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vendredi 25 janvier 2008

EDMOND (STUART GORDON, 2005)


Depuis Ré-animator, Les Poupées ou Fortress, Stuart Gordon a fait du chemin et opère aujourd’hui un virage dans sa carrière. Le metteur en scène délaisse les histoires d’horreur pure ou les récits de science-fiction, et s’aventure dans l’horreur psychologique. Depuis 2003 et son éprouvant King of the Ants, il poursuit son exploration des tréfonds de l’âme humaine en faisant rejaillir ce qu’elle a de plus mauvais et de plus désaxé.
Edmond raconte la nuit particulière d’un quadra mal dans sa vie et qui décide de tout lâcher. Il quitte sa femme et s’en va errer dans les rues de sa ville, porté par des désirs latents jusque-là inavoués. Sexe, pouvoir, violence, autant de nouveautés qu’il va éprouver et qui le métamorphoseront à jamais.
Dans le rôle de cet individu totalement paumé et résolument lambda, William H. Macy est comme d’habitude génial. Ses traits si particuliers conviennent parfaitement à cet homme désireux de changer de vie, et son jeu d’acteur lui donne une consistance faite de pulsions et de craintes bouillonnantes. Et les rencontres qu’il va faire vont peu à peu le transformer, révélant des éléments de sa personnalité qu’il avait enfoui pendant toute une vie.


La thématique de la prise de conscience de la futilité de l’existence n’est pas nouvelle, mais le traitement que lui applique Stuart Gordon en fait un objet curieux. A la fois réaliste et malsain, il pourrait s’apparenter à une version irrémédiablement glauque d’American Beauty, avec en supplément une apparition de la belle Mena Suvari. Gordon plonge son personnage, et le spectateur par extension, dans le milieu nocturne d’une grande ville (New York?) avec son lot de ruelles mal famées et de chair à vendre. Une plongée en apnée dans les bas-fonds de la société, où les pulsions lissées par des décennies d’éducation volent en éclat en une nuit.
Si le récit place le spectateur dans une position de voyeur, c’est dans un souci quasi-documentaire de faire découvrir cet univers ténébreux. La visite du club de strip-tease, la séance de peep-show, la montée dans la chambre d‘une prostituée, tout est présenté de manière frontale, et on découvre la réalité de ces lieux en même temps qu’Edmond en fait l’apprentissage. Le pognon sous la luxure, les sourires mielleux, les passages à tabac. Edmond ne ressortira pas indemne de cette nuit, guidé par son absence complète d’emprise sur les événements.


Mais la bifurcation morbide qui s’opère va plonger directement dans la folie furieuse, et la déchéance d’Edmond va se faire dans le sang. Un parti pris radical pour un film qui se veut une réflexion sur la naissance de la démence, et qui s’applique à montrer comment un homme peut se soustraire rapidement aux normes et à l’humanité de la société. Cette chute s’avère cliniquement intéressante, mais en glissant inexorablement vers un aspect totalement glauque, le film perd peu à peu ce qui en faisait son charme vénéneux. Le pari de Gordon est certainement réussi, puisqu’il voulait aller au bout de son idée de la folie, mais le spectateur risque de décrocher avant la fin du métrage. En insistant trop sur le caractère morbide des situations et des personnages, le film devient trop étouffant, à l’image de son précédent King of the Ants. Les amateurs seront ravis, mais les autres risquent de déchanter. Je crois que je vais me refaire un Meg Ryan moi…


1 commentaire:

shystrak (1/2) a dit…

j'adore "Edmond", le virage pris par Stuart gordon dans ses derniers films est tout a mon gout....continue mec !