dimanche 24 février 2008
HAIR (MILOS FORMAN, 1979)
C’est après la guerre du Vietnam que l’adaptation cinématographique de la comédie musicale Hair voit le jour. Démarrée en 1967, cette œuvre signée Gerome Ragni, James Rado et Galt MacDermot allait totalement rompre avec les standards habituels en livrant une vision de la culture hippie grandissante, et en étant farouchement opposé à la guerre dans ce pays lointain. C’est le réalisateur tchèque Milos Forman qui, 12 ans après, rend un hommage à cette communauté et à ses idéaux.
La transposition dans un New York bien réel va donner lieu à une multiplication de scènes d’où émergeront une bonne humeur et une approche optimiste de l’existence qui se nourriront sans cesse des lieux traversés. New York semble héberger ces hippies qu’elle garde en son sein avec douceur, et ils se baladent en elle comme une multitude reconnaissante de leur existence. Mais si Forman et son scénariste Michael Weller donnent une image policée et inoffensive de ce mouvement, c’est surtout pour mettre en avant la cruelle absurdité d’une guerre soudaine qui va ravager le coeur même de l’Amérique alors qu’elle se déroule à des milliers de kilomètres. Le mouvement hippie symbolise à jamais cette rébellion face à la violence du monde moderne, et ce refus d’une autorité transformant ses jeunes en chair à canon dans le but de maintenir un régime anticommuniste. Une guerre d’usure qui durera 16 ans et dont les Etats-Unis sortiront très affaiblis, tant sur le point politique que social, avec des répercussions psychologiques inévitables.
Les différents tableaux composant le film vont suivre la découverte de New York par un jeune fermier de l’Oklahoma, dont le nom, Claude Bukoswki, fait ouvertement référence à l’écrivain chaotique Charles Bukowski, réputé pour ses ouvrages provocateurs comme Les Contes de la Folie ordinaire ou Journal d’un vieux Dégueulasse. Une filiation sous forme de dérision puisque le jeune fermier est d’un calme et d’une politesse rares, tout l‘inverse du Charles! Le gentil Claude (John Savage) va passer quelques jours dans la Grosse Pomme avant de partir pour l’armée, afin de se préparer à être envoyé sur le front. Lorsqu’il fait la rencontre du petit groupe de hippie, il va être confronté à un mode de vie totalement différent du sien, et il va les suivre sans pour autant renoncer à son devoir.
Dans le rôle du leader Berger, Treat Williams est étonnant de fraîcheur et de magnétisme, et Hair lui offre probablement le personnage le plus important de sa carrière. C’est aussi celui qui lui mettra le pied à l’étrier, et avec son physique à la Colin Farrell, il va fédérer toute l’énergie positive d’un film résolument attaché à des valeurs simples et fondamentales. Avec ses amis Jeannie, Hud, Woof et plus tard Sheila, ils vont vivre des moments intenses et impulsifs jusqu’à une escapade finale inattendue.
La mise en scène de Forman va donner lieu à des séquences oniriques et absurdes, belles et inquiétantes, et cette comédie musicale est un reflet certes atténué du mouvement hippie (le LSD et la cocaïne apparaissent comme aussi inoffensifs que des Haribos), mais qui nous plonge totalement dans le côté positif de cette culture. Les séquences se suivent et s’avèrent souvent drôles, notamment lors du passage des appelés devant la commission, où ils doivent se mettre à poil. Ou la chanson aux doux termes de sodomie, cunnilingus, pédérastie destinée à trois femmes coincées qui prennent rapidement la fuite! En traitant ouvertement de l’homosexualité, des partenaires multiples ou encore de l’usage des drogues, il souffle sur Hair ( vous l’avez noté celle-là?) un vent de liberté qui devait déjà caractériser la pièce d’origine. C’est beau, revigorant, sensible, détonnant, et surtout vivant. Vivant jusqu’au bout, vivant par-delà une guerre dévastatrice, vivant au-delà d’un monde fait d’apparences. Une œuvre touchante et sincère, qui vous mettra forcément de bonne humeur!
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1 commentaire:
Pour l'appel au secours, pas de problème, je peux te dire comment faire.
;o)
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