Sorti le 15 mai 2008
Première page: Barracuda remonte sa braguette avec une expression satisfaite sur le visage, tandis qu’une (ou un) prostituée s’en va stoïquement. « … Et la nuit fait que commencer, putain. », annonce-t-il joyeusement. En une case, le ton est donné.
Ce Punisher 10 a pour particularité l’absence totale de Frank Castle. Mais la relève est largement assurée par le phénomène Barracuda, qui lui volait déjà la vedette dans Punisher 8. Créé par Garth Ennis et Goran Parlov, cet individu peu recommandable va se lancer dans une quête de pognon afin de pouvoir financer sa chasse au Punisher. Il faut dire que ce dernier l’avait laissé pour mort dans Punisher 8... Heureusement pour les lecteurs, ce personnage génial a survécu, et il a donc pu être le héros de cette mini-série en 5 épisodes! Si vous appréciez les récits décalés et qui explosent toutes les limites (Garth Ennis est ni plus ni moins le père du Preacher, avec Steve Dillon!), ce récit devrait vous satisfaire!
On peut regrette le côté opportuniste du titre, puisque le Punisher ne fait pas l’ombre d’une amorce d’apparition. Surtout que les titres des épisodes valent leur pesant de cacahuètes, comme Une bouche est une bouche ou Baptisé avec un couteau de boucher. Ca met direct dans l’ambiance, et ça sent bon le sexe et la tripaille! Et à tous les niveaux, Punisher présente Barracuda tient ses promesses en mettant en scène le colosse black en pleine révolution sur l’île de Santa Morricone… Barracuda va devoir s’acquitter d’une mission assez particulière, puisqu’il est chargé par un mafieux d’initier son fils au crime. Le seul problème, c’est que le petit Oswald est un gringalet qui n’a absolument rien en commun avec les gangsters à la Scorsese…
Ennis va très loin dans l’humour noir, en offrant une galerie de personnages tous complètement barrés: un ex-compagnon d’armes travesti, un prêtre pédophile, une ex-star du porno (détentrice du record de doubles anales en 24 heures), un mafieux sosie de Christopher Walken, ou encore le fameux Oswald que Barracuda appellera affectueusement Hémo… Cette mini est un concentré de fun se basant sur une trame mafieuse, qui permettra de faire exploser les poncifs et de redéfinir le concept même de cool attitude. Face à Barracuda, Samuel Jackson risque de faire pâle figure…
Avec sa gueule d’ours et FUCK écrit sur ses dents, Barracuda est un phénomène. Bourré d’humour et toujours prêt à en découdre, il pourrait s’apparenter à une version délirante du Punisher. Les dialogues d’Ennis attestent de cette optique très libérée du personnage et de l’univers dans lequel il évolue. Quelques exemples, avec l’avertissement au prêtre: « T’amuse pas à lui faire le catéchisme ou y pourrait bien y avoir du sang sur ta soutane. », ou en réponse à l’expérience des doubles anales: « J’ai plus jamais chié solide après. »
L’entente entre Ennis et Parlov fait des merveilles, et les dessins du Croate possèdent toute l’énergie nécessaire à ce personnage hors norme. C’est dans une ambiance colorée et chaude que Barracuda se fait son petit trip sud-américain, et avec ses agents du FBI aux visages concernés, ses bandes de racaille à baffer, le bestiaire de ce numéro offre un plaisir régressif ravageur. On est là dans la contre-culture avec deux grands C, et c’est franchement jouissif de lire un comics de cet acabit. Pour ceux qui sont allergiques aux super-héros, il faut signaler qu’il n’y a pas une seule cape ou un moule-burne, et vous pouvez y aller sans risque.
Il n’y a plus qu’à espérer que le personnage fasse encore une fois sensation, et que d’autres séries suivent…
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