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salem center: JCVD (MABROUK EL MECHRI, 2008)

vendredi 6 juin 2008

JCVD (MABROUK EL MECHRI, 2008)


Sorti le 4 juin 2008


J’ai beau essayer, je n’arrive absolument pas à comprendre les critiques élogieuses qui ont été faites sur ce film. J’ai vraiment l’impression que ça fait partie de la campagne marketing…
JCVD, ou la mise en abyme d’une icône déchue en quête de renouveau. Le point de départ était intriguant, avec Van Damme dans son propre rôle pour une satire de son parcours. Sauf que l’auto-parodie annoncée n’est rien d’autre que du bluff, et que le film n’a rien de la déconstruction d’un mythe, de la dédramatisation du statut de star, ou encore de l’accessibilité d’un homme face à des anonymes. JCVD est un film totalement étrange, mais qui rate le véritable intérêt qu’il aurait dû avoir (et sur lequel était basé la campagne de promo), à savoir la mise à nu de ce personnage si autre qu’est Jean-Claude Van Damme.


Les teasers sur le Net promettaient un film au ton décalé et à l’approche sincère et subtile. Le résultat est tout autre, puisque tout le film ressemble à une vaste improvisation sans véritable but. C’est ce qu’on appelle communément un pétard mouillé, et ce n’est pas une scène avec un Jean-Claude qui pleure qui va changer la donne. La faiblesse du scénario est très loin de l’OVNI annoncé, et les choix dramatiques de Frédéric Bénudis et Mabrouk El Mechri sont pour le coup très étranges. Il était clair que JCVD n’allait pas être une comédie pure, et le côté thriller était annoncé. Mais pour le coup, on se demande bien ce que vient faire Van Damme là-dedans, puisque le réalisateur ne semble pas avoir réussi à choisir entre le film de genre pur et dur et la parodie. La construction de JCVD est très clairement celle d’un polar, et tout le récit tourne autour du braquage d’une poste. Et mis à part 2-3 dialogues et 1 ou 2 situations, ce film n’a rien de drôle. L’humour qui émanait des teasers était couplé à une sorte de tristesse qui leur donnait de la consistance, mais cette ambiance se retrouve très peu dans le film lui-même.


JCVD est un non-événement, caractérisé par l’absence quasi-totale d’enjeux dramatiques. Je dis quasiment, car il y a bien un moment où ça décolle lors de la libération d’un otage, et quelque chose de fort semble se mettre en place. L’effet dure peut-être 10 secondes avant qu’un monologue lacrymal coupe en plein dans la montée de la tension. Le sabotage pur et simple orchestré par El Mechri laisse quand même dubitatif, et un parallèle pas franchement sympathique me vient à l’esprit: Les Clefs de Bagnole de Laurent Baffie, « film » à la limite de l’expérimentation qui se sabordait lui aussi, avec encore plus d’acharnement. JCVD n’en est pas très loin, sauf qu’un élément surnage par-dessus toute cette vacuité: la mise en scène d’El Mechri, qui est tout ce qu’il y a de plus soignée, et qui nous gratifie de plan-séquence vraiment bien foutus. La fin démontre une vraie maîtrise du thriller pour El Mechri, ce qui est d’autant plus regrettable, puisque le film reste constamment dans cette veine bâtarde qui lui nuit complètement. Tant de moyens mis en place pour si peu de propos, c’est du gâchis pur et simple.
Que dire de plus? Je suis prêt à parier que Sex and the City recèle plus d'intérêts que ce JCVD, et jamais j'aurai pensé écrire ça...

8 commentaires:

Nolt a dit…

Ah mince, tu m'inquiètes là parce qu'avec la bande annonce que j'avais vue (quand il participe au casting du film), je m'attendais vraiment à quelque chose de pas mal.
Si c'est comparable au "Clés de bagnole", que j'ai détesté, ça risque fort de me déplaire.

Matt Murdock a dit…

Bah disons que "les clefs de la bagnole" est à la hauteur de ses ambitions.

L'affiche disait un truc du genre "n'allez pas voir ce film c'est une merde". Laurent Baffie n'arrêtait pas de répéter que son film était pourri. Donc à la limite, le fait que le film soit vraiment mauvais ne choque donc pas et devient intéressant justement par sa nullité.
Si "Les clefs de la bagnole" était réussi, le film aurait perdu beaucoup de son sens et aurait été moins intéressant. (Même si c'est vrai que c'était nul).

Pour JCVD, je ne crois pas que ce soit le cas. Mais je n'avais pas l'intention de le voir de toute façon...

PS : je sais que ça n'a pas beaucoup de sens ce que je raconte, mais je me comprends lol.

Nolt a dit…

Sisi, j'ai compris.
;o)

Par contre, Baffie avait trouvé ça comme accroche provocante (le "n'y allez pas c'est de la merde"), mais il ne le pensait pas du tout (ou alors il ne l'assumait pas).

Je me souviens d'avoir vu une fois une émission (sur Canal je crois) dans laquelle un type faisait une critique du film en sa présence.
La critique était plutôt sympa d'ailleurs (même inespérée vu le niveau du binz), mais à cause d'une réflexion du chroniqueur (je ne me souviens plus qui c'était), Baffie s'était mis dans un état de rage pas possible.
Il a insulté le gars et ne l'a pas laissé finir son truc.

C'est marrant parce que c'est souvent les mecs qui sortent les pires vacheries qui ne supportent pas qu'on leur dise quoi que ce soit (Guy Bedos est un peu comme ça aussi, il peut dégueuler sur quelqu'un des heures durant mais s'offusque comme une jouvencelle si on ose lui balancer une réplique (sauf une fois en Corse dans un bar où il l'a joué profil bas de peur de se prendre une raclée lol)).

Wade Wilson a dit…

Ou comme Michaël Youn aussi...
Les Clefs de Bagnole est une véritable expérience cinématographique, et j'ai vraiment l'impression que Baffie voulait consciemment livrer le plus mauvais film du monde. Une sorte de challenge... Parce que si vous vous souvenez des sketches de Baffie vérifie la Pub, vous noterez que même si c'était lourd, il faisait quand même mouche souvent.

Nolt a dit…

Si c'était son objectif (faire très mauvais), c'est réussi (et très prétentieux du coup) mais dans quel but ?

C'est un peu comme ces artistes qui exposent un fromage avarié, un bidet ou un taille-crayon peint en bleu et qui ricanent sous cape en contemplant le défilé des snobinards qui tentent, parfois avec succès, de trouver un sens à ce qui n'est qu'un opportunisme de circonstance.

Bon, je suis mauvais public aussi, je n'ai jamais bien compris les auteurs qui délaissaient la forme au profit du fond, surtout quand le fond est une pure supposition.

Wade Wilson a dit…

Je suis bien de ton avis quant à l'absence de fond, je trouve qu'une oeuvre se passant de ligne dramatique, aussi simpliste soit-elle, est purement gratuite et sans intérêt. Il faut que le spectateur ait envie de suivre le réal, il faut le pousser à aller au bout d'un film, d'un bouquin ou d'une pièce, et ce n'est pas en masquant artifiellement une absence de propos que ça marche.

Nolt a dit…

J'ai enfin vu ce film hier et, bizarrement, je suis d'un avis presque entièrement inverse à ta critique.

Tout d'abord j'ai trouvé Van Damme excellent. Il joue juste pour la première fois (il est sans doute dirigé pour la première fois remarque).
Certains pourraient penser qu'il est facile de "bien" jouer lorsque l'on s'interprète soi-même, il n'en est rien, d'autant que le vrai JCVD n'a pas souvent, dans la vraie vie, la consistance qu'il a ici.

Le film n'est pas à proprement parler une comédie mais de nombreuses scènes sont savoureuses (pas forcément au point de se péter une cote, m'enfin, quand même).
La présence de François Damien (un pur génie, sorte de Poelvoorde qui aurait du talent et une gueule potable) est, pour moi qui l'avais déjà adoré dans Dikkenek, un vrai plus.

Reste la réalisation, point positif chez toi, que perso j'ai trouvé bien prétentieuse et bourrée d'effets inutiles.
Le long monologue ou JCVD pleurniche et part dans des considérations métaphysiques est peut-être en trop aussi.
Le reste se déguste plutôt bien et on en vient à souhaiter revoir JCVD dans un film doté d'une vraie direction d'acteur.

Pas un chef-d'oeuvre mais très très loin des "clés de bagnole" qui ne proposait ni dialogues ni même un vague début de scénario.

JUSTICE pour Jean-Claude !!
;o)

(bon, évidemment, c'est tellement spécial que je comprends tout à fait que l'on puisse ne pas aimer, en général, ce genre de truc, c'est tout ou rien)

Wade Wilson a dit…

Cool un contre-argument! Je te rassure j'ai rencontré plusieurs personnes qui ont plutôt bien accroché au film. N'empêche que je préférerai toujours le Van Damme pur et dur...