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salem center: BIG BABY (CHARLES BURNS, 1999)

dimanche 29 juin 2008

BIG BABY (CHARLES BURNS, 1999)


Charles Burns est l’auteur réputé de l’excellente série Black Hole, mais son travail ne s’arrête heureusement pas là. Avec Big Baby, il met en scène un enfant au visage étrange, qui semble ne pas avoir d’âge. D’emblée, l’ambiance est très spéciale, caractérisée par une tonalité sombre qui sera développée dans les multiples récits.
Big Baby est l’histoire caractéristique du jeune garçon que personne ne croit quand il dit voir des choses mystérieuses. Le petit Tony Delmonto ne parvient pas à persuader ses parents de l’existence du monstre qui sort de la piscine de son voisin, ni de l’invasion extra-terrestre qui se prépare. Et Charles Burns se place à la hauteur de l’enfant, qui ne fait que décrire une réalité tangible que les autres ne soupçonnent pas. On est projeté en plein EC Comics, avec des monstres hideux et des aliens repoussants, et le graphisme éthéré de Burns est à la fois un hommage à ces vieux comics, et constitue également un démarcage très intéressant sur les fantasmes enfantins.
Big Baby est une exploration de la psyché enfantine, qui met en exergue les peurs profondes et les désirs latents qui existent à cet âge-là. Le processus appliqué à ce Big Baby est sensiblement le même que celui que l’auteur utilisera pour l’élaboration de Black Hole, qui traitera cette fois de la psychologie adolescente. L'oeuvre de Charles Burns semble suivre cette volonté d’extérioriser les pensées profondes de ses protagonistes, en créant un univers où se matérialise le subconscient.

Quand Bib Baby se retrouve dans la caverne où les monstres séquestrent leurs prisonniers, il s’agit du monde réel dans lequel évolue Tony. L’épidémie dont il essaie en vain de parler à ses parents est le précurseur de la fameuse peste qui fera des ravages chez les adolescents de Black Hole, et elle est tout ce qu’il y a de plus réelle dans le monde de Tony.
Un monde à l’atmosphère résolument étrange, où les adultes ne sont pas forcément plus responsables que les enfants. Le voisin de Tony est particulièrement gratiné, et sa notion du couple est terrifiante et doublée d’une dose de comique pessimiste. Charles Burns gratte les couches sédimentaires de la psyché humaine, et livre une vision à la fois absurde et sombre de la civilisation, vue par un enfant qui ne semble pas vouloir grandir. Son physique particulier ajoute une couche de malaise, et il semble presque être lui-même un extraterrestre. Sa représentation symbolise sa solitude et l’incompréhension des adultes, et il préfère explorer son univers plutôt que de perdre son temps à essayer d’expliquer les dangers qui guettent.


Stylisé dans un beau noir et blanc, le récit onirique de cet enfant particulier est très représentatif du talent de son auteur, et même s’il n’atteint pas le sommet d’un Black Hole, il est une lecture fortement recommandable.

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