Sorti le 20 février 2008
Depuis 2005 et son sympathique Mr. and Mrs. Smith, on n'avait plus de nouvelles de Doug Liman qui se contentait de produire les suites de la saga Jason Bourne qu’il avait initiée. Un retour derrière la caméra attendu donc, avec en plus une histoire de téléportation, d’organisation secrète et une love-story menacée. Encore une adaptation de comics? Eh bien non, cette fois-ci c’est d’un roman qu’il s’agit, le Jumper de Steven Gould datant de 1992. Le concept est bien alléchant et le potentiel semble énorme, et pourtant la déception ne tarde pas à prendre le dessus. Jumper n’est qu’un énième film d’action lisse et dénué d’intérêt, ce qui est un constat cuisant pour le réal de La Mémoire dans la Peau…
Tout d’abord, le personnage principal, David Rice (hayden Christensen, bof), ne possède aucune profondeur. Il jumpe en permanence et se fait sa petite vie pépère, et ne se révèle même pas quand le bordel commence. Une première enveloppe vide, à laquelle vont s’ ajouter quelques autres, notamment le méchant Roland interprété par un Samuel L. Jackson qui ne sait plus quoi inventer pour avoir un physique différent à chaque film. La copine du héros n’est ici présente que pour lui donner un semblant d’humanité, et même son air de Natalie Portman n‘y suffit pas. En comparaison, le jumper interprété par Jamie Bell (le petit gars de Billy Elliot) possède un charisme bien plus prononcé, et sa balance entre le bon et le mauvais côté est plus intéressante que toute l’histoire de David. Déjà, côté personnalités, ça dépote sévère.
Le principe même de Jumper, et son accroche principale, en font un film éminemment visuel. Les sauts à travers l’espace aux quatre coins du monde sont prétexte à un voyage énorme, mais cette pointe d’originalité ne subsiste que quelques instants, le temps de comprendre que le scénario va nous balader pendant 90 minutes en sautant de manière aléatoire à travers le monde. C‘est David S. Goyer, Simon Kinberg et Jim Uhls qui écrivent le guide du routard, et c’est pas fameux. Jumper est un film bien de son époque, et le cut littéral que provoquent les jumpers est presque allégorique de cette génération gavée de produits beaux et inodores, où tout va vite et cache sa vacuité derrière une imagerie résolument fun. Jumper est un produit calibré, ce qui n’est pas un mal en soi (Transformers aussi en est un, et un très bon!), mais il semble avoir été construit sans réelle envie d’ingéniosité ou de renouveau, et ne peut en l’état que constituer un énième film d’action impersonnel et tristement fade.
Un point quand même pour les effets spéciaux, qui sont efficaces et réalistes. Mais utilisés pour les besoins d’une histoire si prévisible qu’elle en devient caricaturale (la fin est absolument débile!), ils ne sont pas valorisés et ne font qu’étalage des capacités de l’équipe de Joel Hynek.
Le principe fondamental de la lutte entre le Bien et le Mal se trouve être ici aussi un combat ancestral, ce qui est d’une originalité confondante… Les méchants tuent parce qu’ils ne veulent pas que les gentils jumpent, voilà pour l’argument de départ! C’est vraiment très recherché dans le genre, et ça apporte une authenticité et un relief vraiment particulier au film...
Rien de bien neuf donc dans le monde super-héroïque, espérons qu’Iron Man viendra relever le niveau le 30 avril… Vas-y Tony!
2 commentaires:
Merci pour cette critique.
J'hésitais à le voir, grâce à toi j'ai économisé 6 euros.
De rien Matt, si je peux rendre service! En fait c'est juste un film d'ado sans profondeur. Dommage au vu du potentiel de l'histoire, mais voilà... Sinon ce soir c'est Cloverfield, que j'ai reporté trop longtemps!
Enregistrer un commentaire