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salem center: juin 2008

lundi 30 juin 2008

DIARY OF THE DEAD- CHRONIQUE DES MORTS VIVANTS (GEORGE A. ROMERO, 2007)


Sorti le 25 juin 2008

Je ne suis pas particulièrement fan de la série des Morts vivants de Romero, mais l’avant-dernier épisode m’avait paru plutôt sympathique. La perspective de voir le sujet traité à la manière Blair Witch avait de quoi être enthousiasmante, et augurait d’un renouveau certain du film de zombie.
Et Diary of the Dead n’est rien d’autre qu’un énième film gore sans originalité ni crédibilité, où les protagonistes semblent sortir tout droit d’un bon vieux slasher des 90’s à la Scream, l’effet nostalgique en moins. S’il n’y a pas un personnage réussissant à capter l’attention du spectateur, il est alors très difficile de dérouler un récit correct, même si la forme se veut différente. C’est bien simple, la bande de cinéastes amateur fuyant à travers le pays dans un van ressemble à la bande à Scoubidou, avec à peine une touche de frisson en plus.


La psychologie reste engluée dans un schéma de base ultra-classique flirtant souvent avec le ridicule, ce qui handicape déjà grandement le film de Romero. Et c’est d’un bavard! On se croirait dans un pensum sur l’utilisation de la caméra, et les tentatives d’explications sur l’impossibilité du réalisateur de la lâcher sont d’une lourdeur vraiment impressionnante. Le ridicule surgit à de nombreuses reprises, et les dialogues interminables finissent par ôter le peu d’espoir qui subsistait après un pré-générique déjà limite.
Romero fait dans l’horreur intelligente, en préférant se concentrer sur la dénonciation de la perte d’objectivité face à la démocratisation de l’information (tiens, c’est original!) que sur une histoire qui possédait des atouts pour être bien flippante. Le résultat est un film sans rythme enchaînant les dialogues sans intérêt, ponctué de temps à autre d’une courte scène permettant au maquilleur Andy Schoneberg de montrer son talent. Et il en a, mais l’ensemble est tellement dilué dans une sorte de soap ridicule que l’effet est rapidement atténué (la fin dans la baraque à Victor Newman renforce bien cette impression!).


Le coup de la caméra à l’épaule à déjà été fait par d’autres, et en largement mieux. Balaguero, Plaza, Myrick, Sanchez, Reeves… Ces auteurs utilisaient leur objectif afin de créer une tension palpable et novatrice, tandis que Romero essaie vainement de faire sortir quelque chose de sa caméra en pensant que plus il insiste sur le procédé, plus ça va marcher. Au lieu de jouer dans la subtilité et de rappeler simplement à quelques reprises que tout ceci est filmé par les personnages du film, il le dit pendant 1h30 sans discontinuer, laissant même ses chers morts-vivants au second plan. Cloverfield, [REC] ou encore Le Projet Blair Witch savaient doser leurs effets, et savaient quand passer le relais pour simplement rendre flippant ce qui se passait dans le cadre. Romero ne la joue pas de la même manière, et son film s’en ressent. Diary of the Dead n’est qu’une ombre infime de ce qu’il aurait pu être, se sabotant lui-même par le jeu des références qui tombe littéralement à plat tellement c’est absurde (la répétition de la scène de la momie est à ce titre incroyable…). C’est très très lourd, et Papy Romero en a apparemment gardé sous le coude pour un second Diary

dimanche 29 juin 2008

BIG BABY (CHARLES BURNS, 1999)


Charles Burns est l’auteur réputé de l’excellente série Black Hole, mais son travail ne s’arrête heureusement pas là. Avec Big Baby, il met en scène un enfant au visage étrange, qui semble ne pas avoir d’âge. D’emblée, l’ambiance est très spéciale, caractérisée par une tonalité sombre qui sera développée dans les multiples récits.
Big Baby est l’histoire caractéristique du jeune garçon que personne ne croit quand il dit voir des choses mystérieuses. Le petit Tony Delmonto ne parvient pas à persuader ses parents de l’existence du monstre qui sort de la piscine de son voisin, ni de l’invasion extra-terrestre qui se prépare. Et Charles Burns se place à la hauteur de l’enfant, qui ne fait que décrire une réalité tangible que les autres ne soupçonnent pas. On est projeté en plein EC Comics, avec des monstres hideux et des aliens repoussants, et le graphisme éthéré de Burns est à la fois un hommage à ces vieux comics, et constitue également un démarcage très intéressant sur les fantasmes enfantins.
Big Baby est une exploration de la psyché enfantine, qui met en exergue les peurs profondes et les désirs latents qui existent à cet âge-là. Le processus appliqué à ce Big Baby est sensiblement le même que celui que l’auteur utilisera pour l’élaboration de Black Hole, qui traitera cette fois de la psychologie adolescente. L'oeuvre de Charles Burns semble suivre cette volonté d’extérioriser les pensées profondes de ses protagonistes, en créant un univers où se matérialise le subconscient.

Quand Bib Baby se retrouve dans la caverne où les monstres séquestrent leurs prisonniers, il s’agit du monde réel dans lequel évolue Tony. L’épidémie dont il essaie en vain de parler à ses parents est le précurseur de la fameuse peste qui fera des ravages chez les adolescents de Black Hole, et elle est tout ce qu’il y a de plus réelle dans le monde de Tony.
Un monde à l’atmosphère résolument étrange, où les adultes ne sont pas forcément plus responsables que les enfants. Le voisin de Tony est particulièrement gratiné, et sa notion du couple est terrifiante et doublée d’une dose de comique pessimiste. Charles Burns gratte les couches sédimentaires de la psyché humaine, et livre une vision à la fois absurde et sombre de la civilisation, vue par un enfant qui ne semble pas vouloir grandir. Son physique particulier ajoute une couche de malaise, et il semble presque être lui-même un extraterrestre. Sa représentation symbolise sa solitude et l’incompréhension des adultes, et il préfère explorer son univers plutôt que de perdre son temps à essayer d’expliquer les dangers qui guettent.


Stylisé dans un beau noir et blanc, le récit onirique de cet enfant particulier est très représentatif du talent de son auteur, et même s’il n’atteint pas le sommet d’un Black Hole, il est une lecture fortement recommandable.

samedi 28 juin 2008

DAVID BORING (DANIEL CLOWES, 1998)


Paru initialement dans le magazine Eightball, cette histoire tragi-comique a pour héros le personnage David Boring, qui est à mi-chemin entre l’adolescence et l’âge adulte. L’auteur, Daniel Clowes, lui fait subir une aventure très particulière, dans laquelle la nonchalance du jeune homme sera mise à rude épreuve.
Le graphisme fait immédiatement penser aux vieilles bandes des années 50-60, avec leur style épuré et leur graphisme noir et blanc délicat. David Boring est une plongée dans l’adolescence américaine teintée d’une forte dose de nostalgie. Le travail de Daniel Clowes est remarquable, autant dans sa conception picturale que dans sa structure narrative. La combinaison de ces deux éléments crée une vraie ambiance, faite de déprime et d’espoir. David Boring est un gars plutôt calme, pas vraiment extraverti, et qui essaie d’aller de l’avant tout en étant agrippé par un passé très fort. Ses rencontres, ses erreurs, ses moments de bonheur, tout ça est écrit avec un mélange de réalisme et de fantaisie, qui sont parfaitement dosés pour parvenir à faire de David Boring une œuvre étrange et envoûtante, de celles qui font intervenir le passé et le subconscient sans pour autant faire étalage d’un savoir encyclopédique.
Tout est dans l’atmosphère, rendue encore plus atypique par un noir et blanc hors du temps, qui grise ce présent déjà pas très joyeux. Un choix judicieux qui augmente encore l’intensité du récit, lequel se hasarde sur des éléments étranges, sur des interactions étonnantes entre les personnages, et qui apparaît finalement comme une sorte de rêverie crépusculaire où l’émotion se glisse de manière subtile.


Avec un personnage qui prend des photos intimes de toutes ses conquêtes, une coloc lesbienne qui se spécialise dans les aventures impossibles, ou encore une mère castratrice, le sexe est un élément primordial du récit qui se veut une exploration des fantasmes. Les attirances interdites et les envies intimes sont exprimées de manière directe, et les personnages de David Boring ne font finalement que suivre ce que leur dicte leurs instincts. On peut penser à Nowhere de Gregg Araki, car même si l’aspect visuel est complètement différent, le propos est sensiblement le même, à savoir celui d’une adolescence esseulée qui comble ses manques comme elle peut.
David Boring est un titre essentiel dans cette approche mélancolique de l’adolescence, et la netteté des situations évoque invariablement quelques expériences bien personnelles vécues par l’auteur lui-même. La recherche de l’amour parfait par David est une sorte de chimère, qui repose pourtant sur des éléments bien concrets. Daniel Clowes remonte en fait jusqu’à l’origine de cette perception, qui déterminera toute la vie de David. Une approche à la limite de la psychanalyse, mais démontrée avec talent par un auteur capable de traiter de ce sujet avec subtilité.

vendredi 27 juin 2008

HOT ROD (AKIVA SCHAFFER, 2007)



Rod Kimble est un jeune cascadeur un brin décalé qui persévère depuis de nombreuses années dans cette passion dévorante et dangereuse, toujours à la recherche du grand frisson. Lorsqu’il apprend que son beau-père est atteint d’une maladie qui ne lui laisse plus que quelques jours à vivre, Rod décide de tenter le tout pour le tout et de passer à l’étape supérieure afin de réunir les fonds nécessaires à l’opération…
Et là, vous vous dites: oh non, encore un de ces films à message qui grouille de bons sentiments à la guimauve. Héhé… Et bien je vous conseille de jeter tout de suite vos deux rétines sur ce film, car Hot Rod est une pure tuerie qui pulvérise littéralement toute les comédies existantes! Hot Rod est une date dans l’histoire du cinéma, Hot Rod est une légende, Hot Rod est le Graal du film comique!

La première scène est tout simplement hilarante, et place d’emblée le spectateur dans le délire du réalisateur Akiva Schaffer et de la scénariste Pam Brady. Mais le plus incroyable, c’est que le rythme ne baissera jamais durant l’intégralité du film, ce qui est une performance unique en son genre! Le mérite en revient à la scénariste (qui a notamment œuvré sur South Park) dont le script dément est une suite de fulgurances totalement dingues! Aidé par une mise en scène inventive qui joue sur les ellipses et le montage inventif, Hot Rod est en plus interprété par une bande d’acteurs aussi dynamiques que talentueux. La conjonction parfaite de tous les éléments en somme, et ce film est tout simplement LA comédie parfaite, le nouveau mètre-étalon qui met la barre extrêmement haut…


Les scènes d’anthologie se suivent à un rythme infernal, et l’histoire de ce jeune homme qui veut à tout prix réussir pour gagner l’amour de son beau-père est énorme! Dès qu’un moment menace de devenir touchant, il est très vite rattrapé par des gags vraiment inventifs et une approche comique dévastatrice! Qu’il s’agisse de la love-story en puissance, des nerds qui font partie de l’équipe de Rod, des combats homériques avec son beau-père, tout est étudié au millimètre pour que l’impact soit le plus précis possible, et le résultat est inversement proportionnel aux réussites de Rod. Andy Samberg est génial dans le rôle de ce personnage aussi entêté qu’attachant, et tout comme Jorma Taccone qui joue son frère et le réalisateur, ils font partie du gratin du Saturday Night Live.


Un mot encore sur la musique, qui colle à la perfection aux images très Hell’s Angels du film, et qui annonce le retour en grâce du groupe Europe! Le travail sur le son est excellent, et les séquences sont indissociables de cet habillage sonore qui donne une dimension supplémentaire à l’humour qui inonde ce film. Tout simplement énorme…
Hot Rod est une expérience réellement surprenante, qui donne tout son sens à l’expression « mourir de rire »; un conseil, si vous buvez une bière en matant ce film, mettez sur pause…

jeudi 26 juin 2008

HULK (ANG LEE, 2003)



On peut trouver ses films précédents fades et ennuyeux, mais le choix d’Ang Lee sur le projet Hulk reste néanmoins intéressant. Si son Tigre et Dragon était bien loin d’être la quintessence du cinéma de Hong-Kong et si ses plus anciennes pellicules comme Salé sucré sont d’un profond ennui, le fait de lui donner les commandes de ce blockbuster est à la fois surprenant et prometteur. Le traitement aura au moins le mérite d’être original avec cet homme habitué à des registres plus intimistes que spectaculaires.
En ce sens, Ang Lee part dans la même direction que le couple Stan Lee- Jack Kirby lors de la genèse du personnage de comics en 1962. L’impact psychologique de l’apparition de cette créature est aussi important que les dégâts matériels et les combats titanesques qu’elle va provoquer. Mais la naïveté teintée de propagande américaine en pleine guerre froide laisse place dans le métrage d’Ang Lee à des drames intimistes mêlés à des velléités militaires actualisées.
La genèse même du monstre souligne cette approche à la fois frontale et délicate du sujet. Dans le comics, Hulk était né de l’explosion d’une bombe Gamma qui avait tout d’une vision apocalyptique, manifestation vivante du danger atomique. Dans le film, l’irradiation de Bruce Banner se passe dans le labo d’une école, et seules trois personnes assistent à la scène. Un choix scénaristique évitant le spectaculaire mais cadrant davantage avec le combat personnel qui va s’engager entre les deux entités Banner-Hulk. Ce qui est préfiguré dans le générique avec ses manipulations génétiques va progresser jusqu’aux répercussions psychologiques qui en résultent. Et c’est là que le film d’Ang Lee trouve son redoutable angle d’attaque: Hulk en tant que manifestation physique de l’inconscient de Banner. Le combat du jeune scientifique n’en est que plus palpitant et ses liens avec sa collègue Betty Ross n’en sont que plus fragiles.


Hulk est en quelque sorte un film psychanalytique, centré sur les effets du refoulement de souvenirs traumatiques et sur la volonté inconsciente de se retrouver face à ses démons. Les carences émotionnelles de Banner et sa constante retenue vont finir par céder pour révéler toutes ses frustrations et toute sa colère. Les cadrages serrés des acteurs et une écriture fluide nous immiscent sans peine dans cette aventure humaine, mais Ang Lee n’occulte pas pour autant le potentiel spectaculaire de son sujet; et si la relation Bruce-Betty est des plus touchantes, les apparitions de Hulk restent bien fracassantes.
Les scènes de combats contre l’armée sont visuellement bluffantes et voient le géant vert démonter des tanks et des hélicoptères, bondir à travers les étendues désertiques ou encore détruire une rue de San Francisco avec la puissance d’un tremblement de terre. Les effets spéciaux sont excellents et le réalisme de ces scènes est parfait, allié à l'excellente partition de Danny Elfman.


Eric Bana est parfait dans le rôle de Bruce Banner et parvient à faire ressentir les émotions troubles qui agitent son personnage; Jennifer Connely est comme d’habitude excellente et insuffle une fragilité désarmante au personnage de Betty Ross, lui conférant un rôle bien plus important que son personnage dans le comics originel. Sam Elliott est la copie conforme du général Ross au poil de moustache près. Seul le personnage du père de Bruce Banner est irritant; ce vieux scientifique dégénéré joué par Nick Nolte est l’incarnation de l’assoiffé de pouvoir aigri, et Nolte en fait des caisses. Mais ce personnage est nécessaire dans le récit puisque l’accent est mis sur les relations père-fils et père-fille, Bruce affrontant son père dans un combat quasi-oedipien et Betty affrontant son général de père pour s’affranchir de son autorité et trouver sa liberté.
Hulk est une œuvre majeure combinant efficacement le spectaculaire et le microscopique, passant de la colère à la douceur avec une facilité désarmante; le traitement visuel proche de la BD n’a rien d’artificiel et les split-screens ou les fondus renforcent les liens entre les personnages et les séquences. L’exemple de l’écran partagé entre le général Ross et sa fille, puis la partie du général chassant celui de sa fille souligne sans ambiguïté cette soumission à laquelle elle est encore contrainte. Ces détails visuels sont nombreux et parsèment le film comme autant d’indices inconscients, obéissant à la théorie des rêves déguisant le réel pour tenter de le rendre conscient.


A l’heure où L’incroyable Hulk s’apprête à envahir les écrans, il faut signaler à ceux qui ne le savent pas que le film de Louis Leterrier s’affranchit complètement de celui d’Ange Lee, les producteurs préférant oublier son succès mitigé. Il me paraissait important d’en reparler justement, car même s’il n’a pas rapporté assez de dollars, Hulk est un film génial qui ose s’aventurer dans des directions rarement explorées pour un blockbuster. Et en plus, c’est fait avec énormément de talent.

mercredi 25 juin 2008

MI$E A PRIX (JOE CARNAHAN, 2006)



Après le méconnu Blood, Guts, Bullets and Octane et l’immersion dans le polar seventies avec Narc, Joe Carnahan accouche d’un métrage tout simplement dévastateur et démentiel. Brillant, intelligent, barré, tendu, parcouru par des acteurs talentueux et une caméra virtuose, Mi$e à Prix est tout simplement un condensé de cinéma d’action qui pulvérise tout!
L’adhésion est immédiate dès l’ouverture: la présentation du couple de flics chargé de l’enquête est un mélange de calme et de dynamisme, la caméra portée à l’épaule donne un impact certain, et les dialogues sont percutants. Dans un registre différent, on pourrait trouver une parenté avec la cool attitude dans laquelle baigne Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh. Mais Carnahan développe une ambiance bien personnelle qui permet d’éviter le moindre doute quand aux suspicions de pompage sur la bande de braqueurs de George Clooney: s’il y a bien un côté fun dans Mi$e à Prix, celui-ci est relevé par un récit brut et tendu que la bande-annonce ne laissait pas augurer. On nage dans un excellent policier parsemé d’étincelles hilarantes, mais il n’y a rien d’inoffensif dans ce jeu de massacre; les tripes volent et les balles fusent, mais les mises à morts sont paradoxalement filmées avec une proximité qui dément le côté fun de l’ensemble. Il y a un respect de la vie humaine qui confine au tragique dans cette vision frontale traînant sur les derniers instants de quelques protagonistes, notamment dans une scène poignante où le tueur accompagne sa victime dans son sommeil. C’est touchant, presque sexuel, et impressionnant de maîtrise.


La multiplication des personnages (pas loin d’une quinzaine) est un élément qui renforce la maëstria visuelle de Carnahan: virevoltante, inventive, sa caméra suit ses protagonistes dans un récit haletant et bourré d’enjeux multiples. Le scénario riche et touffu jongle avec autant d’aisance que l’objectif de Carnahan pour donner de la profondeur à ce film époustouflant. Le réalisateur échappe au piège de l’esbroufe visuelle et du vide scénaristique qui aurait pu plomber une tentative aussi périlleuse; le résultat est une oeuvre brute et irrésistible, dopée par une bande-son énergique et utilisée avec une rare intelligence.


De Ryan Reynolds (qui endossera le masque de Deadpool dans Wolverine!!!)à Chris Pine, de Ray Liotta à Maury Sterling, en passant pas Ben Affleck, Andy Garcia, Jeremy Piven, Alicia Keys et j’en passe, ils sont tous excellents et donnent corps à des personnages qui étaient déjà bien vivants sur le papier. Des frangins néo-nazis, deux tueuses sexy à la Coffy, un psychopathe adepte de l‘arme blanche, un magicien déjanté… Et le bestiaire n’est pas exhaustif! Loin de se résumer à une simple fonction scénaristique, chacun d’eux est fouillé, complexe et imprévisible. Un atout indéniable qui fait sans conteste grimper le film dans les hautes sphères du policier musclé. On pourrait tenter la comparaison de la densité avec Ellroy, même si la temporalité cinématographique ne permet pas le même approfondissement que dans les romans. Mais l’idée de caractérisation semble bien coller avec le célèbre auteur, et la verve ainsi que la fausse nonchalance des personnages n’est pas si éloignée…
La qualité des apports de Carnahan se voit également dans les gunfights hyper violents qui parsèment le film. L’inventivité du réalisateur donne lieu à des séquences uniques, à la tension et à l’originalité marquantes. L’utilisation de la topographie dans et autour des ascenseurs n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’intelligence de la mise en scène.
Mi$e à Prix est donc tout simplement énorme, une bombe cinématographique aussi rare qu’indispensable, et Carnahan a réussi en seulement trois métrages à imposer le respect.

mardi 24 juin 2008

GREMPELTURNIER BASKET-BALL 2008 DE REININGUE

Le grempelturnier est une tradition en Alsace, où différentes équipes s’affrontent sur un terrain de sport dans la bonne humeur. C’est une compétition tout ce qu’il y a de plus amicale, ce qu’atteste tous les ans les déguisements des joueurs. C’est une sorte d’institution locale qui est très populaire dans le milieu du foot, et qui n'oublie jamais de se conjuguer avec des litres de bière dès 9h du matin. Par contre, je ne connaissais pas l’existence de grempelturnier de basket, et c’est avec joie que j’ai accepté de remplacer à la dernière minute un participant malheureusement blessé. C’est ainsi qu’est née l’équipe Slam Drunk

Le déguisement est la première étape pour entrer dans un tournoi de ce genre. Après de mutiples délibérations, introspections et autres trucs en -ion, nous sommes tombés d’accord sur le look que nous allions afficher: nous serions des adeptes du métal purs et durs! T-shirts à têtes de mort, cheveux rouges, violets et bleu, nous étions fin prêts pour affronter nos adversaires!
Arrivée à 8h52 à Reiningue. Le premier match est à 9h, donc plus le temps de s’échauffer. Jimmy, Julien, Claude, Sophie, Anne, Estelle, Lucas et Luca, et moi-même affrontons nos premiers adversaires, les Estabanis. Alors j’ai cherché sur internet pour trouver la signification de ce mot, mais nada, j’ai rien trouvé! Des adversaires bien mystérieux en somme, pourtant vêtus de manière plutôt flashy! On joue sur des demi-terrains, puisqu’il y a 2 poules de 9 équipes. Estelle et Anne se lâchent direct! On l’a emporté 8-6 dans un match de conditionnement déjà bien crevant!
9h50: on va tenter de plumer les Flamants roses, qui tiennent pourtant plutôt bien sur leur 2 pattes! Mais on persévère, et notre trio de choc Jimmy-Julien-Claude fait des merveilles! Résultat: 12-8.
10H40: cette fois, nous nous retrouvons face aux Looz! Encore une équipe sympathique, mais que nous parvenons encore à battre. Score: 22-8.
Il fait chaud, on a soif. 11h10: nous nous retrouvons face aux joueurs du BSR1, qui semblent avoir encore plus soif que nous vu le nombre de bières qu’ils s’enfilent les unes après les autres depuis l’ouverture matinale du bar! On m’apprend que BSR signifie Blue Star Reiningue, et qu’il s’agit de l’équipe locale de foot. Tout de suite je comprends mieux… Alexandra nous rejoint pour mieux les faire plier, et nous parvenons à les battre 12-8, bien que leur manière de jouer soit en fait très perturbante.
11H50: BSR 2: encore des gars qui titubent, et on les claque 10-2. Putain j’ai bouffé du Yop moi ce matin!


12h30: rencontre contre les Schtroumpfs, qui ne sont pas des adultes fans des soirées gloubi-boulga comme on pouvait le craindre au départ, mais des chtis n’enfants qu’on aurait eu tort de prendre à la légère. Ils nous ont claqué d’entrée de jeu un point sans qu’on le voit venir, et ces petits gars ont une aisance certaine dans la raquette! Mais nous parvenons à gagner ce match, sur un score que nous n’avons pas noté. Le soleil commençait à bien taper…
A force de bouffer des barres vitaminées ça m’avait quand même bien ouvert l’appétit tout ce sport. Je crois que la dernière fois que je me suis levé un dimanche matin pour en faire, ça remonte à… Putain non je me suis jamais levé un dimanche matin pour aller faire du sport! Ça y est, le coup de déprime s’installe, cette révélation choquante me laisse sans voix. Mais c’est sans compter sur Anne qui se charge d’aller au Döner du coin récupérer de la bonne bouffe turque, ce qui fait partie du plan machiavélique pour gagner la compétition! Au vu des résultats des joueurs de la coupe d’Europe, on se dit que le secret est peut-être dans le pain à la viande… Nous nous installons sous un très bel érable qui nous dispense toute l’ombre que peut nous apporter son merveilleux feuillage… Ça y est, je bois un coup et mon délire passe!
14h: cette fois, nous nous retrouvons face aux Jumpy, qui semblent sponsorisés par la Caisse d’Epargne. Oh putain, mon sang de banquier populaire ne fait qu’un tour, et on a chippé un max de noisettes à ces écureuils bondissants! Encore une fois, on a oublié le score, mais seul le résultat compte, et c’est encore une victoire! La paire Luca(s) fait des merveilles du haut de leurs 5 ans!
14h40: dernier match de poule, où nous affrontons les Rescapés de Chica Land. Chica Land? Vite, internet! Alors c’est en fait plein de trucs bien divers, je ne vois pas vraiment le rapport avec l’équipe. En tout cas, leurs déguisements à base de tronches amochées et de membres blessés sont sympas! Ils jouent vite et bien, mais le trio de tueurs de Slam Drunk les met en déroute! Victoire 12-6.


On termine 1ers de la poule B! Ce qui nous donne un accès direct pour la finale, qui se déroule à 17h20. Bon, on a que 2h50 à tuer! On retourne sous le magnifique érable aux branches ployant silencieusement sous le doux vent de cette chaude journée d’été, et nous somnolons comme les larves que nous sommes.
Et à 17h20, nous sommes frais pour la confrontation ultime, le choc des titans: Slam Drunk contre Lentza Spälter (un terme alsacien qui signifie fendeurs de lentille, et qui en gros veut dire gros radin. Et ouais j’ai encore fait des recherches!). Cette fois-ci, plus de demi-terrain, va falloir courir! La tension est à son comble, les fans sont hystériques, les filles jettent leur string, et nous entrons dans l'arène. Face à nous, des adversaires bien déterminés que nous n’allons pas laisser nous bouffer. Ce match de 8 minutes est le plus claquant de tous, et le trio Jimmy-Julien-Claude fait encore des étincelles. Je les aide du mieux que je peux, mais c’est clair qu’ils maîtrisent! On marque, on ne lâche pas, et on ne se fait jamais remonter. Les combinaisons s’enchaînent, et au terme d’un match éprouvant, nous nous retrouvons propulsés champions du monde de Reiningue! (ouais j’ai oublié le score, et alors?) Liesse, champagne, femmes dénudées, on se croirait revenu dans la Rome antique! L’orgie dure jusqu’à 10h du matin le lendemain… Ah non, on me fait signe que je dois me gourer, en fait on rentre avec les mioches, un bain et au lit. Héhé…


Sinon un grand bravo aux organisateurs qui ont fait un boulot remarquable pour que cette journée se passe de la manière la plus conviviale possible, et big up à toutes les équipes déjà citées, plus celles de la poule A: Pizza Face, Super five, les Conscrits, les Wackes, les Barbares, Super Zéro, Number one et Whisky Men. Mention spéciale pour les Super Zéro qui ont fait le show dans leurs tenues moulantes, et qui ont montré que les super-pouvoirs n’appelaient pas forcément de grandes responsabilités. Ils ont joué leur rôle à fond, et ça, ça se respecte!

lundi 23 juin 2008

STNC LIVE, FETE DE LA MUSIQUE DE COLMAR 2008

Samedi 21 juin 2008

La fête de la musique, c’est toujours l’occasion de découvrir des artistes plus ou moins talentueux, de s’en payer une bonne tranche et de faire des découvertes plutôt sympathiques. Avec un battle de break-dance, du death métal à tous les coins de rue, des instru de hippies ou encore de la chanson française bien de chez nous , le cru 2008 servi à Colmar était encore une fois bien éclectique, et la foule était encore nombreuse pour savourer tout ça!
C’est dans ce maëlstrom sonore que j’ai retrouvé les STNC (pour Some Things Never Change), où j’ai découvert le moi profond d’un collègue que j’ai plus l’habitude de voir en costard qu’en punk nerveux! Comme quoi, les apparences sont trompeuses, et le banquier est fourbe… C’est rue des Têtes que les STNC vont nous gratifier de trois sets de 45 minutes, qui vont être bien rock’n’roll et qui vont dérider les vieilles guiboles!

Fred est donc au chant, et il assure pas mal dans un registre anglais qui lui va plutôt bien, accompagné d’un jeu de scène bondissant dont il a le secret. Il livre des compositions personnelles et se livre à l’exercice des reprises, notamment avec le Letters to you de Finch. Le style est agréable et dynamique!
A la guitare, on retrouve Astero et Beatles, qui se complètement bien et qui parviennent à donner un univers sonore relativement homogène. Le son est punk, et ça bouge bien, avec quelques cris bien death métal de temps en temps qui font contrepoint à la voix plus posée de Fred!


A la basse, Matt assure un max et nous gratifie d’un set d’excellente tenue. J’ai un faible pour la basse qui est pour moi un instrument capital, même si elle semble parfois noyée dans la masse. Mais sans elle, la musique perd de son ampleur, et Matt était là pour régler tout ça!
Mais celui qui m’a le plus scotché, c’est leur batteur Nico (à mon avis, c’est pas un hommage à Steven Seagal), qui possède une maîtrise vraiment radicale de son instru. Vif, précis, il a enchaîné les morceaux avec une énergie incroyable qu’il a réussi à canaliser de la meilleure manière qui soit. Ses solos étaient un régal, et toute sa prestation était géniale! A mon avis il devait être bien mort après le concert, mais ça en valait vraiment la peine!
Un concert réussi dans un cadre plutôt modeste, puisque la fête de la musique n’est pas un exercice évident, tant au niveau du matériel que des spectateurs. Mais STNC est parvenu à capter un public, qui est resté tranquillement pendant toute la durée du set auquel j’ai assisté. Les grands-mères ont un peu tiré la gueule, mais c’est toujours un signe de qualité!
Après leur réussite en plein air, STNC sera bientôt à l’affiche au Grillen de Colmar, et le passage dans cette salle de référence pour la musique actuelle risque de prendre encore une autre dimension… Groupies en folie, fans déchaînés, punk attitude, ça va faire mal!

dimanche 22 juin 2008

BLACK WATER (ANDREW TRAUCKI, DAVID NERLICH, 2007)



Le film de croco est un genre à part entière, qui en général sent bon le bayou et le tabac à chiquer. Le Crocodile de la Mort, Lake Placid et autre Primeval mettent en scène le reptile préhistorique dans des œuvres qui sont au final des démarcations plus ou moins habiles des Dents de la Mer de Steven Spielberg.
Ce Black Water a le culot d’être produit la même année que le Solitaire (Rogue en VO) de Greg McLean, et la comparaison est inévitable. Mais même si la plupart des critiques le voient comme un sympathique hors-d’œuvre avant la sortie de Solitaire, je trouve qu’il possède une touche d’authenticité qui le place devant le film de McLean. Solitaire est pour moi surévalué car il n’apporte pas grand-chose de neuf et que le côté émotion n’est pas très travaillé tandis que Black Water, même s’il n’est pas exempt d’approximations et de pertes de vitesse, propose un déroulement impliquant davantage le spectateur.


Le réalisme de la situation permet de se projeter à la place des personnages, deux sœurs et le petit ami de l’une d’elle. C’est sur la gradation psychologique qu’Andrew Traucki et David Nerlich insistent, leur mise en scène se concentrant davantage sur les émotions que sur les attaques du saurien. Saurien qui n’apparaît au final pas beaucoup, ce qui est tout à l’avantage du film en fait. Le suspense ainsi distillé n’en est que plus prenant, puisque les victimes (et par conséquent les spectateurs) redoutent de plus en plus une attaque qui ne vient pas. La tension est palpable, et malgré quelques menus défauts d’écriture, Black Water est une série B qui n’a rien à envier à son grand frère Solitaire.
Les trois acteurs (Diana Glenn, Maeve Dermody et Andy Rodoreda) apportent une grande crédibilité à leurs personnages, et ma préférence va à la blonde Maeve, qui en plus est tout simplement craquante! Bref, cette histoire de trois personnes perchées sur un arbre pour éviter de se faire croquer par la vilaine bébête fonctionne plutôt bien!


L’atmosphère très bayou (même si le terme s’utilise exclusivement en Louisiane) est oppressante, avec ses arbres entremêlés accentuant l’impression de claustrophobie. Les trois membres de l’expédition se retrouvent piégés loin de toute civilisation, sans pouvoir utiliser leur portable, et avec l’impossibilité de pouvoir descendre sous peine de voir le croco surgir de ces eaux mortelles. Un schéma classique mais qui fonctionne toujours. Pour la petite anecdote, c’est en voyant l’excellent Open Water- en Eaux profondes de Chris Kentis (2004) que les deux réalisateurs ont eu l’idée de faire ce film. Le film de Kentis traitait des requins, mais d’une manière totalement différente de Spielberg, et l’approche très documentaire était pour beaucoup dans sa réussite. Traucki et Nerlich ont essayé d’éviter le spectaculaire et de se focaliser sur l’aspect psychologique, et les interactions variables entre les personnages sont dans ce sens réussies.
Black Water est donc un sympathique B, qui devrait contenter les fans en attendant la déception Solitaire…

samedi 21 juin 2008

HALLOWEEN (ROB ZOMBIE, 2007)



29 ans après le film de John Carpenter, Rob Zombie dépoussière le mythe qui s’était entaché de plusieurs suites poussives, qui semblaient avoir résolument anéanti le personnage de Michael Myers. L’approche de Zombie est très sensitive et se retrouve finalement très proche de celle utilisée par Carpenter en 1978 pour La Nuit des Masques. Halloween est une relecture brillante de cette figure du Mal, qui plonge le spectateur dans une horreur viscérale.
La première partie approfondit la dimension psychologique du futur tueur, et propose une immersion dans la vie chaotique du jeune Michael Myers alors qu’il va encore à l’école. L’approche de Zombie est toujours plus tendre envers les freaks, ce qu’ont démontré La Maison aux 1000 Morts et l’ultra-surévalué The Devil’s Rejects. Daeg Faerch est hallucinant dans le rôle de l’enfant perturbé, et sa bouille angélique cache de moins en moins le Mal qui grandit. Le regard qu’il lance à la caméra lorsqu’il se retrouve dans la voiture des flics est véritablement glaçant…
Le travail sur le rôle du masque est exemplaire, et va aboutir à une véritable dissociation de la psyché du jeune homme, tout en mettant à plat les bases mêmes du boogeyman en général. Le lien très fort entre l’être et son masque tient à la fois du fétichisme et de la peur, et le mélange fascinant de ces composantes donne tout son sens à l’évolution de Michael.


Rob Zombie développe le contexte psychologique et social qui va donner naissance au mythe, et sans pour autant excuser les actes de Myers, ils permettent de comprendre par quels degrés de souffrance et d’humiliation il a pu passer, et à quel point tout cela s’est comprimé en lui avant d’exploser littéralement dans un accès de violence dévastateur. On assiste impuissant à des scènes d’un réalisme choquant, et à la souffrance des victimes se mêle à une pitié certaine pour le petit garçon. Rob Zombie ne choisit pas son camp, il sait que Myers symbolise le Mal pour toute une génération de cinéphiles, mais il se permet de lui donner une aura plus consistante que dans le film originel, et se démarque par une approche plus intimiste.
Passée cette première partie, le véritable remake commence. C’est à partir de là que l’on se sent littéralement projeté à la fin des années 70, tant le travail sur les décors et la lumière sont exceptionnels. Rob Zombie rend un véritable hommage à l’œuvre de Carpenter en s’insérant dans un cadre semblable, qu’il parvient à inonder de la même ambiance atmosphérique qui nimbait La Nuit des Masques. La sagesse de Zombie est de ne pas tenter de rivaliser avec la mise en scène de Carpenter, mais de l’invoquer à plusieurs reprises, au détour d’une rue à la profondeur de champ lointaine, d’une allée bordée d’arbres où chemine Laurie Strode, ou de cette vision crépusculaire de la bicoque abandonnée. Rob Zombie ne réalise pas un film fun qui permettra de relancer la franchise en attirant les ados à la pelle, il met en scène un film résolument fort qui soutient la comparaison avec celui de 1978, et qui devient lui aussi un film d’horreur ambitieux et captivant.


Le casting est vraiment à la hauteur des attentes, avec une Scout Taylor-Compton qui crie aussi bien que Jamie Lee Curtis! Son côté fragile et touchant laissera entrevoir d’autres aspects, et c’est dans cet enrichissement progressif que va évoluer Halloween. Malcolm McDowell ajoute sa touche de folie au rôle du Dr Loomis; mais surtout, Tyler Mane (le Dents-de-Sabre de X-Men) donne une dimension montagneuse et ténébreuse à Michael, jouant uniquement de sa stature pour donner vie au personnage mutique. Un rôle tout à sa mesure, auquel il s’applique à redonner son aura de terreur. Le reste du casting est composé d’habitué du réalisateur, avec sa femme Sheri Moon Zombie dans le rôle tragique de la mère de Michael, mais aussi William Forsythe, Danny Trejo, Ken Foree, Tom Towles, Leslie Easterbrook, Lew Temple, Sid Haig ou encore Bill Moseley. Soit la bande au complet de Devil’s Rejects! Et si vous ajoutez encore Brad Dourif, Udo Kier ou Adrienne Barbeau, vous vous rendrez compte de la véritable culture de Zombie qui est allé recherchez des bonnes vieilles trognes des années 80!
Mais au-delà de ce casting aux petits oignons, Halloween est avant tout une pièce maîtresse du renouveau horrifique qui fait rage en ce moment, et il constitue une des pierres angulaires de cette approche résolument frontale du genre. Un juste retour à l’âpreté 70’s qui caractérisait déjà son précédent opus, transfiguré par la partition envoûtante de Tyler Bates qui réintroduit efficacement la musique originelle signée Carpenter!


jeudi 19 juin 2008

MURDER ROCK (LUCIO FULCI, 1984)


Lucio Fulci est en pleine vague américaine, et il transpose la recette du giallo à la métropole new-yorkaise qui prend une toute autre dimension. Mais encore plus original, le réalisateur spécialisé dans l’épouvante fait son Fame! Assez improbable, mais son expérience lui permettra de parsemer les chorégraphies de mises à mort bien graphiques…
La compétition est rude dans une école de danse haut de gamme de la Grosse Pomme, et des meurtres mystérieux commencent à entacher les parquets cirés. Fulci n’est pas très à l’aise avec les scènes chorégraphiées qui sont plutôt moches, mais il se rattrape vite avec des meurtres colorés à la mise en scène réfléchie. Le giallo est cet art consommé de rendre pictural les assassinats, ce qui encore une fois est fait avec aisance et grâce par un Fulci motivé. Les longs corridors blancs des vestiaires des filles, la profondeur de champ dans les appartements, tout est savamment calculé pour embellir les mises à mort. Le premier meurtre dans la douche est un modèle du genre, et l’originalité de la scène réside dans la lumière clignotante, la scène étant plongée dans un noir total par intermittence. Cette lumière s’apparente à un éclairage de secours, et va augmenter la tension de la scène de manière très efficace. Fulci va ensuite opérer des variations sur ce jeu de lumière, notamment avec les flashes des appareils photos lors de la découverte du corps, ou encore avec le jeu de lumières dans la salle de danse.


Fulci aurait pu être peintre, et il applique une rigueur picturale qui donne tout son sens à ses œuvres, à la manière d’un Bava ou d’un Argento de la première époque. Les éléments dramatiques passent au second plan, et la ligne conductrice est réduite au strict aspect whodunit. Mais le mystère sur l’identité du meurtrier est assez bien tenu, et malgré les abus de fausses révélations, l’histoire tient la route. La révélation finale est elle bien barrée, mais Murder Rock est avant tout un film fun qui joue avec les codes du genre.
Les faiblesses du scénario (personnages creux, enchaînement mécanique des meurtres) ne sont pas ici un élément forcément négatif, car Murder Rock est une sorte de jeu de piste plus graphique que dramatique, ce qui crée une autre émotion. Le réalisateur ne fait pas dans le gore pur comme L’Au-delà, et son film tient plus du thriller. Une petite bande sympathique qui apparaît comme une récréation soft pour le père Fulci, mais qui permet de se rendre compte de la facilité avec laquelle il peut transposer ses méthodes. Et le jeu sur l’identité du meurtrier est prenant, car ils sont nombreux à pouvoir endosser ce rôle! Efficace, Murder Rock recèle quelques scènes d’anthologie qui soulignent le talent du metteur en scène, dont la caméra très maniable se promène sur les corps et les lieux avec grâce, et il s'offre quelques séquences psychédéliques plutôt réussies…

mercredi 18 juin 2008

LA REINE DANS LE PALAIS DES COURANTS D’AIR-MILLENIUM 3 (STIEG LARSSON, 2007)


Les événements de ce troisième tome sont inextricablement liés au second, et vu comment se terminait le bouquin précédent, la suite était plus que bienvenue! Cela n’avait rien d’une happy end, et il est temps de savoir ce qui s’est passé ensuite…
L’histoire démarre donc directement sur la suite, ce qui fait que je ne peux pas raconter grand-chose sur ce bouquin finalement! Mais l’orientation vers le récit d’espionnage est très nette, et l’affaire Zalachenko déterrée dans La Fille qui rêvait d’un Bidon d’Essence et d’une Allumette va être passée au crible par Millénium, mais va aussi faire intervenir Milton Security. Mikael Blomkvist est toujours de la partie, et l’on retrouve avec plaisir les figures habituelles gravitant autour du fameux journal suédois: Erika Berger, Dragan Armanskij, Henry Cortez, Holger Palmgren… Mais des petits nouveaux viennent compléter la distribution, comme la flic de choc Rosa Figuerola… Et pour ce qui est de Lisbeth? Mystère…
Stieg Larsson poursuit efficacement les aventures de ses protagonistes, même si la lecture de cet ultime volume est moins linéaire. En effet, l’auteur fournit un véritable travail de documentation pour alimenter la thèse du complot entourant l’affaire Zalachenko, et qui touchait directement Lisbeth dans le deuxième bouquin. La Säpo, la police secrète suédoise, est directement impliquée dans ce qui risque d’être un scandale sans précédent. Mais il s’agit surtout d’une nébuleuse interne à cet organisme qui est responsable de la destruction de la vie d’une fillette de 13 ans…


C’est donc à un ennemi indéfinissable que s’attaque Blomkvist et l’équipe de Millénium, et les dangers qui les guettent sont nombreux. Surveillance, intimidations, agressions… C’est sur un registre très policier que se déroule ce volume, qui traite d’enquêtes de contre-espionnage réalistes et tendues. Et parallèlement à cette affaire, Erika Berger risque de quitter son poste à la tête du journal… Les éléments dramatiques mis en place sont nombreux, et même si ce livre est plus difficile à lire de par son côté moins direct, il réserve des moments palpitants qui interviennent régulièrement, et il constitue une suite directe prenante aux aventures de cette poignée d’hommes et de femmes se battant pour la vérité. La fin du bouquin est très palpitante, et le procès qui a lieu sera un éclat bienvenu!
Mais en arrivant à la fin de ce dernier tome subsiste le regret de la disparition prématurée de Stieg Larsson, qui voyait en ses 3 bouquins le début d’une longue série. Les qualités d’écriture et le style très personnel qui les composent laissent en effet entrevoir de nombreuses possibilités qui resteront inexploitées. Mais l’auteur aura réussi à nous transmettre une infime partie de ces passionnantes histoires qui occupaient son cerveau, et cette fraction est déjà beaucoup!

lundi 16 juin 2008

DO YOU KNOW KURYAKIN?


Samedi 14 juin 2008


Soirée très Moog ce samedi à l’O.P.A. à Paris, où l’association Kuryakin organisait une nuit placée sous le signe de l’électro qui fait bouger tes jambes! 6 prestations au programme pour des heures de trip musical varié et solidement mené from dusk till dawn, habillé par des montages de films bien fun et hypnotiques où les morts-vivants se joignent aux pilotes futuristes pour marquer le tempo! !
Premier à se jeter dans l’arène, DJ Paris Exotic Store qui effectue un set electro moog bien dansant, et qui est bien déterminé à assouplir les jambes rouillées! Pas facile de faire le chauffeur de salle, mais l’expérience est là et la mission est menée à bien!
Il est suivi par Chazam et Xtra Systols, qui poussent la chansonnette sur des sonorités electro bien claquantes et vraiment entraînantes! Une performance atypique et groovy où le public ne s’est pas trompé, le côté absurde totalement assumé plaçant la performance bien haut! L’aisance scénique des trois gaillards a submergé la foule, et le set tonique s’est achevé non sans regrets…

Mais DJ Supakouglof était dans la salle, et il a remis les pendules à l’heure avec un mix résolument funky dont il a le secret, mariant l’electro au disco avec l’assurance et le moelleux caractérisant le dessert dont il s’est fait l’emblème, et sans raisins s’il vous plaît! Une démarche résolument old school avec des morceaux sortis de nulle part dénichés aux 4 coins du monde, Supakouglof est un globe-trotter qui maîtrise autant les titres méconnus de Boney M que le funk turc des années 70!


Tendance plus breakbeat avec l’arrivée de Krib qui a trituré ses machines démoniaques pour donner corps à un set aux sonorités bien métalliques, faisant affluer le sang dans les guiboles avec un BPM haletant qui t’empêche de t’asseoir!
Il passe le relais à Klatentwiz qui incendie la foule avec ses constructions/déconstructions sonores bien barrées, qu’il ne manque jamais de saupoudrer d’une pincée de Parkinson pour maintenir le public à la verticale. Un set étonnant pour un artiste imaginatif, qui parvient même à allier mixage et accordéon pour un résultat unique! Tout en se cachant derrière son petit air de Resident, il en a profité pour bien se lâcher le bougre!

Spermir + Frère Yvan achèvent d’emballer le tout en produisant un son techno résolument axée dance-floor qui déride totalement les jambes lourdes, et la soirée s’achève aux aurores, les guiboles flageolantes et le cœur vaillant. Pour les Parisiens qui ont des fourmis dans les jambes, un conseil: suivez l’évolution Kuryakin…

vendredi 13 juin 2008

MARATHON MAN (JOHN SCHLESINGER, 1976)



Etudiant en histoire et adepte de la course à pied, Babe (Dustin Hoffman) est mêlé à une sombre histoire d’espionnage lorsqu’il est agressé dans Central Park. Dès lors, son existence monotone va être totalement modifiée, et il va faire appel à son frère Doc (Roy Scheider) pour lui venir en aide.
Marathon Man s’inscrit avec aisance dans le film parano des années 70 (La Théorie des Dominos, Conversation secrète) et plonge le spectateur dans un récit obscur bien ficelé au centre duquel se trouve la figure du Dr Szell (Laurence Olivier), ancien criminel nazi revenu à New York pour une affaire secrète. William Goldman (l’auteur de Princess Bride!) adapte son propre livre de manière relativement fluide, imbriquant les différents éléments narratifs avec un soin empêchant le spectateur d’en deviner les tenants et aboutissants.


Schlesinger joue la carte de l’ambiance paranoïaque en y ajoutant une certaine forme de surréalisme, les flash-back éclair de Babe quant à son passé donnant un aspect irréel au drame qui se joue. Schlesinger s’amuse avec les perceptions de Babe et du spectateur, imprimant une couche légèrement onirique à ce récit pourtant bien terre-à-terre. Ce curieux mélange donne un ton très particulier à cette œuvre, qui flirte même à un moment avec l’aspect gothique de certains gialli. La scène à l’extérieur de l’opéra préfigure bien ce qui sera développé dans l’œuvre maîtresse de Dario Argento, Suspiria, qui sortira l’année suivante. La mise en scène de Schlesinger place toujours ses protagonistes dans des plans d’ensemble où ils apparaissent écrasés, soulignant l’aspect insignifiant de l’individu face aux forces qui l’entoure. Les lieux traversés possèdent une forte symbolique, et la fin dans le réservoir d’eau est une certaine forme de renaissance.
Marathon Man traite du délicat sujet des criminels nazis encore en liberté, et des secrets qu’ils traînent encore avec eux. Laurence Olivier joue le Dr Szell avec toute sa froideur, et la scène culte où il torture Babe montre bien toute la cruauté de ce personnage qui apparaissait pourtant comme un vieux bonhomme inoffensif. A plus grande échelle, le réalisateur joue sur les faux-semblants dans tout son film. Les nerfs de Babe sont mis à rude épreuve quant il se met à douter de tous, et il n’a peut-être pas tort… Il commence même à se méfier de son entourage proche, ce qui va le pousser à prendre des décisions radicales…




Schlesinger réalise un film prenant, qui donne bien envie de se replonger dans cette époque tendue ayant suivie le Watergate et en pleine guerre froide. L’aspect politique du film est indéniable, et sa portée est d’autant plus forte qu’elle traite un sujet tabou. Porté par un Dustin Hoffman très Actor’s Studio, Marathon Man est une œuvre solide, traitant avec réalisme la machination implacable dans laquelle se débat Babe.

mercredi 11 juin 2008

MAGNETO: NOUVEAU DEPART (PETER MILLIGAN, JORGE GONZALEZ, 1996)



Ce Marvel Méga 5 présente un Magnéto totalement différent, puisque après avoir été touché par la rafale psychique du Professeur Xavier, il devint totalement amnésique. C’est un homme bien plus jeune qui a refait surface, et son nom est Joseph. Après avoir été recueilli par les X-Men, il tente de retrouver son passé. Mais devant le refus de ses hôtes de lui révéler son identité précédente, il va se lancer dans une quête personnelle qui risque bien de le faire replonger…
Nouveau Départ est un récit qui possédait des bases intéressantes, mais que les scénaristes Peter Milligan et Jorge Gonzalez ont détruit sans aucune pitié. On savait que Magnéto exerçait une influence hors du commun sur ses troupes, faite de respect craintif et de pouvoir surpuissant. Mais la déification qui en est faite est tout simplement ridicule, et les nombreuses allusions religieuses sont autant de parallèles bien lourds avec le règne de Magnéto. Déjà, le fait de nommer sa nouvelle personnalité Joseph va dans ce sens, et le terme de foi qui revient sans cesse pour galvaniser les Acolytes semble provenir d’un autre âge…


Le côté chevaleresque induit par les scénaristes n’arrange pas non plus les choses, et la bataille pour le trône est un concept très anachronique qui, appliqué au monde mutant, le dessert totalement. C’est ainsi que Joseph/ Magnéto va devoir se dresser contre Exodus qui prépare l’avènement de la race mutante. Il fait cela au nom de son maître Magnéto, tout en mettant la race humaine en danger de mort. Joseph ne peut tolérer cela, et sa propre culpabilité va l’obliger à tenter de contrer Exodus.
Le thème de la culpabilité concernant Magnéto aurait pu être lui aussi intense, mais la répétition des jérémiades de Joseph lui enlève tout son sens, et il faut dire que les dessins de Kelley Jones ne rattrapent rien. Nouveau Départ est un ratage total, qui suit basiquement des principes psychologiques sans les approfondir, et qui n’apporte strictement rien à l’histoire du maître du magnétisme. L’amnésie de Magnéto était pourtant un concept fort et permettait de remodeler le personnage, de travailler sur une approche plus humaine celui qui était jusqu’à présent un mutant sanguinaire et sans pitié.


Le côté secte est résolument imbuvable, et cette histoire ne tient la route à aucun moment. L’un des pires passages est celui où Magnéto va dans la famille d’un soldat mort au combat en l’affrontant pour leur annoncer la nouvelle, tout en essayant d’apaiser les rancoeurs face aux mutants. C’est limite débile, et ça ne fonctionne à aucun moment.
Bref, les fans du leader mutant risquent de faire la gueule en lisant ce récit, et même les couvertures ne limitent pas la casse! Le redoutable Magnéto s’est fait bien massacrer sur ce coup-là, et j’espère pour lui que c’est la dernière fois!