vendredi 4 janvier 2008
DJANGO (SERGIO CORBUCCI, 1966)
Jusqu’aux années 60, le western est un genre indéniablement américain, d’un point de vue cinématographique ou culturel. Les films de John Ford, Howard Hawks ou Nicholas Ray relatent cette période du XIXème siècle connue sous le nom de Conquête de l’Ouest, et légitimant souvent cette avancée territoriale en montrant des cow-boys représentant le Bien face à des Indiens belliqueux et barbares. Mais ces représentations symbolisées par la figure de John Wayne s’essoufflent lentement, et le renouveau va venir du continent européen, où la distanciation avec cette période va permettre une approche moins lisse et plus graphique du genre.
Orchestrée par des metteurs en scène comme Sergio Leone, Sergio Corbucci ou Tonino Valerii, ces transpositions vont redonner un second souffle au genre en modifiant ses codes et en proposant une vision moins historique mais à la portée cinématographique plus prononcée. C’est le cas du célèbre Django de Sergio Corbucci, qui reprend la thématique-clé du justicier solitaire, anti-héros mystérieux venu de nulle part.
Franco Nero excelle dans ce rôle mythique, et impose Django comme un personnage incontournable. Le physique longiligne, le visage mal rasé, le regard hypnotique: c’est la description archétypale du héros léonien apparu sous les traits de Clint Eastwood dans Pour une poignée de Dollars, et c’est la figure qui va traverser le genre jusqu’à la fin des années 70. Franco Nero n’a rien à envier à Eastwood, et joue de son magnétisme pour donner vie à ce mystérieux Django. Il est frappant de constater à quel point son visage ressemble à celui de Terence Hill, qui deviendra lui aussi une figure emblématique du genre à partir de la fin des années 60. Franco Nero va faire de son personnage un justicier à la limite du fantastique, ne cédant jamais à la peur et capable de se tirer des pires situations.
Les 6 scénaristes (!) ont mis sur pied un récit se déroulant juste après la fin de la guerre de sécession, Django portant encore son pantalon nordiste. Il va se retrouver entre des Mexicains tentant de mettre sur pied une révolution, et des Sudistes encapuchonnés prônant la suprématie de la race blanche. C’est à la naissance du Ku Klux Klan que l’on assiste, menée par un leader froid et bestial. Sa première apparition est radicale, puisqu’il fait sortir des Mexicains d’un enclos, et qu’il les laisse tenter de s’enfuir avant de les tuer au fusil. Une scène forte qui a probablement inspiré Mel Gibson pour son Apocalypto…
Les idées scénaristiques ne manquent pas, et la plus frappante est le cercueil que Django traîne toujours avec lui, marquant à la fois le passé qui s’accroche à lui, mais qui se trouve également être son moyen de survie. Une astuce scénaristique simple et redoutablement efficace, tournant en dérision les notions de mort et de religion.
La mise en scène découle évidemment de l’imagerie établie par Sergio Leone, avec ses plans si particuliers où les personnages se fondent dans le décor (la scène finale où Django ne fait plus qu’un avec la croix du cimetière) ou les plans iconiques du héros dont le chapeau masque le visage. Un univers pictural marquants, aux codes bien ancrés qui ne manqueront pas d’être repris dans le cinéma américain, mais aussi dans le comics, avec notamment le génial Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon.
Django aura connu un tel succès que plus de trente fausses suite verront le jour, tentant de capitaliser sur le succès du nom. Seule une suite officielle sera tournée en 1987, sobrement intitulée Le grand Retour de Django et réalisée par l’obscur Ted Archer. Mais si vous ne devez vous en faire qu’un, essayez celui-ci…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Ben ouais tiens, je me reverrais bien ça !
A signaler, John Ford, malgré l'image sale qui lui colle à la peau, a été l'un des premiers à parler des indiens avec humanité, notamment dans La prisonnière du désert, et Les cheyennes.
La variation de Miike semble assez hallucinante. Ca s'appelle Sukiyaki Western Django. Pas de bande-annonce pour l'instant, mais un article sur Mad qui fait fantasmer...
Dans les grands du western spaghetti il ne faut pas oublier, Sergio Sollima, un des plus politiques mais surement un des plus fort.
J'ai en ma possession "le gradn retour de Django" en vhs j'vais me tenter ça à l'occaz.
Hey Wade faut absolument que tu te refasses "le grand silence" plusieurs coudés au dessus de "django" !
Le fameux western enneigé... Je suis bien tenté!
Enregistrer un commentaire