Sorti le 15 mai 2008
Le premier arc de la série de Steven T. Seagle vient de paraître chez Panini, et cette production Vertigo délaisse les super-héros pour se concentrer sur la vie d’un jeune prédicateur de 21 ans prônant l’abstinence jusqu’au mariage. Beau gosse doué d’influence, Adam Chamberlain voit son existence toute tracée par Dieu, qui le réserve pour sa petite amie Cassie, en Afrique depuis 2 ans pour une mission humanitaire. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes catholiques, mais un événement de taille va remettre en question toutes les bonnes résolutions du jeune puritain…
American Virgin est une série composée de 23 épisodes. Le premier tome intitulé Tête fait référence à la manière de penser d’Adam, qui ne raisonne vraisemblablement pas avec sa bite… Elevé dans un environnement dévoué à Dieu, il est une figure emblématique de la communauté catholique et son énergie n’a d’égale que sa foi en Dieu. La critique du puritanisme américain se fait donc de l’intérieur, en suivant le parcours de ce jeune homme éduqué pour servir son créateur.
Si la charge est relativement facile, Seagle s’en acquitte d’une manière qui n’est pas simplement vindicative. La mère d’Adam et son compagnon sont construits comme des personnages secs et recherchant le pouvoir, ce qui est finalement assez caricatural. Mais la croyance d’Adam est telle qu’elle force parfois le respect, et que le héros du récit apparaît comme une victime parfaite d’un bourrage de crâne intensif. Sa foi est réellement une force pour lui, et même s’il rate des putains d’occasion de s’éclater, il reste focalisé sur son point de vue et s’y tient, ce qui est en soi une certaine marque de courage.
American Virgin s’attaque donc au puritanisme effréné qui gangrène les Etats-Unis, mais il souligne aussi la fascination que peut provoquer ce mouvement. L’existence assurée qui attend les croyants est un rempart contre la peur de l’inconnu; mais elle est fonctionne également comme un vase clos qui enferme tous ces joyeux croyants. Et l’ouverture sur le monde qui attend Adam va lui faire tourner violemment la tête…
Accompagné de sa soeur Cyndi qui est aux antipodes de la personnalité d’Adam, il se rend en Afrique afin de comprendre ce qui a bien pu se passer. Le périple prend des airs de voyage initiatique où Adam remet ses convictions en question. Sa découverte du continent africain est un véritable choc culturel, et les découvertes personnelles qu’il va y faire vont l’affecter au plus haut point. American Virgin commence comme une satire féroce et caustique, et prend en chemin une tournure nettement plus dramatique. La personnalité assurée d’Adam vacille, et c’est dans cette perte d’équilibre qu’il commence à se trouver véritablement. Tout l’intérêt de ce comics réside dans les tiraillements entre ses convictions très ancrées et ses pulsions qui menacent de le faire exploser. Adam est un pur produit catholique, façonné par une mère vampirique, et qui commence à se rendre compte que tout ça n’est peut-être pas aussi vrai que ce qu’il croyait.
Les dessins chaleureux de Becky Cloonan collent bien à l’aspect caustique du début, et ils créent un décalage intéressant lorsque la tournure se fait plus sombre. Comme si le soleil brillait toujours, même lorsque la vie d’un homme se brise. Ce premier volume met en place une réflexion intéressante, et suit des personnages bien écrits que j’ai hâte de retrouver dans les prochains arcs (Going down,Wet, Around the World et Sixty-nine)…
4 commentaires:
Tiens, je parlais justement cette après-midi de cette série avec notre estimé collègue Biaze. ;o)
Je n'ai pas réussi à trouver ce premier tome en librairie, même dans des endroits pourtant habituellement fournis en nouveautés. C'est dispo sur Amazon mais bon, j'aurais aimé feuilleter avant l'achat.
Sinon, attention de ne pas confondre "croyants" (ce qui n'implique pas de comportement particulier) et "adeptes" d'un courant religieux. D'ailleurs, d'un point de vue métaphysique, ne pas croire en Dieu n'est pas plus logique, contrairement à ce que l'on pourrait penser, qu'avoir la foi, les deux écoles de pensée étant basées, l'une et l'autre, sur une croyance.
(mais je m'égare peut-être)
American Virgin est sorti le 15 mai, et pour ne pas me déplacer pour rien, je me suis assuré qu'il était disponible en passant un coup de fil. C'est là que j'ai appris qu'il n'y avait qu'un exemplaire qui était arrivé, et je l'ai donc rapidement mis de côté. C'est vraiment étonnant de voir une sortie limitée à ce point!
Ah ok, donc c'est généralisé.
Punaise, je serais curieux de savoir à combien c'est tiré (on n'a jamais de chiffres VF en fait).
Il est noté "plus que 5, commandez vite" sur amazon à l'heure actuelle. C'est quand même une démarche éditoriale pour le moins...étrange.
Ca signifie "on se mouille pas, on en commande pas plus que 5". C'est navrant...
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