Sorti le 12 mars 2008
Révélé par son très bon polar 36 Quai des Orfèvres, Olivier Marchal boucle son triptyque 6 ans après son premier long, Gangsters. MR 73 reste dans la lignée du polar réaliste tendance suffocante, et avec son personnage de flic totalement désabusé et dépressif, Marchal tente de retrouver le souffle éperdu des polars d‘antan. Mais après la réussite de 36 Quai des Orfèvres, ce nouvel opus vacille pourtant dans son objectif.
En offrant le rôle de Louis à un Daniel Auteuil très Actor’s Studio, Marchal trouve un interprète de choix dont la performance est pourtant à double tranchant. En plongeant dans la personnalité de ce anti-héros total, Auteuil livre une composition marquée et dense, mais qui se retrouve progressivement plombée par la perpétuelle répétition des séquences. Marchal a voulu avec ce film montrer dans quel gouffre peut se retrouver un flic- ou de manière plus large un homme- brisé et en quête de rédemption. Mais l’aspect dépressif du film, tout en servant évidemment le propos du cinéaste, va diluer l’enquête proprement dite dans une étude psychologique destinée à marquer l’obsession de ce flic et ses luttes intérieures. Alcoolique, solitaire, Louis n’est plus qu’une ombre se faufilant dans les locaux de la police, et pétant un plomb de temps en temps.
Le point de départ du serial killer opérant à Marseille avait de quoi attiser l’intérêt du spectateur, et la photographie crépusculaire de Denis Rouden marquait bien la volonté de revenir aux sources du polar français des années 70 à la Verneuil. Mais ce qui apparaissait comme partie intégrante de l’histoire et comme une composante essentielle de 36 se découvre peu à peu comme un élément purement mécanique, et l’imagerie sombre devient un exercice de style à la fois beau et neutre. L’histoire se perdant dans les méandres de l’âme de Louis, tout l ’aspect visuel du film s’en ressent. MR 73 ne réussit donc pas à réitérer l’exploit de son prédécesseur et se pose comme un film d’ambiance pas inintéressant, mais amoindri par son parti-pris.
L’envie de se retrouver face à un polar pur et dur à la 36 est évidemment déçue, mais même après avoir accepté cette bifurcation dans la narration, MR 73 laisse quand même un goût d’inachevé. Le montage parallèle de la fin achève de sombrer dans un symbolisme pas très léger et confirmant l’orientation plus auteurisante que sensitive du film. La composition des images sous la pluie montre bien la limite du procédé, qui tend au ridicule à force de répétition et à cause du symbolisme plombant qu'il véhicule. Un virage que Marchal a entamé avec une conviction et une envie qui ne font aucun doute, mais qui laisseront probablement plus d’un spectateur sur leur faim.
MR 73 ne possède donc pas l’aplomb et le caractère de son frère aîné, et la déception cède la place à l’intérêt que pouvait avoir ce récit. Ce qui est bien dommage au vu des prestations de Philippe Nahon, dans son rôle fétiche de tueur psychopathe, mais également de Catherine Marchal (la femme du cinéaste), dont la composition marquante donne à son personnage de femme flic prise entre deux feux une dimension à la fois touchante et retenue.
5 commentaires:
Comme toi, malgré les qualités évidentes du film je suis un peu déçu.
J'aurais sans doute préféré un pur polar sans faire de digressions sur les mésaventures d'Olivia Bonamy.
La réalisation est très belle, certes, mais le sujet semble mal choisi ou mal traité.
C'est malheureusement le film qui m'a le moins plus de son triptyque.
Je n'ai pas eu l'occasion de voir son Gangsters, mais l'histoire de cet interrogatoire musclé avec flics ripoux à l'air vraiment bien!
je l'ai vu y a longtemps, mais c'est un bon policier, avec une bonne intrigue et juste ce qu'il faut en rebondissements.
D'ailleurs, il y a un acteur (le méchant flic de MR73) qui a joué dans les 3 films.
C'est Francis Renaud, qui est lui aussi très bon dans son rôle de mauvais flic. Mais je trouve définitivement Catherine Marchal excellente, à la fois froide et attirante. Elle aussi a joué dans les 3 films.
J'ai pas mal d'espoir concernant ce "mr 73" même si j'aime pas trop "36 quai...." trop mal foutu et foireux à mon gout, "Gangsters" c'est sympa...bon j'en saurais plus demain!
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