Nicolas Winding Refn clôt sa trilogie en 2005 avec un film qui se concentre cette fois sur la figure très particulière de Milo, le trafiquant serbe qui apparaissait déjà dans les deux premiers opus. S’il était un élément essentiel dans Pusher, il n’en était pas le personnage principal. Ce qui est chose faite avec ce Pusher 3, sorti juste un an après le 2.
Le premier Pusher était un coup de poing féroce, et le second était bien en-deça. Que dire de ce troisième épisode, qui commence pourtant sous les meilleurs auspices? Le fait de retrouver un personnage emblématique de la saga, dont la personnalité bien trempée était un élément essentiel de la réussite du premier, est en soi une bonne chose. On retrouve donc Milo dans une journée très chargée, puisqu’il doit organiser une fête pour les 25 ans de sa fille. Mais il va devoir gérer un problème de trafic bien emmerdant, et cette journée qui devait être placée sous le signe de l’amusement va rapidement déraper…
Le principe que Refn applique à ses Pusher est le même: un individu qui fait dans les affaires illégales et qui se retrouve dans la merde. Frank pour le premier, Tonny pour le second, Milo dans le troisième. La routine est connue, Refn change de personnage et de situation. Mais le problème majeur du film est le même que pour le second: le rythme. Pusher est un film tellement maîtrisé et tendu que ses suites semblent avoir été réalisées par un autre metteur en scène. Non pas qu’il n’y ait pas quelques moments intéressants, mais le tout est noyé dans une ambiance nettement moins travaillée. Dans Pusher 3, Refn parvient quand même à créer quelques séquences stressantes, mais atténuées par un scénario qui laisse retomber la pression. Et c’est dans le dernier acte que tout bascule dans le sordide et le malsain.
Dans Pusher, la violence était une composante nécessaire, et sa mise en scène était crue mais jamais gratuite. Dans Pusher 3, Refn dépasse largement cette limite pour tomber dans un gore outrancier qui dessert complètement le film. La figure de Milo, sorte de Parrain serbe de la vieille école, est joué avec beaucoup de charme par Zlatko Buric, mais le personnage perd toute son aura avec le dénouement du film. Quand Nicolas Winding Refn dressait le portrait impitoyable d’un loser pris malgré lui dans une spirale de violence avec le personnage de Frank, il exploitait des thèmes psychologiquement forts qu’il exprimait quasiment sans dialogues. Toute la subtilité de ce film brut reposait sur l’aspect sous-jacent de cette psychologie. Refn tenté de poursuivre ça avec ses deux suites, mais le résultat est beaucoup plus bancal.
Ce troisième épisode est lui aussi un pétard mouillé, et ne parviendra pas à retrouver la force viscérale du premier. Les retrouvailles avec Radovan, l’homme de main impitoyable du premier, ne vont ouvrir que sur une boucherie bien dégueulasse. La motivation de Pusher 3 semble se résumer à ce dernier acte créé pour choquer, et qui ne possède aucun intérêt. De l’ambiance glauque et stressante du premier opus, on est arrivé en trois films à quelque chose de vide et malsain. Une déchéance qui ne frappe pas que les personnages…
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