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salem center: MI$E A PRIX (JOE CARNAHAN, 2006)

mercredi 25 juin 2008

MI$E A PRIX (JOE CARNAHAN, 2006)



Après le méconnu Blood, Guts, Bullets and Octane et l’immersion dans le polar seventies avec Narc, Joe Carnahan accouche d’un métrage tout simplement dévastateur et démentiel. Brillant, intelligent, barré, tendu, parcouru par des acteurs talentueux et une caméra virtuose, Mi$e à Prix est tout simplement un condensé de cinéma d’action qui pulvérise tout!
L’adhésion est immédiate dès l’ouverture: la présentation du couple de flics chargé de l’enquête est un mélange de calme et de dynamisme, la caméra portée à l’épaule donne un impact certain, et les dialogues sont percutants. Dans un registre différent, on pourrait trouver une parenté avec la cool attitude dans laquelle baigne Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh. Mais Carnahan développe une ambiance bien personnelle qui permet d’éviter le moindre doute quand aux suspicions de pompage sur la bande de braqueurs de George Clooney: s’il y a bien un côté fun dans Mi$e à Prix, celui-ci est relevé par un récit brut et tendu que la bande-annonce ne laissait pas augurer. On nage dans un excellent policier parsemé d’étincelles hilarantes, mais il n’y a rien d’inoffensif dans ce jeu de massacre; les tripes volent et les balles fusent, mais les mises à morts sont paradoxalement filmées avec une proximité qui dément le côté fun de l’ensemble. Il y a un respect de la vie humaine qui confine au tragique dans cette vision frontale traînant sur les derniers instants de quelques protagonistes, notamment dans une scène poignante où le tueur accompagne sa victime dans son sommeil. C’est touchant, presque sexuel, et impressionnant de maîtrise.


La multiplication des personnages (pas loin d’une quinzaine) est un élément qui renforce la maëstria visuelle de Carnahan: virevoltante, inventive, sa caméra suit ses protagonistes dans un récit haletant et bourré d’enjeux multiples. Le scénario riche et touffu jongle avec autant d’aisance que l’objectif de Carnahan pour donner de la profondeur à ce film époustouflant. Le réalisateur échappe au piège de l’esbroufe visuelle et du vide scénaristique qui aurait pu plomber une tentative aussi périlleuse; le résultat est une oeuvre brute et irrésistible, dopée par une bande-son énergique et utilisée avec une rare intelligence.


De Ryan Reynolds (qui endossera le masque de Deadpool dans Wolverine!!!)à Chris Pine, de Ray Liotta à Maury Sterling, en passant pas Ben Affleck, Andy Garcia, Jeremy Piven, Alicia Keys et j’en passe, ils sont tous excellents et donnent corps à des personnages qui étaient déjà bien vivants sur le papier. Des frangins néo-nazis, deux tueuses sexy à la Coffy, un psychopathe adepte de l‘arme blanche, un magicien déjanté… Et le bestiaire n’est pas exhaustif! Loin de se résumer à une simple fonction scénaristique, chacun d’eux est fouillé, complexe et imprévisible. Un atout indéniable qui fait sans conteste grimper le film dans les hautes sphères du policier musclé. On pourrait tenter la comparaison de la densité avec Ellroy, même si la temporalité cinématographique ne permet pas le même approfondissement que dans les romans. Mais l’idée de caractérisation semble bien coller avec le célèbre auteur, et la verve ainsi que la fausse nonchalance des personnages n’est pas si éloignée…
La qualité des apports de Carnahan se voit également dans les gunfights hyper violents qui parsèment le film. L’inventivité du réalisateur donne lieu à des séquences uniques, à la tension et à l’originalité marquantes. L’utilisation de la topographie dans et autour des ascenseurs n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’intelligence de la mise en scène.
Mi$e à Prix est donc tout simplement énorme, une bombe cinématographique aussi rare qu’indispensable, et Carnahan a réussi en seulement trois métrages à imposer le respect.

2 commentaires:

Matt Murdock a dit…

Je crois que je vais me laisser tenter par celui là. Carnahan est un très bon réal et Narc m'avait bluffé.

Wade Wilson a dit…

Je le trouve encore supérieur à Narc, ça devrait te plaire!