jeudi 15 mai 2008
PUSHER 2 (NICOLAS WINDING REFN, 2004)
8 ans après Pusher, Nicolas Winding Refn revient à ses premières amours. Les échecs successifs de Bleeder et Inside Job contraignent le cinéaste à envisager une suite à son premier film, ce qu’il a au départ du mal à accepter. Mais en se lançant dans ce projet, il se rend progressivement compte que non seulement une suite est possible, mais il envisage dans la foulée d’écrire un troisième opus.
Le coup de massue qu’avait constitué Pusher à l’époque de sa sortie est déjà loin, mais le succès du film au Danemark peut raisonnablement appeler à une suite rentable. La descente aux enfers de Frank faisait écho à celle de Tony Montana, et le succès du film était basé sur la déchéance de son personnage principal. Dans Pusher 2, Refn reprend la recette en l’appliquant cette fois au personnage de Tonny; l’ancien pote de Frank dans le premier épisode devient le héros du second film, toujours joué par Mads Mikkelsen qui lui prête ses traits si particuliers. Tonny sort juste de prison et cherche du boulot. De petits coups en problèmes familiaux, sa vie ne va pas s’améliorer…
La surprise du Pusher initial est passée, et ce deuxième film est plus basé sur un opportunisme urgent que sur une trame scénaristique conséquente. Passée la redécouverte du personnage de Tonny et ses premières galères, Pusher 2 montre très vite ses limites. Au lieu de générer une tension permanente comme c’était le cas dans le premier, le récit de Tonny peine à décoller et à susciter l’intérêt. Impossible de ne pas être envahi par les images du film originel et de ne pas regretter le rythme que le réalisateur avait réussi à imposer alors. Là où Pusher était une œuvre fiévreuse et traversée par un sentiment d’urgence qui imprégnait radicalement la pellicule, Pusher 2 semble juste se reposer sur l’aura du premier, sans véritablement chercher à instaurer des enjeux personnels.
De ce fait, l’histoire de Tonny ne prend pas aux tripes comme celle de Frank, et les temps morts se multiplient dans la narration en plombant toute velléité de dynamisme. Après le trafic de drogue, on passe simplement au trafic de bagnole. Et après les problèmes de cœur (de queue?) de Frank, on passe à ceux de Tonny. Refn modifie son scénario en l’adaptant à un autre personnage, mais l’effet de surprise et la rage qui animait Pusher ne sont plus présents.
Mads Mikkelsen est toujours excellent dans le rôle de Tonny, mais le scénario ne rend pas justice à son personnage. Au lieu d’un constat sur une société en manque de repères et dans laquelle se perdent des individus peu scrupuleux, on se retrouve devant un film social tout ce qu’il y a de plus chiant. Un constat désolant, surtout après la claque du premier opus.
Espérons que le troisième film, consacré au trafiquant serbe Milo, relève le niveau…
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