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salem center: MANIAC COP 3 (WILLIAM LUSTIG, 1993)

mardi 18 décembre 2007

MANIAC COP 3 (WILLIAM LUSTIG, 1993)






Maniac Cop 3 a été une expérience douloureuse pour le scénariste Larry Cohen et pour le réalisateur William Lustig, puisque les droits de leur personnage ont été rachetés. Une nouvelle production pour une nouvelle direction, en contrepoint total de la vision des créateurs. Œuvre maudite et reniée, Maniac Cop 3 reste pourtant un film digne d’intérêt.
Cohen et Lustig l’ont clamé haut et fort, ils souhaitaient dès le départ éloigner Matt Cordell des slashers qui fleurissaient à l’époque. L’atmosphère sombre des deux premiers volets donnait un cachet polar qui leur conférait une patine particulière, à la croisée des deux genres bien distincts que sont le policier et l’horreur. Le rachat des droits verra leur plus grande peur se concrétiser, Matt Cordell devenant un boogeyman pur et dur. Si les deux premiers films s’attachaient à suivre le flic zombie en rappelant la trahison dont il a été victime, ce dernier volet ne se sert du Maniac Cop que comme outil scénaristique, et l’humanisation qui avait été travaillée précédemment vole en éclat. On pourrait aisément le remplacer par Jason Voorhies ou Michael Myers en modifiant à peine l’intrigue. Le cœur de la discorde entre les auteurs et les producteurs vient très probablement de cette trahison du personnage, et les regrets de Cohen et Lustig sont compréhensibles. Mais pourtant, Maniac Cop 3 n’est pas dénué de qualités, et si l’on excepte un dernier acte ahurissant de non-sens, il est d’une facture relativement correcte.



L’imagerie polar se dilue dans une mise en scène plus fluide, prônant une vision plus graphique des personnages et de leur environnement. Les visions cauchemardesques des longs couloirs souterrains, la stature oppressante de l’hôpital, la fausse chaleur de l’église abandonnée… Les lieux exhument des relents de leur passé et sont chargés d’une histoire particulière, et la caméra glisse sur les lieux avec une certaine grâce. La mise en scène très précise est-elle totalement due à Lustig? Probablement pas, vu le départ du réalisateur après 1 mois de tournage. Pourtant le film possède une tonalité cohérente, exceptée lors du dernier quart d’heure qui atteint des sommets en matière de ridicule fun. Un Maniac Cop qui se la joue Ghost Rider, une poursuite en caisse abusée mais possédant toutefois un certain attrait, et un final qui dégomme complètement le personnage de Robert Davi en voulant l’icôniser comme le mâle ultime. Hallucinant et d’un mauvais goût finalement assez drôle.
Une fin qui affaiblit un film solide, mené par un Robert Davi dont la trogne légendaire accentue le relief de son personnage, le détective Sean McKinney. Robert Davi apporte une humanité qui affleurait déjà dans le second opus mais qui se fixe ici avec la relation qu’il entame avec le Dr Susan Fowler (la belle Caitlin Dulany). Et ce solide second couteau des 80’s au visage buriné marque par son interprétation à la fois virile et fragile, si l’on excepte évidemment la fin du métrage.



Pour revenir à l’utilisation mécanique de Matt Cordell, le scénario place derrière lui un énigmatique prêtre vaudou, dont la volonté obscure de ressusciter le sympathique policier et de lui trouver une épouse semble au premier abord un argument nettement plus faible que les deux premiers films. Mais sur fond de manipulation médiatique et d’hommage à La Fiancée de Frankenstein, le récit puisant dans dans des sources d’inspirations diverses s’avère finalement plaisant à suivre, la mise en scène emballant le tout avec efficacité et des touches d’humour bienvenues (voir la scène où le Cop balance un jeune loser et le crible de balles avant qu’il atteigne le sol).
Maniac Cop 3 s’éloigne donc des considérations policières des deux premiers films, mais opte pour une étiquette slasher dont il ne doit pas avoir honte.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ond irait bien que tu as dégoté le coffret "Maniac Cop"....jamais vu le 3, m'a pas m'air terrible, en plus Lustig dit souvent que c'est le prod qui a dirigé le film et pas lui. Larry Cohen s'étantr deja barré depuis longtemps.

Anonyme a dit…

J'ai été surpris par la cohérence du film, au vu des dissensions entre l'équipe justement. Il a mauvaise réputation mais s'avère bien foutu et intéressant. Après la paternité n'en reviens sûrement pas complètement à Lustig et Cohen, n'empêche qu'il reste sympathique.
Et oui, merci au coffret 3 DVD pour ce come-back...