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salem center: LA NEUVIEME CONFIGURATION (WILLIAM PETER BLATTY,1980)

mercredi 16 janvier 2008

LA NEUVIEME CONFIGURATION (WILLIAM PETER BLATTY,1980)


William Peter Blatty n’est pas seulement l’homme à la base de l’Exorciste, puisque au-delà du succès littéraire qui donna naissance au film de William Friedkin, il est aussi un réalisateur à part entière. Même s’il n’a à son actif que deux métrages, il faut lui reconnaître une sensibilité très particulière. Qu’il s’agisse de La neuvième Configuration ou de L’Exorciste, la Suite (1990), Blatty cultive une atmosphère vaporeuse et inquiétante, qui laisse place autant aux démons internes qu’à ceux plus réels.
Pour un premier long, Blatty fait preuve d’une maîtrise formelle rare, saisissant d’emblée le spectateur pour ne plus le lâcher. Les extérieurs très Nosferatu du film ont en fait été tournés en Allemagne, et l’atmosphère pesante faite de brume et de pluie caractérise les lieux comme un purgatoire intemporel. Ce château emmené pierre par pierre aux Etats-Unis est symbolique de la sensibilité toute européenne que le réalisateur veut insuffler à son film et qui le rapproche beaucoup de Murnau (pour l’aspect pictural avec sa lumière très influencée par l’expressionnisme) ou d’Herzog (pour son exploration de la folie). Mais ce château isolé est aussi une sublimation de ses propres occupants, dont les névroses et les délires semblent nourrir l’atmosphère gothique des lieux autant que les lieux influencent leurs comportements. La thématique classique de l’habitation qui transpire littéralement sur son occupant n’est certes pas nouvelle, mais le ton adopté par Blatty offre un développement vraiment original et sincère.



Les habitants du château sont donc des militaires écartés de leurs fonctions pour cause de fragilité psychique, et on peut dire assez clairement qu’ils sont bien dérangés. C’est dans cette sorte d’hôpital que débarque le colonel Hudson Kane (Stacy Keach, excellent) afin d’évaluer les différents malades. Dès son arrivée, il va découvrir un monde étrange, peuplé d’individus aussi déstabilisants qu’attachants, et il va tenter de découvrir ce qui les a conduit ici. Mais si le résumé peut faire penser à une variation sur Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, La neuvième Configuration est en fait diamétralement opposé au film ennuyeux de Milos Forman. William Peter Blatty crée une atmosphère très particulière, qui convoque autant l’absurdité d’un Jarry que le fatalisme d’un Shakeaspeare. Ce mélange donne lieu à des scènes parfois cocasses, parfois tendues, et toujours empreintes d’une humanité distante mais constante. Comme si sa position de metteur en scène lui donnait une vision clinique de l’ensemble, et que sa position d’acteur (il joue le malade qui se prend pour un médecin) lui permettait de véhiculer de l’intérieur les émotions présentées. Un dédoublement intéressant pour un film dont le sujet principal est la folie, et qui ajoute encore à l’aura surprenante qui s’en dégage.



La folie est chez Blatty intimement liée à la religion et aux questionnements métaphysiques qu’elle pose. Elevé par des parents catholiques (il était à l’école chez les Jésuites), Blatty confronte le spectateur à ses propres interrogations, qui se heurtent à une absence de réponse, ou plutôt à une multiplicité de solutions possibles. Les points de vues très particuliers des patients, et notamment celui de Billy Cutshaw (Scott Wilson), se confrontent au sien, et il en ressort de nouvelles perspectives jusque-là ignorées. La neuvième Configuration pourrait s’apparenter à une version cinématographique d’un cadavre exquis, tant les répliques sont à la fois absurdes et pleines de sens. Un exemple avec le Capitaine Cutshaw qui révèle que « La fin du monde est due aux bonbons que j’avais dans ma poche »; la saveur des dialogues est parfois très drôle: « J’ai l’impression de vous connaître. -Dracula disait la même chose quand il voyait une nuque ».
Si la folie est le thème principal du film, le Vietnam en est un de ses corollaires obligatoires. La plupart des hommes présents dans cet hôpital y a combattu, et leur esprit se trouve fissuré par ce qu’ils ont vu ou commis à cette guerre. Une guerre qui affaiblira beaucoup la religion, et qui posera le questionnement de la sauvagerie latente de l’être humain. Une sauvagerie qui explosera à la fin du film, et qui clôturera une scène de soumission particulièrement tendue et réaliste.
La neuvième Configuration est un film magistral, et d’autant plus précieux qu’il est unique.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

COUCOU DIDIER

C DIDI BP BZ lol

bonne continuation

bizz a plus

Anonyme a dit…

Hey! J'ai eu un peu de mal à te reconnaître mais j'ai trouvé!