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samedi 28 juin 2008

DAVID BORING (DANIEL CLOWES, 1998)


Paru initialement dans le magazine Eightball, cette histoire tragi-comique a pour héros le personnage David Boring, qui est à mi-chemin entre l’adolescence et l’âge adulte. L’auteur, Daniel Clowes, lui fait subir une aventure très particulière, dans laquelle la nonchalance du jeune homme sera mise à rude épreuve.
Le graphisme fait immédiatement penser aux vieilles bandes des années 50-60, avec leur style épuré et leur graphisme noir et blanc délicat. David Boring est une plongée dans l’adolescence américaine teintée d’une forte dose de nostalgie. Le travail de Daniel Clowes est remarquable, autant dans sa conception picturale que dans sa structure narrative. La combinaison de ces deux éléments crée une vraie ambiance, faite de déprime et d’espoir. David Boring est un gars plutôt calme, pas vraiment extraverti, et qui essaie d’aller de l’avant tout en étant agrippé par un passé très fort. Ses rencontres, ses erreurs, ses moments de bonheur, tout ça est écrit avec un mélange de réalisme et de fantaisie, qui sont parfaitement dosés pour parvenir à faire de David Boring une œuvre étrange et envoûtante, de celles qui font intervenir le passé et le subconscient sans pour autant faire étalage d’un savoir encyclopédique.
Tout est dans l’atmosphère, rendue encore plus atypique par un noir et blanc hors du temps, qui grise ce présent déjà pas très joyeux. Un choix judicieux qui augmente encore l’intensité du récit, lequel se hasarde sur des éléments étranges, sur des interactions étonnantes entre les personnages, et qui apparaît finalement comme une sorte de rêverie crépusculaire où l’émotion se glisse de manière subtile.


Avec un personnage qui prend des photos intimes de toutes ses conquêtes, une coloc lesbienne qui se spécialise dans les aventures impossibles, ou encore une mère castratrice, le sexe est un élément primordial du récit qui se veut une exploration des fantasmes. Les attirances interdites et les envies intimes sont exprimées de manière directe, et les personnages de David Boring ne font finalement que suivre ce que leur dicte leurs instincts. On peut penser à Nowhere de Gregg Araki, car même si l’aspect visuel est complètement différent, le propos est sensiblement le même, à savoir celui d’une adolescence esseulée qui comble ses manques comme elle peut.
David Boring est un titre essentiel dans cette approche mélancolique de l’adolescence, et la netteté des situations évoque invariablement quelques expériences bien personnelles vécues par l’auteur lui-même. La recherche de l’amour parfait par David est une sorte de chimère, qui repose pourtant sur des éléments bien concrets. Daniel Clowes remonte en fait jusqu’à l’origine de cette perception, qui déterminera toute la vie de David. Une approche à la limite de la psychanalyse, mais démontrée avec talent par un auteur capable de traiter de ce sujet avec subtilité.

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