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salem center: SPIDER-MAN L’INTEGRALE 1971 (STAN LEE, JOHN ROMITA Sr., ROY THOMAS, GIL KANE)

mardi 15 janvier 2008

SPIDER-MAN L’INTEGRALE 1971 (STAN LEE, JOHN ROMITA Sr., ROY THOMAS, GIL KANE)


Les années 70 prennent le pas et le ton devient plus rude dans les comics, et Spidey n’échappe pas à la règle. Les 12 épisodes réunis ici sont un condensé de l’atmosphère alarmiste de l’époque et de la paranoïa ambiante. Le Tisseur doit affronter des ennemis coriaces, mais aussi de graves problèmes qui le touchent lui et ses amis…
L’ancrage réaliste d’Amazing Spider-Man ne fait aucun doute, et il franchit encore une étape en se soustrayant au fameux Comics Code qui sévissait depuis les années 50 afin d’éradiquer toute tentative de proposer du matériel violent ou pornographique. Ce code restrictif était un outil savamment contrôlé par les bien-pensants purs et durs pour qui toute les bandes dessinées devaient proposer du matériel dynamique mais restant sagement correct. Ce à quoi Stan Lee répond non lors de l’épisode 97 qui fera scandale en traitant de manière très explicite le phénomène croissant de la drogue. Une réaction certes osée, mais qui s’avérera utile puisqu’elle permettra à d’autres de s’engouffrer dans la brèche et d’accentuer le réalisme de ces univers fictifs que proposent les comics.



La folie est aussi une thématique récurrente cette année, avec des super-vilains bien allumés. C’est le cas du Bouffon vert qui fait son grand retour, et qui est l’archétype du schizophrène dangereux et imprévisible. Il pourrait être vu comme une transposition Marvel du célèbre Joker de chez DC, mais il est bien plus qu’une pâle imitation. L’alternance entre l’identité civile du chef d’entreprise Norman Osborn et le visage verdâtre du Bouffon propose une réflexion intelligente sur les limites de l’esprit humain. La coexistence de ces deux personnalités dans le même corps pose un sous-texte psychologique riche qui enrichit la palette scénaristique de la série. Et le Bouffon n’est pas seul, puisqu on retrouve aussi le malheureux Curt Connors qui se transforme contre son gré en terrible Lézard; mais surtout, l’épisode 101 voit la première apparition de Morbius, personnage tourmenté s’il en est. Suite à une expérience visant à éradiquer le mal qui le ronge, le professeur Michael Morbius se retrouve transformé en vampire. Soumis à des pulsions irrépressibles le poussant à tuer afin de se nourrir de sang, il passe ses nuits à chasser des proies humaines, et ses journées à tenter de dormir alors qu’il est traversé par le remords et la culpabilité. Morbius est donc un personnage lui aussi ambivalent, à la fois prédateur redoutable et victime impuissante. Il symbolise parfaitement le glissement radical d’une vision manichéenne vers une description beaucoup plus nuancée des personnages. L’insouciance des 60’s (même si elle n’échappe pas à la guerre froide) laisse entrevoir un profond désespoir qui se cristallise lors de situations tragiques. Et ce n’est qu’un effet annonciateur, puisque le pire est à venir dans la vie de Spidey, en 1973...
Sinon, dans un registre un peu plus absurde, notre pauvre Peter se retrouve aussi affublé de 4 bras supplémentaires, ce qui lui donne pas mal de fil à retordre. Une situation drôle et embarrassante à la fois, qui flirte bon avec le fantastique un peu barré, et qui lui posera encore des difficultés en plus, surtout d’ordre social!
Encore un volume intéressant donc, même si le côté dépressif de Parker devient parfois irritant. Le fait qu’il se pose des questions à chacune de ses actions freine un peu l’action. Espérons que ça lui passera. Quoique, en 1973...


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