ClicAnimaux.com - Cliquer pour Donner
salem center: SOCIETY (BRIAN YUZNA, 1989)

vendredi 11 janvier 2008

SOCIETY (BRIAN YUZNA, 1989)


Le premier film de Brian Yuzna place d’emblée la thématique qu’il poursuivra tout au long de sa carrière de façon souvent explicite, à savoir la critique sévère et non dénuée d’humour de la haute société américaine. Il va mettre en avant sa vision de l’hypocrisie du monde aisé dans une atmosphère bien paranoïaque et un final résolument gore. Un auteur est né, qui ne s’embarrasse pas des apparences mais qui au contraire les détourne à son avantage.
Mais si Society est surtout connu pour sa célèbre scène finale trash et malsaine, Yuzna déroule un récit qui se veut tendu et étrange, en suivant un fils de bonne famille persuadé que ses proches sont différents et dangereux. Le jeune Bill Whitney (Billy Warlock) possède les caractéristiques typiques de l’adolescent en pleine crise, ce que son psy ne manque pas de lui faire remarquer. Mais la menace se précise de plus en plus, et Bill va découvrir la face cachée de Beverly Hills…



Yuzna prend son temps pour développer son récit, ce qui permet de bien retranscrire cette atmosphère faite de faux-semblants et où les apparences font office de réalité. Une vision acerbe qui semble motivée par des griefs personnels, mais en tout cas la plastique éthérée du film coïncide parfaitement avec la vacuité qu’il souhaite mettre en avant. En gros, il pourrait s’agir d’un épisode de Hollywood Night dynamité façon Cronenberg.
Car le malaise constant que ressent Bill tient à quelque chose d’intrinsèquement organique, et sa condition d’adolescent fournit évidemment des excuses toutes prêtes quant à son angoisse. Les scénaristes Rick Fry et Woody Keith dressent le portrait d’un Bill en proie aux désirs refoulés et en pleine mutation physiologique. Ses peurs d’un inceste familial, ses visions de corps distordus laissent planer le doute quant à sa santé mentale, et pourraient provenir d’une instabilité émotionnelle. Mine de rien, Yuzna visualise ce que peuvent être les troubles comportementaux à l’adolescence, et son point de vue étrange est très clinique. Ce qui donne évidemment au film ce côté parano véhiculé encore par une image souvent glacée, contrastant totalement avec l’ensoleillement de Beverly Hills et l’opulence de cette existence. Ce sera sa marque de fabrique, qu’il utilisera notamment dans son Dentiste bien radical lui aussi.



Si Society évoque le Cronenberg première période (Rage, Faux-Semblants), la tension sexuelle sous-jacente n’est pas sans évoquer le captivant Black Hole de Charles Burns, comics de 1995 qui poursuivra dans le registre du refoulé de manière complexe et limpide. L’explosion littérale de cette tension se fera dans un final tenant conjointement du burlesque et du gore, moment-clé qui verra les apparences se disloquer et la réalité apparaître. Un sommet bien sanglant et outrancier, dans la droite lignée d’un Bad Taste par exemple (dont le titre canadien est Dans l’Cul, ce qui gagne évidemment à être connu). L’allégorie saignante éclate donc au grand jour, et les riches se mettent donc à bouffer les pauvres de manière plus que littérale. Les visions cauchemardesques qui s’ensuivent sont matinées d’un humour bien gras (voir le père dont la tête sort du cul) renforçant encore la sensation d’animosité que ressent Yuzna envers la haute société. En tout cas, le spectacle est assez surprenant, et cette satire est un coup d’essai réussi.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ce film, mais ça reste quand même un plaisir pop-corn.

shystrak (1/2) a dit…

Raaahhhh "Society" le chef d'oeuvre de Brian Yuzna, unique !