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salem center: MANIAC COP (WILLIAM LUSTIG, 1988): MAIS QUE FAIT LA POLICE?

dimanche 16 décembre 2007

MANIAC COP (WILLIAM LUSTIG, 1988): MAIS QUE FAIT LA POLICE?


Si vous êtes un enfant des 80’s, son visage vous aura sûrement terrifié à l’instar de Jason Voorhees et Freddy Krueger. Parce que même si le réalisateur William Lustig s’en défend, le Maniac Cop est bien un boogeyman, et le visage ravagé de Robert Z’Dar aura marqué une génération de cinéphiles. Premier avertissement avec ce film originel, plongée brutale dans un New York glauque et sournois…
La star du film est paradoxalement celui que l’on voit le moins. Sa silhouette imposante se découpe dans la nuit new-yorkaise, et il arpente le bitume avec sa matraque, le visage toujours dans l’ombre. William Lustig respecte les codes inhérents au slasher movie, caractérisant son personnage par ses vêtements et son arme; Matt Cordell, l’ex-flic devenu un zombie vengeur, est une allégorie du Mal personnifié, ici représentée par une figure du Bien pervertie. Le costume du flic censé représenter l’ordre et la loi est devenu une figure de danger et de douleur. La chemise bleue caractéristique, le képi reconnaissable entre tous, le badge porté avec fierté, chaque élément du costume est détourné de sa fonction première, et Cordell semble jouer de cette croyance envers la figure bénéfique du policier. La première scène témoigne de ce fait avec violence, la jeune femme croyant échapper à ses poursuivants se jetant dans les bras du Maniac Cop avec soulagement, et se rendant compte avec horreur qu’elle n’a pas gagné au change. La brutalité de son meurtre est annonciatrice du carnage qui débute…


Le contexte social du film est emprunt d’un pessimisme profond et d’une vision désabusée d’une société sur le déclin. Les allusions politiques sur l’arrivisme font état d’un système reaganien décadent, et le Maniac Cop en est une extension cinématographique puissante. Le thème principal du film est évidemment cette peur de l’état policier, et la psychose s’emparant des new-yorkais à la vue d’un uniforme est un message fort dans cette période de doute. Collusions politiques, étouffement des affaires en cours, volonté de cadenasser les informations, les méthodes employées par les forces de l’ordre ne sont pas forcément claires, et le Maniac Cop est une figure intensifiée de ce dysfonctionnement de l’appareil légal. D’autant plus qu’il n’omet pas de confronter des personnages opérant du même côté de la loi.
Le flic chargé de l’enquête est Frank McRae, incarné par un acteur à la gueule marquante, Tom Atkins. Symptomatique de ce qui se passait encore dans les années 80, le personnage principal n’était pas forcément un beau gosse, mais possédait un physique apte à véhiculer un lourd passif. Tom Atkins incarne donc McRae en lui prêtant son corps fatigué et ses épaules encore solides, et il offre un personnage juste et censé. A ses côtés, un Bruce Campbell au sommet de la vague (il est alors en pleine trilogie Evil dead) campe un jeune flic accusé à tort et qui va se mettre à la poursuite du boogeyman afin de se disculper. C’est Richard « Shaft » Roundtree lui-même qui incarne le maire arriviste de la ville, et à ce casting pas très people mais solide s’ajoute des apparitions de… Sam Raimi et William Lustig!


Mais s’il prend le temps de faire un caméo, Lustig n’en oublie pas d’assurer efficacement sa mise en scène et offre un film sombre et brut, où l’atmosphère nocturne possède un grain hérité des polars seventies en y ajoutant des éléments urbains marquants. New-York laisse s’écouler les ombres, les transperçant par intermittence, où préférant noyer ses habitants dans ses rues sordides. On est à des années-lumières de l’ambiance kitsch des Rues de Feu de Walter Hill, et le métrage peut encore se revoir aujourd’hui en conservant son efficacité. Les mouvements amples de caméra accompagnent nos héros dans cette descente aux enfers, et Lustig met en scène des séquences de massacre bien sanglantes, tout en collant à un réalisme froid. C’est en cela que son film se démarque des slashers traditionnels, puisqu’il reste toujours en corrélation avec une réalité sociale forte. Le script de Larry Cohen est fort, à la fois vif et éloquent. Il présente un monstre de Frankenstein littéralement issu de la fange, personnage martyrisé, recomposé, rafistolé, tant physiquement que psychiquement, pour devenir le reflet désincarné du héros qu’il était. Emblématique de cette position sociale marquée, le Maniac Cop est un constat de l’échec de cette valorisation à outrance de l’individu, qui aboutit à la destruction pure et simple de ses idéaux par les individus décadents que la société cherche à évincer.
Et comme dans tout bon (ou mauvais!) slasher, le bad guy présumé mort bouge encore…

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