vendredi 18 janvier 2008
DEATH SENTENCE (JAMES WAN, 2007)
sorti le 16 janvier 2008
Révélé par le succès de son deuxième film Saw, James Wan change radicalement de registre pour son quatrième long et se lance dans le vigilante movie tendance autodestructrice. La bande-annonce laissait présager un métrage racé et bourrin, et mis à part quelques légèretés scénaristiques et un passage à vide à mi-parcours, le résultat est sacrément efficace. Du haut de ses 30 ans, James Wan accouche d’un film à la radicalité brute et à l’atmosphère lourde, qui fera probablement grincer des dents en se faisant taxer d’apologie de l’autodéfense.
Nick Hume est un jeune cadre dynamique vivant dans une banlieue typique avec sa femme et ses deux enfants, et ils incarnent tous le rêve américain tranquille, la petite famille si parfaite que cela semble trop beau pour être vrai. Le dynamitage qui va suivre anéantira totalement le point de vue initial, et ne laissera de ce temps heureux qu‘une poignée de photos. C’est dans un braquage sanglant que Nick Hume va perdre un de ses fils, blessé mortellement par un gang.
Les scènes suivantes sont filmées avec un sens du drame intimiste étonnant, et l’émotion qui se dégage de ces scènes de famille est vraiment intense. Les rapports entre les trois membres de la cellule disloquée se teintent de non-dits et de regards perdus, significatifs de la douleur et du mal qui les ronge. C’est sur cet aspect si difficile à capter que Wan réussit son point de départ, il préparant un terrain crédible pour la suite des événements. Secondé par son scénariste Ian Jeffers, il va traiter des notions essentielles lors d’un deuil comme la culpabilité, la haine et l’amour avec une puissante subtilité.
L’acte du père n’en sera que plus compréhensible, lançant ainsi une machinerie mortelle qu’il ne pourra plus arrêter. Dès l’instant où le film bascule dans la vengeance, la menace sourde devient tangible, et Nick Hume (joué par un Kevin Bacon toujours aussi intense) se retrouve avec un gang déchaîné à ses trousses. Et c’est dans cette descente aux enfers que Wan insuffle tout ce qu’il a comme expérience du cinéma, bien décidé à créer une atmosphère aussi poisseuse et glauque que possible. Son sens du cadrage étouffant, son utilisation d’un grain 70’s, son montage éprouvant font de Death Sentence une bande sauvage et agressive, de celles qui posent des questions dérangeantes et qui offrent une illustration à la fois cathartique et destructice. Death Sentence ne manquera pas de causer quelque polémique morale, mais James Wan a le mérite de poser une question difficile et d’en évaluer les conséquences de manière frontale. Death Sentence visualise la lente érosion de Nick Hume, détruit physiquement et psychologiquement par la mort de son fils, et surtout par la vendetta qu’il a mis en marche. Dans ce sens-là, le film n’a vraiment rien d’une apologie, car les débordements de violence sont autant d’éléments qui vont rapprocher Nick des membres du gang dont il cherche à se venger. C’est à une véritable métamorphose que l’on assiste, dictée par une douleur si intense qu’elle ne peut trouver un assouvissement que dans l’explosion des instincts les plus primaires de l’être humain.
Mais cinématographiquement, qu’est-ce que c’est bon! Que ce soit la poursuite dans le parking avec son plan-séquence magistral, ou la métamorphose de Nick lorsqu’il se rase la tête, James Wan multiplie les scènes fortes et les plans iconiques, transformant son personnage en une version du Punisher que ne renierait pas Garth Ennis! Que ce soit dans la scène où il s’entraîne à charger les armes dans son repaire secret, ou bien lors de son premier carton, Wan insuffle une émotion totalement brute et vindicative dans ses plans, augmentant l’impact d’autant plus que Nick y laisse sombrer son humanité. Le film y gagne largement en crédibilité, et rattrape ainsi les quelques défauts scénaristiques plombant le milieu du métrage (notamment avec la flic qui rabaisse Nick car elle sent qu'il cherche à se venger) et qui décrochent un peu le spectateur.
Death Sentence est au final un film radical confrontant le spectateur à sa part bestiale, et les menus défauts qu’il contient ne suffisent pas à étouffer la hargne d’un James Wan déterminé. Dérangeant et cruel, il constitue un solide substitut au pâlot Punisher de Jonathan Hensleigh, et est une mise en bouche audacieuse avant la déferlante John Rambo le 6 février!
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