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salem center: LA PEUR AU VENTRE (WAYNE KRAMER, 2006)

mercredi 9 janvier 2008

LA PEUR AU VENTRE (WAYNE KRAMER, 2006)


Le polar hard-boiled est un sous-genre du film policier dont l’origine se trouve dans le cinéma asiatique.Les œuvres de John Woo comme A toute épreuve (1992, dont le titre original est Hard-Boiled, tout simplement) ou celles de Tsui Hark comme Time and Tide (2000) mettent en scène des gunfight bien tendues et sanglantes. Le cinéma ricain n’a pas manqué de voir l’impact de ce cinéma, et s’est évidemment empressé de débaucher les réalisateurs hong-kongais afin de se réapproprier ce style.
La Peur au Ventre était présenté comme un condensé parfait de ce genre particulier, mais les attentes sont rapidement déçues. Si la scène d’ouverture est plutôt réussie (une transaction de drogue qui dérape et qui tâche), le scénario s’avère relativement pauvre et redondant. Joey Gazelle (Paul Walker) est chargé de faire disparaître une arme, qui tombe entre les mains d’un copain de son fils. C’est le début d’une nuit de folie pour Joey, qui se met à la recherche du gamin et qui doit éviter les gangsters russes, les membres de la Mafia pour qui il bosse et qui se mettent à douter de lui, les flics, les Afro, etc…



Le gros problème de La Peur au Ventre est justement ce côté condensé qui apparaît comme complètement exagéré. Les situations deviennent donc vite caricaturales, avec des tentatives ratées pour caractériser les personnages à la manière d'un Scorsese, et en même temps se doter d’une esthétique gentiment sombre et crasseuse. Les personnages sont desservis par un scénario qui accumule les clichés et qui met le gamin face à des problèmes multiples en dépit du bon sens. Il croise donc un clochard toxico, rencontre un vieux mac violent, atterrit chez un couple de pédophiles, etc… Un concentré bien improbable pour quelques heures nocturnes passées dehors, et qui réduit rapidement tout le suspens qui pouvait émerger.



La réalisation de Wayne Kramer est symptomatique des dérives du polar urbain, avec des changements de focale, une caméra portée et des couleurs désaturées censées immerger le spectateur, mais qui sont finalement des tics nerveux bien inutiles. Kramer n’est pas aussi précis qu’un Joe Carnahan dont le travail pictural est bien plus élaboré dans le genre (voir son oldies Narc ou son fun et ultra-efficace Mi$e à Prix ), et la comparaison inévitable se fait au détriment de La Peur au Ventre. Il faut toutefois reconnaître une mise en scène différente et un malaise très bien créé lors de la capture du gamin par le couple de pédophiles. Leur appartement très coloré, avec leur pièce spéciale pour enfants remplie de jouets et munie d’une caméra, va confronter le spectateur à une réalité rarement évoquée frontalement au cinéma, et le jeu immonde du couple va forcément mettre mal à l’aise. Cette partie du film crée un suspens de qualité, qui réduira paradoxalement encore plus le reste du film, puisque Kramer ne parviendra pas à retrouver le même impact que dans cette séquence angoissante.
Même si Paul Walker est plutôt crédible dans son rôle de petite frappe nerveuse, le côté factice du scénario ne permet pas de faire de ce film le polar ultime qu’il dit être. Et ce n’est pas la compensation par une surenchère de violence gratuite et sombrant dans le ridicule lors de la scène finale qui vont faire pencher la balance dans l’autre sens. La Peur au Ventre reste donc une tentative très vaine de recréer une ambiance poisseuse et une dynamique haletante.


3 commentaires:

shystrak (1/2) a dit…

Dur avec ce film tu es, maitre Wade...
J'avais vraiment aimé ce "peur au ventre" bourré d'energie et d'idée.
Un peu comme "Death Sentence" dans une thématique diffrente tout de même.

Anonyme a dit…

Je trouve que sa réputation est franchement usurpée. Par contre Death Sentence, rahhhh j'ai vraiment hâte! N'oublie pas non plus d'aller voir le Sean Penn, qui s'annonce grandiose lui aussi.

Anonyme a dit…

Tout comme le, tout comme le ... Argh, merdre ...