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salem center: MARVEL BOY (GRANT MORRISON, J.G. JONES, 2000)

mardi 8 janvier 2008

MARVEL BOY (GRANT MORRISON, J.G. JONES, 2000)


Grant Morrison est un hyperactif dont les qualités de scénariste dans l’univers du comics ne sont en fait qu’une partie de l’iceberg, puisqu’il est aussi magicien, scénariste de cinéma, DJ, écrivain… Un touche-à-tout totalement iconoclaste, dont la personnalité riche et déjantée accouche de créations surprenantes. Le seul titre de The new Adventures of Hitler devrait suffire à vous faire une idée des transgressions qu’il se permet et qui font bien grincer des dents…
Débarqué dans les années 80 chez DC, le scénariste écossais démarre sur Animal Man qui lui permet de se faire une solide réputation. Il s’occupe ensuite de la Doom Patrol, passe sur Batman avec Arkham Asylum et Gothic… En 1996, il reprend notamment la fameuse Justice League of America dont il fait exploser les ventes, puis après un désaccord artistique, Joe Quesada le motive pour entrer chez Marvel en lui laissant carte blanche sur plusieurs séries. La première fait suite à la volonté de Quesada de créer un nouveau personnage emblématique du millénaire qui s’annonce. Ce sera Marvel Boy, guerrier kree issu d’une dimension parallèle et déterminé à venger la mort de ses équipiers, tués par le mégalomane Dr Midas.



Cette mini-série en 6 épisodes est un bon exemple de la complexité des récits de Morrison, qui se plaît à multiplier les fausses pistes et les clins d’œil dans un récit terrestre aux dimensions cosmiques. Il ne craint pas de bousculer l’ordre établi, et rase la moitié de New York dès le 2ème épisode en écrivant Fuck you en lettres de feu! Un humour corrosif qui fait partie de l’arsenal du scénariste et qui densifie ce récit centré sur la vengeance.
Le monde dans lequel débarque Noh-Varr pourrait presque être une terre alternative, puisque les protagonistes sont pour la plupart des nouveaux venus et que le SHIELD n’est pas dirigé par Nick Fury. La première apparition de Midas prête à confusion, puisqu’il est vêtu d’une des premières armures d’Iron Man. Et la fille du redoutable Docteur au look typiquement SM ne manque pas de piquant. Son nom est Oubliette et sa tenue a été choisie par papa. Leurs relations ne sont pas expliquées davantage…



L’idée des Bannermen , croisements génétiques entre Captain America et Hulk, est symptomatique du besoin de Morrison de tout mélanger, de revisiter et de reconfigurer le matériau de base. Le troisième épisode centré sur un consortium annihilant littéralement le libre arbitre des humains tel un virus est aussi une idée géniale, et la critique sévère de la société de consommation ne s’embarrasse pas de trop de tact. L’individu réduit à sa plus simple expression de contenant rappelle bien évidemment l’excellent Invasion Los Angeles de John Carpenter. Le principe utilisé par Morrison est celui d’une intelligence extraterrestre nommée Hexus et qui n’est qu’une idée abstraite pouvant absorber les corps et les esprits à la manière de la sale bête de Hidden. Hexus se duplique à l’infini pour absorber les mondes, et il finit par se dévorer lui-même, se survivant à travers des spores qui se propageront ailleurs. Un concept relativement fouillé et qui permet d’entrevoir les idées tordues fusant de l’esprit vif de Morrison.
Les références sont toujours utilisées avec beaucoup d’intelligence, et cette mini évoque diverses perceptions du réel tout en suivant le fil conducteur de la vengeance du guerrier kree. Cette première aventure parue en 2000 devait ouvrir la voie à des suites, mais mis à part une rencontre avec les Jeunes Vengeurs et les Fugitifs en 2006 ainsi qu’une apparition chez les Illuminati, Marvel Boy se fait plutôt discret. Encore une preuve de la fécondité de Morrison qui change constamment de matériau? En tout cas, l’aventure relatée ici se suffit à elle-même et donne sacrément envie de découvrir les autres travaux du bonhomme!


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