Le film de croco est un genre à part entière, qui en général sent bon le bayou et le tabac à chiquer. Le Crocodile de la Mort, Lake Placid et autre Primeval mettent en scène le reptile préhistorique dans des œuvres qui sont au final des démarcations plus ou moins habiles des Dents de la Mer de Steven Spielberg.
Ce Black Water a le culot d’être produit la même année que le Solitaire (Rogue en VO) de Greg McLean, et la comparaison est inévitable. Mais même si la plupart des critiques le voient comme un sympathique hors-d’œuvre avant la sortie de Solitaire, je trouve qu’il possède une touche d’authenticité qui le place devant le film de McLean. Solitaire est pour moi surévalué car il n’apporte pas grand-chose de neuf et que le côté émotion n’est pas très travaillé tandis que Black Water, même s’il n’est pas exempt d’approximations et de pertes de vitesse, propose un déroulement impliquant davantage le spectateur.
Le réalisme de la situation permet de se projeter à la place des personnages, deux sœurs et le petit ami de l’une d’elle. C’est sur la gradation psychologique qu’Andrew Traucki et David Nerlich insistent, leur mise en scène se concentrant davantage sur les émotions que sur les attaques du saurien. Saurien qui n’apparaît au final pas beaucoup, ce qui est tout à l’avantage du film en fait. Le suspense ainsi distillé n’en est que plus prenant, puisque les victimes (et par conséquent les spectateurs) redoutent de plus en plus une attaque qui ne vient pas. La tension est palpable, et malgré quelques menus défauts d’écriture, Black Water est une série B qui n’a rien à envier à son grand frère Solitaire.
Les trois acteurs (Diana Glenn, Maeve Dermody et Andy Rodoreda) apportent une grande crédibilité à leurs personnages, et ma préférence va à la blonde Maeve, qui en plus est tout simplement craquante! Bref, cette histoire de trois personnes perchées sur un arbre pour éviter de se faire croquer par la vilaine bébête fonctionne plutôt bien!
L’atmosphère très bayou (même si le terme s’utilise exclusivement en Louisiane) est oppressante, avec ses arbres entremêlés accentuant l’impression de claustrophobie. Les trois membres de l’expédition se retrouvent piégés loin de toute civilisation, sans pouvoir utiliser leur portable, et avec l’impossibilité de pouvoir descendre sous peine de voir le croco surgir de ces eaux mortelles. Un schéma classique mais qui fonctionne toujours. Pour la petite anecdote, c’est en voyant l’excellent Open Water- en Eaux profondes de Chris Kentis (2004) que les deux réalisateurs ont eu l’idée de faire ce film. Le film de Kentis traitait des requins, mais d’une manière totalement différente de Spielberg, et l’approche très documentaire était pour beaucoup dans sa réussite. Traucki et Nerlich ont essayé d’éviter le spectaculaire et de se focaliser sur l’aspect psychologique, et les interactions variables entre les personnages sont dans ce sens réussies.
Black Water est donc un sympathique B, qui devrait contenter les fans en attendant la déception Solitaire…
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