Avec une production moyenne de 3 films par an, Lucio Fulci est l’un des réalisateurs italiens les plus prolifiques. Mais il est surtout l’un des plus réputés de sa période (1960-1980) avec Dario Argento et Mario Bava. L’horreur est un genre en plein essor à cette époque, et la particularité de ces auteurs est d’apporter une touche véritablement esthétique à leurs films. La révolution du giallo (qui signifie jaune, en rapport avec la couleur des couvertures des romans dont ils s’inspiraient) et l’émancipation de la terreur vont donner naissance à des œuvres très caractéristiques.
Cet Au-delà s’inscrit parfaitement dans la continuité, avec une histoire d’hôtel abandonné bâti sur l’une des sept portes de l’Enfer. Jeune fille aveugle, chambre maudite, crucifixion… Tous les éléments classiques de l’horreur italienne se conjuguent avec un sens efficace de la mise en scène, qui est nettement plus picturale que viscérale. Même si l’angoisse est présente, L’Au-delà est surtout une démonstration technique étonnante; le travail sur les prothèses et les effets visuels est impressionnant, surtout pour un film qui a plus de 25 ans! Ce film contient des séquences classiques, notamment la scène surréaliste avec les araignées, qui est à la frontière du documentaire et de l’horreur! Les dépeçages et autres énucléations sont d’un réalisme étonnant, et Fulci s’attarde sur les détails avec une précision chirurgicale. Son sens du détail allonge les scènes sans pour autant tomber dans une surenchère malsaine, mais toujours dans un esprit réellement artistique. La scène de la morgue avec le sang qui se répand telle de la lave en fusion rejoint un surréalisme à la Bunuel, et dégage une atmosphère désespérée agrémentée par la musique entêtante de Fabio Frizzi.
La composition des plans s’apparente au travail d’un peintre, et Fulci joue sur les couleurs et les arrière-plans pour donner naissance à une œuvre fantasmagorique. L’Au-delà n’est pas un film d’épouvante qui vous fichera les foies de votre vie, mais il possède une identité visuelle forte qui en fait tout l’intérêt. La particularité de ce film est qu’il se passe à la Nouvelle-Orléans, et que Fulci y applique sa recette italienne si particulière. Un mélange curieux, même si la prédominance des qualités italiennes prend nettement le pas sur l'ambiance sudiste .
Lucio Fulci enchaîne les séquences en variant les plaisirs (ou les tortures selon le point de vue) dans une histoire de zombies au rythme lent, mais traversée de fulgurances gores. Les visions cauchemardesques auxquelles le réalisateur nous convie semblent tout droit sorties des enfers, et le titre du film n’est pas usurpé, même si l’incursion proprement dite dans l’au-delà est relativement fugace. Fulci convoque des aspects religieux sous-jacents mais forts, notamment lors de la flagellation et de la crucifixion. Son film dégage une sorte d’angoisse religieuse, de culpabilité toute catholique, et de punition démoniaque. Les zombies semblent presque inoffensifs, mais ils créent un sentiment diffus de malaise qui perdure pendant tout le film.
Sans être un chef-d’œuvre de l’horreur transalpine, L’Au-delà en est un digne représentant, dont l’esthétisme très travaillé est représentatif des productions de l’époque.
2 commentaires:
Oh Oh, Wade Wilson qui se met au gore eighties, cela m'étonne...
La bonne vieille V.H.S. sortie du placard
Apparemment, chez Fulci il y a du bon et du très moyen.
Peut-être que la période "80" est agrémentée de moments rigolax?
Détrompe-toi, ce n'est pas la première bande gore italienne qui passe sous ma rétine! Avec Shystrak on s'en est payé de bonnes tranches à une époque...
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