Sorti le 13 juillet 2008
Attention, vous êtes en face d’un monument du comics contemporain, et la lecture de ce Wanted risque fort de vous marquer à vie! Bon, j’exagère un tout petit peu, mais ce récit du génial Mark Millar dépasse largement des frontières qui ont rarement été atteintes, voire jamais en ce qui concerne la fin…
L’histoire paraîtrait presque classique: un jeune homme que rien ne semblait prédisposer à une carrière de surhomme se voit propulsé du jour au lendemain dans le monde des encapés, laissant derrière lui sa misérable petite existence sans relief. Ca, c’est du déjà vu un peu partout, mais le traitement qu’adopte Millar est tout simplement jouissif! Jugez plutôt: le jeune super-loser Wesley Gibson va être contacté par la Fraternité pour endosser le costume de feu son père, le plus grand super-vilain de la Terre. Et il semblerait que les gènes de Wesley n’aient pas altéré cette propension au massacre et aux gunfights…
C’est à une véritable renaissance que l’on assiste alors, et rien ne sera épargné au lecteur en terme de violence et d’outrages: bastons, tueries aléatoires, crash d’avion sur une tour… Wesley s’amuse comme un petit fou dans sa nouvelle vie qui lui permet de donner libre cours à toutes les formes de transgressions en toute impunité, la Fraternité étant couverte pour tous ses actes… Le jeune homme découvre une forme de liberté radicale et explosive, qui fait de Wanted une œuvre résolument subversive et corrosive. Evidemment, sauver la planète n’est pas le but premier de la Fraternité, et c’est tant mieux pour le lecteur qui découvre une histoire s’aventurant dans des zones inexplorées du mythe des surhommes.
Le dessin de J. G. Jones et la colorisation de Paul Mounts rendent à merveille toutes les excellentes idées de Millar, et créent un univers visuellement très riche et complexe. L’allure du bad guy Tas-de-Merde est éloquente,et Mister Rictus est vraiment sinistre… Les perles scénaristiques sont nombreuses, comme les références à des super-vilains de chez Marvel par exemple (cherchez bien, vous verrez le Vautour, le Shocker ou encore le Maître de la Haîne!). Mais c’est dans la construction inventive de son récit que Millar met l’essentiel, laissant filer cette aventure vers des directions réellement étonnantes. Un exemple avec le personnage de Johnny deux-Bites, qui doit obéir au boss qui se trouve dans son slip! Ou la révélation sur ce qui est arrivé aux super-héros en 1986...
Wanted est l’exemple parfait du comics riche et inventif, de ceux qui vous triturent encore les méninges longtemps après que vous en ayez tourné les dernières pages. Et quelles dernières pages! Le lecteur se les prend directement en pleine gueule, et rarement l’interactivité entre l’auteur et le consommateur aura été aussi franche et directe! Après, il y a ceux qui apprécieront et ceux qui détesteront, mais je trouve cette fin géniale et courageuse, et les vérités qu’elle souligne n’en sont pas moins réelles…
Wanted est une pure tuerie du premier au sixième épisode, et constitue une oeuvre maîtresse dans l’industrie galopante du comics. La rage et l’irrévérence qui l’habitent sont des éléments primordiaux donnant à cette histoire un impact monumental, et Mark Millar peut sans peine être considéré comme l’un des auteurs les plus talentueux du moment aux côtés de Garth Ennis, Warren Ellis et Paul Cornell… Reste juste à voir si l’adaptation ciné par Timur Bekmambetov (l’atroce Night Watch!) ne va pas ternir ce joyau…
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