29 ans après le film de John Carpenter, Rob Zombie dépoussière le mythe qui s’était entaché de plusieurs suites poussives, qui semblaient avoir résolument anéanti le personnage de Michael Myers. L’approche de Zombie est très sensitive et se retrouve finalement très proche de celle utilisée par Carpenter en 1978 pour La Nuit des Masques. Halloween est une relecture brillante de cette figure du Mal, qui plonge le spectateur dans une horreur viscérale.
La première partie approfondit la dimension psychologique du futur tueur, et propose une immersion dans la vie chaotique du jeune Michael Myers alors qu’il va encore à l’école. L’approche de Zombie est toujours plus tendre envers les freaks, ce qu’ont démontré La Maison aux 1000 Morts et l’ultra-surévalué The Devil’s Rejects. Daeg Faerch est hallucinant dans le rôle de l’enfant perturbé, et sa bouille angélique cache de moins en moins le Mal qui grandit. Le regard qu’il lance à la caméra lorsqu’il se retrouve dans la voiture des flics est véritablement glaçant…
Le travail sur le rôle du masque est exemplaire, et va aboutir à une véritable dissociation de la psyché du jeune homme, tout en mettant à plat les bases mêmes du boogeyman en général. Le lien très fort entre l’être et son masque tient à la fois du fétichisme et de la peur, et le mélange fascinant de ces composantes donne tout son sens à l’évolution de Michael.
Rob Zombie développe le contexte psychologique et social qui va donner naissance au mythe, et sans pour autant excuser les actes de Myers, ils permettent de comprendre par quels degrés de souffrance et d’humiliation il a pu passer, et à quel point tout cela s’est comprimé en lui avant d’exploser littéralement dans un accès de violence dévastateur. On assiste impuissant à des scènes d’un réalisme choquant, et à la souffrance des victimes se mêle à une pitié certaine pour le petit garçon. Rob Zombie ne choisit pas son camp, il sait que Myers symbolise le Mal pour toute une génération de cinéphiles, mais il se permet de lui donner une aura plus consistante que dans le film originel, et se démarque par une approche plus intimiste.
Passée cette première partie, le véritable remake commence. C’est à partir de là que l’on se sent littéralement projeté à la fin des années 70, tant le travail sur les décors et la lumière sont exceptionnels. Rob Zombie rend un véritable hommage à l’œuvre de Carpenter en s’insérant dans un cadre semblable, qu’il parvient à inonder de la même ambiance atmosphérique qui nimbait La Nuit des Masques. La sagesse de Zombie est de ne pas tenter de rivaliser avec la mise en scène de Carpenter, mais de l’invoquer à plusieurs reprises, au détour d’une rue à la profondeur de champ lointaine, d’une allée bordée d’arbres où chemine Laurie Strode, ou de cette vision crépusculaire de la bicoque abandonnée. Rob Zombie ne réalise pas un film fun qui permettra de relancer la franchise en attirant les ados à la pelle, il met en scène un film résolument fort qui soutient la comparaison avec celui de 1978, et qui devient lui aussi un film d’horreur ambitieux et captivant.
Le casting est vraiment à la hauteur des attentes, avec une Scout Taylor-Compton qui crie aussi bien que Jamie Lee Curtis! Son côté fragile et touchant laissera entrevoir d’autres aspects, et c’est dans cet enrichissement progressif que va évoluer Halloween. Malcolm McDowell ajoute sa touche de folie au rôle du Dr Loomis; mais surtout, Tyler Mane (le Dents-de-Sabre de X-Men) donne une dimension montagneuse et ténébreuse à Michael, jouant uniquement de sa stature pour donner vie au personnage mutique. Un rôle tout à sa mesure, auquel il s’applique à redonner son aura de terreur. Le reste du casting est composé d’habitué du réalisateur, avec sa femme Sheri Moon Zombie dans le rôle tragique de la mère de Michael, mais aussi William Forsythe, Danny Trejo, Ken Foree, Tom Towles, Leslie Easterbrook, Lew Temple, Sid Haig ou encore Bill Moseley. Soit la bande au complet de Devil’s Rejects! Et si vous ajoutez encore Brad Dourif, Udo Kier ou Adrienne Barbeau, vous vous rendrez compte de la véritable culture de Zombie qui est allé recherchez des bonnes vieilles trognes des années 80!
Mais au-delà de ce casting aux petits oignons, Halloween est avant tout une pièce maîtresse du renouveau horrifique qui fait rage en ce moment, et il constitue une des pierres angulaires de cette approche résolument frontale du genre. Un juste retour à l’âpreté 70’s qui caractérisait déjà son précédent opus, transfiguré par la partition envoûtante de Tyler Bates qui réintroduit efficacement la musique originelle signée Carpenter!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire