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salem center: PUSHER (NICOLAS WINDING REFN, 1996)

mardi 13 mai 2008

PUSHER (NICOLAS WINDING REFN, 1996)


Si l’on dit film danois, on pense forcément à Lars Von Trier et aux réalisateurs du Dogme. Mais à part cette poignée de doux dingues, il existe d’autres cinéastes qui émergent de ces contrées fraîches, notamment Nicolas Winding Refn qui, avec sa trilogie Pusher, a relancé la vision d’un cinéma underground hardcore. Et pas seulement sur le seul territoire danois…
Pusher est une bonne grosse claque qui laisse des traces. En suivant la semaine chaotique de Frank, dealer d’héroïne qui va accumuler les emmerdes, Nicolas Winding Refn ne la joue pas funky comme peut le faire le cinéma british avec des œuvres comme Snatch ou Layer Cake. Le ton est résolument plus sombre et son cinéma étouffant voit la figure de Frank se métamorphoser en martyr. La technique de réalisation préfigure ce que Von Trier et sa bande de potes feront avec le Dogme, puisqu’il épure à l’extrême sa narration en collant au plus près de la réalité de ses personnages. Il colle littéralement sa caméra aux basques de Frank (Kim Bodnia, excellent) et le plonge dans une spirale infernale qui va peu à peu engloutir le spectateur.



La radicalité de ce film est l’élément premier qui lui donne tout son impact. En suivant la chronologie simpliste de la vie de Frank (avec chaque fois le jour sur fond noir), le réalisateur immerge littéralement le spectateur dans les bas-fonds danois, et l’emmène à la découverte de cet univers codifié au danger permanent. Avec son pote Tonny ( l'excellent Mads Mikkelsen, qui incarnera le Chiffre dans Casino Royale), Frank passe ses journées à dealer et à zoner. Leur univers cloisonné fait de violence et de vulgarité a presque valeur de documentaire, tant ce film semble suivre deux véritables zonards. En ce sens, Pusher pourrait s’apparenter à une version trash des films sociaux de Mike Leigh ou de Ken Loach. Et c’est en extrayant cette saveur si particulière de la violence que Refn fascine…
Si le scénario s’applique sur une base relativement simple, c’est dans tous les à-côtés de la vie de Frank que réside le véritable intérêt. Son mode de vie, les lieux qu’il fréquente, les gens qu’il voit… Sa relation avec Vic est à ce titre très révélatrice des failles du personnage, et marque par son alternance tendresse-cruauté. Frank est un être totalement paumé et démuni, qui se contente de survivre comme il peut. En se focalisant sur ce personnage que l’on ne peut pas aimer, Refn n’appose aucun jugement mais se contente de décrire ce qu’il fait pour continuer. Et c’est justement cet absence de point de vue qui permet de se rendre compte des rares qualités qu’il cache, mais qui sont aussitôt noyées dans une attitude auto-destructrice.


Noir, désespéré, Pusher est une descente aux enfers radicale, marquée par un sens cinématographique exemplaire. Nicolas Winding Refn capte des éléments urbains qui à mon sens vont plus loin que chez Scorsese, et qui participent à la sensation d’étouffement qui grandit avec le film. Même les scènes les plus anodines participent activement à cet état des lieux dramatique, et Frank va véritablement jouer sa survie dans une ambiance glauque et déliquescente.
La galerie de personnages que va croiser Frank est géniale, à commencer par le mafieux serbe Milo, que Zlatko Buric joue avec une finesse qui fait froid dans le dos. Son homme de main Radovan est tout aussi sympathique qu’impitoyable, et ils sont toujours sur la corde raide, entre le sourire amusé et l’envie de te tirer dans la gueule. Cette ambivalence crée un malaise réel, surtout lorsqu’ils attendent des explications de la part de Frank…
Pour info, ce film choc réalisé en 1996 est sorti en 2006 sur les écrans français. A mon avis, on a encore de bonnes surprises à découvrir en fouillant dans les salles obscures nordiques…

2 commentaires:

Matt Murdock a dit…

Je sais que je vais me faire taper sur les doigts en disant ça, mais...

Je me suis acheté la trilogie en dvd il y a à peu près 3 mois de ça et je ne l'ai toujours pas regardée.

Je sais, je sais, c'est mâââl.

Mais comme je suis en vacances depuis une heure je vais me rattraper.

Wade Wilson a dit…

Petit veinard! Cela dit après le premier tu peux zapper...