination qui va lui donner une dimension antinomique. La fleur fragile se charge de venin, et sa transformation physique et psychologique est construite avec un sens de la dramaturgie que ne laissait absolument pas prévoir le masturbatoire The Driller Killer.
L’image désormais célèbre de Thana en costume de nonne avec bas résille est lui aussi un fantasme purement masculin, et l’expérience dans le porno de Ferrara a apparemment bien servi! Zoë Lund est dangereusement belle et Ferrara la filme avec amour dans des gros plans et des poses iconiques de toute beauté. Thana/Zoë est un personnage hors norme qui transcende le média cinéma pour apparaître comme une figure culte et marquante. Sa manière d’embrasser les balles de son pistolet, la lenteur avec laquelle elle sort son arme de sous sa jupe... La connotation sexuelle est omniprésente et traitée avec une grâce et une sensualité qui place Thana au-delà d’une simple tueuse froide et déterminée. Elle est complètement traumatisée par son expérience, et en ressort complètement déphasée et calme.


Ce qui apparaît comme une vengeance justifiée prend des proportions de plus en plus dramatiques, puisque Thana (le diminutif de Thanatos?) va perdre progressivement pied, alors que paradoxalement elle va maîtriser de mieux en mieux son arme. La justice va se perdre en meurtres gratuits, et Thana poursuit son chemin de croix sanglant. La dimension religieuse va être malmenée comme à son habitude par Ferrara, et l’image de cette nonne en bas résille avec rouge à lèvre est très marquante. Une manière significative de pointer du doigt une religion qui est censée protéger, mais qui va être pervertie et totalement dévoyée. L’apparence de l’innocence devient l’un des atouts majeurs de Thana, et la vengeance de la pauvre fille muette va être dévastatrice.
La mise en scène somptueuse de Ferrara tient à la fois d’un réalisme cru montrant une violence frontale, et est teintée par intervalles de plans mâtinés de surréalisme, soulignant la lente érosion de la psyché de Thana. Le travail sur les cadrages ou les couleurs revêt alors une importance symbolique achevant de faire de L’Ange de la Vengeance un film aussi intelligent que sensitif. Et la musique de Joe Delia, Artie Kaplan et Don Payne est littéralement envoûtante.
L’Ange de la Vengeance peut être considéré comme un joyau sombre des 70’s, et sa beauté formelle teintée de désespoir n’a pas pris une ride. Et la beauté vénéneuse de la très rare Zoë Lund est parfaitement intacte…

jeudi 24 avril 2008

DOG BITE DOG (SOI CHEANG, 2006)


Vendu comme un film à la violence extrême et une perle rare du cinéma hong-kongais, Dog bite Dog est une déception de taille. L’histoire de Pang est similaire à celle de Jet Li dans Danny the Dog, puisqu’il est lui aussi élevé comme un chien de combat en toute clandestinité. Le résultat est désastreux puisque Pang est devenu une véritable machine à tuer, et malheureusement pour lui il ne rencontrera pas de piano sur sa route…
Ce qui s’annonçait comme une variation sur le thème des combats clandestins peut être oublié rapidement, puisque l’histoire se concentre sur la fuite de Pang et sa traque par un flic au bout du rouleau. L’opposition entre les deux êtres détruits dans la ville de Hong-Kong est sans intérêt, et la rigidité dans la construction des personnages et de leurs buts n’apporte rien de neuf. Ainsi, le bad guy Pang qui tue par nécessité a quand même un bon fond, et le flic censé faire la justice a de solides instincts destructeurs. Le yin et le yang sont entremêlés mais ne font pas décoller l’histoire pour autant, et Dog bite Dog est un énième récit centré sur l’opposition de deux figures (ce qui est très bien fait dans The Killer de John Woo, et ce qui est purement factice dans Infernal Affairs d’Andrew Lau et Alan Mak).




Pourtant, la violence est belle et bien présente dans cette traque, mais elle ne possède pas de qualités cinématographiques convaincantes. La mise en scène est pourtant prometteuse au début, et Soi Cheang filme la ville avec un sens de la beauté fugace toute asiatique. Mais les scènes de violence ne sont pas de véritables combats, et le réalisateur ne propose que des règlements de compte sans recherche graphique originale.
L’aspect glauque du film est très palpable, et l’omniprésence des ordures rend bien compte de la déchéance que tient à souligner Soi Cheang, mais au bout d’un moment cette âpreté visuelle n’est plus suffisante pour combler les lacunes d’un scénario qui ne sait plus dans quelle direction aller. Il y a bien la première scène violente et une scène de fusillade dans un resto qui sont bien construites, mais le reste n’a aucun intérêt, et surtout pas la dernière séquence qui est un foirage complet, tant au niveau du réalisme physique que de la dramaturgie. C’est vraiment du grand n’importe quoi et ça clôt le film sur une véritable impression de désastre. J’en rigolerai bien si je n’avais pas été aussi impatient de voir ce film…


L’autre élément exaspérant est l’enchaînement chaotique des oppositions verbales entre les flics. Ca crie dans tous les sens, ça se menace sous une caméra épileptique, et ça fait finalement beaucoup de bruit pour rien. Le flic désabusé qui se met la hiérarchie à dos et qui se prend des baffes de son supérieur, le même flic qui passe à tabac ses indics pour obtenir des informations, tout ça est un maelström de violence, mais pas vraiment celui que promettait le pitch du film.
Dog bite Dog fait partie de ces films asiatiques surestimés basés sur le concept de violence extrême, et qui en apporte une version trop hystérique et exagérée pour sortir du lot.

mardi 22 avril 2008

NEO-UNIVERSEL 1: MYSTERE ( WARREN ELLIS, SALVADOR LARROCA, 2007)


Le concept de ce nouvel univers repose en fait sur celui utilisé par Jim Shooter en 1986. Le rédacteur en chef de l’époque décide de créer un univers séparé de celui où coexistent les héros Marvel traditionnels, afin de s’affranchir de la continuité et de créer de nouveaux héros. Tout ça se déroule juste pour le 25ème anniversaire de la création du monde Marvel, et il peut finalement apparaître étrange de fêter un événement en ne le citant pas mais en créant quelque chose de complètement différent. Mais motivé par ce procédé qui recèle néanmoins un fort potentiel, Shooter donne naissance à plusieurs séries interconnectées sur ce New Universe comme D.P. 7, Justice, Kickers, Inc… Mais le succès n’est pas au rendez-vous de cet ambitieux projet, et cet univers sera peu à peu délaissé. Ce qui ne veut pas dire que les personnages seront totalement abandonnés, puisqu’ils seront finalement confrontés aux héros Marvel de l’univers classique à travers divers titres (ce sera le cas chez Namor, les Fantastiques, Les Défenseurs et bien d’autres).
2007. A l’occasion du 20ème anniversaire de la création du New Universe, Warren Ellis est mis aux commandes d’un relaunch, accompagné du talentueux dessinateur espagnol Salvador Larroca. Neo-Universel voit le jour en février 2007, et est une relecture se déroulant sur un monde différent faisant partie du multivers Marvel, et nommé Terre 555. Le concept de base est donc de remodeler et de réactualiser des personnages, afin de jeter un éclairage neuf à la problématique de l’instant blanc.



06.49 temps universel coordonné: le ciel devint blanc sur toute la surface de la Terre. Un événement d’ampleur cosmique qui va avoir de nombreuses incidences en donnant des pouvoirs puissants à une poignée d’êtres humains. Le monde est à un tournant, et l’avènement des super-humains a commencé. On pense invariablement à la série Heroes qui narre par le début l’éclosion de ces gens différents, en traitant à la fois l’aspect physique mais aussi psychologique de ces découvertes. Neo-Universel se veut un reflet réaliste de ce qui adviendrait si un tel événement se déroulait, et il se démarque des autres titres Marvel par son absence de justiciers costumés. Avec Warren Ellis aux commandes, on pouvait s’attendre à une œuvre unique et originale, et pourtant, il semble que l’auteur ait été bridé puisque Néo-Universel est finalement assez banal. Le point de départ est lui bien excitant, et les récits qui en découlent vont puiser dans le polar et dans la SF tout en maintenant une unité réaliste, mais les dialogues ne font pas honneur au sens du détail et de l’absurde de l’auteur; et les situations sont traitées avec une certaine rigidité qui fait de ces héros des icônes froides et superficielles (sauf peut-être pour Izanami Randall dont l’aplomb sauve un peu les meubles).



Cette relative absence de profondeur est atténuée par le dessin de Larroca, qui nous offre des planches belles et très travaillées, comme en attestent les visages des protagonistes. Il caractérise chaque personnage et donne une texture particulière en empruntant certaines ressemblances (c’est le cas du chargé des fouilles Jim Braddock qui ressemble étrangement à Gene Hackman).
Néo-Universel est une œuvre mineure de la part d’Ellis, et la déception est grande. Mais Larroca parvient à transcender ce faible matériau et à créer une ambiance de fin du monde solide.

lundi 21 avril 2008

LA FILLE QUI REVAIT D’UN BIDON D’ESSENCE ET D’UNE ALLUMETTE- MILLENIUM 2 (STIEG LARSSON, 2006)



La filiation avec La petite Fille aux Allumettes est bien cynique, et l’introduction du roman va tout de suite éradiquer toute possibilité d’innocence. Le récit s’annonce d’emblée très dur, et le premier choc n’est évidemment que le début.
C’est avec un grand plaisir que l’on retrouve les protagonistes du premier tome, et l’auteur suédois Stieg Larsson prolonge l’existence de ses personnages avec beaucoup d’originalité et de subtilité. Nous avions laissé Mickael Blomkvist et Lisbeth Salander sains et saufs après l’énigme d’Hedestadt, mais la surprise provient comme toujours de Salander qui se trouve en plein tour du monde. Elle semble voyager au gré de son humeur et grâce à des fonds illimités, et elle a rompu tout contact avec Blomkvist. Mais tôt ou tard, ils devraient bien finir par se retrouver…
Le choix narratif de Larsson fait bien la part entre les péripéties de Salander et celles de Mickael, mais ce deuxième tome est surtout axée sur la mystérieuse jeune fille. Apparue comme une pièce maîtresse de l’agence Milton Security, elle se dévoile de plus en plus dans ce livre, qui va déterrer des éléments de son passé qu’elle aurait probablement voulu enfouir à jamais. La Lisbeth que l’on a connu dans Les Hommes qui n’aimaient pas les Femmes était une femme de poigne, déterminée, asociale et rebelle à toute forme d’autorité. Autant de traits de caractères marquants qui en font un personnage fort et dynamique. Mais cette personnalité étrange a été construite sur des éléments et des événements bien précis, qui vont être révélés dans ce récit captivant.
Même s’il contient des passages longuets lorsque Lisbeth Salander décide de déménager, le rythme de croisière du premier tome revient ensuite pour accompagner une enquête très spéciale sur fond de trafic sexuel. La forte tête qu’est Lisbeth Salander n’est pas le genre de femme à supporter ce genre de cruauté, et elle va participer de manière très particulière à l’enquête menée par le journaliste Dag Svensson et sa compagne Mia Bergman. Ces deux nouveaux protagonistes vont être appuyés par le journal Millénium, et vont donc entrer en contact avec Blomkvist et la directrice Erika Berger.



Le plus surprenant dans ce bouquin est évidemment la découverte de Lisbeth, plongée dans une aventure hors norme et ponctuée de souvenirs douloureux et marquants. Totalement hermétique pour son entourage, elle vit quasiment en vase clos, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une poignée d’amis ou de connaissances sur qui compter. Et c’est aussi la découverte de cette vie sociale qui permet de se faire une idée de cette sacrée Lisbeth, et de comprendre les mécanismes qu’elle a enclenché afin de ne pas se perdre. Personnage fascinant au plus haut point, elle est ici l’élément central, et Blomkvist est plus en retrait alors qu’il occupait la première place dans le premier roman. Cette modification de point de vue permet au récit de ne pas être une simple suite, mais de prolonger l’aventure en offrant une autre vision. Une vision désabusée mais toujours frondeuse, en adéquation avec le caractère si particulier de Lisbeth.
Comme dans le premier tome, Stieg Larsson opte pour un télescopage de personnalités bien diverses, et l’enquête va voir toute une galerie de flics, de psys, de truands et de journalistes qui vont œuvrer sur des matériaux bien divers. Mais la toile de fond reste ce réseau de prostitution nébuleux, qui va progressivement sortir de l’ombre. Les nombreuses interactions entre les personnages sont traités encore une fois avec un souci d’authenticité et une rigueur admirables, et cette seconde enquête semble avoir été pensée bien avant le premier tome tant les événements découlent naturellement. La maîtrise scénaristique de Larsson est l’une des plus grandes qualité de cette série, et les révélations qu’il livre sont pensées avec soin.
Le succès de la trilogie ne pouvait pas échapper aux producteurs de cinéma, mais la bonne nouvelle est que la sensibilité nordique sera conservée puisque le film sera suédois. L’adaptation se fera en fait en trois films, et voici un avant-goût avec cette photo. A gauche, Michael Nyqvist qui jouera Mickael Blomkvist, au centre Noomi Rapace qui campera Lisbeth Salander, et à droite le réalisateur danois Niels Arden Oplev.

samedi 19 avril 2008

COLORS (DENNIS HOPPER, 1988)




Dennis Hopper est un acteur reconnu, qui a également œuvré à plusieurs reprises derrière la caméra. Sa première réalisation sera son plus grand succès, il s’agit d’Easy Rider qu’il tourna en 1969 et qui allait devenir le film d’une génération. La portée de ses films suivants n’atteindra jamais l’équivalent de ce road-movie, mais il continue cependant à faire de la mise en scène à un rythme calme.
Colors sort en 1988 et stigmatise les ravages causés par les gangs sévissant à Los Angeles. En traitant de l’exécution d’un membre des Bloods par les Crips, Dennis Hopper tient à montrer l’escalade de la violence et le caractère inéluctable des crimes se déroulant dans le ghetto. En axant son film sur la dualité de deux flics, il tente là encore de démontrer comment cette violence peut devenir une habitude. En confrontant le jeune chien fou décidé à faire régner l’ordre au vieux briscard blasé, Dennis Hopper confronte deux points de vue diamétralement opposés , mais qui n’ont de valeur que par le temps passés dans la rue.


Sean Penn est alors en pleine ascension après Comme un Chien enragé de James Foley, et son côté grande gueule colle bien avec le personnage de ce jeune flic fougueux. Face à lui, Robert Duvall campe un flic proche de la retraite qui ne parvient pas à accepter les méthodes brutales de son collègue. Pourtant, Dennis Hopper ne va pas enclencher un processus de rivalité entre les deux, mais plutôt une sorte d’observation et de tentatives pour comprendre leurs points de vue. Même si elle est parfois tendue, leur association n’en sera pas moins marquée par un respect certain, puisqu’ils ont finalement le même but.
L’élément semblant affaiblir le film est la présentation caricaturale qui est faite des gangs, apparemment constitués de pures ordures sans cervelle. Ce qui n’est probablement pas loin de la vérité, mais le côté gentils flics et méchants blacks n’est peut-être pas des plus judicieux. Mais le film suit son rythme calme, et va se découvrir peu à peu, au gré des personnages rencontrés. C’est ainsi que Dennis Hopper va progressivement adopter le point de vue alternatif de membres de gangs, ce qui permettra de mesurer différemment les enjeux de ces guerres incessantes.
Colors n’est pas un film policier bourré d’action, mais plutôt une vision réaliste d’un quotidien où les arrestations et les trafics sont habituels. Sans faire dans le sensationnalisme, Hopper appuie son propos par une mise en scène instinctive et qui prend son temps. Un rythme plus proche d’un polar 70’s que d’un film des années 80, en somme.


La musique signée Herbie Hancock et Ice-T reste résolument urbaine, et le côté old school du score est un argument de plus en faveur de ce film, qui s’ancre avec justesse dans ce milieu si particulier. Ce qui n’est pas étonnant puisque de véritables membres de gangs ont participé au film, notamment en tant qu’acteurs. Ce qui n’a évidemment pas rendu le tournage facile, et les règlements de compte étaient fréquents sur le plateau.
Quoiqu’il en soit, Colors reste un film policier intéressant où l’on découvre des acteurs débutants comme Don Cheadle, Damon Wayans, ou encore Mario Lopez, le futur Slater de Sauvés par le Gong!

vendredi 18 avril 2008

DEADPOOL/GLI SUMMER FUN SPECTACULAR (DAN SLOTT, FABIAN NICIEZA, 2007)


uniquement en import


Entre deux aventures avec son partenaire Cable, Deadpool trouve le temps de faire équipe avec les fameux GLI (Great Lakes Initiative), anciennement Great Lakes Champions, GLX (Great Lakes X-Men), S.W.O.R.D., Lightning Rods et GLA (Great Lakes Avengers). Ces changements de nom constants montrent le manque de maturité et d’équilibre caractérisant cette équipe, et le fait que Deadpool s’associe à eux n’est finalement pas si étrange…
C’est l’été, le soleil brille et tout serait parfait si le dieu Dionysos ne s’était peinté une fois de trop et n’avait chuté sur Terre. Le problème, c’est qu’il a été récupéré par l’AIM (Advanced Idea Mechanics), une organisation secrète terroriste dont les membres portent de hideux uniformes jaunes avec des casques ridicules (jaunes aussi). Et l’état d’ébriété de Dionysos va leur être très utile dans la confection d’une arme aussi redoutable qu’étrange…


Après une introduction tordante ou Deadpool apprend à Squirrel Girl ce qu’il advient de son petit ami Speedball (Civil War, ça vous dit quelque chose?), l’action démarre et Deadpool découvre des héros apparemment bien bourrés qui ne savent plus ce qu’ils font. Un état anormal pour les garants des valeurs familiales que sont les Fantastiques, et Wade flaire l’attaque secrète. Il va donc enquêter afin de sauver les héros américains…
Noble mission pour un mercenaire déjanté et imprévisible, et sa rencontre avec les GLI va faire des étincelles; après quelques mises à mort bien drôles sur la personne de Mr. Immortal, Deadpool décide de s’allier à cette équipe hors-norme. Mr. Immortal étant techniquement immortel (!), il ne lui faut que quelques minutes avant de revenir à la vie. Le gag récurrent des exécutions perpétrées par Deadpool devient un gimmick et est aussi drôle à chaque rencontre!
Les GLI ne sont pas forcément très connus du public français puisque la poignée d’épisodes leur étant consacrés n’ont pas été traduits. Pourtant, cette équipe de super-losers gagne à être connue puisqu’elle se distingue par un humour absurde et des situations bien comiques, ce qui n’est pas très éloigné du style des aventures de Deadpool.


Créés par John Byrne en 1989, ils apparaissent pour la première fois dans l’épisode 46 des Vengeurs de la Côte Ouest où ils se distinguent par leur côté… autre! L’équipe actuelle est composée du leader Mr. Immortal, de Squirrel Girl (la femme écureuil!), de Flatman qui est aussi mince qu’une feuille de papier, de Doorman qui ouvre des portes dimensionnelles, et de Big Bertha qui peut passer instantanément de la taille mannequin à un volume XXXXL. Un rassemblement de pouvoirs hétéroclites qui agit donc sous la bannière GLI, et qui se fixe comme but de faire régner la loi et l’ordre. Le seul hic, c’est qu’ils foirent souvent leurs missions et que leur crédibilité s’en trouve nettement amoindrie…
Mais c’est justement ce qui fait de cette équipe un régal pour les lecteurs, puisque leurs aventures baignent constamment dans une atmosphère de désordre et d’absurdité. C’est tout naturellement que Deadpool multiplie les rencontres avec ces super-héros très spéciaux…
Ce Deadpool/GLI Summer Fun Spectacular est un moment de bonne humeur et d’aventures délirantes qui se laisse lire très agréablement, et l’aventure principale est suivie de courts récits sympathiques, dont un rencard entre Deadpool et Big Bertha! C’est à voir!

mercredi 16 avril 2008

DOOMSDAY (NEIL MARSHALL, 2008)


Sorti le 2 avril 2008

Dire que Dog Soldiers m’a profondément emmerdé relève de l’euphémisme. Dire que The Descent m’a profondément déçu en serait un autre. Et dire que Doomsday est une pure tuerie en est heureusement aussi. Ça y est, Neil Marshall m’a enfin convaincu avec ce film d’action hors norme au côté geek résolument assumé!
Doomsday commence comme New York 1997 en suivant les traces du soldat Sinclair, et la référence est on ne peut plus explicite quand on la voit avec son bandeau à la Snake Plissken! Son côté impassible et sa détermination la caractérise immédiatement comme une icône du film d’action, ce qui prend totalement à contre-pied le cinéma des années 80 auquel Marshall se réfère… Toute l’intelligence du traitement réside dans les libertés que le réalisateur a pris dans son hommage aux actionners d’antan, et le fait d’avoir une version féminine du Snake dans le premier rôle est excellent! Rhona Mitra est parfaite dans la peau de Sinclair, et offre un jeu à la fois rude et sexy, ce qui est une alternative bienvenue aux machos des 80’s (même si je les kiffe bien ces brave gars!).


La rapidité avec laquelle Marshall balance l’ambiance est étonnante; il place son histoire de virus en quelques instants, et met en place des ressorts dramatiques puissants qui marqueront la suite des événements, notamment en ce qui concerne Sinclair. La violence frontale caractérisant la scène d’introduction marque bien la volonté du réalisateur d’y aller à fond, et le reste du film continuera dans cet esprit bourrin pour le plus grand plaisir du spectateur (un bon petit R-rated, ça ne se refuse pas!). Les têtes coupées et les cuissons maison vont se succéder à un rythme infernal, en ne lésinant pas sur les gros plans qui mettent en avant le remarquable travail du maquilleur Paul Hyett. Neil Marshall est généreux en hémoglobine, et les effets du virus sont particulièrement répugnants…
Cette surenchère fait alors dériver le film vers l’hommage au cinéma bis italien, fort de quelques œuvres plus ou moins réussies comme Les Guerriers du Bronx ou Les nouveaux Barbares. Lorsque les survivants surgissent avec leurs tronches de punks et leurs motos vrombissantes, on se retrouve plongé dans un pur post-nuke à la Castellari, et la référence avec le maître du bis transalpin est tout sauf fortuite. Visuellement, Marshall a totalement remis au goût du jour cette imagerie dépravée et foncièrement déviante, et les bad guys sont aussi mal sapés que cruels. La partie de chasse entre les bidasses et ces racailles s’annonce ardue…
Non content de recycler deux types de films diamétralement opposés, Marshall pousse le vice encore plus loin et se plonge carrément dans une reconstitution moyenâgeuse pendant une petite demi-heure! Et même si ce n’est pas la séquence la plus intéressante, elle recèle quand même des moments forts et se place dans le récit sans souci de continuité. Trop fort ce Neil…


Le score de Tyler Bates est excellent et ajoute évidemment du crédit à ce film complètement barré. La musique additionnelle résolument axée 80’s apporte une touche d’humour mâtinée de respect qui achève de prouver ce que le réalisateur a voulu faire: recréer l’univers débridé et sans limites des séries B et Z qui fleurissaient sur le marché de la vidéo à l’époque, et le réorganiser pour lui offrir une dimension luxueuse qui permettra de réhabiliter ce genre. Et le pari que représentait Doomsday est complètement réussi, le film de Marshall bouffant à tous les râteliers avec une fringale communicatrice et un regard de gamin derrière lequel se trouve un esprit ouvert. Doomsday est un exercice de style génial et abusé, qui multiplie les séquences délirantes (notamment une poursuite automobile entièrement tournée avec des cascadeurs, et non des putains de fond bleu!). Un réalisme physique permettant de donner tout son poids à cet univers surréaliste et apocalyptique.
Et Rhona est tout simplement sublime...

lundi 14 avril 2008

SMACKDOWN WRESTLEMANIA REVENGE TOUR


le 13 avril 2008 au Zénith de Strasbourg


Ça y est, le grand jour est arrivé! Ce soir aura lieu le show de la WWE au zénith de Strasbourg! Reb Brown, Fred, Fassnacht, Shystrack(½) et moi nous rejoignons à l’entrée du plus grand zénith de France, et la première bonne surprise est l’efficacité des organisateurs dans la gestion de cette foule de 9000 personnes. Arrivés sur place à l’ouverture des portes (17h), nous restons dans la file d’attente à peine 20 minutes avant d’enter dans l’immense hall. Ensuite, l’entrée dans la salle est une pure formalité, et des hôtesses nous accompagnent jusqu’à nos sièges! C’est pas beau ça? En entrant dans cette salle, la vision de cette foule est tout simplement impressionnante, et le ring semble très petit par rapport à la télé! Mais nous sommes relativement bien placés puisque nous sommes situés dans les premiers gradins. L’ambiance s’annonce énorme, et les WOO fusant de toute part rendent hommage au vétéran Ric Flair
19h pile. Les lumières s’éteignent, la clameur monte, et le général manager Theodore Long fait son entrée. Sous une foule déchaînée, il annonce le main event et les stars qui participeront au show, puis repart pour que le spectacle commence.

Le premier match est un combat double pour le titre (!) opposant les actuels champions The Miz et John Morrison à Jimmy Wang Yang et Shannon Moore. Le résultat est un combat rythmé qui fait office de mise en bouche agréable, même si les champions repartent évidemment avec leurs ceintures. Le spectacle se déroulant en France et n’étant pas diffusé aux Etats-Unis, il ne fallait surtout pas s’attendre à des retournements de situation et des changements de titre! Ce show est uniquement destiné à montrer le savoir-faire des lutteurs dans un contexte finalement inoffensif…Mais on ne va pas faire la fine bouche quand on peut avoir des superstars de la WWE en live!
Puis 3 catcheurs entrent sur le ring pour un combat très spécial, puisque le vainqueur sera le premier à faire un tombé, sur n’importe lequel de ses adversaires! Ce sont les catcheurs ECW Kenny Dykstra, Kofi Kingston et Shelton Benjamin qui s’affrontent dans un match plutôt sympa, avec une première alliance entre Dykstra et Benjamin pour régler son compte à Kingston. Puis les alliances vont changer, et finalement, Kingston remporte le match en effectuant un tombé sur Dykstra.
C‘est à un combat d’amazones que l’on a ensuite droit, avec la méchante brune Victoria contre la sublime blonde Michelle McCool. Par contre le rythme n’est pas le même, et les multiples clés de jambes de Victoria commencent à être lassantes. Michelle McCool subit les assauts de son adversaire, mais parvient à retourner la situation et à remporter le match.


C’est ensuite à un autre affrontement ECW que l’on a droit, avec Tommy Dreamer contre Mike Knox. La ECW est une autre fédération de catch, qui s’associe avec la WWE à l’occasion. Le combat est rude et certains coups claquent vraiment! Les deux hommes y vont vaillamment, et Dreamer parvient à gagner ce match et est applaudi par une salle conquise.
Puis Zack Rider et Curt Hawkins arrivent sur le ring, et une musique celtique retentit dans l’arène. C’est l’arrivée de Finlay avec son petit partenaire Hornswoggle! Le catcheur irlandais va faire équipe avec Jimmy Noble, tandis que le nain Hornswoggle prépare 2-3 plaisanteries pour leurs adversaires! Le combat s’avère vraiment bien, dans une ambiance bon enfant (Hornswoggle et ses pistolets à eau!) et offrant un spectacle de qualité. Je ne m’attendais pas à grand-chose de Noble, mais il a effectué quelques mouvements vraiment impressionnants, notamment lorsqu’il s’est jeté à l’extérieur du ring. La victoire est donc revenue à la sympathique équipe Finlay-Jimmy Noble, qui a été très appréciée par la foule, tout comme Hornswoggle évidemment!


Après un entracte très court, les combats reprennent. Le champion des Etats-Unis MVP n’y va pas de main morte et après avoir cité les noms de Zidane, Ribéry, Henry et d’autres footballeurs français connus, il déclare simplement que ce sont des losers! La réaction dans la salle est énorme! Puis Matt Hardy fait son entrée sur le ring sous les cris de la foule. Le combat est morcelé comme d’habitude par les multiples sorties de MVP, qui refuse l’affrontement comme dans la plupart de ses matches. Puis le combat reprend, mais la déception vient de Matt hardy qui n’effectuera pas son fameux saut depuis la troisième corde… Sinon la victoire lui revient quand même, mais sans changement de titre (lire plus haut) puisque ce sera par disqualification. MVP voyant le match lui échapper se contentera de frapper Hardy avec une chaise, ce qui lui permettra de repartir avec sa ceinture.


Et le moment tant attendu arrive enfin, un combat à 6! Le premier à faire son entrée est le Great Khali, et sa stature est réellement impressionnante. Le lutteur indien mesure 2.21m, et entre aisément par-dessus la 3ème corde. C’est ensuite au tour du très gros Mark Henry d’arriver, suivi du très prétentieux Edge. Du côté des bons, le Big Show arrive en premier, et ses 2.16m le mettent quasiment à égalité avec Khali! Plus massif que l’indien, son arrivée est tout aussi remarquable! Puis Batista entre sous une foule déchaînée, le colosse étant très populaire. Et soudain, les lumières s’éteignent! L’Undertaker entre en scène! Un moment intense où le champion du monde arrive avec cette musique mortuaire énorme et ce look ténébreux inimitable! La foule est ravie, et le match peut commencer. Un main event de qualité, qui verra la victoire des « gentils » après un match de haut niveau. Et l’Undertaker repartira sous les ovations de la foule avec sa ceinture…
Même si les matches ne pouvaient pas offrir de surprises, le résultat de ce Smackdown Wrestlemania Revenge Tour est plutôt bon. Sans atteindre la qualité d’un événement comme il s’en passe aux Etats-Unis (c’est loin d’un Wrestlemania!), le fait de pouvoir assister à des combats de cette fédération mythique est assez rare pour offrir une satisfaction certaine! Et surtout, voir l’Undertaker en live est un événement indescriptible…

samedi 12 avril 2008

28 SEMAINES PLUS TARD (JUAN CARLOS FRESNADILLO, 2007)


Les zombies ont la côte en ce moment, tout comme les réal ibériques, alors quoi de mieux que de confier la suite du réussi 28 Jours plus tard à un gars prénommé Juan? Le résultat est un spectacle trippant et flippant de haute volée, une claque cinématographique qui nous fait regretter que les zombies n’aient pas appris à courir plus tôt…Les puristes noteront qu’il s’agit en fait de contaminés, puisque les sprinters ne sont pas réellement morts. Mais l’effet est le même, et les hordes de types débraillés et ensanglantés qui courent dans les rues de Londres sont tout ce qu’il y a de plus déchaînées!
Point de départ: l’épidémie qui a ravagé Londres 28 semaines plus tôt semble éradiquée, et le gouvernement décide de repeupler une partie de Londres. La vie reprend donc son cours sous l’œil orwellien de l’armée. Caméras omniprésentes, soldats en faction à chaque coin de rue, snipers en alerte sur tous les toits… Ca ressemble à un cauchemar mais c’est le mal nécessaire pour assurer un retour à la normale. Mais le virus ne va pas tarder à refaire surface, et les nouveaux habitants vont se retrouver pris au piège…
Après une intro d’une radicalité et d’une cruauté incroyable, Fresnadillo ne lâchera plus son spectateur. Les éléments mis en place dans cette séquence à la fois gore et d’une beauté visuelle rare vont être prépondérants pour la suite du film, et les notions de culpabilité et de survie sont traitées avec un réalisme s’éloignant totalement des standards débilitants ayant trop souvent cours dans le film apocalyptique (les héros ridicules à la Resident evil 2 sont donc proscrits). Robert Carlyle (encore lui!) joue un rescapé qui va tenter de reconstruire une cellule familiale, et le jeu de l’acteur est d’une justesse étonnante qui fait de son personnage un être meurtri et aimant, caractéristique des paradoxes finalement humains qui sommeillent en nous et qui sont trop souvent bannis des films. Les personnages des enfants sont eux aussi incarnés par deux très bons acteurs, Mackintosh Muggleton et Imogen Poots, qui j’espère feront parler d’eux un jour! Leur jeu apporte des nuances et un réalisme cetrains, et participe beaucoup à la réussite du film.


Visuellement, 28 Semaines plus tard est une bombe atomique qui fait le lien avec le précédent film de Danny Boyle, mais qui fonctionne également de manière autonome. Loin de plagier son prédécesseur, Fresnadillo prolonge le cauchemar en utilisant à fond les ressources techniques mises à sa disposition, et on se retrouve dans un univers désespéré qui n’est pas sans évoquer les clips de Cunningham pour Aphex Twin, aussi radical que maîtrisé. L’imagerie militaire omniprésente censée préserver la population va basculer dans l’horreur pure, et les séquences hallucinantes de mitraillages et de destruction massive possèdent un potentiel monstrueux! Toujours secondée par une réelle dimension psychologique et émotionnelle, la mise en scène de Fresnadillo est d’une maîtrise rare, optant pour un montage à la limite du lisible lors de certaines scènes d’attaque, mais qui s’en retrouve du coup encore plus terrifiantes à cause de ce manque de compréhension et de cette perte de repère spatial. Il met en image la panique dans ce qu’elle a de plus pur et viscéral, n’hésitant pas à traiter du mouvement de foule irrépressible et de l’effet dévastateur du phénomène d’inconscient collectif. Il s’agirait presque d’une sorte d’étude des masses en milieu hostile en fait, et l’aspect social renforce encore davantage le propos du film!



Un mot sur la musique, qui est tout simplement sublime! John Murphy est un génie qui crée un score immersif à souhait, mêlant des accents oniriques teintés d’un pessimisme du plus bel effet, transcendant des scènes déjà énormes visuellement. L’intro avec Carlyle courant dans les prés avec les infectés à ses basques est tout simplement une des plus belles scènes que j’ai pu voir dans le domaine du fantastique, et la partition de Murphy y est d’une beauté à pleurer…
La scène très choquante des snipers sur les toits symbolise elle aussi cette sensation de déchéance humaine, et son aspect révoltant est d’autant plus fort que la situation est devenue totalement incontrôlable. Enorme tant d’un point de vue humain que gore, 28 Semaines plus tard est une réussite totale qui risque de vous donner des cauchemars, mais qui mérite amplement d’être considéré comme l’un des meilleurs films désespérés de ces dernières années…



vendredi 11 avril 2008

LA PLAGE (DANNY BOYLE, 2000)


Depuis Trainspotting, j’avais délaissé Danny Boyle qui fait partie de mes cinéastes de l’adolescence, tout comme Tarantino, Stone ou Avary. Et puis j’ai vu son Sunshine l’an dernier qui m’avait bien plus, et qui semble prendre de l’ampleur avec le temps. Il va falloir que je le revoie parce que j’ai l’impression qu’il me réserve encore quelques surprises… Bref, après ça, Reb Brown me parle de La Plage comme d’un film mythique, et il n’en faut pas moins pour que l’on organise une soirée double programme sous le signe de l’ami Danny, même si on triche un peu en fait, puisque on va se faire La Plage et 28 Semaines plus tard. Pour être plus crédible, on a qu’a parler d’une soirée Carlyle et c’est réglé!
La Plage donc, dont le plan d’ouverture met direct dans l’ambiance, avec un sens visuel d’une beauté rare (merci Darius Khondji!) et l’utilisation d’une musique électro totalement en phase avec le sujet du film. Quand on a pas moins qu’Angelo Badalamenti, John Cale et Brian Eno pour la musique, que dire de plus? Un Badalamenti tendance Twin Peaks qui a ravi mes oreilles en tournant en boucle sur la page menu pendant que Reb Brown urinait tranquillement en passant des coups de fil… Un moment magique et rare!



Leo qui a finalement survécu au Titanic se paie un voyage en Thaïlande qui va le mener vers une petite île où devrait l’attendre le Paradis, matérialisé sous la forme d’une plage fermée à l’eau turquoise et au sable immaculé. C’est Robert Carlyle qui lui raconte tout ça, et il va même lui fournir la carte pour trouver cette plage mythique. Carlyle qui joue un personnage aux limites de la folie et aux tendances autodestructrices, avec tout le caractère explosif de l’acteur (Bebgie forever!). Leo va donc embarquer la plus que sublime Virginie Ledoyen et l’excellent Guillaume Canet dans une aventure mystérieuse…
Danny Boyle est un cinéaste passionné et très talentueux, et la manière dont il filme ces paysages grandioses est on ne peut plus immersive. Qu’il utilise de grands mouvements de caméra pour magnifier cette nature, ou qu’il pose ses plans pour bien profiter de l’instant présent, il amène littéralement le spectateur dans cet espace préservé et idyllique, jouant sur la dimension temporelle avec la même rigueur et grâce que dans Sunshine. Ce temps qui glisse, qui stagne, qui métamorphose… Toujours englobé dans cette BO excellente (Chemical Brothers, Moby…), ce film hors norme convoque des rêves de liberté totale et de nature primitive, dans un élan de retrouver une sorte d’équilibre primordial métaphysique. Dit comme ça, ça peut paraître chiant, mais franchement il n’y a aucune trace de naïveté dans cette ode à la nature et aux valeurs fondamentales.



Mais le problème dans la nature, c’est qu’il y a la nature humaine qui est toujours prête, consciemment ou non, à s’autodétruire. Le Paradis annoncé est donc à double tranchant, et les trois amis vont apprendre à leurs dépens ce qu’il en coûte de vouloir se libérer des affres de la civilisation moderne. Comme à son habitude, Danny Boyle va opérer un virage radical dans sa narration, et va créer le malaise et l’angoisse, mais d’une manière bien subtile qui semble signifier que le Mal fait partie inhérente de toute chose, et qu’il peut surgir aussi bien de la plus belle plage du monde que des rues mal famées de Bangkok. La nature de ce mal est elle-même liée au temps, et Boyle retranscrit cet état de fait avec une précision exemplaire.
Film mystérieux au titre banal, La Plage est un trip hallucinant, fourmillant d’idées de mise en scène géniales, et l’influence du clip ou du jeu vidéo est ici digérée de telle manière qu’elle ouvre des perspectives étonnantes. Et Virginie Ledoyen…


mercredi 9 avril 2008

ARLETTE GRUSS: MIRAGES





En tournée à travers la France jusqu'au 16 novembre (+ d'infos sur http://www.cirque-gruss.com/)

Actuellement à Mulhouse jusqu'au 13 avril, à Colmar du 15 au 23 avril, à Strasbourg du 26 avril au 14 mai


Créée en 1985, la compagnie Arlette Gruss s’est rapidement fait une réputation dans le monde du cirque en proposant un programme qui, sans tourner le dos aux traditions, se focalisait également sur la nouveauté. C’est ainsi que chaque année, le spectacle est entièrement renouvelé, afin d’offrir de nouvelles sensations, et permettant aussi de fidéliser le public. Le pari est réussi, et Arlette Gruss fait partie des grands noms du spectacle, aux côtés de Zavatta, Bouglione ou Medrano.
Le titre passe-partout de Mirages recouvre en fait une volonté de glisser dans une atmosphère mêlant réalisme et onirisme, avec pour point de départ l’Arbre de Vie, symbole universel totalement adapté au dynamisme et aux prouesses des artistes qui vont faire rêver le public pendant 2h30. Et oui, le spectacle est long, ce qui ne l’empêche pas de maintenir une qualité exemplaire! Ainsi, l’enchaînement des numéros est vif, et à part l’entracte obligatoire et traditionnel, l’attention ne se relâche quasiment pas. Pour ma part, je ne suis pas super fan des numéros de dressage, mais la différence d’appréciation entre ce que vous pouvez voir sur un écran de télé et ce que vous vivez à quelques mètres est très différent; même s’il n’évite pas les répétitions, le numéro avec les chevaux reste impressionnant, surtout lorsqu’ils se dressent sur leurs pattes arrières. Ce n’est qu’en le voyant directement que l’on se rend compte de la prestance de l’animal et de sa taille finalement très imposante!
Laura-Maria Gruss, petite-fille d’Arlette, a quant à elle mené ses poneys avec une fougue et un professionnalisme assez surprenant pour une petite fille de 8 ans! Ca doit bien être génétique tout ça finalement… On a pu voir aussi des chameaux, des zèbres, un magnifique tigre blanc, des éléphants impressionnants, bref toute une ménagerie habituelle mais qui gagne à être vue sur scène (ou sur piste plutôt).


Mais le cirque, c’est avant tout le lieu propice à toutes les acrobaties, et le programme proposé est étonnamment riche et varié. Dès l’entrée, ce sont Maryna et Sergeï Baryshnikov qui offrent un numéro d’équilibristes étonnant alliant sensualité et force physique. La beauté des figures enchaînées alliée à ce sol recouvert d’eau produit un effet poétique fort, et la magie opère dès les premières minutes.
La suite ne démentira pas cette entrée en matière, et l’un des numéros les plus remarquables est certainement celui de la troupe acrobatique de Zun Yi, dont la bascule offre des possibilités insoupçonnées! Les performances réalisées ici sont époustouflantes, notamment lorsqu'on voit la maîtrise avec laquelle les plus jeunes se jettent dans les airs! Le numéro du globe aérien est quant à lui inédit, et voit Sergeï Baryshnikov (encore lui!) accompagné de Linda Biasini-Gruss et de sa soeur Marisa Biasini s’envoler pour une chorégraphie étonnante… A 6 mètres du sol, ils vont effectuer un numéro magnifique qui va les voir évoluer autour et dans ce globe de métal, avec des figures de gymnastique d’une grande maîtrise. Encore un numéro empreint d’une bonne dose de poésie, intensifiée par l’orchestre omniprésent.



Sinon, c’est un trublion nommé Barto qui s’occupe des transitions, et il le fait d’une manière inimitable et vraiment drôle. Ce contorsionniste est un véritable phénomène, et il promène son physique longiligne en le soumettant à des exercices bien étranges et qui ne manqueront pas de vous faire exploser de rire! Il utilise comme personne les objets usuels, et notamment un cintre… Il faut vraiment le voir!
L’équilibriste Xie Shan est tout simplement hallucinante, et pourrait en remontrer à de nombreux danseurs de hip-hop! Son numéro d’équilibre sur un bras est une merveille, et en plus, elle ne s’arrête jamais de sourire, comme si tout cela était enfantin pour elle!
Un autre numéro incroyable (ça s’enchaîne je vous dis!) est cette scène se déroulant à 7 mètres de haut, où une jeune femme, Miss Kaï, se prépare tranquillement pour une sortie, maquillage, coiffage et tout… Le seul truc, c’est qu’elle fait tout ça à l’envers, la tête en bas. Mais elle marche réellement, levant bien ses pieds du sol inversé, et elle ne tombe pas! Système d’aimantation? Même pas sûr en fait, en tout cas c’est vraiment étonnant!
Rajoutez à cela des trapézistes (les virevoltants Flying Michael), le clown Mathieu, ou encore Kevin Gruss qui se la joue The Crow dans un numéro de sangles élastiques de très haut niveau, et vous obtiendrez un spectacle époustouflant qui ne peut que vous enchantez! Avec des décors très travaillés, des costumes originaux et une musique véritablement envoûtante, tout est fait pour que vous passiez un moment véritablement hors du temps. C’est ça, la réussite des Mirages…