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salem center: MARATHON MAN (JOHN SCHLESINGER, 1976)

vendredi 13 juin 2008

MARATHON MAN (JOHN SCHLESINGER, 1976)



Etudiant en histoire et adepte de la course à pied, Babe (Dustin Hoffman) est mêlé à une sombre histoire d’espionnage lorsqu’il est agressé dans Central Park. Dès lors, son existence monotone va être totalement modifiée, et il va faire appel à son frère Doc (Roy Scheider) pour lui venir en aide.
Marathon Man s’inscrit avec aisance dans le film parano des années 70 (La Théorie des Dominos, Conversation secrète) et plonge le spectateur dans un récit obscur bien ficelé au centre duquel se trouve la figure du Dr Szell (Laurence Olivier), ancien criminel nazi revenu à New York pour une affaire secrète. William Goldman (l’auteur de Princess Bride!) adapte son propre livre de manière relativement fluide, imbriquant les différents éléments narratifs avec un soin empêchant le spectateur d’en deviner les tenants et aboutissants.


Schlesinger joue la carte de l’ambiance paranoïaque en y ajoutant une certaine forme de surréalisme, les flash-back éclair de Babe quant à son passé donnant un aspect irréel au drame qui se joue. Schlesinger s’amuse avec les perceptions de Babe et du spectateur, imprimant une couche légèrement onirique à ce récit pourtant bien terre-à-terre. Ce curieux mélange donne un ton très particulier à cette œuvre, qui flirte même à un moment avec l’aspect gothique de certains gialli. La scène à l’extérieur de l’opéra préfigure bien ce qui sera développé dans l’œuvre maîtresse de Dario Argento, Suspiria, qui sortira l’année suivante. La mise en scène de Schlesinger place toujours ses protagonistes dans des plans d’ensemble où ils apparaissent écrasés, soulignant l’aspect insignifiant de l’individu face aux forces qui l’entoure. Les lieux traversés possèdent une forte symbolique, et la fin dans le réservoir d’eau est une certaine forme de renaissance.
Marathon Man traite du délicat sujet des criminels nazis encore en liberté, et des secrets qu’ils traînent encore avec eux. Laurence Olivier joue le Dr Szell avec toute sa froideur, et la scène culte où il torture Babe montre bien toute la cruauté de ce personnage qui apparaissait pourtant comme un vieux bonhomme inoffensif. A plus grande échelle, le réalisateur joue sur les faux-semblants dans tout son film. Les nerfs de Babe sont mis à rude épreuve quant il se met à douter de tous, et il n’a peut-être pas tort… Il commence même à se méfier de son entourage proche, ce qui va le pousser à prendre des décisions radicales…




Schlesinger réalise un film prenant, qui donne bien envie de se replonger dans cette époque tendue ayant suivie le Watergate et en pleine guerre froide. L’aspect politique du film est indéniable, et sa portée est d’autant plus forte qu’elle traite un sujet tabou. Porté par un Dustin Hoffman très Actor’s Studio, Marathon Man est une œuvre solide, traitant avec réalisme la machination implacable dans laquelle se débat Babe.

3 commentaires:

Matt Murdock a dit…

faudrait que je le vois un de ces 4...

Nolt a dit…

Excellent film dont la scène de torture m'avait incroyablement marqué à l'époque (moi qui n'aime déjà pas le dentiste).
En tout cas, pour un film qui a plus de 30 ans, il se regarde encore bien. Ce n'est pas si courant.

Wade Wilson a dit…

Ca se regarde mieux que New York 1997 en effet... L'histoire est prenante et complexe, on sent bien la base littéraire.